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09/03/2009

Pie XII et la Shoah : un colloque d’historiens à Jérusalem, les 8 et 9 mars

Les chercheurs confrontent leurs travaux :


 

Les 8 et 9 mars, pendant les préparatifs de la visite de Benoît XVI au mémorial de la Shoah  à Jérusalem (11 mai prochain), l'Institut international Yad Vashem et le Studium Theologicum Salesianum ‘Saints Pierre et Paul’ tiennent un colloque d'experts internationaux sur l'état de la recherche au sujet de l’attitude du pape Pie XII face à la Shoah.  La session d'ouverture a été inaugurée par Avner Shalev, président du Comité de direction de Yad Vashem, et par Mgr Antonio Franco, nonce apostolique en Israël. Les modérateurs sont, pour le Studium Theologicum Salesianum, Don Roberto Spataro, et pour Yad Vashem, Iael Orvieto.

Objet des débats du colloque :  la période qui précède le pontificat de Pie XII, les relations avec les évêques allemands, Pie XII et la Shoah, la situation en Italie pendant et après l’occupation allemande. Intervenants : Sergio Minerbi, Paul Oshea, Michael Phayer, Susan Zuccotti, Thomas Brechenmacher, Jean-Dominique Durand, Grazia Loparco, Matteo Luigi Napolitano et Andrea Tornielli.

Ces historiens représentent les deux courants de la recherche : celui qui charge Pie XII, et celui qui réévalue son action durant cette période. Les participants « débattront et partageront les résultats de leurs recherches afin de répondre à une série de questions relatives à la controverse en cours », soulignait don Francesco De Ruvo s.d.b. (entretien à Zenit) avant l'ouverture du colloque.

 « Ces dernières années, de nombreux livres et de nouveaux articles ont été publiés. Ainsi, du nouveau matériel a été présenté qui a permis de mettre en lumière de nouveaux aspects, qui ont besoin d'être regroupés et débattus, pour voir s'il y a quelque chose de nouveau et qui doit être totalement revu », explique le père De Ruvo : « Pour certains, Pie XII aurait été un spectateur indiffèrent de la Shoah, qui, par son silence, se trouva en connivence avec la monstrueuse tragédie qui se déroulait. Toutefois, d'autres chercheurs et historiens soutiennent depuis longtemps une thèse totalement opposée qui donne une appréciation positive de l'œuvre de Pie XII : il aurait agi pour limiter de toutes les façons possibles les effets de l'Holocauste, parfois avec des résultats concrets…  Cette dernière position historiographique est fondée sur des documents d'archives et des témoignages aussi bien oraux qu'écrits des protagonistes. Les auteurs qui louent l'action de Pie XII pour le sauvetage des juifs soumettent leurs conclusions, sans distinction d'appartenance ethnique et religieuse. Parmi ceux-ci l'on note de nombreux experts juifs ».

« Un climat d'écoute cordiale et respectueuse a régné jusqu'à aujourd'hui parmi les institutions engagées dans cette initiative qui, selon le souhait de tous, conduira à un accord sur le texte actuel de la légende que l'on voit à Yad Vashem », conclut-il. (Il s’agit d’une légende photo qui incrimine l’attitude du pape Pacelli).

 

Commentaires

PLUS JUSTE

> Espérons que de cette confrontation d'historiens sortira une image plus juste de Pie XII, tant calomnié depuis la pièce "Le Vicaire" de Rolf Hochhuth en 1963.

Écrit par : Michel de Guibert | 09/03/2009

INJUSTICE

> Climat d'écoute cordiale et respectueuse. Personnellement je n'attend pas grand chose..à moins d'un miracle de lucidité ! A mon avis il faudra plusieurs décennies pour qu'enfin on puisse mettre en valeur et en lumière comme il se doit l'action de Pie XII. Quelle injustice pour ce pape qui a été trainé dans la boue jusqu'à en faire le "pape d'Hitler"..
En réalité c'est un problème de perception. Les survivants directs eux avaient bien compris l'action de Pie XII en leur faveur et n'avaient pas tari d'éloges à son sujet, alors quoi ? Aujourd'hui on reproche, dans le meilleur des cas, à Pie XII de n'avoir pas parlé urbi et orbi.
En outre voilà ce que je lis sur euronews à propos du prochain voyage en Israel
Selon le directeur du Mémorial Yad Vashem, Avner Shalev, “Benoît XVI est une sorte de produit de sa génération. Il a été obligé, autant que nous le sachions, d’aller aux jeunesses hitlériennes, et finalement il n’avait rien à voir avec ça. Malgré tout, ces faits marquent les esprits.”
http://www.euronews.net/fr/article/09/03/2009/pope-benedict-xvi-to-visit-the-holy-land/
???.....Sans commentaires. " Ces faits marquent les esprits" sic, "autant que nous le sachions"..Détestables insinuations
Je m'excuse de dire cela, mais avec tout mon respect, on a parfois le sentiments que l'on doit tout accepter et passer notre temps à battre notre coulpe. La dernière affaire W, lamentable et désastreuse à de nombreux points de vue, ne va pas arranger les choses..

Écrit par : Bernard | 09/03/2009

HOCHHUTH

> En bon communiste, Rolf Hochhuth pouvait difficilement tresser des lauriers à Pie XII...

Écrit par : Blaise | 09/03/2009

MODERNE

> pour moi il est clair que la vérité se trouve dans un silence "public" (sic!) choisi afin de protéger les congrégations ainsi que les juifs cachés par celles-ci, à la demande secrète du Pape Pie XII, et que des milliers de juifs furent sauvés de l'holocauste par l'intervention directe et indirecte de ce grand Pape. Trop de juifs ont désormais témoigné de la vérité des faits, et de la concordance de leurs témoignages.
Maintenant que certains tiennent pour contraire où fausses ses assertions, pratiquent un négationisme à l'envers;
enfin, que d'autres (représentés dans ce colloque) pensent qu'il a agi, mais pas assez, et trop peu parlé publiquement, tiennent, je pense, des arguments étayés, mais trop appuyés sur des possibilités "sécuritaires", non réalistes que présentaient cette période de notre ....monde moderne!!!....(quoi, vous avez dit "moderne"???.......pauvre monde alors....!)

Écrit par : jean christian | 09/03/2009

LES DIVERS COURANTS

- D'un côté, il y a la masse des esprits formatés par le médiatique émotionnel d'aujourd'hui, qui ne comprennent rien à la société d'hier : ils croient qu'il suffit de pousser des cris pour changer les choses, donc ils accusent Pie XII ne ne pas avoir voulu changer les choses puisqu'il n'a pas poussé de cris. En plus, une grande partie des gens d'aujourd'hui sont persuadés (ignorance totale du passé) que les catholiques et les nazis faisaient partie plus ou moins du même camp quoiqu'avec des différences, et donc que si le chef des catholiques avaiet menacé (de quoi ?) le chef des nazis, il y aurait eu un accord. C'est n'importe quoi, mais c'est ça que les gens croient.
- D'autre part, il y a les manoeuvriers, qui, eux, savent bien que c'est Golda Meir qui disait la réalité quand elle remerciait Pie XII d'avoir fait tout le possible. Mais ils s'en foutent : ils jouent des coups politiques pour aujourd'hui.
- Enfin il y a les effroyables nains de l'extrême droite qui ne ratent pas une occasion de trépigner dans la boue pour la faire gicler sur les autres ! Williamson le Taré en est un spécimen. Hélas pas le seul.

Écrit par : Kahal | 09/03/2009

MALGRE TOUT

> La déclaration d’Avner Shalev, citée par Bernard, est éclairante :
« Benoît XVI est une sorte de produit de sa génération. Il a été obligé, autant que nous le sachions, d’aller aux jeunesses hitlériennes, et finalement il n’avait rien à voir avec ça. MALGRE TOUT, ces faits marquent les esprits.»
L’impression sur les esprits est donc plus décisive que la réalité objective ! Et il est possible aujourd’hui pour un journaliste (ou en l’occurrence pour le directeur d’une institution au rayonnement international telle que Yad Vashem) de porter une accusation qui se fonde non pas sur un événement mais sur le ressenti d’un événement : il ne prendra pas conscience de son dérapage. Dans notre époque post-moderne, la frontière entre réalité et apparence est décidément de plus en plus floue. Espérons qu’une telle procédure ne sera jamais adoptée par les tribunaux.
Blaise


[ De PP à B. - Le pire est que c'est exact : à propos de Josef Ratzinger et du IIIe Reich, l'affaire Williamson a été l'occasion d'un ressurgissement du vieil amalgame mensonger, pourtant archi-réfuté par les historiens. Ces imageries collectives ont un pouvoir obtus et énorme. Force est de louvoyer entre elles, comme entre des récifs : si l'on refuse d'en tenir compte, on risque tout simplemement le naufrage. C'est-à-dire : ne plus être entendu des gens à qui l'on a pourtant mission de parler, quand on est l'Eglise catholique... On n'est jamais obligé d'aller sur les récifs dans de mauvais cas superflus. Ce serait du masochisme. Y aller quand c'est inévitable et pour l'honneur de Dieu, pour le kérygme, oui: il le faut, mais seulement dans ce cas-là. ]

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Écrit par : Blaise | 09/03/2009

LE PROCES

> Question à PP, toujours bien informé de ce qui se passe au Vatican : où en est le processus de béatification de Pie XII ? On peut légitimement penser que, même en tenant compte du principe de prudence politique, une telle béatification ne pourrait intervenir que si le Pape avait la certitude que les accusations portées contre son prédécesseur sont des calomnies, non ?
Edouard


[ De PP à E. - Je ne sais pas où en sont les choses. Peut-être n'est-ce pas sans lien avec le colloque de Jérusalem, co-présidé par le nonce ? ]

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Écrit par : Edouard | 09/03/2009

@ Bernard

> Moi, je retiens plutôt l'assertion forte : "finalement il n’avait rien à voir avec ça" dans la déclaration du directeur du Mémorial Yad Vashem, Avner Shalev : “Benoît XVI est une sorte de produit de sa génération. Il a été obligé, autant que nous le sachions, d’aller aux jeunesses hitlériennes, et finalement il n’avait rien à voir avec ça. Malgré tout, ces faits marquent les esprits.”
J'avais lu ailleurs dans une dépêche de Zénit du 19 avril 2007 :
http://www.zenit.org/article-15192?l=french
"A la suite de la protestation du nonce en Israël, Mgr Antonio Franco, le président du Mémorial, M. Avner Shalev, a promis de reconsidérer la façon dont le pape Pie XII y est présenté."
Espérons que la promesse a été ou sera tenue, de préférence avant le voyage de Benoît XVI en Terre Sainte !

Écrit par : Michel de Guibert | 09/03/2009

@ Edouard

> Il est clair que Benoît XVI a la certitude que les accusations portées contre Pie XII sont des calomnies ; il n'en est pas moins probable que nous ne verrons pas la béatification de Pie XII tant que l'infâme rumeur circulera, pour des raisons de prudence politique évidentes.
Dans un autre contexte difficile quoique moins dramatique, la béatification de Charles de Foucauld a longtemps attendu...

Écrit par : Michel de Guibert | 10/03/2009

@ Michel de Guibert

> Pourtant, à ma connaissance, il n'existait pas de polémique à propos de Charles de Foucauld. Donc je ne vois pas...

Écrit par : Blaise | 10/03/2009

@ Blaise

> Bien sûr que si ! Le contexte de la colonisation, du témoignage de la foi chrétienne par un ancien officier dans un contexte de rébellion et en milieu musulman ...

Écrit par : Michel de Guibert | 10/03/2009

@ Michel :

> pardonnez-moi mais vous retenez ce que vous qualifiez d'"assertion forte" : "finalement, il n'avait rien à voir avec cela"
..encore heureux.. est-il besoin de le rappeler ? à l'âge qu'avait le pape (12 ans en 1939) on n'avait rien à voir avec ça.
On sait que le pape a été enrôlé, on sait que sa famille était anti-nazie, on sait que son père lisait la publication antinazie satirique "Der Gerade Weg", on sait que leur cousin handicapé a été tué dans le funeste programme d'élimination des "improductifs" , on sait qu'en 1940 cette organisation ( l'unique pour la jeunesse ) comptait prés de 8 millions de membres... forcément puisque les nazis ont inscrits en bloc tous les jeunes en âge d'en faire partie, on sait exactement ce qu'il en fût...
De plus il me semble que dans un ordre plus général il y a beaucoup de confusion. Les jeunesses hitlériennes ce n'était ni la Wehrmacht ni les Waffen SS ( bien qu'elles servaient de base de recrutement bien sûr pour cette organisation criminelle , bras armé de l'idéologie nazie). Ces jeunes gens ,on tentait bien évidemment surtout de leur laver le cerveau mais la plupart du temps il ne s'agissait pas de groupes armés..

"autant que nous le sachions"
"Pour autant ces faits marquent les esprits"

je ne sais pas si je suis "parano" mais la déclaration me semble lourde d'insinuations déplacées.

C'est sans doute le frère du pape, Georg Ratzinger, qui en parle le mieux, quand dans les interviews qu'il a accepté de donner reviennent inlassablement les mêmes questions sur le sujet...Je vous en donne quelques extraits en conclusion:

- Quelle opinion avait votre père du nazisme ?
« Dès le début, il a été un farouche opposant du nazisme. Il a vite compris que le national-socialisme serait une catastrophe et qu'il n'était pas seulement un grand ennemi de l'Église mais plus généralement de toute foi et de toute vie humaine ».

- Vous et Joseph, avez-vous été obligés de vous engager dans les Hitlerjugend, la Jeunesse hitlérienne?
« L'État avait disposé que tous les garçons des écoles, selon leur âge, devaient s'inscrire à des groupes juvéniles déterminés. Lorsque cela devint obligatoire, nous fûmes inscrits en bloc. Il n'y avait pas de liberté de choix et ne pas se présenter aurait certainement eu des conséquences fâcheuses. Mon frère, cependant, ne fréquentait pas ces rassemblements et il ne se présentait pas aux appels. Ce qui impliqua un dommage économique pour ma famille puisqu'elle ne bénéficia plus de l'escompte sur les taxes scolaires ».

-Votre engagement involontaire au sein de la Wehrmacht a dû vous mettre en conflit avec votre foi. Ce passé, il vous hante encore vous et votre frère?
GR: Voyez, c'était un autre monde. Nous étions obligés de nous plier. Mais, heureusement, mon frère, en tant qu'assistant de l'armée de l'air, et moi, qui étais affecté à la logistique, nous n'avons jamais été contraints à utiliser des armes contre quelqu'un.

-Il y a néanmoins des critiques qui disent que quelqu'un qui a servi la cause des nationaux-socialistes n'aurait jamais dû devenir pape. Comment votre frère gère-t-il ce genre de critique ?
GR: C'est n'importe quoi! Ce sont des gens qui n'ont pas la moindre idée de la situation dans laquelle nous nous trouvions. Nous étions contraints à le faire. Un jour, tu reçois un courrier qui te convoque à être tel jour à tel lieu. Si nous n'avions pas obéi à cet ordre-là, on nous aurait fusillés pour l'exemple sur-le-champ. Ces critiques à l'égard de mon frère, viennent de la part de personnes qui ignorent la situation. Ils devraient tous se taire.

-Le 11 novembre, la France a commémoré ses victimes de la première guerre mondiale. En effet, les Allemands et les Français étaient souvent des ennemis acharnés dans le passé. En tant que jeune soldat, auriez-vous jamais pensé que ces deux peuples pourraient si bien s'entendre un jour ?
GR: Franchement, à l'époque la seule chose que je me demandais c'était comment survivre. J'espérais seulement que cela finisse. Donc, je ne pensais pas du tout au futur destin des deux pays. J'admire beaucoup la France. Je trouve que c'est un pays magnifique qui a contribué beaucoup à l'histoire de l'humanité, notamment dans le domaine philosophique. La théologie qui s'oriente avec la raison est par exemple quelque chose où les deux peuples se retrouvent. Regardez l'oeuvre des jésuites français, je pense notamment à Henri de Lubac. C'est cette idée de la religion que mon frère a toujours défendue.

Écrit par : Bernard | 10/03/2009

LE MOINDRE DOUTE

> Merci Bernard pour toutes ces précisions et illustrations relatives à la jeunesse du futur Benoît XVI ; sur tout cela, je suis évidemment pleinement d'accord avec vous.
Concernant les propos du directeur du Mémorial Yad Vashem, Avner Shalev, tels qu'ils sont rapportés par la journaliste d'Euronews dans un article au demeurant très tendancieux, j'ai voulu seulement les lire le plus objectivement possible, sans faire de procès d'intention, et il m'a semblé que Avner Shalev émettait simplement un constat : le fait brut du passage de Benoît XVI aux jeunesses hitlériennes, sans complicité aucune certes avec le régime hitlérien, marque les esprits... il faudrait évidemment ajouter pour être juste : 'marque les esprits mal informés ou victimes de la désinformation' !
Mais peut-être je me trompe sur le personnage ?
Toutefois, il me paraîtrait totalement invraisemblable que Benoît XVI soit invité officiellement à se rendre au Yad Vashem si son directeur avait le moindre doute sur le passé de Josef Ratzinger !

Écrit par : Michel de Guibert | 10/03/2009

DIPLOMATIQUE

> Vous avez peut être raison Michel..sur le coup ça m'a pas paru trés clair ni maintenant d'ailleurs ^^ le fait que Benoit XVI soit invité à Yad Vashem c'est aussi un passage diplomatique, imaginez si le directeur du mémorial accusait une fin de non recevoir (car il est évident que pour le pape quelqu'il soit c'est une halte obligée), ce ne serait pas imaginable et poserait quelques soucis. mais bon c'est pas grave je voudrais pas non plus polémiquer sur quelque chose qui n'en vaut pas la peine. Réjouissons nous et prions pour la réussite de ce prochain voyage en terre sainte, compliqué dans la situation actuelle tant politique que du point de vue des dernières polémiques qui ont agité l'Eglise.

Écrit par : Bernard | 11/03/2009

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