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14/02/2009

Année saint Paul : "Ne soyez un obstacle pour personne"

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Une directive à méditer ?


  

 

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1ère lettre aux Corinthiens, 10, 31 – 11, 1 :

 

« Frères, tout ce que vous faites  – manger, boire, ou n’importe quoi d’autre –,  faites-le pour la gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les juifs, ni pour les païens, ni pour l’Eglise de Dieu. Faites comme moi : en toutes circonstances je tâche de m’adapter à tout le monde ; je ne cherche pas mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Prenez-moi pour modèle : mon modèle à moi, c’est le Christ. »

 

 

« Ne soyez pas un obstacle » veut dire : « Ne rebutez personne ». Lorsqu’il s’agit de répandre l’Evangile (« bonne nouvelle » mais signe de contradiction), Paul dit : « insiste à temps et à contretemps » [1]. Mais ici, il s’agit de la façon d’être du chrétien, qui est la condition préalable de l’évangélisation : si cette façon est rebutante, le chrétien n'évangélisera personne. Or il s’agit d’évangéliser « la multitude des hommes », en s’adaptant « à tout le monde ». Ce qui ne veut pas dire : « en adoptant les idées de tout le monde », mais : « en évitant de se rendre odieux à quiconque » ; autrement dit : en n’étant pas soi-même un obstacle.

 

La directive de Paul est claire : les gestes quotidiens, a fortiori les actes publics, accomplissons-les à la ressemblance du Christ ; si nous les accomplissons en choquant autrui (en le blessant, en donnant l’impression de ne tenir compte que de nos propres idées), nous ne ressemblons pas au Christ mais à nous-même : au vieil homme qui ressurgit sous couleur de donner du muscle au « militantisme » (?) catholique. En ce sens, l’attitude la moins chrétienne serait : « Peu importe l’effet sur autrui ! ma façon de voir (la façon de voir de mon clan) est la seule qui m’intéresse. » Ceci tuerait l’évangélisation dans l’œuf. Et « malheur à moi si je n’évangélise pas », dit encore saint Paul [2], à qui est dédiée cette année jusqu’en juin dans l’Eglise catholique.  N’y a-t-il pas des réflexes qui satisfont le clan mais qui n’évangélisent pas – voire nuisent au témoignage ?  A chacun de se poser la question, semble dire Paul.

 

  


[1]  1ère lettre à Timothée, 4, 2.

[2]  1ère lettre aux  Corinthiens, 9, 16.

 

 

Commentaires

PAS LE CHOIX

> N'être un obstacle "ni pour les juifs, ni pour les païens, ni pour l'Eglise de Dieu" : extraordinairement difficile comme programme, mais il n'y a pas le choix, c'est dit noir sur blanc.

Écrit par : Nati | 15/02/2009

> Oui, une directive à méditer. Ne pas confondre "visibilité" et "agressivité". Ne pas s'exprimer comme de vieux propriétaires expropriés et furieux. On n'est propriétaires de rien. On n'a pas de "droits" sur la société. ce serait risible de le croire. En plus, ce ne serait pas... chrétien. Méfions-nous des manières non-chrétiennes de "défendre" le christianisme. Il n'a pas besoin d'être défendu, mais d'être aimé et montré. Ce blog s'y emploie, c'est bien, continuez sans faiblir.
("Défendre" le catholicisme est une position fausse, non évangélique et qui se termine toujours mal : on finit par faire un syndicat de ceux qui "défendent" ci ou ça, et même aux côtés d'antichrétiens éventuellement, eux aussi beaux "défenseurs" de ci ou ça. J'ai vu des "catholiques" soutenir l'obscène "soupe au cochon" des extrémistes xénophobes, crachat à la face du pauvre, donc du Christ).

Écrit par : Eutychus | 16/02/2009

TOUT UN

"Extraordinairement difficile ?" Voilà qui risque déjà de "rebuter" : retour à la case départ !
D'accord avec Eutychus : "défendre" le christianisme et "défendre" la vérité, c'est d'ailleurs tout un. Il est déjà philosophiquement absurde de défendre ce qu'on ne possède pas. Prétendre le défendre, c'est prétendre le posséder. En d'autres termes, c'est l'attaquer... de l'intérieur. On se constitue de la sorte un obstacle à "la multitude des hommes" qui, pour n'avoir pas les mêmes prétentions, ont au moins des yeux pour voir ce qui témoigne de ce qu'on leur raconte... ou ce qui s'y oppose avec évidence.
"Extraordinairement difficile ?" Ce n'est pas facile pour un fabricant de livrer au consommateur un produit qui réponde à ses exigences et au cahier des charges qu'il s'impose lui-même. À tous les niveaux, on observe une exigence minimale de la part de toutes les parties : si elle fait défaut, le produit passe sans pitié à la trappe. Si nous avions le dixième -que dis-je : le centième- souci de rigueur en matière d'évangélisation que celle que nous développons pour ne pas décevoir un client, que ce qui arrive en aval soit FIDÈLE à ce qui a été promis en amont, serait-ce donc si "extraordinairement difficile" ?
La réalité de cette difficulté ne tient-elle pas plutôt à la rareté de cette exigence, pour cause de confusion entre "l'adaptation à tout le monde" et l'adaptation liquéfiée au monde ?
Reste-t-il seulement encore des "satisfactions de clans" quand on "communie" par souci de "convivialité" le dimanche et qu'on divorce en semaine, qu'on se replie frileusement sur sa façon d'avoir en guise de "façon d'être", qu'on "défend" sa "pureté" en attaquant son prochain sur ses pseudo-"troubles", qu'on "défend" l'amour auprès des enfants en leur jetant en pâture sa destruction chez leurs parents, que l'on prenne des bains de bouche à la "miséricorde" et surenchérisse (sans chérir !) en mensonge sur sa propre misère, ne "voyant" plus que celle des autres ?
"N’y a-t-il pas des réflexes qui satisfont le clan mais qui n’évangélisent pas – voire nuisent au témoignage ?" Cela dépend : à un tel niveau de contre-modèle, de QUEL "témoignage" parle-t-on ?
"Il n'y a pas le choix ?" Dieu merci, il y a toujours le choix : y compris celui "de se rendre odieux" ! Alors, le contraire doit être possible aussi...

Écrit par : Michel de Tiarelov | 16/02/2009

PAIX

> Rester humble, attentif à l'autre, de préférence envers les plus démunis, « Frères, tout ce que vous faites – manger, boire, ou n’importe quoi d’autre –, faites-le pour la gloire de Dieu... Prenez-moi pour modèle : mon modèle à moi, c’est le Christ. » Aimer Dieu et son prochain est un programme de paix.

Écrit par : Annie | 17/02/2009

Mgr FORT

> Pour compléter mon message d'hier, cette petite citation qui va tout à fait dans le sens de ce qu'indique Eutychus plus haut (et qui ne dément pas Annie non plus...) :
"... Je renouvelle ma conviction que la vérité ne demande pas à être défendue mais à être servie car ce qui fait la force de la vérité, c'est qu'elle est la vérité. Pour moi, la Vérité, c'est le Christ que je veux servir pour qu'Il nous garde dans Sa lumière."
(Déclaration récente de Mgr André Fort, Évêque d'Orléans)
[ Citation gratuite et sans arrière-pensée... bien qu'étant du même diocèse. (Il ne s'agit donc pas de "défendre" (!) son évêque !...) ]

Écrit par : Michel de Tiarelov | 17/02/2009

VALEURS ?

> Je repense à ce propos au magnifique texte du regretté Mgr Renaudin, qui fut curé de St Philippe du Roule à Paris, puis évêque de Pontoise, dans un livre-entretien avec J.F. Bouthors, paru il y a 7 ans chez Bayard :

- On parle pourtant volontiers des « valeurs chrétiennes ».

- Eh bien, pour parler net, cela m'inquiète un peu. Je ne voudrais pas que, quelle que soit la grandeur de ces valeurs, elles prennent la place de Dieu. Dieu seul est Dieu.
Même la liberté n'est pas Dieu, même la tolérance n'est pas Dieu, même la justice n'est pas Dieu, même la famille n'est pas Dieu.
Moi, comme évêque, je n'ai pas d'abord à défendre des valeurs, aussi grandioses soient-elles. Je souhaite bien sûr que nous partagions tous les valeurs qui découlent de notre foi en Dieu fait homme, mais comme je désire surtout que chacun rencontre personnellement Jésus !
Je dois annoncer Jésus. Parfois, je me demande si nous en sommes toujours persuadés. Si on prend les valeurs pour Dieu, le risque est grand de devenir idolâtre et intolérant. Le fanatisme n'est pas loin. De surcroît, les valeurs peuvent être celles d'une certaine époque, d'une certaine culture. Alors les autres, ceux qui ne s'y reconnaissent pas, qui sont-ils ? des barbares ?
J'insiste, nous annonçons tout autre chose. La Parole. Ni une doctrine, ni une morale, ni une philosophie.
Quelqu'un parle: l'Unique qui s'adresse à chacun de nous, qui nous appelle par notre nom, qui nous rejoint dans le secret de notre cœur et de notre vie.
Pour annoncer cette Parole qui a retenti un jour dans l'histoire, qui a pris un visage et une voix, qui est vivante, il faut d'abord l'écouter. Se soucier de son authenticité est nécessaire, mais cela ne suffit pas. Il faut encore la dire de façon telle que celui à qui elle s'adresse puisse l'entendre, afin d'être en mesure, s'il le veut, de lui répondre. Et cette Parole s'enrichira de sa réponse. Car la parole de l'homme qui écoute, entend et répond à la Parole de Dieu, fait partie de la Parole de Dieu.

Mgr Hervé Renaudin, évêque de Pontoise,
décédé le 18 janvier 2003

Écrit par : Michel de Guibert | 19/02/2009

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