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13/04/2009

Ardisson, Dombasle et Benoît XVI

Deux rumeurs fausses :


 

Une rumeur habillait Thierry Ardisson en « catholique ». Une autre rumeur faisait d’Arielle Dombasle un personnage hors de notre propos. Les deux rumeurs étaient fausses… Le JDD de ce dimanche les a sondés (parmi quelques autres), et voici ce qu’ils répondent.

 

Dans le sens du vent, Ardisson :

« J’étais l’un des rares animateurs à m’affirmer comme catholique, à revendiquer l’importance de Jean-Paul II. Mais depuis trois mois, j’ai honte. Jean-Paul II avait fait un travail remarquable. Il avait reconnu que la religion catholique était la fille de la religion juive. Benoît XVI a réduit à néant tous les efforts de son prédécesseur. Il a aligné les conneries : le Brésil, et la plus belle… le préservatif ! […] L’autre jour, sur le plateau de Salut Les Terriens, j’ai reçu l’historien Alexandre Adler. Il m’a lancé : ‘‘Vous, les cathos français, aujourd’hui, vous êtes des protestants qui s’ignorent’’. Il a raison. Aujourd’hui, et j’ai vraiment basculé avec l’affaire Williamson, je me sens plus proche des protestants… »

  

A l’opposé, Arielle Dombasle :

« …Quant à Benoît XVI, je crois qu’on l’a mal entendu – y compris dans la communauté catholique. Il prêche l’abstinence, la sublimation, la fidélité : que voulez-vous qu’il fasse d’autre ? Voudriez-vous qu’il donne des cours sur l’utilisation du caoutchouc ? La vérité est que toute cette polémique m’a chagrinée. Je suis née à moi-même avec le Christ et je ne doute pas un instant, aujourd’hui, en 2009, de la jeunesse de son message… Ces prétendus débats n’altèrent en rien ma croyance… »

  

Commentaire 

 

1. Ardisson aligne les inexactitudes :

- Que la religion catholique soit « la fille de la religion juive », Jean-Paul II n’était pas le premier à le dire. Tous ses prédécesseurs et tous les conciles le disaient depuis deux mille ans. (Ne pas le penser, c’est n’être pas chrétien. Ne pas le savoir, c’est ne pas connaître le christianisme).

- « Le Brésil »  (l’affaire de Recife)  n’a  rien  à  voir  avec  Benoît XVI. Un simple survol du dossier suffit à s’en apercevoir. Une lecture plus attentive montre que le pape a donné son feu vert à l’article de L’Osservatore Romano désavouant l’archevêque de Recife.

-  « Le préservatif » ? Ardisson n’a pas lu la déclaration de Benoît XVI, ni regardé DailyMotion.  Peut-être  n’a-t-il même pas vu les journaux. Il semble n’avoir entendu que le buzz. Donc il n’est pas au courant… (Ce qui ne l’empêche pas de trancher, comme d’autres qui n’étaient pas plus au courant que lui).

- Ardisson se sent maintenant « proche des protestants ». Lesquels ? Il n’en sait rien. Il n’a pas étudié la question.  D’ailleurs il ne sait pas qu’il y a aussi peu de négationnistes chez les catholiques que chez les protestants, le négationnisme étant une fabrication d’idéologues matérialistes athées...

- Quelqu’un aurait lui aussi besoin d’une réinformation : c’est Alexandre Adler, s’il a réellement dit à Ardisson : « Vous, les cathos ». A supposer qu’Ardisson soit  catho [1], c’est à la mode bidon des années 1980 : quand quelques people parisiens se paraient du label « catho », qui (dans leur bouche)  ne désignait qu’une posture vide. En ce temps-là Jean-Edern Hallier et Philippe Sollers se disaient eux aussi catholiques. On voit le sérieux de l’affaire.

- La déclaration d’Ardisson va aussi dans son intérêt. Le bon ton officiel étant de crier contre Benoît XVI, Ardisson crie, parce que sa position ne lui permettrait pas d’aller à contre-courant s’il en avait envie :  ce qui, de toute façon, n’est pas le cas.

 

2.  Arielle Dombasle a du mérite. Elle se dit « chagrinée » (ce que nous sommes tous depuis quelques semaines). Elle dit que le pape fait son métier, ce que nous pensons tous également. Elle ne cherche pas à aller dans le sens du vent. 

 

-

[1]  Parce qu’il a publié un Louis XX ? Mais la nostalgie ne fait pas le chrétien ; c’est même une contre-indication.- 

 

 

00:00 Publié dans Cathophilie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christianisme

Commentaires

DOMBASLE

> J'ignorais qu'Arielle Dombasle était chrétienne, "née avec le Christ" comme elle le dit bellement, mais je vois avec bonheur qu'elle fait preuve d'un certain courage dans ce milieu où le paraître tient lieu de raison de vivre et remplace l'être.

Écrit par : Michel de Guibert | 12/04/2009

DOMBASLE ET SOLLERS

> Ce n'est pas la première fois qu'Arielle Dombasle fait ce type de déclaration, c'est quelqu'un de surprenant et qui ne se soucie pas en cette matière de plaire au milieu très anti catho du show bizz, elle a toujours affirmé sa foi sans concession. Pour philippe sollers je serai moins sévère, je pense qu'il est vraiment catho mais qu'à force de jouer des rôles il finit par dire n'importe quoi mais quand il veut l'homme est capable d'une certaine profondeur!

Jean-Claude

Écrit par : jean-claude | 12/04/2009

CEUX QUI ONT HONTE

> Ardisson a honte d'être catholique, comme Grimpret ! Est-ce que lui aussi est en position éligible sur une liste UMP ?

Écrit par : Amicie T. | 12/04/2009

PERSONNAGES

> J'ai toujours eu des doutes sur la foi d'Ardisson quand il m'est arrivé de voir ses émissions. quant à Arielle Dombasle, je suis perplexe. Mais je ne la connais pas et je ne m'intéresse guère à elle. Par contre, il y a un personnage médiatique dont j'ai suivi l'interview sur kto et qui m'étonne, c'est Karl Zéro.

Écrit par : vf | 12/04/2009

D' "AFFAIRES" EN "AFFAIRES"

> Plus ça ment, plus c’est laborieux. Quelques réflexions sur la campagne de désinformation à laquelle nous assistons.

1. À chaque nouvelle « affaire », la mauvaise foi est plus évidente qu’à la précédente.
Lors de l’affaire Williamson, certains ont pu, de bonne foi, confondre levée d’excommunication et réhabilitation. Les journalistes ne sont pas tous canonistes et, une fois la fausse nouvelle lancée, on ne pouvait pas compter sur la bonne volonté du public, dans son immense majorité, pour faire l’effort de se renseigner.
Dans l’affaire de Recife, l’innocence des informateurs était plus difficile à admettre : la conférence des évêques du Brésil, puis l’Osservatore Romano avaient montré nettement que la décision de l’archevêque brésilien n’engageait que lui.
Sida et préservatif : toute la campagne de presse reposait sur une déformation délibérée des propos du pape.
« Révélations » du Spiegel : même si on ne peut jamais dire qu’on atteint la limite du possible en matière de mensonge, on peut au moins estimer qu’on s’en rapproche.
Cela dit, on aurait tort de se réjouir : le mensonge fait son chemin, comme toutes les rumeurs. Benoît XVI a peut-être tort de penser que la vérité s’mpose d’elle-même.

2. En parcourant les réactions des lecteurs des différents journaux, on ne voit guère de différence, en matière d’anticléricalisme, entre Le Monde, Libération et Le Figaro. Évidemment, les opinions publiées ne reflètent pas forcément l’opinion générale des lecteurs (quoique dans le cas du Monde, seuls les abonnés puissent s’exprimer). Ces opinions, grosso modo, se répartissent en deux catégories : les unes favorables au pape et à l’Église, et généralement sérieusement argumentées; les autres hostiles, haineuses ou méprisantes, et d’une incroyable monotonie.
On entend dire parfois que Benoît XVI est un «gaffeur ». Une gaffe peut provoquer l’ironie ou l’hilarité, mais non la haine. Si le pape est détesté, c’est qu’il dit la vérité.

3. Le plus inquiétant est peut-être que le mensonge fait son chemin à l’intérieur même de l’Église. Combien de clercs font l’effort de s’informer à d’autres sources que celles de l’AFP et de ses sous-traitants? Ou, pour dire les choses dans l’autre sens, n’y a-t-il pas trop de catholiques, clercs compris, qui ne font pas l’effort de se renseigner ?

Il sera maintenant intéressant de voir comment les choses vont évoluer. La vague va-t-elle retomber, ou va-t-on nous sortir de nouvelles « affaires », réelles ou imaginaires, pour continuer le matraquage ?

Écrit par : M. R. | 13/04/2009

LE COQ

> Le courage, en politique ou en religion, n'est pas une chose largement partagée. La grande différence de notre époque semble être que les rénégats jouissent de la considération de leurs contemporains alors que Pierre, après le second chant du coq "pleura amèrement".

Écrit par : Arnaud de Latrollière | 13/04/2009

FLEUR DE LIS

> Vos articles, vos livres et votre blog sont d'une très belle facture. Je regrette cependant votre réflexe de Pavlov dès que l'organisation monarchique du pouvoir pointe le bout de son nez: cette forme institutionnelle -qui attira beaucoup d'éminents personnages (Richelieu, Jean Bodin, Vico, Boutang, Thibon, Thomas d'Aquin, Platon, Aristote, de Gaulle, Rouvillois, Foyer, Debré, Lyautey,etc. etc.) provoque systématiquement l'objet de vos sarcasmes.
Vous le réduisez à une manifestation de la nostalgie, exactement comme les penseurs classiques les faisaient à l'égard de la démocratie. Vous êtes un bon journaliste religieux, certes. Mais abstenez-vous de parler légèrement des institutions.
Cortemby

[ De PP à C. - Je suppose que votre commentaire vise l'allusion au "Louis XX" d'Ardisson. Mettons que cette allusion était une ironie au second degré entre lui et moi. Mais sur le fond, vous vous trompez - pardon de le dire : je n'ai aucune prévention théorique envers le principe royal ! En revanche, j'en ai contre toute confusion entre la foi religieuse et les formes socio-politiques. Il n'y avait pas confusion au Moyen Age, quand le roi de France était sacré à Reims: c'était organiquement lié à une époque et à un certain état de la société, quasi-unaniment chrétienne-catholique en ce temps-là... Mais il y a aujourd'hui confusion dans l'esprit de ceux qui mélangent leur nostalgie de l'Ancienne France avec le catholicisme de 2009, exigeant ainsi (plus ou moins) qu'on soit fleurdelisé pour être catholique.
La foi chrétienne n'est liée à rien, ne dépend de rien, sinon de la grâce de Dieu.
Et les formes sociales qu'elle pourrait inspirer dans l'avenir n'auront aucun rapport avec celles qu'elle inspira dans le lointain passé, pour une raison simple : le monde n'est plus le même ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Cortemby | 13/04/2009

INTERESSANTE SYLVIANE

> sans grand rapport avec le préservatif mais j'ai lu avec intérêt le point de vue de Sylviane Agacinsky sur la gestation pour autrui (et je vous le conseille). Finalement, sa pensée (sur ce point) n'est pas si éloignée de la pensée chrétienne contre l'utilisation du corps humain par et pour l'économie.
http://www.elle.fr/elle/societe/les-enquetes/sylviane-agacinski-mere-porteuse-c-est-de-l-esclavage/contre-la-gestation-pour-autrui/(gid)/869654
Bien cordialement

Écrit par : FG | 15/04/2009

SYLVIANE AGACINSKY

> Bonjour,
sans grand rapport avec le préservatif mais j'ai lu avec intérêt le point de vue de Sylviane Agacinsky sur la gestation pour autrui (et je vous le conseille). Finalement, sa pensée (sur ce point) n'est pas si éloignée de la pensée chrétienne contre l'utilisation du corps humain par et pour l'économie.
http://www.elle.fr/elle/societe/les-enquetes/sylviane-agacinski-mere-porteuse-c-est-de-l-esclavage/contre-la-gestation-pour-autrui/(gid)/869654
Bien cordialement

Écrit par : FG | 20/04/2009

LETTRE OUVERTE AUX JOURNALISTES

Isabelle Roussel
Professeur émérite à l'Université de Lille1
Vice-Présidente de l'APPA
Association pour la prévention de la pollution atmosphérique
www.appa.asso.fr
Mail: isaroussel69@aol.com

Evidemment ma voix n’a aucune portée et ne peut se substituer aux paroles légitimes des évêques ou des grands ténors médiatiques de l’Eglise, d’ailleurs bien souvent absents ces temps ci si ce n’est sur le Net et dans le journal « La Croix » qui a publié une série de prises de position remarquables. D’ailleurs la prolifération, sur la toile, de blogs ou de mails de soutien à l’Eglise et à son chef montrent combien les chrétiens se sont appropriés ce nouveau moyen de communication même si les arcanes de la communication immédiate dans laquelle le paraître l’emporte sur l’information ne correspond pas au charisme de Benoît XVI contrairement à son prédécesseur, homme de théâtre stimulé par les feux de la rampe. Néanmoins peut-on penser que la parole d’un chrétien ordinaire comme celle d’un citoyen ordinaire peut être valorisée en ce temps de l’individualisation.
Comment ne pas réagir quand on lit dans des éditoriaux de journaux très sérieux des contresens sur l’infaillibilité pontificale ou des comparaisons entre le pape et Nicolas Sarkozy ou bien encore, comme le rappelait Philippe Meyer dans son émission « l’Esprit public » une présentatrice d’Europe n°1 suggérant que le pape puisse comparaître devant la haute cour de justice….. ?
Certes, par ces temps de profonde déchristianisation de la société, les jeunes journalistes ne sont pas allés au catéchisme mais pour autant, peuvent ils s’affranchir de toute culture ecclésiale quand ils évoquent le pape comme étant de surcroît, selon leurs propres dires, un repère écouté dans ce monde incertain ?
J’aimerais me permettre de leur fournir deux informations essentielles à prendre en considération quand ils évoquent l’Eglise et son chef spirituel le pape :
-Tout d’abord, il convient de se souvenir que « catholique » signifie « universel » et donc que la parole du pape doit toucher tous les hommes. Vouloir déchiffrer les messages papaux à travers le filtre culturel du microcosme des intellectuels parisiens est nécessairement réducteur. Benoît XVI souligne lui-même combien « L'universalité est toujours un dépassement de soi, un renoncement à quelque chose de personnel ». Pour accéder à ce point de rencontre commun à l’ensemble de l’humanité, il faut renoncer à se considérer soi-même comme un absolu. C’est pourquoi le pape mais aussi l’ensemble de la bonne nouvelle évangélique s’adresse au cœur de l’homme, au fondement de ce qui constitue le sens de son existence à travers une conscience commune et un désir d’amour partagé par toute l’humanité. Le véritable message se situe sur le registre du « qu’est-ce qui fait vivre ? Qu’est-ce qui met debout ? Qu’est-ce qui rend responsable de son existence ? », souligne Mgr Rouet, évêque de Poitiers. Certes les Eglises locales se doivent de décliner ces interrogations fondamentales à travers la diversité des cultures dans lesquelles s’enracine le message mais cette responsabilité revient aux africains quand le pape se rend au Cameroun.
Il faut se garder de vouloir remplacer l’universalité du message par le relativisme culturel qui voudrait imposer sa voix à l’ensemble de ses concitoyens. N’est ce pas là une brèche ouverte en direction de tous les totalitarismes? Or, sans doute n’est ce pas un hasard si ce déchaînement médiatique observé a précisément pour objet l’avortement et le préservatif, autant de sujets tabous sur lesquels notre société moderne refuse d’écouter la moindre dissonance aussitôt disqualifiée par les termes d’intégriste, raciste, réactionnaire, misogyne puisque la libération sexuelle qui passe nécessairement par l’avortement et le préservatif n’est pas négociable. Or, au fond de nos cœurs, la conscience humaine universelle ne désire t-elle pas, en secret, un amour ouvert, accueil de l’autre et de l’enfant plutôt que rejet, préservation et mort ? C’est à ce niveau là, celui, plus vulnérable de l’intime de nos consciences que s’adresse la parole libératrice du Christ que le pape se sent investi de rappeler à temps et à contre-temps. Ce message universel, loin de la pensée unique imposée par la culture dominante, se décline pour chacun d’entre nous de manière différente. Pourquoi se gausser de l’Eglise qui, comme toute organisation humaine, a du mal à faire ce grand écart entre la proximité du local et l’universalisme du global ? Le « glocal » n’est-il pas l’enjeu partagé par toute l’humanité à la fois enracinée dans le terroir et embarquée dans le cosmos ? En conclusion, chers amis journalistes, essayez de ne pas réduire le message à une vision d’une sexualité normative et ringarde. Les enjeux de l’humanité vont bien au-delà de cette assimilation.
Si les journalistes doivent penser à l’universalité du message catholique, ils doivent également ne pas oublier que l’Eglise est une puissance spirituelle et que toute assimilation à une logique temporelle traduit une régression et un retour au catholicisme triomphant impérial de Constantin. Certes cette sécularisation, souvent effectuée dans la douleur, n’est pas réalisée partout de la même manière. La Pologne offre sous nos yeux un exemple de la difficile sécularisation de l’Eglise qui, devant la tentation de la société de consommation, a beaucoup plus de mal à rassembler les fidèles qu’à travers la lutte contre le communisme !
Si la puissance temporelle de l’Eglise paraît écartée, l’Eglise a encore, dans de nombreux pays, la tentation d’être assimilée à une référence morale au risque d’être assimilée à une culture ou à une politique et, ce faisant, perdant l’enracinement fondamental de sa mission. Là encore, notre société occidentale, au lieu de tourner l’Eglise en dérision devrait reconnaître que c’est également un défi que notre monde moderne doit relever. Comment s’appuyer sur la responsabilité individuelle et sur l’autonomie de l‘individu alors que les enjeux sont de plus en plus globaux et mondiaux ?
L’Eglise investie dans la mission de proclamer des vérités fondamentales, inscrites dans la loi de Moïse, ne peut pas être une démocratie qui conduirait son chef à séduire pour se faire élire. Nous souffrons suffisamment de cette projection, par le monde politique, des vrais problèmes dans la sphère virtuelle, pour en parler sans les traiter, pour ne pas enfermer la pensée de l’Eglise dans un jeu électoraliste. Comment nier que l’Eglise, comme toute construction humaine, est traversée par des jeux de pouvoirs mais ceux-ci restent dérisoires par rapport à l’importance du message. Certes, ce n’est pas au nombre « d’adhérents » que se compte l’impact de l’Eglise à l’heure actuelle mais néanmoins, elle se doit d’avoir une parole crédible pour répondre à l’aspiration d’une grande partie de l’humanité qui ne veut pas s’arrêter à une dimension horizontale de l’homme.
L’inscription de l’Eglise dans le domaine du spirituel se traduit par l’Espérance d’un monde nouveau, d’une Jérusalem céleste mais qui, paradoxalement, se construit « sur terre avec nos bras ». C’est pourquoi affirmer que l’Eglise, réduite à un petit troupeau de « parfaits », a les yeux fixés vers le ciel en méprisant la solidarité avec les souffrances de ce bas monde est totalement démenti par une vision statistique des institutions caritatives et spécialement celles investies autour des malades du Sida. En effet, si l’Eglise ne cesse de proclamer le respect des fondamentaux des droits de l’homme, elle manifeste toujours beaucoup de compassion à l’égard des égarés, et des exclus. C’est pourquoi on ne peut que s’étonner devant les réactions de l’évêque brésilien. L’Eglise doit défendre à temps et à contre temps le droit à la vie mais elle ne peut condamner les personnes surtout au travers d’un avortement thérapeutique avec son cortège de souffrance et de douleurs que dénoncent toutes les mères qui sont passées par là et qui ne l’ont jamais ressenti comme une libération.
La spiritualité de l’Eglise est au-delà des modes c’est pourquoi un éditorial du Monde assimile l’Eglise à une statue et la qualifie d’immobilisme mais n’est-ce pas, là encore, la traduction du souci de la permanence de l’être humain et donc de cette tension entre un ancrage biblique fondamental et l’incarnation de cette « bonne parole » dans un monde très fluide. La modernité du message évangélique transparait quand il s’agit d’environnement puisque le défi actuel consiste précisément à concilier une vision universelle de la dignité de l’homme avec son enracinement dans la nature à travers un territoire. Or le message du pape sur ces questions environnementales est clair mais il est beaucoup moins médiatisé même quand il est remarquablement traduit dans notre culture française dans la lettre des évêques . Sans doute est-ce là une « vérité qui dérange ». Lorsque le Benoît XVI appelle à la sobriété et prêche sur l’ambivalence de la pauvreté qui doit à la fois être combattue et vécue, le silence des médias est alors assourdissant. N’est-il pas plus facile de vouloir « préserver » son confort, la nature, sa culture plutôt que de s’ouvrir à l’amour, à la solidarité au partage ?
Que ceux qui s’appuient sur une morale laïque, humaniste ou citoyenne, sachent, sans exclusive ni préjugés s’allier avec les chrétiens, ancrés dans leur foi et leur espérance pour rechercher et construire ensemble le monde de demain en sachant que nos modes de vie, notre matérialisme sont profondément remis en cause, que la préservation de nos acquis et de nos égoïsme n’est plus à l’ordre du jour. Cette mutation peut s’effectuer par la peur comme le suggère H.Jonas mais ne vaudrait il pas mieux qu’elle se réalise à partir de motivations plus fondamentales, comme la solidarité et l’espérance telles que l’Eglise les proclame et qui vont bien au-delà du préservatif et de l’avortement puisqu’elles s’appuient sur la primauté de la vie par rapport à la mort ?

Écrit par : isabelle Roussel | 04/06/2009

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