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21/01/2009

Barack Obama n’est pas le président du monde

arton16106[1].jpgL’humanité est multipolaire,

on le sait depuis la Genèse :


 

 

Le nouveau président américain a dit hier : « Nous allons changer non seulement les Etats-Unis, mais le monde. » L’avant-veille, il avait appelé à rejeter « l’idéologie ». Rapprochons ces deux phrases. La première veut dire que  Washington  ne  renonce  pas à se croire le leader de la planète. La seconde, que cette prétention ne s’appuiera plus sur « l’idéologie » (la pauvre pseudo-pensée de l’équipe Bush), mais sur du pragmatisme à géométrie variable. Au service de quoi ? Des intérêts américains, évidemment.

Le président des Etats-Unis n’est pas le président du monde, n’en déplaise à beaucoup de mes confrères.

« Changer le monde » est une vieille prétention américaine qui commence en 1630 avec le premier gouverneur puritain de la baie du Massachusetts : John Winthrop, fondateur d’une colonie qui se voulait a city upon a hill. En 1846, William Gilpin (gouverneur véreux du Colorado  puis spéculateur foncier au Nouveau-Mexique), écrit un rapport au Congrès pour dire que les Etats-Unis ont la mission de changer le monde par leur emprise économique.  C’est leur manifest destiny, écrit en 1849 le journaliste John O’Sullivan dans le United States Magazine and Democratic Review, à propos de l’annexion du Texas. La suite est connue.

Obama ne sera pas (ne peut pas être) le guide de l’humanité. Celle-ci est multipolaire depuis la fin de la tour de Babel : la diversité de ses peuples, de ses cultures et de ses pôles d’intérêts remonte à la Genèse. On  serait  puéril  de croire que la mondialisation a « changé le monde » dans ce domaine. D’autant que la mondialisation est économique ; que l’économie va très mal (par la faute manifeste des Etats-Unis) ; et que le pragmatisme d’Obama aura maille à partir avec cette réalité-là.

Washington ne saura sans doute jamais que la planète n’a pas pour destin de s’amalgamer à l’Amérique. Beaucoup d’Européens de droite et de gauche ne l’apprendront peut-être jamais, eux non plus.  On le voyait pourtant avant l’arrivée de G. W. Bush. On l'a vu pendant ses deux mandats, quand Washington croyait pouvoir subjuguer le monde par la force et le cynisme (les résultats sont là). On le reverra sous Obama.

 

 

PS/  Obama n'est pas le président du monde. Il n'est donc pas le mien : je le souligne à l'intention de Français "atlantistes de droite" qui ont pris le deuil au départ de GWB. (Mais si, il y en a). Je leur précise que ce blog n'a pas pour destinée manifeste de dire la même chose que d'autres blogs. Chacun sa vocation, c'est tout l'intérêt du web.

 

Commentaires

FLAGRANT

> Oui, ras le bol du vieux tempérament ligueur des Français. Invoquer Philippe II d'Espagne parce qu'on trouve qu'Henri III de France est impie, c'était l'attitude de la droite atlantiste catho à l'époque Bush. Mais les obamaniaques actuels en font autant en sens inverse : Obama devient le nom de leur fantasme. Il suffit de les écouter. ils ne parlent pas de l'imperium américain et de ses bourdes mondiales. Ils parlent de leurs petites idées fixes parisiennes qu'ils projettent sur Obama et l'Amérique. Et en avant derechef le "rêve américain", rabâché de nouveau à toutes les sauces politiquement correctes. Le départ de l'impossible Bush permet aux Parisiens de redevenir des îlotes de l'Amérique, c'est flagrant.

Écrit par : Chtonk | 21/01/2009

BABEL

> Merci pour votre analyse. Nous courons dans la joie et l'allégresse en effet tout droit vers un nouveau Babel.
Mais je me vois presque forcé à reconnaître que ce qui s'est passé hier aux USA a bien de la gueule ; quand avons-nous vu en France telle liesse populaire pour la dernière fois ? En 98, avec Zidane et son double coup de tête victorieux, peut-être...
Pour voir quelques images de la cérémonie, je me suis réfugié chez quelque voisine ayant un poste de télé. Pauvreté des commentaires à deux sous, la conclusion du journaliste Pujadas se limitant à : "Finalement, Obama n'est plus Noir." (sic).

Écrit par : PMalo | 21/01/2009

NIVEAU

> Changer le monde, changer la vie... être pour l'amour, contre la guerre...et patati et patata, c'est le niveau Jacques Prévert de la pensée.

Écrit par : vicenzo | 21/01/2009

DU QUEBEC

> Je vous trouve un peu sévère. Si une puissance aussi grande que les USA change il est bien difficile pour les autres de refuser de s’ajuster. Au Canada, et en bien des endroits du monde, il serait impossible de ne pas tenir compte des USA. Notre économie est liée à la leur. Nous exportons massivement chez eux. Le nain à côté du géant doit conserver une prudence constante. Supposons que les USA changent pour le mieux, je pense que ce serait bénéfique pour le monde. Que cela nous plaise ou non, ils ont une immense influence mondiale. Si on attendait un peu avant de juger Obama. Il vient d’entrer en fonction. On verra bien avec le temps.

Écrit par : Albert Champagne | 21/01/2009

EMU ET INQUIET

> Reconnaissons l'enthousiasme que suscite l'arrivée au pouvoir de Barack Hussein Obama, mais craignons la douloureuse désillusion qui risque de suivre, tôt ou tard...
J'ai moi aussi été ému par cette liesse populaire, qui n'était pas feinte, mais en même temps inquiet d'entendre dans les propos d'Obama cette même référence au rôle messianique des Etats-Unis d'Amérique...
Cette forme d'idolâtrie du "nouvel Israël" recèle tous les dangers !

Écrit par : Michel de Guibert | 21/01/2009

BOUC

> Le grand méchant loup a disparu,le messie nouveau est arrivé, quel va être désormais le bouc émissaire que nous autres européens allons charger de tous les malheurs du monde?

JMV


[ De PP à JMV - Parce que critiquer les désastres politico-économiques made in USA, c'est "charger un bouc émissaire" ? oh la la. ]

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Écrit par : jean-michel varcher | 21/01/2009

$$$$$$$$$$$

> Une "liesse populaire" à 150 millions de dollars, coût de la cérémonie de prise de fonctions de B. Obama, certes financée apparemment par des dons privés, mais tout de même ! C'est quoi ? Un volet du plan de relance ?

Écrit par : Thomas | 21/01/2009

PAS LE MIEN

> Barak Obama ne sera pas votre président, dites-vous. Voilà qui est plutôt pour me convenir. En avril dernier, pendant la campagne électorale, prié de dire s'il pensait que la vie commençait à la conception, il avait répondu : "C'est un point sur lequel je ne suis pas parvenu à une position définitive. Je ne prétends pas avoir la réponse".
Cette soi-disant indécision augure assez mal de la suite. Je m'attends, espérant, bien sûr, me tromper, que le mandat de Barak Obama se traduise, aux Etats-Unis, par une nette augmentation du nombre des morts in utero.

S.

[ De PP à S. - Je n'ai pas dit qu'il ne "serait" pas mon président. J'ai dit qu'il ne "pouvait pas" l'être. Le président des USA n'est le président que des USA. Quand les Français cesseront-ils de se prendre pour des Américains ?]

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Écrit par : Sophrone | 21/01/2009

MAUVAISES NOUVELLES

> la réalité financière pourrait faire perdre l'emprise totale des américains sur le monde, et là ça peut aller très vite.
toutes les grandes institutions financières américaines sont en faillite totale, et quand on connait maintenant le "trou" abyssal de la RBS -31 milliards d'euro, (en angleterre, certes, mais nous sommes au début 2009 et l'on découvre juste l'ampleur des pertes...) je peux vous garantir que le pire est devant nous, et donc devant obama!
les usa sont archi endettés, et s'endetteront encore plus du fait d'une part parce qu'ils ne créeront pas de richesse cette année, et d'autre part parce que l'état financera un "trou" monumental (les 700 milliards du plan paulson ne sont pas suffisants désormais, nous le savons tous...) pour tenter de résorber le feu à la maison "banque" américaine.
leur taux de prêt sera proche de zéro, leurs firmes automobiles demanderont elles aussi, un volume d'argent impossible à satisfaire sans le recours à la dette où à l'impôt...or cette dernière solution a déjà été abandonné par obama.
sachez enfin que la grèce est en quasi faillite officielle avec sa dette de 100% de son PIB et c'est d'autant plus vrai aujourd'hui, quand on sait qu'elle vient (effarant) de relever son son taux obligataire à plus de 5% !!!!
le dernier pays à avoir fait cela s'appelait...l'argentine.
enfin les dettes de tous les pays occidentaux sont colossales, à tel point, que l'institution chargée d'emettre des avis exprimés par une cotation sur la propension des états à pouvoir rembourser leur dette, vient de décoter (c'est historique...!) des pays comme l'espagne il y quelques jours, et hier soir, vient de décoter le portugal !!!
où va-t-on, je n'en sais rien, mais je peux vous assurer que l'avenir à court terme va être très morose, et que l'on n'a pas encore touché le fond de la crise, et que soit chamboulé l'ordre du monde, et donc des idéologies...
je rappelle que je travaille dans la finance et à un haut niveau, les infos tombent sur mon bureau tous les jours, toutes les heures, et je vous avoue que je reste à chaque fois abasourdi devant tant de mauvaises nouvelles, et surtout devant l'ampleur de ces mauvaises nouvelles...
un autre monde nait devant nous.
qui vivra verra!

Écrit par : jean christian | 22/01/2009

SHAPING

> Vous n'avez pas cité la phrase de Clinton qui n'était pas mal non plus: "Shape the minds, shape the world" (à propos de la recherche, largement subventionnée aux USA quoi qu'on pense)

Écrit par : françois | 22/01/2009

réponse à PP sur le bouc émissaire

> il est évident que nos dirigants, nos financiers et tous les actionnaires qui veulent un maximum de profit sont blancs comme neige, que ce sont de pauvre gogos roulés par les méchants yankees.
Maintenant le bon Obama ferme Guantanamo (bravo quand même)mais il ne va pas supprimer les Km de barbelés séparant les States du Mexique.
Le bouc émissaire principal va redevenir ce gueux, ce pauvre,cet étranger qui vient nous voler notre confort.

Écrit par : jean-michel varcher | 23/01/2009

La désillusion commence...


25/01/2009 23:03
Obama tourne la page Bush sur l’avortement

Le nouveau président américain a autorisé le financement de l’avortement à l’étranger et devrait prochainement autoriser le financement fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires

Du Mall au Capitole, et jusqu’à la Cour suprême, des centaines de milliers de défenseurs du droit à la vie avaient envahi Washington jeudi 22 janvier, deux jours après l’investiture de Barack Obama. Ils marquaient à leur manière l’anniversaire de l’arrêt Roe v. Wade, par lequel la Cour suprême avait rendu légal l’avortement aux États-Unis en 1973. Venus à l’appel des organisations chrétiennes, ils entendaient aussi faire part de leur désaccord avec le nouveau président démocrate, partisan d’accorder aux femmes « le droit de choisir ».

Barack Obama aura attendu le lendemain de ce jour anniversaire pour abroger un des piliers de la politique sociale de son prédécesseur George W. Bush. Appelée « la règle de Mexico » mais aussi « règle du silence », cette disposition visait à interdire tout financement public, dans le cadre de l’aide au développement, à des organisations étrangères qui pratiquent ou facilitent l’avortement.

En levant cette interdiction, Obama a répliqué à George W. Bush qui avait signé ce décret au premier jour de son arrivée au pouvoir, en 2001. Mise en place par Ronald Reagan en 1984, révoquée par Bill Clinton en 1993, cette « règle de Mexico » est un baromètre de la politique en matière d’avortement aux États-Unis. Ses dispositions, « au cours des huit ans passés, ont sapé les efforts pour promouvoir un planning familial volontaire, sûr et efficace dans les pays en développement », a expliqué un communiqué de l’administration Obama.
Rupture claire

Cette décision, tout comme l’annonce jeudi de la fermeture du centre de détention de Guantanamo ou de l’interdiction des techniques de torture, marque une rupture claire avec la politique de son prédécesseur. Elle a déclenché les vives critiques du camp conservateur, mais a été applaudie par la gauche et le mouvement du droit des femmes. Jeudi, Barack Obama avait réaffirmé son point de vue selon lequel le gouvernement « ne devrait pas s’immiscer dans nos affaires familiales les plus intimes ». « Quel que soit notre point de vue, nous sommes unis dans notre détermination d’empêcher le nombre de grossesses non désirées et de réduire le recours à l’avortement », avait-il toutefois ajouté.

Les organisations chrétiennes ont dénoncé le geste d’Obama, tout comme le Vatican. Mgr Rino Fisichella, à la tête de l’Académie pontificale pour la vie, a estimé que la décision de Barack Obama relevait de « l’arrogance de qui se croit dans le juste » et « pense pouvoir décider de la vie et de la mort ».

Signe du début d’une ère nouvelle dans les questions d’éthique liées à la vie aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA), l’organisme régulateur des denrées alimentaires et des médicaments aux États-Unis, a donné vendredi son feu vert à un premier essai clinique, avec des cellules souches embryonnaires humaines, sur l’homme. George W. Bush avait deux fois opposé son veto au financement fédéral pour ce type d’expérimentation, avec une exception pour les lignées pré-existantes à son interdiction. À l’inverse, Obama avait indiqué durant sa campagne qu’il doublerait le montant des subventions à la recherche sur les cellules souches d’embryons.

Stéphanie FONTENOY, à New York

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2363350&rubId=4077


[ De PP à MG - Aucune désillusion : tout ça était annoncé par Obama lui-même. Si les républicains voulaient empêcher Obama de venir au pouvoir, il fallait lui opposer un autre ticket que McCain et Palin !]

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Écrit par : Michel de Guibert | 26/01/2009

Et encore :

25/01/2009 22:50
Les Etats-Unis autorisent le premier essai clinique avec des cellules souches embryonnaires

Profitant sans doute d’un « effet Obama », l’Agence américaine du médicament a autorisé vendredi 23 janvier un essai clinique utilisant des cellules souches embryonnaires

La société privée Geron, basée en Californie, a été autorisée par l’Agence américaine du médicament (FDA) à réaliser le premier essai clinique avec des cellules souches embryonnaires. Il s’agit d’un essai de phase 1, dit de tolérance, visant à tester l’innocuité de la méthode, et non d’un essai thérapeutique. Il consiste à injecter à des volontaires paralysés des cellules dérivées de cellule souches embryonnaires humaines. L’objectif, à terme, est d’améliorer la fonction motrice des personnes ayant subi une lésion de la moelle.

Cette annonce, faite vendredi 23 janvier, ne va pas manquer d’avoir un écho en France, relançant le débat sur l’instrumentalisation de l’embryon. Elle marque aussi un tournant aux États-Unis où le précédent président, George W. Bush, dont le mandat s’est achevé mardi dernier, avait marqué son opposition à ce type de recherches, pour des raisons éthiques et religieuses, refusant que des fonds publics puissent leur être alloués.

L’autorisation accordée à Geron est-elle à mettre au compte de l’arrivée de Barack Obama à la présidence ? Rien ne permet de l’affirmer, même si la coïncidence est troublante. « Cela fait plusieurs mois que le dossier de Geron est prêt et que les chercheurs attendaient cette autorisation », observe Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris) qui, avec Michel Puceat (Inserm), forme l’une des rares équipes françaises autorisées à mener des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines.
"Des recherches très sérieuses"

Geron a toujours annoncé, à l’appui de ses collectes de fonds, qu’elle projetait de mener cet essai. Celui-ci sera réalisé avec des lignées de cellules souches embryonnaires créées avant le 9 août 2001, date à laquelle l’ex-président Bush avait annoncé l’interdiction d’utiliser des fonds fédéraux pour financer des recherches sur de nouvelles lignées.

En mai 2005, Geron a publié dans le Journal of Neuroscience les résultats de ses premiers essais sur des rats porteurs de lésions de la moelle épinière. Les chercheurs ont réussi à produire, à partir de cellules souches, une variété de neurones, les oligodendrocytes, destinés à remplacer les cellules produisant de la myéline, cette substance qui entoure les fibres nerveuses et dont la détérioration contribue à la perte de la fonction motrice. Puis ils ont injecté ces cellules aux animaux. Résultat : « Sur ceux qui avaient reçu le traitement sept jours après la blessure initiale, on a constaté une remyélinisation et une substantielle amélioration des capacités locomotrices. » À l’heure qu’il est, « on n’en sait pas beaucoup plus sur leur protocole de recherche, indique Philippe Menasché. Mais ce sont des recherches très sérieuses. »

Pour appuyer leur demande de passer à des essais sur l’homme, les chercheurs de Geron ont fourni à la FDA un dossier de 21 000 pages. Cette expérimentation représente pour eux un enjeu financier considérable. Qui semble, pour l’heure, primer sur l’enjeu éthique.

Marianne GOMEZ

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2363351&rubId=49800

Écrit par : Michel de Guibert | 26/01/2009

@ PP

> Quand je parlais de désillusion, c'était à l'intention de Français "atlantistes de gauche" qui ont pris l'habit de fête à l'arrivée d'Obama.

Écrit par : Michel de Guibert | 26/01/2009

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