22/11/2008
Dernier dimanche du temps ordinaire : le Christ roi de l’univers
« Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente » :
Dans l’Eglise catholique, le dernier dimanche de l’année liturgique est consacré au Christ Roi de l’univers. Avant Vatican II, on disait « Roi » tout court. En ajoutant « de l’univers », l’Eglise a donné une plus grande exactitude à l’idée – et l’a immunisée contre une sorte d'hérésie qui consistait à réduire et durcir la façon dont on concevait la royauté sociale du Christ.
Sauveur des individus, qui sont aussi des citoyens, le Christ peut être – « par surcroît » – la source inspiratrice de formes sociales meilleures. Mais il ne faudrait pas imaginer :
- que telle ou telle société du passé fut « royaume du Christ » : cette idée n’aurait aucun sens puisque nous n’avons pas ici bas de cité permanente (Hébreux 13, 14) ;
- que la doctrine sociale de l’Eglise ait pour but de « restaurer » quoi que ce soit. C’est l’inverse : son but est de faire naître à chaque époque des formes sociales nouvelles, qui ne seront jamais parfaites mais aléatoires et provisoires.
D’où l’importance du terme « de l’univers » appliqué à la royauté du Christ. S’il est Roi, ce n’est pas pour fournir aux hommes un Super-Prétexte qui viendrait bénir et absolutiser leurs petites opinions politiques. C’est bien autre chose, dans la perspective de Romains 8, 20-22 : l’univers est « la création en attente », qui fut « assujettie à la vanité à cause de celui qui l’y a soumise », mais qui a l’espérance « d’être elle aussi libérée de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » ; « toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement ». « Toute la création » (l’univers) souffre du comportement de l’homme pécheur qui l’a « soumise à la vanité ». Mais elle a l’espérance de la Promesse : le Christ récapitulera tout en lui, et ce sera les cieux nouveaux et la terre nouvelle, la seule vraie « cité », la Jérusalem céleste qui aura « en elle la gloire de Dieu » (Apocalypse 21, 11).
La mission des hommes ayant reçu la foi est d’agir en « enfants de Dieu » pour être les ministres de cette espérance. Ceci implique de nombreux devoirs terrestres, donc aussi sociaux : agir pour la justice et la paix dans tous les domaines et dans les situations successives de l’Histoire, y compris les plus inédites. Accueillir toute époque nouvelle, agir pour y faire germer l’espérance : c’est ainsi que les hommes peuvent servir la Royauté du Christ. A nous de changer nos opinions d’hier pour devenir, aujourd’hui et demain, de fidèles serviteurs.
09:15 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
NOUVEAUX
> Merci! Un commentaire *** pour cette fête. Il invite chaque génération à siéger avec lui en prenant de nouveaux chemins qui sont toujours le sien.
Écrit par : Dom | 22/11/2008
ESPERANCE
> J'aime bien votre expression : "ministres de l'espérance" relative à la mission des hommes ayant reçu la foi, c'est-à-dire nous tous qui sommes baptisés.
Je me rappelle cette autre belle expression qu'avait employé Benoît XVI juste après avoir été élu Pape pour définir son ministère : "serviteur de votre joie".
Écrit par : Michel de Guibert | 22/11/2008
Les commentaires sont fermés.