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13/03/2009

Benoît XVI aux évêques, sur l’affaire des lefebvristes : une lettre qui remet les choses à leur place

Le public a pu prendre connaissance de cette lettre :


 

Le pape y aborde plusieurs points névralgiques.

Il souligne le problème de la mauvaise information du Vatican et de sa mauvaise communication: ceci laisse présager des changements. Je m’en réjouis en tant que catholique et professionnel de l’information.

Au sujet des lefebvristes eux-mêmes, Benoit XVI se montre bienveillant mais ferme. Pesons toutes les nuances et les implications de ce passage : «  Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète, nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de choses discordantes - suffisance et présomption, fixation sur des unilatéralismes etc. Par amour de la vérité je dois ajouter que j'ai reçu aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans lesquels était perceptible une ouverture des cœurs. Mais la grande Église ne devrait-elle pas se permettre d'être aussi généreuse, consciente de la grande envergure qu'elle possède ; consciente de la promesse qui lui a été faite ? Ne devrions-nous pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des étroitesses ? ». 

La commission Ecclesia Dei  va être annexée à une Congrégation cruciale : celle de la Doctrine de la foi, dont Benoit XVI fut longtemps le préfet. Ceci veut dire (je cite) que «les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l'acceptation du Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des papes ». On ne saurait dire plus nettement que le lefebvrisme est une erreur de perspective, et que les lefebvristes vont devoir renoncer à cette erreur s’ils veulent revenir dans la grande Eglise.

Enfin, Benoit XVI souligne que la Congrégation pour la doctrine de la foi travaille avec « des représentants de l'Épiscopat mondial dans les décisions à prendre » : les lefebvristes ne doivent donc pas escompter être réintégrés dans l’Eglise sans l’avis des conférences épiscopales de la planète. 

On ne peut qu’applaudir Benoît XVI de faire ainsi les choses, avec bienveillance mais sans faiblesse. Et pour bien replacer les choses dans leur perspective, il dit aussi dans sa lettre : « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s'éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s'alimenter, la priorité qui prédomine  est de rendre Dieu présent dans ce monde et d'ouvrir aux hommes l'accès à Dieu. »

 

00:00 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (20)

Commentaires

HISTORIQUE

> Merci pour cette analyse synthétique de la lettre du Souverain Pontife Benoît XVI, d'une importance historique, absolument bouleversante de justesse, de simplicité et d'humilité. Merci M. de Plunkett.
Néanmoins, il ne faudrait pas passer sous silence les passages un peu plus délicats pour :
- certains de vos confrères journalistes...
- bon nombre de milieux diocésains qui "se proclament comme de grands défenseurs du Concile" mais ne le respectent pas plus, dans les faits, que les lefebvristes.
- des fidèles qui se sont montrés très hostiles envers le Saint Père (ce qui est totalement contraire à la foi) et ont profité de l'occasion pour étaler, publiquement, leur rancune.
- certains pasteurs de l'Eglise (tous niveaux hiérarchiques confondus) qui n'ont pas fait leur boulot* ou, pire, ne se sont pas gênés pour "mordre et dévorer" !
Je suis peiné de devoir l'écrire mais la lettre du 10/03/2009 est assez explicite. Les intéressés sauront se reconnaître (encore que...)et à leur place je serais rouge de honte.

* et pas uniquement en matière d'information et de communication, défaillantes, de quelques dicastères ou de la salle de presse.

Thomas


[ De PP à T. - Les passages qui me paraissent centraux dans cette lettre sont bien ceux que j'ai cités. Le but de la lettre du pape n'était pas de mettre en accusation les milieux non chrétiens (médias). Et les médias non chrétiens n'auraient pas eu de grain à moudre si le Vatican ne le leur avait pas fourni, hélas... (Avec récidive la semaine dernière dans l'affaire
de Recife).
Quant au pointage de mauvaises volontés antiromaines au sein des milieux catholiques, il est en effet présent aussi dans la lettre. Mais je ne crois pas que ce soit le centre nerveux de ce texte. L'important (l'inédit) est ce que le pape dit du lefebvrisme. Et le fait qu'il mentionne les causes du grand cafouillage de janvier-février, admettant que certains secteurs du Vatican ont gravement dysfonctionné (pour des raisons que le pape ne développe pas, mais qui vont au delà de la simple incompétence en communication).
Etre membre loyal de l'Eglise ne signifie pas nier ses erreurs de parcours. Ni tenter de les justifier à tout prix, parfois en y surajoutant d'étranges motivations idéologiques séculières en arrière-plan. Ni appliquer on ne sait quelle "ligne" envers et contre tout ! L'Eglise n'est pas le Parti. Le chrétien est un homme libre, qui suit d'abord sa conscience. Et Benoit XVI donne l'exemple de l'humilité, comme vous le dites vous-même. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas | 13/03/2009

FACILEMENT

> Au milieu de toutes ces tempêtes, nous avons la joie d'avoir un Pasteur formidable ! Grâce à lui, je reste plus facilement dans l'espérance.

Écrit par : dgeni | 13/03/2009

INEDIT

> Précision : je parlais bien de journalistes chrétiens. Ceux-là ont l'air malin maintenant.
Je suis en accord avec votre dernier paragraphe. Encore faut-il que cette conscience soit éclairée.
D'accord également, bien entendu, sur les dysfonctionnements que la lettre ne manque pas d'évoquer.
Pour le reste, j'ai du mal à distinguer de l'"inédit" dans ce que dit Benoît XVI sur le lefebvrisme. Son diagnostic éminemment juste correspond à ce que Rome a toujours dit mais le Saint Père est amené à le reformuler parce-que certains sont bouchés! Le diagnostic est connu depuis longtemps pour ceux qui s'intéressent sérieusement à la question.
Je vous remercie d'avoir pris du temps pour réponse à mon premier message.
Thomas

[ De PP à T. - Mais si. Le pape n'avait jamais employé de termes aussi durs envers le lefebvrisme. Ils sont compensés par le constat de l'ouverture du coeur chez certains membres de la FSSPX, mais la sévérité du jugement moral, doctrinal et même intellectuel
est frappante et n'était jamais venue sous la plume d'un pape jusqu'alors. C'est pourquoi
les acclamations scandées du réseau intégriste devant cette lettre relèvent de la myopie (volontaire). ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas | 13/03/2009

RE-BLOY

> Puisqu'on m'en veut de citer Léon Bloy, je récidive ! Quand je pense au réseau intégriste dont parle PP, et à ses inhumains slogans sur la petite fille de Recife, ça me rappelle une dédicace de Bloy à son ami Henry Lebel en 1895 : "Les imbéciles sont dans l'Eglise comme les punaises dans une vieille maison. Ils épouvantent les visiteurs et font déménager les locataires."

Écrit par : Marchenoir | 13/03/2009

@ Marchenoir

> Ce Bloy là me plait davantage !

Écrit par : Michel de Guibert | 13/03/2009

UN TEL HOMME

> La grandeur d'âme et l'infinie douceur qui s'expriment dans cette lettre devraient, je l'espère, arracher des larmes aux coeurs les plus endurcis, qu'ils se trouvent dans la communauté St Pie X ou chez les plus acharnés partisans d'un Concile Vatican II déformé par l'esprit progressiste.
J'ajoute un témoignage personnel : j'ai eu la chance de rencontrer le cardinal Ratzinger avant qu'il ne devienne Benoît XVI. Seul le fondateur de l'Arche, Jean Vanier, m'a fait une si forte impression, quasi physique, de douceur, de tendresse, de miséricorde.
Qu'un tel homme, un saint peut-être, déclenche de tels sentiments de haine dans l'Eglise, doit nous interroger fortement, n'est-ce pas la même haine que Jésus, doux et humble de coeur, a dû souffrir?

Écrit par : Leroy | 13/03/2009

LA COMMUNICATION DU PAPE

> La leçon de tout cela me semble simple : le Pape doit se doter d'un service de communication digne de ce nom. L'existence d'un attaché de presse du pape présent en France permettrait aux journalistes d'avoir au moins une personne vers qui se tourner pour poser leurs questions, corriger leurs avis tout faits et demander toutes sortes de précisions.

Écrit par : Fab | 13/03/2009

CESSER DE MORDRE

Voici un extrait de la réponse de Mgr Fellay à la lettre du pape :

"Loin de vouloir arrêter la Tradition en 1962, nous souhaitons considérer le Concile Vatican II et l’enseignement post-conciliaire à la lumière de cette Tradition que saint Vincent de Lérins a définie comme « ce qui a été cru toujours, partout et par tous » (Commonitorium), sans rupture et dans un développement parfaitement homogène."
Texte intégral :
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2009/3/12/fellay.rtf
Un pas vers l'herméneutique de la continuité ?
Pour moi, le point central de la lettre du pape est son appel à cesser de nous mordre comme les Galates. Et voilà Mgr Fellay qui commence à cesser de mordre... La pédagogie douce (et ferme) du pape ferait-elle tranquillement son chemin ?

Écrit par : Guillaume | 13/03/2009

LE COURAGE DU PAPE

> Comment ignorer également l'immense courage et douceur du pape quand il parle des 491 prêtres de la FSSPX :
"Nous ne pouvons pas connaître l’enchevêtrement de leurs motivations. Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le Dieu vivant."

Et encore :
"Parfois on a l’impression que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine."

Je cite ces extraits, non pour les opposer à ceux cités plus haut, mais pour les compléter. Car rien ne s'oppose. Finalement, je pense qu'il est vain de chercher objectivement ce qu'il y a de plus important dans sa lettre car elle s'adresse à notre subjectivité : elle invite chacun de nous à se corriger en fonction de sa disposition personnelle du moment.
Le pape nous ouvre à un nouveau temps : celui de l'examen de conscience. En ferons-nous l'économie ?
Pouvons-nous sincèrement croire que seul notre voisin a besoin de cet examen, ou que nous serions autorisés à le faire pour lui ?

Écrit par : Guillaume | 13/03/2009

DECALAGE

> Songeons un moment au décalage entre l'image qu'"on" a voulu donner de Benoit XVI et la réalité de son pontificat: sa lettre pleine de douceur et d'amour, qui n'exclut pas la fermeté sur le fond, est bien éloignée d'un discours de "Panzerkardinal", non ?

Écrit par : Arnaud de Latrollière | 13/03/2009

INCROYABLES

> « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s'éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s'alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d'ouvrir aux hommes l'accès à Dieu. »
Cette phrase du Pape a suscité dans ma paroisse (non FSSPX, mais diocésaine) des réactions incroyables. Que le Pape ose dire que la flamme dépérisse dans certains endroits du monde, signifierait selon ces commentateurs que le Pape manque de Foi et d'Espérance. En effet, selon leur oecuménisme mal compris, tout homme avec sa religion ou sa philosophie de vie se dirige nécessairement vers Dieu. Donc selon cette conception, la flamme ne peut disparaître que s'il n'y a plus d'êtres humains dans ces déserts.
En ce temps de carême, puis-je suggérer de prier pour tous les chrétiens afin qu'ils découvrent l'ouverture du coeur, la conversion en Dieu et la confiance en l'Eglise? Merci pour eux et pour nous.

Écrit par : Corentin | 14/03/2009

PAS D'ILLUSIONS

> « Le public a pu prendre connaissance de cette lettre » En théorie, oui, puisque le texte, en effet, en est désormais public. Qu’en est-il dans les faits ? Combien auront su trouver les sites où le lire ? Et parmi ceux qui le pouvaient, combien l’auront lue ? Ne nous faisons pas d’illusions. Sans parler des gens extérieurs à l’Église — qui semblent se passionner d’autant plus pour cette affaire qu’elle ne les concerne pas, si on en juge par les réactions publiées sur les sites des journaux — la plupart des catholiques, même moyennement pratiquants, sont informés sur les événements de la vie de leur propre communauté par les moyens de tout le monde, c’est-à-dire les journaux et la télévision, dont le but premier n’est évidemment pas de faire de la catéchèse ni même d’expliquer. Ce problème ne concerne pas seulement les simples fidèles : on a entendu des prêtres, par exemple, critiquer le discours de Ratisbonne tout en reconnaissant ne pas l’avoir lu, comme si l’AFP était la source unique et fiable de la Révélation. Il n’est pas inouï que les informations du 20 heures passent directement dans l’homélie ou la prière universelle. Sur la foi de quelles informations Gérard Bessière (puisqu'on sait désormais qu'il s'agit de lui), a-t-il pris la décision d'excommunier le pape?!
La presse écrite est en perte de vitesse, dit-on, à cause de la concurrence d’Internet. Ne faudrait-il pas imaginer des sites chrétiens attractifs et pédagogiques ? Il en existe, certes, mais n’y aurait-il pas un effort à faire de ce côté-là ?

Écrit par : MG2 | 14/03/2009

A PROPOS DE GUILLAUME

> J'aime beaucoup les commentaires de "guillaume". C'est bien de pouvoir écrire paisiblement et avec délicatesse ce que j'aurai pu écrire avec hargne et esprit de clan.
Je viens d'afficher au dessus de mon ordinateur l'hymne à la charité de saint Paul. Saurais je m'en inspirer chaque fois que je fais part de mes idées et impressions dans un blog ?

Écrit par : gdecock | 16/03/2009

@ Leroy

> Je vous cite : "d'un Concile Vatican II déformé par l'esprit progressiste."
Vous parlez par ailleurs de "l'infinie douceur", de "tendresse" et de "miséricorde".
Puis-je me permettre de vous demander d'avoir un peu de pitié et de miséricorde à l'égard de ceux qui ont lu les actes de ce Concile, qui n'en font pas une rupture par rapport à l'ensemble du Magistère, qui croient que lorsque tous les évêques étaient réunis avec le Pape, le Christ était au milieu d'eux?
Si vous voulez bien être miséricordieux à notre égard, lisez les actes du Concile (vous l'avez peut-être déjà fait mais j'ai du mal à le croire compte tenu de ce que vous en dîtes). Et, puisque vous admirez le Pape, puis-je me permettre de vous suggérer de l'imiter car il n'a, à ma connaissance, jamais parlé d'un concile déformé par l'esprit progressiste.
Je peux vous paraître ironique mais je suis sincère.

Écrit par : olivier le Pivain | 17/03/2009

Ce que dit Benoît XVI du Concile Vatican II et de sa réception

@ Olivier le Pivain et @ Leroy

Extraits de l'allocation de Benoît XVI aux Cardinaux et à la Curie romaine pour les voeux de Noël, 22 décembre 2005

“Le dernier événement de cette année sur lequel je voudrais m’arrêter en cette occasion, est la célébration de la conclusion du Concile Vatican II, il y a quarante ans. Ce souvenir suscite la question suivante : quel a été le résultat du Concile ? A-t-il été accueilli de la juste façon ? Dans l’accueil du Concile, qu’est-ce qui a été positif, insuffisant ou erroné ? Que reste-t-il encore à accomplir ? (…) Une question se pose : pourquoi l’accueil du Concile, dans de grandes parties de l’Eglise, s’est-il jusqu’à présent déroulé de manière aussi difficile ? Tout dépend en réalité de la juste interprétation du Concile ou – comme nous le dirions aujourd’hui – de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d’application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L’une a engendré la confusion, l’autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D’un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler « herméneutique de la discontinuité et de la rupture » ; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d’une partie de la théologie moderne. D’autre part, il y a l’« herméneutique de la réforme », du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné ; c’est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, tout en restant toujours le même, l’unique sujet du Peuple de Dieu en marche. L’herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l’esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l’unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n’est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes: seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c’est à partir de ces textes et conformément à ces textes qu’il faudrait aller de l’avant. Précisément parce que les textes ne refléteraient que de manière imparfaite le véritable esprit du Concile et sa nouveauté, il serait nécessaire d’aller courageusement au-delà des textes, en laissant place à la nouveauté dans laquelle s’exprimerait l’intention la plus profonde, bien qu’encore indistincte, du Concile. En un mot: il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit. Il reste ainsi évidemment une grande marge pour se demander comment on définit alors cet esprit et en conséquence, on laisse la place à n’importe quelle fantaisie. Mais de cette façon on interprète mal, à la racine, la nature d’un Concile en tant que tel. Il est ainsi considéré comme une sorte de Constituante, qui élimine une vieille constitution et en crée une nouvelle. Mais la Constitution a besoin d’un promoteur, puis d’une confirmation de la part du promoteur, c’est-à-dire du peuple auquel la constitution doit servir. Les Pères n’avaient pas un tel mandat et personne ne le leur avait jamais donné ; personne, du reste, ne pouvait le donner, car la constitution essentielle de l’Eglise vient du Seigneur… (…) Dans ces paraboles évangéliques s’exprime la dynamique de la fidélité, qui est importante dans le service rendu au Seigneur, et dans celles-ci apparaît également de manière évidente comment, dans un Concile, la dynamique et la fidélité doivent devenir une seule chose. (…) A l’herméneutique de la discontinuité s’oppose l’herméneutique de la réforme comme l’ont présentée tout d’abord le pape Jean XXIII, dans son discours d’ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu’il dit que le Concile « veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation » et poursuit: « Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux, comme si nous nous préoccupions uniquement de l’antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige… Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d’une façon qui corresponde aux exigence de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée » (S. Oec. Conc. Vat. II (…) Dans ce sens, le programme proposé par le pape Jean XXIII était extrêmement exigeant, comme l’est précisément la synthèse de fidélité et de dynamique. (…)”

Texte intégral :
http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=2412053_integral

Écrit par : Michel de Guibert | 17/03/2009

@ Michel de Guibert


> Je suis bien d'accord.
Il y a les textes du Concile et la façon de les interpréter. Mais il faut affirmer clairement, comme les papes l'ont toujours faits, que les textes du Concile sont à recevoir, à méditer, que ce n'est pas une matière à option, qu'il nous appartiendrait de soupeser pour voir si elle nous convient. Et ce n'est pas parce que certains ont interprété à leur façon le concile (il y en aura toujours) que celui-ci est déformé : il est bien "formé" et on a toujours intérêt à s'y reporter.

Écrit par : olivier le Pivain | 17/03/2009

Lettre du Pape aux évêques du monde
Trois évêques français réagissent à la lettre de Benoît XVI

* Famille Chrétienne
* 21/03/2009
* Propos recueillis par Sophie Le Pivain

http://www.famillechretienne.fr/croire/l-eglise-et-son-histoire/trois-eveques-francais-reagissent-a-la-lettre-de-benoit-xvi_t9_s86_d50097.html


* Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes : "Vatican II, dans la continuité de l’histoire de l’Eglise"

Dans cette lettre, le pape manifeste sa souffrance face aux critiques violentes qui ont été faites. Je relève d’abord deux questions de circonstance : d’une part, le pape déplore que l’affaire Williamson soit venue se superposer à cette décision, en brouillant les pistes et en rendant son acte moins lisible. D’autre part, le pape regrette que de la part du Vatican et de ceux qui auraient dû relayer cet acte, la distinction n’ait pas été faite entre la levée des excommunications et la réintégration pure et simple des évêques dans l’Eglise.

Benoît XVI soulève aussi une question de fond, qui concerne l’interprétation du Concile Vatican II. Pour comprendre cela, il faut se référer au discours du pape à la Curie en décembre 2005, où il distinguait deux herméneutiques, deux interprétations du Concile : celle de la continuité, et celle de la rupture. L’interprétation de Vatican II comme une rupture est commune aux intégristes et à ceux que le pape appelle – non sans ironie - "ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile". Les uns considèrent Vatican II comme une rupture, et s’en désolent, et les autres considèrent aussi Vatican II comme une rupture, et s’en réjouissent. Ceux qu’on pourrait considérer comme deux extrêmes partent en fait de la même analyse de départ. Aux uns le pape dit : "L’arbre est toujours vivant" ; aux autres, il dit : "L’arbre a besoin de racines". Pour le pape, l’Eglise est un sujet qui grandit au cours de l’Histoire, et qui développe sa foi de façon organique. Pour lui, il y a une seule Eglise. Il n’y a pas de rupture, au contraire, c’est un même sujet qui se déploie, et Vatican II récapitule le dépôt de la foi.


* Mgr Christophe Dufour, archevêque coadjuteur d’Aix-en-Provence : "Un grand bonheur !"

C’est un grand bonheur d’avoir reçu cette lettre, qui s’adresse aux confrères de Benoît XVI – c’est ainsi qu’il s’adresse à nous. Le pape nous rejoint dans ce qui fait le cœur de notre mission : "Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible", c’est, dit-il, "la priorité suprême et fondamentale de l’Eglise et du Successeur de Pierre aujourd’hui". C’est notre passion, notre détermination, c’est ce qui nous réjouit profondément ! Et tout ce qui y fait obstacle nous fait très mal.

Les propos de Mgr Williamson nous ont fait beaucoup souffrir, parce qu’ils ont freiné les efforts dans l’évangélisation. Le pape a entendu notre souffrance, et il nous explique avec clarté ce qui s’est passé. Nous l’avions compris, mais nous sommes heureux qu’il l’exprime clairement. De la priorité qui est au cœur de notre mission – conduire les hommes vers le Christ – découle une autre priorité : avoir à cœur l’unité des croyants, à travers l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Ces deux priorités sont celles du pape, et les nôtres, puisque notre ministère est une participation au ministère du Saint-Père.


* Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne : "Comme une lettre de Saint Paul"

J’ai reçu cette lettre avec une grande joie. Elle m’a tout de suite fait l’impression d’une lettre paulinienne. J’ai eu le sentiment que, à la manière de l’apôtre, le pape invitait ses frères évêques à la charité évangélique - une vraie leçon de charité pastorale. Le pape explique que donner un accès à Dieu dans un monde où la foi est endormie est au cœur de ses priorités. C’est pour cela qu’il donne la priorité à l’unité des chrétiens – l’œcuménisme - et des religions au service de la paix. C’est pour cela qu’il n’y a pas de petit ou de grand geste de réconciliation.

Le pape fait aussi preuve de lucidité, en redisant qu’il faut que la Fraternité Saint-Pie X comprenne que le Magistère ne s’arrête pas en 1962, de même qu’on ne peut pas couper le concile Vatican II de la Tradition. Je reçois cette lettre comme une bouffée d’air dans la déferlante où le monde s’est laissé dépasser par l’opinion des médias. Le pape a mûri cela dans son cœur et dans la prière, ça se voit : cette lettre n’est pas commandée par les lois de communication humaine. Il prend de la hauteur, dans un monde où nous sommes tous esclaves d’un manque de recul et de distance dans le temps. Je ne sais pas si cette lettre sera bien reçue mais elle est bienvenue. Elle touche la fibre évangélique.

Écrit par : Trois évêques français | 19/03/2009

Communiqué de Mgr Lebrun et Lettre du Pape du 10 mars 2009 sur la levée des excommunications.
Communiqué du diocèse de Saint-Étienne

http://www.diocese-saintetienne.fr/spip.php?article396

Le Pape vient d’adresser aux évêques une lettre émouvante car très personnelle au sujet de la levée de l’excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre.
Cette lettre très franche lui a été inspirée par les réactions venant à la fois des évêques et des fidèles. Il reconnaît deux erreurs en commençant par « le cas Williamson ». Il déplore l’insuffisance d’informations à sa disposition. Il en « tire la leçon » et promet de corriger la manière de faire, en particulier par l’utilisation d’Internet. Il regrette aussi la mauvaise communication. Elle a fait croire à un accueil des positions de la fraternité Saint-Pie X alors qu’il s’agissait d’une mesure de miséricorde envers quatre personnes. Il précise que, comme tous les membres de la fraternité, celles-ci « n’exercent de façon légitime aucun ministère » en raison de leurs positions doctrinales erronées.
Pour l’avenir, le Pape décide que les décisions concernant les traditionalistes seront prises par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ainsi, il reconnaît que les problèmes sont « de nature doctrinale et regardent surtout l’acceptation du Concile Vatican II. » De plus il souhaite que les décisions soient prises avec « des représentants de l’épiscopat mondial ».
Tout au long de la lettre apparaît la référence au Concile Vatican II comme une donnée incontournable. Il rappelle que les pas de réconciliation entre juifs et chrétiens faits à partir du Concile « avaient été dès le début un objectif de mon travail théologique personnel ». Aussi le Pape apparaît-il meurtri par les attaques et les soupçons de « vouloir revenir en arrière » qui lui ont été adressés.
Le Pape situe sa décision dans le cadre global de l’unité de l’Église, condition pour sa mission de « rendre Dieu présent dans le monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu … non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité.
En prenant acte que son geste est devenu à son corps défendant « le contraire d’une réconciliation », il interroge encore : « est-il vraiment erroné d’aller à la rencontre du frère qui a quelque chose contre toi (Mt 5, 23) et de chercher la réconciliation » ? Visiblement, Benoît XVI ne se résigne pas à laisser 491 prêtres, 215 séminaristes, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de fidèles « aller à la dérive loin de l’Église ».

Écrit par : Communiqué de Mgr Lebrun | 22/03/2009

Réaction du Cardinal Vingt-Trois à la lettre du Pape sur Radio Vatican :
http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=272426

Écrit par : À propos du cardinal Vingt-Trois | 22/03/2009

SANBDRO MAGISTER CRITIQUE A JUSTE TITRE LES DYSFONCTIONNEMENTS DE LA CURIE

> Une analyse sévère, sous la plume de S. Magister, journaliste italien vaticanologue et admirateur du pape Ratzinger :
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1337148?fr=y

Écrit par : Sandro Magister critique la Curie / | 16/04/2009

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