02/03/2009
Un enfant de 5 ans poignarde sa sœur de 10 ans ?
Ca se serait passé samedi dans la Moselle.
Selon la psy du Républicain Lorrain,
les enfants en bas âge sont
sous l'emprise de la télé.
Ce n'est peut-être pas
le seul facteur :
-
Les médias - << Un garçon de cinq ans a poignardé sa soeur qui refusait de lui prêter sa console de jeux vidéo, blessant gravement la fillette de dix ans au thorax, samedi à Uckange (Moselle), rapporte dimanche le quotidien régional Le Républicain Lorrain. Selon le journal, la fillette aurait refusé de prêter sa console à son petit frère, qui s'est alors muni d'un couteau de cuisine pour la poignarder en pleine poitrine. Saignant abondamment, la victime a été héliportée à l'hôpital pour enfants de Nancy-Brabois, mais ses jours ne sont pas en danger, précise le quotidien régional.
Le drame s'est déroulé dans une famille monoparentale de cette cité ouvrière du bassin sidérurgique lorrain, alors que la mère, qui avait travaillé toute la nuit, dormait dans sa chambre. "Comment un enfant de cet âge peut-il poignarder sa soeur pour une console de jeu ! C'est incompréhensible !", confiait Gérard Leonardi, le maire de la commune, cité par le quotidien. "Il est vrai qu'on voit des enfants de plus en plus jeunes commettre des actes de grande violence", souligne une psychologue et psychanalyste nancéienne citée par Le Républicain Lorrain, Marie-France Alnot, qui attribue cette tendance à la multiplication des images violentes sur les écrans qui entourent les enfants. Ceux-ci "n'évaluent pas la réalité des choses". Le drame d'Uckange pourrait s'expliquer par "une intolérance à la frustration", avance encore Marie-France Alnot. Durant l'intervention des secours, le frère a été confié à des parents proches pour être mis à l'écart.
La gendarmerie d'Uckange, en charge de l’enquête, devrait entendre le garçonnet, puis sa soeur, dans les jours prochains pour tenter de reconstituer les circonstances exactes du drame. >>
Commentaire – Ce drame vient d’avoir lieu dans une famille sans père, en une circonstance où - d'après les premières impressions de l'enquête - la mère était hors d’état d’intervenir. En ce cas, deux réflexions viennent à l’esprit :
1. Si la mère dormait en plein jour parce qu’elle travaille de nuit, le réflexe serait de dire : « Pourquoi une mère a-t-elle choisi de travailler la nuit ? ». La réponse mieux informée sera peut-être : « Les ouvrières ont de moins en moins le choix de leurs horaires, tant la pression sur les salariés – au nom de la de crise – devient menaçante ». Nous ne connaissons pas encore le métier de cette mère (attendons d’en savoir plus) ; mais il est improbable qu’elle ait choisi de gaieté de cœur un travail de nuit qui la mette KO durant la journée. Et ce n’est pas aux habitantes des cités ouvrières du bassin sidérurgique que s’adressent les réseaux bobo d’échange de conseils, genre http://mamantravaille.typepad.fr .
2. Les réflexions du maire et de la psy sont intéressantes. Le maire dit : « Comment un enfant de cet âge peut-il poignarder sa soeur pour une console de jeu ! C’est incompréhensible ! ». La phrase est curieuse : non parce qu’elle paraît dire que poignarder sa sœur pour un autre motif aurait été compréhensible (c’est une simple maladresse d’expression de la part de M. Leonardi), mais parce qu’elle a l’air de postuler que les enfants sont bons par nature. Depuis plusieurs milliers d’années, le judéo-christianisme explique pourtant aux hommes que la nature humaine est faussée à l’origine*, donc portée à l’égocentrisme, et qu’il faut y remédier par deux sortes de moyens : surnaturels (la fraternité entre créatures), et naturels (l’éducation et les lois). Dès que ces moyens se relâchent, l’égocentrisme et la violence reprennent le dessus. Cela donne ce que la psy nomme « l’intolérance à la frustration », à tout âge et en tout domaine. On en a un exemple presque allégorique avec le cas de la mère endormie et de l’enfant de cinq ans.
Restent des questions que les enquêteurs vont poser : est-ce vraiment le petit garçon qui a frappé ? Où cet enfant a-t-il pris l’idée d’aller prendre un couteau de cuisine et de frapper sa sœur ? Avait-il vu faire quelque chose de ce genre ? Par qui ? A la télévision, comme la psy semble le supposer ?
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(*) Créé "à l'image de Dieu", l'homme engage sa liberté dans une direction fausse. La condition humaine s'est ainsi "faussée".
00:52 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (14)
Commentaires
EPOUVANTABLE
> Rien ne sert d'accuser les familles monoparentales : elles sont le produit de la société ultralibérale qui a entrepris de détruire la famille en focalisant tout sur l'individu. (Etre libéral et pro-famille est un non-sens). Mais le fait est que sans les parents, pas d'éducation, et sans éducation, l'enfant risque de tourner très mal. Ce sont des évidences mais il faut les rappeler. Un fait divers aussi épouvantable le montre.
Écrit par : Ghislaine | 02/03/2009
L'IMPASSE
> Tout à fait d'accord avec l'analyse sociale aboutissant à la précarité familiale. Travailler la nuit, c'est comme travailler le dimanche. Ce drame est d'ailleurs arrivé un dimanche, jour où, normalement, les parents devraient pouvoir s'occuper de leurs enfants.
Une autre question peut être posée : "Où est le père ?"
Ce fait divers montre l'impasse dans laquelle se retrouvent les personnes abandonnées avec l'absolution du Code civil et, a contrario, toute l'importance du mariage. Le caractère du mariage est sacré comme la vie de l'enfant qui en naît et engage la responsabilité des deux parents. Le législateur l'oublie en se focalisant sur l'aspect patrimonial du divorce, ou à satisfaire le caprice de certains à vivre différemment tout en voulant faire comme tout le monde.
http://www.libertepolitique.com/actualite/55-france/5129-nicolas-sarkozy-annonce-un-projet-de-loi-sur-le-statut-du-beau-parent
Cela montre que le législateur favorise, entretient, flatte et encadre l'égocentrisme.
La psychologue devrait plutôt travailler aux relations futures entre le frère et la soeur; laquelle va devoir surmonter son appréhension à retourner vivre avec un petit frère qui l'a poignardée, lequel devra supporter conséquences d'un acte très grave qu'il n'a pas la capacité d'assumer. La télévision apparaît dès lors comme un problème périphérique. L'évocation de sa médiocrité est devenue une tarte à la crème médiatique, un "marronnier". Il faut la laisser à ce qu'elle est : un laminoir intellectuel avec l'absolution des pouvoirs publics, à l'exception d'une ou deux chaînes servant d'excuse.
Ceux qui s'en émeuvent encore tout en continuant à la regarder méditeront la déclaration de M. Patrick Le Lay, alors président de TF1, révélant la finalité de la télévision : « Nos émissions ont pour vocation de rendre [le cerveau du téléspectateur] disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. »
La citation est tirée de l'article : " La télévision forge-t-elle des individus ou des moutons ? Vivre en troupeau en se pensant libres "
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/01/DUFOUR/15491
L'ambition des dirigeants de la télévision de réduire le téléspectateur à une éponge, ramener l'humain à sa nature originelle d'amibe, explique pourquoi l'Eglise leur est insupportable.
Alors, il est où l'opium du peuple ?
Nb : Pensons à la mère affligée dont l'employeur va peut-être lui reprocher son absence ou son manque de motivation et la licencier pour insuffisance professionnelle.
Écrit par : Annie | 02/03/2009
PEDOPSYCHIATRE
> La pédopsychiatre Fanny Cohen-Herlem, interrogée sur RTL: "C'est par l'éducation des enfants qu'on canalise leur agressivité naturelle. Les enfants ont à apprendre la frustration.
Il n'est pas rare qu'ils se retrouvent seuls face aux jeux vidéo: ils ont besoin qu'on leur explique la différence entre le réel et le virtuel."
Écrit par : Marcela | 02/03/2009
> Merci Annie pour le lien vers ce texte à méditer :
La télévision forge-t-elle des individus ou des moutons ?
Vivre en troupeau en se pensant libres
Dany-Robert Dufour
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/01/DUFOUR/15491
Écrit par : Le lien du Diplo | 02/03/2009
SODA
> La violence des enfants n'est malheureusement pas seulement le résultat de l'absence de l'un ou l'autre parent. Je me souviens qu'il y a quelques années un garçonnet de 6 ou 7 ans avait tué d'un coup de feu sa mère qui lui refusait un soda bien connu.
Écrit par : Barbara | 03/03/2009
UN EXEMPLE
> Je n'ai pas grand chose à rajouter à tout ce qui est dit ici. Juste un petit témoignage de notre époque; hier, dans mon collège, un conseil de discipline se réunit pour traiter du cas d'un garçon de 12 ans, violent, voleur,très perturbateur en classe, mais qui sait être charmant, amusant et qui a de réelles capacités. Il passe en conseil après trois exclusions temporaires et de nombreuses heures de colles, punitions etc. Il est placé dans une famille d'accueil depuis quelques années. Le conseil se réunit. Sont présents, les délégués des parents d'élèves, les délégués des professeurs, le principal, la cpe mais, malgré des convocations avec accusés-réception, les parents, la famille d'accueil, le responsable du suivi éducatif de la DDAS sont absents. Bref, à part nous, les profs et quelques autres membres de la communauté scolaire, tous le monde s'en fout de ce gamin. Les parents défaillants au départ, je comprend leur absence. Mais les autres, la famille d'accueil, l'éducateur, le responsable du suivi ? On n'a aucune volonté d'éduquer réellement les enfants dans notre pays. Non, je me trompe, en fait notre société déteste les enfants et toute forme d'amour réel d'ailleurs.
Écrit par : vf | 03/03/2009
LA MERE
> Je sais pas trop si c'est rassurant ou encore plus inquiétant mais il semblerait en fait que ce soit la mère qui ait poignardé :
http://libestrasbourg.blogs.liberation.fr/actu/2009/03/renversement-de.html
Écrit par : Gilles Texier | 04/03/2009
PAS ETONNANT
> C'est évidemment horrible. Mais le travail de nuit est épuisant. Ceux qui y sont soumis en pâtissent énormément. Cette mère ne pouvait pas récupérer convenablement pendant la journée, étant seule à s'occuper de ses enfants. Le coup de folie n'est donc pas vraiment étonnant.
Écrit par : Barbara | 05/03/2009
@ Barbara
> Il est tout de même monstrueux d'avoir voulu masquer le coup de folie en accusant le petit frère de la victime...
Écrit par : Michel de Guibert | 05/03/2009
LES MERES SEULES
> C'est épuisant et usant pour une mère seule d'élever ses enfants. Surtout dans la société actuelle ou tout l'environnement des enfants est anti-éducatif. La plupart des enfants à problèmes que j'ai rencontrés sont des enfants sans père. Que celui-ci soit totalement absent ou simplement affectivement et moralement absent, le résultat est le même: une mère qui, seule, doit remplir les deux rôles (il y aurait beaucoup à dire sur la féminisation de la société et la disparition, ou l'occultation, de la figure et de la personne masculine. Mais c'est un autre sujet).
Écrit par : vf | 05/03/2009
SORAL
> J'ai lu récemment deux bouquins d'Alain Soral sur le sujet ("Sociologie du dragueur" et "Vers la féminisation"). Bien qu'ayant quelques réserves sur cet homme, en particulier sur ses engagements politiques, je le trouve courageux, presque sympathique par moment, et ces deux bouquins sont passionnants et très bien vus.
Encore lynché dès qu'il apparaissait il y a quelques années, Soral est de plus en plus reconnu pour ses études sociologiques pleines de bon sens. Ses apparitions sont toujours de grands moments de télévision...
PMalo
[ De PP à PM - Sans doute, mais ses exhibitions "politiques" appellent plus que des réserves quand elles vont jusqu'à Dieudonné, ce qui n'est pas un point de détail (si j'ose dire). Là, ce n'est plus "braver le politiquement correct": c'est plutôt se vautrer. ]
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Écrit par : PMalo | 05/03/2009
SURHUMAIN
> Je sais d'expérience, comme beaucoup d'entre vous, à quel point il peut-être épuisant d'élever des enfants, même à deux, dans un couple stable, avec des horaires de travail corrects.
Alors là , c'est surhumain...et inhumain. A mon sens, Dieu sera miséricordieux. Peut-être moins pour les auteurs de la(les) structure(s) de péché(s) à l'origine de tout cela...
Écrit par : Feld | 05/03/2009
@ vf
> Je ne crois pas que la question de la disparition des pères soit hors sujet !
Péguy déjà évoquait "les pères de famille, ces grands aventuriers du monde moderne"...
Écrit par : Michel de Guibert | 05/03/2009
@ Michel de Guibert
> Personnellement, je ne considère pas ça comme une monstruosité. C'est une tentative désespérée de sauver sa famille. Elle s'est dit que si elle avouait la vérité, ses enfants seraient placés loin d'elle (ce qui s'est effectivement passé une fois la vérité connue) et elle s'est imaginé que son enfant, vu son âge, n'avait rien à craindre de la justice. C'est la réaction d'une personne acculée et désemparée. Je pense d'ailleurs qu'il y a un fort risque de tentative de suicide.
Écrit par : Barbara | 06/03/2009
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