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02/03/2009

Non au transgénique MON 81O : les Etats européens taclent Barroso

Evénement remarquable, sur le plan de l’UE et celui de l’écologie :

 

+ audio : je commente l’affaire sur Radio Vatican,

http://www.oecumene.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=269837

 


 

José Manuel Barroso avait décidé d’imposer le maïs génétiquement modifié MON 810 (Monsanto) aux pays de l’UE : d’abord, en forçant l'Autriche et la Hongrie à lever leur interdiction du MON 810. Ensuite, en forçant la France et la Grèce à en faire autant.

Pour cela, il fallait obtenir un vote à la majorité qualifiée des ministres de l'Environnement, réunis ce matin à Bruxelles.

Mais les pays de l'UE ont rejeté la volonté de Barroso.  Quatre  Etats seulement (ceux du nord : Royaume-Uni, Pays-Bas, Suède, Finlande) l’ont soutenue ; 23 pays ont voté contre. Il n'y a pas eu d'abstention. « C'est un résultat très sévère pour la Commission », a déclaré le ministre français de l'Environnement, Jean-Louis Borloo. Les votes de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Belgique ont été déterminants lundi, a souligné le ministre : « Nous avons une grande gratitude à l'égard de l'Allemagne », a-t-il indiqué.

Les pays de l'UE sont divisés sur les OGM. Une majorité qualifiée de 255 voix était nécessaire pour rejeter la demande de la Commission européenne. Si cette majorité n'avait pas été atteinte lundi, la Commission aurait imposé la levée des interdictions  - en invoquant « le risque de plainte contre l'UE à l'OMC » et l'avis de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), selon lequel « les OGM ne présentent aucun risque pour la santé humaine ».

Mais les menaces de Barroso au nom de l’OMC tombaient mal, alors que le libre-échangisme est ressenti partout comme l’une des causes de la crise mondiale.

 Et l’argument de l’EFSA ressemblait à une mauvaise plaisanterie, sachant que cette agence demande ses informations… aux multinationales ! (Dépêche de ce matin : « l'EFSA a précisé avoir demandé à Monsanto des "informations supplémentaires concernant l'impact environnemental" »).

Les risques non maîtrisés des OGM sont graves et nombreux : ils se disséminent à des distances considérables, détruisant la biodiversité ; ils présentent des risques de toxicité ; ils dégradent les sols par la monoculture industrielle imposée aux paysans ; ils spolient les paysans de la propriété de leurs semences, puisque les OGM sont brevetés. Le plus énorme est que certains prétendent (tel Marek Halter lors d’une « mémorable » soirée à ND du Laus) que les OGM sont là pour résoudre le problème de la faim dans le monde, alors que le seul but des firmes semencières est de mettre des brevets sur des plantes  – et  la main sur l’alimentation mondiale. Les OGM permettent seulement aux agriculteurs les plus riches de cultiver plus de surface avec moins de travail et de main d'oeuvre,  accentuant ainsi le glissement mondial vers des exploitations moins nombreuses, plus grandes et de type industriel. A la clé : l’éradication de la petite paysannerie et l’aggravation du système agro-alimentaire global, avec de redoutables conséquences à l’échelle mondiale. « Le saut dans le transgénique n’est pas un progrès demandé par l’agricole, c’est un dérapage poussé par l’industrie », dit l’agronome Jean-Pierre Berlan.

Toutes ces raisons ont dû jouer un rôle dans la tête des ministres de l’Environnement de l’UE, ce matin, quand ils ont infligé un camouflet à M. Barroso. C’était aussi un message de politique économique : la situation est décidément trop grave pour la laisser aux libre-échangistes. Et l'Europe trop fragile pour la laisser à la Commission. 

 

16:09 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écologie

Commentaires

EUROPE OU PAS

> Et c'est aussi la démonstration de ce que la force de la commission n'est le fait que de la faiblesse des Etats.
Quand des décisions doivent se prendre à la majorité absolue, les Etats ne pouvant tous s'entendre parce que trop nombreux, ne peuvent faire passer leurs décisions et c'est le règne de la commission.
Quand des décisions sont prises à la majorité qualifiée ou à la majorité simple, les Etats peuvent remettre la commission à sa place qui est d'èxécuter les décisions des Etats : c'est le cas ici.
Et c'est tout l'intérêt de la modification prévue dans le traité de Lisbonne qui permet (tait?) de faire fonctionner le système, sachant que je ne me place pas sur un plan philosophique (?), mais sur un plan technique.
Le traité de Lisbonne prévoyait beaucoup plus de décisions pouvant être prises à la majorité simple ou qualifiée ce qu'avait commencé à faire le traité de Nice.
Car il est trop facile de dire que c'est la commission qui dirige l'Europe et dans le même temps d'empêcher les Etats de prendre leur place.
En d'autres termes, quand on ne veut pas de l'Europe, on dit que l'on veut de l'Europe des nations et on fait tout pour empêcher une modification du statu quo qui nous laisse diriger par une Europe des bureaucrates.

Écrit par : olivier le Pivain | 02/03/2009

ECOLOGIE ET ECRITURE

> Je profite de cet article tout aussi synthétique qu'instructif, une fois de plus, pour vous remercier pour votre travail général sur l'écologie. Il m'aide beaucoup grâce au lien, devenu évident, avec le contenu de notre foi et l'Ecriture Sainte. J'apprends l'essentiel sur ce thème et, grâce à vous, entre autres, j'essaie de vivre cette révolution écologique dans ma vie personnelle.
Il était temps que soit retiré aux partis étiquetés "verts" le monopole de l'écologie. C'est un thème trop important et trop universel pour être confisqué ainsi à des fins politique pas toujours très nettes.
Que cette "réappropriation" salutaire soit aussi le fait de chrétiens me réjouit profondément.
Bien à vous.

Écrit par : Thomas | 03/03/2009

PIERRE RABHI

> Les ogm sont-ils le progrès? Je me sens de plus en plus d'accord avec ceux qui le dénoncent comme exprimé ci-dessus.
"Il est temps de retirer aux partis étiquetés "vert" le monopole de l'écologie." En Belgique le "Parti Social Chrétien" est devenu le "Centre Démocrate Humaniste": ont-ils le monopole de l'humanisme?
J'ai grandi dans un milieux où "Hors de l'Eglise, pas de salut"...
Il est urgent de lire-écrire les Ecritures face à l'urgence absolue du défi écologique; d'en (re)faire la liturgie...
Les chrétiens utilisent trop exclusivement les évangiles comme socle de leur foi; il faut repartir des textes originels en hébreu et remonter le plus loin possible dans ce qui les a fait advenir.
L'Eglise réagit chaque fois très/trop tard aux prises de conscience vitales. Souvenons-nous de ses réactions face à Galilée, Marx, Freud, Darwin (dont un de mes professeurs chez les frères des écoles chrétiennes nous affirmait qu'il était en enfer avec Judas et Hitler) et ceux qui tirent la sonnette d'alarme depuis 60 ans dont F. Osborn ("La Planète au pillage" 1949).
Un homme me semble particulièrement juste aujourd'hui: Pierre Rabhi.
Bien à vous.

Écrit par : Stéphane Lagasse, | 06/11/2009

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