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26/01/2009

Après le colloque de "Chrétiens et pic de pétrole" : ça bouge, dans notre société !

terre-europe[1].jpgSainte-Foy-lès-Lyon, 24-25 janvier : du neuf, de l'insolite et de l’encourageant :  


Ouvert par le cardinal Barbarin en personne, très intéressant colloque [1] à la Maison St-Joseph de Ste-Foy-lès-Lyon, hier et avant-hier :

- intéressant par l’originalité de son sujet : Quelles ressources spirituelles pour faire face à l’épuisement des ressources naturelles ; autrement dit : où trouver l’inspiration et le courage de nous convertir (et de convertir notre société) à un nouvel art de vivre, sobre,  durable, donc plus équitable et plus heureux ?

- Colloque intéressant aussi par la variété des intervenants. Economistes, philosophes, agronomes, journalistes, psychanalyste, prêtres, parlementaires [2] : des chrétiens et des incroyants, au-delà des barrières politiques, réunis sur le constat d’un même état de choses… J’intervenais quant à moi pour parler de la Bible sous l’angle écologique, contre le vieil argument selon lequel le saccage de la planète viendrait de la Genèse, et pour l’engagement argumenté de l’Eglise catholique dans le domaine de l’écologie : une écologie plénière, humaine + environnementale, encouragée par les papes et les évêques. [3] [2]

Entre ces invités divers, des convergences fondamentales sont apparues :

1. Convergence sur les faits. (Le changement climatique est reconnu comme une « quasi-certitude », disent les évêques français dans leur document magistral de décembre dernier).

2. Convergence sur les diagnostics. Notamment Véronique Hervouët, psychanalyste lacanienne, dans son analyse de « l’impératif de jouissance » et l’idéologie du sans-limites, dont font partie la « revendication délirante » et la pression pour l’indifférenciation en tous domaines (par exemple l’action de la Halde) : ainsi l’anthropologie se relie à l’écologie plénière, par la redécouverte de la condition humaine.

3. Convergence, en particulier, sur la nécessité de la compréhension mutuelle. L’assistance, partagée entre chrétiens et incroyants, a suivi avec le même intérêt celles des interventions qui traitaient des positions catholiques. Ainsi celle du professeur d’économie Bernard Laurent, sur la doctrine sociale de l’Eglise, d’où il ressortait que la critique du capitalisme ultralibéral par Jean-Paul II et Benoît XVI vient du cœur « intransigeant » du catholicisme. Le public du colloque  a ainsi aperçu le fil conducteur qui relie cette critique (« révolutionnaire ») aux positions (« conservatrices ») de l’Eglise en morale : entre les unes et les autres il y a une cohérence radicale. Ceux qui rejetteraient les unes au nom des autres seraient incohérents, qu’ils soient de gauche ou de droite…

Conclusion : les choses bougent dans notre société. C’est grâce à la crise déclenchée par le capitalisme financier… Cette crise ne fait pas que brutaliser la société : elle montre la folie du système capitaliste ultralibéral ; elle montre aussi l’artifice du modèle global ; selon le mot de Benoît XVI, elle montre finalement la nécessité de « changer ce modèle global ». De ces constats communs naissent des rencontres qui auraient été impensables il y a dix ans. Il faut s’en réjouir, les multiplier, et expliquer leur intérêt vital à ceux qui en restaient aux antinomies d’autrefois. « Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi » (2 Timothée 1, 7).

Pour ma part, je me suis réjoui d’une rencontre qui était (quant à elle) prévisible : certains d’entre vous ont pris part à ce colloque. Chaque fois que l’amitié de la Toile  se concrétise sur le terrain, c’est une joie.

 




[1]  A l’initiative du père Michel Durand, curé de la paroisse lyonnaise St-Polycarpe.

[2]  Verts ! (le député Yves Cochet et le sénateur-maire alsacien Jacques Muller).

[3]  A lire, le document de la Conférence des évêques de France (conseil pour les questions familiales et sociales) : La Création au risque de l’environnement (Bayard-Cerf-Fleurus-Mame, décembre 2008, 10 €).

 

 

 

09:24 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

SUGGESTIF

> J'ai, pour ma part, bien regretté de ne pouvoir exécuter mon projet de venir au colloque. Et votre billet renforce encore mon regret!
Je trouve le n. 3 particulièrement suggestif. C'est souvent une marque des vérités profondes qu'elles semblent des évidences à peine énoncées… mais il fallait y penser!

Écrit par : Philarete | 26/01/2009

LE COLLOQUE

> Tout d'abord un grand et véritable merci, pour avoir annoncé ce colloque sur votre blog et pour votre attention sincère envers nous.
Pour ma part, je retiens tout particulièrement les points suivants :
1- la multiplicité des intervenants et participants, de bords politiques différents, de toutes sensibilités religieuses, de domaines d'expertise variés, de tous âges (peu de jeunes cependant, alors que cet engagement doit être celui de notre génération...), tous convergents dans cette prise de conscience ; cette unité, même parfois houleuse, me mène à y voir une dimension véritablement prophétique.
2- un léger regret malgré tout : parmi les 150 personnes présentes, il me semble qu'un certain nombre ont déjà commencé à défricher le champ des possibles ; j'aurais aimé avoir plus de temps pour les rencontrer, pour trouver des pistes d'engagement concrètes. Parce que si ce colloque a été une salutaire mise au point intellectuelle et spirituelle (comme vous le dites, convergence sur les faits, les diagnostics et la nécessité d'une cmpréhension mutuelle), il n'a que peu répondu à la question du "que faire ?" ; ce qui entraîne mon 3e point :
3- une grande espérance : il n'y a pas de recette miracle, pas de recette connue ; si nous voulons inventer un nouveau modèle de société plus évangélique, c'est à chacun de nous de nous convertir et de nous engager radicalement, tout en ayant conscience que le monde est sauvé depuis la nouvelle alliance du matin de Pâques, et que nous sommes de pauvres "serviteurs inutiles" entre les mains de Dieu.
Pour conclure, en répétant ce qui a plusieurs fois été entendu ce week-end : et si cette crise globale n'était pas finalement une immense chance pour notre monde ?
PS : savez-vous s'il est possible de se procurer le livre du colloque, et pas quel biais ? Je vous suggère de le mentionner, afin que les personnes intéressées puissent se le procurer et ainsi partager cette réflexion, même sans avoir été présentes.

PMalo

[ De PP à PM - Les actes du colloque ont été imprimés à l'avance, et sont donc disponibles dès maintenant, aux éditions lyonnaises Parangon-Vs. Avec deux manques : certaines communications n'y sont pas, ni - forcément - les nombreux et substantielles interventions de membres du public. ]

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Écrit par : PMalo | 27/01/2009

DOCUMENTAIRES

> Bonjour à tous,
Le colloque a-t-il été filmé ?
Je vous signale l'existence de documentaires remarquables évoquant l'épuisement de ressources hydrocarbures, en particulier :
- The end of suburbia, disponible sur dailymotion
- Oil, smoke & mirrors, idem
- 2013, la fin du pétrole (un docu-fiction remarquable et très réaliste)
- Enfin des conférences, interviews, etc., accessibles sur dailymotion en tapant "pic pétrolier" dans le moteur.

Écrit par : Guit'z | 31/01/2009

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