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19/11/2008

La leçon de Madeleine Delbrêl pour aujourd'hui


 

La figure de Madeleine Delbrêl est à redécouvrir : pour dilater nos réflexions sociales (d’aujourd’hui et de demain) aux dimensions qu’elles méritent.

 

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+ Mgr Daniel Labille (évêque de Créteil), 01/11/2003 :

<<  Elle était assistante sociale à Ivry. Elle a puisé dans l’Évangile de quoi regarder le monde autrement et nous pouvons encore puiser dans ce regard de quoi transformer nos relations avec les autres et avec Dieu. Madeleine a d’abord compris que Dieu aime le monde d’aujourd’hui : il n’est ni meilleur, ni pire que le monde d’autrefois. Jésus continue de livrer sa vie pour le sauver. Il y a chez Madeleine une tendresse manifestée à chaque homme qui nous empêche de désespérer de lui. Il est inutile de se braquer sur les idées, sur la façon de vivre et d’agir de chacun. Le principal est de le mettre au contact de la source pour qu’il se désaltère, pour que reprennent vie les parties de lui-même qui étaient déjà mortes. Peu à peu l’Évangile transformera son regard et ouvrira son cœur. C’est le pari de Madeleine chaque fois qu’elle rencontre et accueille quelqu’un. Elle a pu ainsi faire route avec des hommes qui ne partageaient pas ses convictions. Elle a pu entretenir avec eux des relations claires, sans racolage et sans concession.

Madeleine a aimé l’Église comme son propre corps, comme sa propre famille, celle sans qui elle ne pouvait pas vivre. Elle s’est engagée avec réalisme sur le terrain social. Elle a vécu dans le monde sans être du monde. Elle a fait entendre sa différence sans toujours être comprise, mais en étant toujours respectée.

Elle a vécu ce que nous vivons aujourd’hui. Nous nous sentons précédés et accompagnés par elle. Dans la Lettre aux catholiques de France, les évêques l’ont choisi, avec Thérèse de Lisieux, comme une balise pour nous aventurer dans le troisième millénaire. Elle a désensablé l’Évangile, elle nous apprend à en comprendre toute l’actualité.

En célébrant le centenaire de sa naissance, nous nous donnons la chance de la rejoindre dans ce qui fait l’actualité de son message pour aujourd’hui : nous saisir de l’Évangile, simplement, sans commentaires. Nous apprécierons alors combien il demeure toujours au-delà des siècles, une lumière pour notre vie. >>

 

Commentaires

BELLE FIGURE

> Oui, merci de rappeler cette belle figure, "engagée avec réalisme sur le terrain".
Le combat n'est pas toujours aussi paisible qu'on le voudrait, et il est d'autant plus admirable de n'en pas trop laisser paraître.
Mais le combat est à mener, même s'il secoue, contre tout ce qui aveugle, tout ce qui ajoute de l'aveuglement. La lumière veut se faire, on ne peut pas l'en empêcher.

Écrit par : Alina | 19/11/2008

LUMIERE

D’une homélie de Saint Grégoire de Nazianze

Rien n’est plus agréable à Dieu que le salut des hommes et leur retour, c’est la clef de tout enseignement et de tous les mystères. Il en sera ainsi si vous êtes comme une lumière dans le monde, comme une force vitale pour les autres hommes, et comme de petites lumières autour du Christ, la Grande Lumière, reflétant sur vos traits sa Splendeur céleste.


D’une prière du Cardinal Newman

Demeure en moi, Seigneur Jésus, et alors je pourrai, comme toi, rayonner au point d’être à mon tour une lumière pour les autres, lumière, Seigneur, qui émanera complètement de toi.
C’est toi qui, à travers moi, illumineras les autres. Ainsi ma vie deviendra une louange à ta gloire, la louange que tu préfères, en te faisant rayonner sur ceux qui nous entourent.

Écrit par : St Grégoire et Newman | 19/11/2008

JACQUES LOEW

> Pour moi, j'aime aussi beaucoup Jacques Loew, engagé sur le terrain, dans un monde ouvrier déchristianisé, et qui laisse une oeuvre pleine de réflexion sur la mission.
Son oeuvre est incroyablement actuel, malgré des problématiques sociétales qui semblent différentes.

Écrit par : Gégé | 24/11/2008

@ Gégé

> La Mission Ouvrière Saint Pierre Saint Paul et les Serviteurs de la Parole poursuivent aujourd'hui l'oeuvre du Père Jacques Loew.

Écrit par : sur le P. Loew | 24/11/2008

quelques liens relatifs à la postérité spirituelle du Père Jacques Loew :

* La Mission Ouvrière Saints Pierre et Paul (MOPP) :
http://www.mopp.net/
http://www.cele-jp.com/mopp/

* Les Serviteurs et les Servantes de la Parole :
http://www.servante-parole.net/

Écrit par : sur le P. Loew | 25/11/2008

LA MOPP

> J'ajoute encore, cher Gégé, que la MOPP et les Serviteurs de la Parole font un travail missionnaire et évangélisateur remarquable, alliant une vie simple de partage fraternel et l'annonce de la Parole de Dieu aux milieux les plus divers, et notamment aux milieux populaires incroyants ou déchristianisés, pour faire connaître et aimer le Seigneur à ceux qui ne le connaissent pas ou mal.
Ils écrivent aujourd'hui à la suite du père Jacques Loew (dont nous fêtons cette année le centième anniversaire de sa naissance et l'an prochain le dixième anniversaire de sa mort) de nouvelles pages des actes des Apôtres, "fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières." (Actes 2, 42)
A lire les ouvrages de Jacques Loew :
* "Comme s'il voyait l'invisible - Être apôtre à l'école de saint Paul" (Ed. du Cerf)
* "Ce Jésus qu'on appelle Christ - Retraite au Vatican (1970)" (Ed. du Cerf)
* "La Flamme qui dévore le berger - Éléments de spiritualité pour l'évangélisation" [avec Xavier Gardel] (Ed. du Cerf)
* "Paraboles et fariboles" [avec Jacques Faizant] (Ed. du Cerf)
* "P. Jacques Loew : Jésus, où te chercher ?" (Ed. Livre Ouvert)
* "Vivre l'Evangile avec Madeleine Delbrêl" (Ed. Bayard/Centurion)
* "La Prière à l'école des grands priants" (Ed. Fayard/Mame)
* "La quête de Dieu : de l'athéisme à la nuit de la foi" (Ed Desclée de Brouwer)

Écrit par : Michel de Guibert | 25/11/2008

CE MATIN

> Bonjour
Je suis prêtre, et ce matin, en guise d'homélie, j'ai demandé à Marie Anna de nous lire un texte de Madeleine Delbrel, que j'ai mis aussi en vidéo ...
Vous pouvez la voir (et la récupérer) sur : http://www.dailymotion.com/gerardw
Bonne journée
Gérard

Écrit par : Gérard Warenghem | 12/12/2008

JACQUES LOEW, une vie avec les déshérités de la foi

" Décédé il y a dix ans, ce dominicain docker, fondateur de la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP) et de l’École de la foi à Fribourg, a marqué une génération de chrétiens

Dominicain, docker à Marseille, fondateur d’un institut religieux et d’une École de la foi, missionnaire au Brésil, formateur en Afrique et en Russie, conférencier de Carême au Vatican, auteur spirituel à succès, ermite dans des communautés cisterciennes… Tel le chat du conte indien, Jacques Loew (1908-1999) semble avoir eu neuf vies, mais toutes guidées par un même fil conducteur : transmettre les richesses de l’Évangile à ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ.

Fils unique d’une famille anticléricale de la bourgeoisie niçoise, il « monte » à Paris étudier le droit pour devenir avocat. Mais la tuberculose l’oblige à quelques années de sanatorium en Suisse, au cours desquelles il lit les Évangiles et découvre la figure du Christ. À 24 ans, lui qui se disait « complètement athée » reçoit « l’immense et magnifique certitude de Jésus », comme il l’expliquera dans un livre d’entretiens.

De retour à Paris, il fréquente le couple rayonnant de Stanislas et Aniouta Fumet, qui l’initient à un christianisme intelligent et ouvert. Ayant définitivement donné sa confiance à Dieu, il entre chez les dominicains « avec l’idée de prêcher le Rosaire » et fait son noviciat à Saint-Maximin (Var). « Pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10), écrira-t-il sur son image d’ordination sacerdotale en 1939.
A l’origine d’une loi améliorant les conditions des dockers

À la demande du dominicain Louis-Joseph Lebret, Jacques Loew devient secrétaire du centre Économie et humanisme et, constatant l’éloignement de l’Église des dockers du port de Marseille, décide de partager leur travail et leur vie. Dès 1941, il devient le premier prêtre à travailler comme ouvrier – l’appellation « prêtre-ouvrier » ne viendra que plus tard –, puis publie une enquête sur Les Dockers de Marseille (1943), qui sera à l’origine d’une loi améliorant leurs conditions de travail.

Le P. Loew reste ainsi engagé pendant douze ans auprès des manutentionnaires marseillais, attentif – avec l’aide de Madeleine Delbrêl – à ne pas confondre évangélisation ouvrière et engagement dans la lutte des classes… jusqu’à la décision romaine de mettre un terme à « l’expérience des prêtres-ouvriers » (1954).

« Le problème de l’incroyance des masses ouvrières n’est pas résolu pour autant. Où donc ces hommes, qui n’ont pour le prêtre et l’Église que mépris, rencontreront-ils le Christ, pauvre et ami des petits ? », écrit le dominicain à son supérieur général, au lendemain de son arrêt de travail.

Dès 1946, il se voit confier la paroisse de La Cabucelle (banlieue de Marseille), puis celle de Port-de-Bouc (étang de Berre) où, avec plusieurs jeunes laïcs et prêtres, il lance les bases de ce qui deviendra la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP). Son but : rapprocher paroisse et mission pour un « apostolat intégral » en vue d’« extirper les racines des malheurs injustes » qui pèsent sur les pauvres.
"La Parole de Dieu, lue, méditée, soufferte, priée"

Le P. Loew avait coutume de comparer ces débuts de la MOPP au « passage des invertébrés au corps mou aux vertébrés avec colonne vertébrale ». « Quand, après 1945, nous allâmes au cœur des masses, nous avons senti le poids des scléroses, des routines, écrivait-il en 1978. On a alors, pièce par pièce, dépouillé l’armure : cornette, soutane, clôture… Tout cela, il fallait le faire, même maladroitement. Mais par quel squelette intérieur remplacer la coquille protectrice ? La Parole de Dieu, lue, méditée, soufferte, priée. »

Au bout de neuf ans, le prêtre français, avec quelques équipiers, part au Brésil (1963-1969) pour faire naître, dans la banlieue industrielle de São Paulo, de petites communautés rassemblées autour de la Parole. D’autres équipes de la MOPP naissent à Toulouse, à Noisy-le-Sec puis à Montfermeil, au Sahara, au Canada, en Italie… Ce qui amènera le P. Loew , pour en assumer la responsabilité, à se dégager de l’ordre des frères prêcheurs, tout en restant « fidèle à l’esprit de saint Dominique ouvert à toutes les grandes aventures missionnaires ».

Même s’il est souvent hors d’Europe pendant le Concile, il entretient des liens d’amitié avec Paul VI, qui l’invitera à prêcher la retraite de Carême au Vatican en 1970.

Il faut dire que le succès de Comme s’il voyait l’invisible, traduit dans une vingtaine de langues et vendu à 150 000 exemplaires, lui permet de parcourir le monde pour des conférences sur l’Église et son avenir.
Sollicité, chaque 1er mai, par Alexandre Men

Nouveau tournant en 1968, lorsque le P. René Voillaume (fondateur des Petits Frères de l’Évangile) lui propose de créer une école de formation pour certains membres de son institut. L’idée d’une École de la foi est lancée et Fribourg (Suisse) choisi comme lieu d’implantation. Il s’agit de permettre à des religieux et religieuses, ainsi qu’à des laïcs, célibataires et mariés, venant des cinq continents, d’étudier, célébrer et vivre la Bible, selon l’intuition du P. Loew qu’« il faut l’impact d’une communauté rassemblée pour que la Parole de Dieu puisse atteindre et changer un cœur humain ». « Il a compris, bien avant d’autres, l’exigence d’une formation préalable sans laquelle la générosité et l’amour risquaient d’aller dans le mur », estime Gilles Fumey, maître de conférences à la Sorbonne.

Pendant ces années-là, le P. Loew est sollicité, chaque 1er mai, par le prêtre orthodoxe Alexandre Men pour donner des enseignements bibliques à de jeunes Russes. En 1973, il abandonne la responsabilité de la MOPP (« pour laisser ses frères agir à leur guise, comme des parents laissent leurs enfants décider de leur vie », selon Gilles Fumey) pour se consacrer entièrement à l’École de la foi. Malgré des difficultés croissantes, notamment l’obtention de visas pour les Africains, celle-ci se poursuivra pendant trente ans, puis essaimera à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire).
Fasciné par l’Incarnation

Jacques Loew ne cesse d’organiser des formations, de s’informer. « Il était très attentif à l’évolution et à l’accélération des connaissances, et voyait qu’on ne pouvait plus être chrétien comme avant », rappelle Georges Convert, ancien responsable de la MOPP et engagé dans l’évangélisation à Montréal. « Si le P. Loew avait investi le monde ouvrier comme champ missionnaire par excellence dans les années 1950-1960, aujourd’hui il choisirait sans doute celui des jeunes sans lien avec l’Église », estime ce dernier.

Fasciné par l’Incarnation, l’Eucharistie et l’Église Corps du Christ, le P. Loew s’interrogeait sur la pérennité des institutions ecclésiales, « appelées à disparaître pour que naisse quelque chose d’autre ».

Il faut dire qu’à 85 ans, retiré d’abord à Cîteaux, puis à Tamié et, enfin, à Échourgnac, l’ancien dominicain formé par la théologie thomiste s’était mis à lire Maurice Zundel, Joseph Moingt, Bernard Feillet… « Cela l’a amené à une crise intérieure, une sorte de nuit obscure qu’il comparait à ce qu’avait vécu Thérèse de Lisieux », poursuit Georges Convert.

Son obéissance à l’Église n’a toutefois jamais failli : « L’Église l’a dérangé, fait douter, mais jamais il n’a cessé de l’aimer », poursuit Gilles Fumey. Apôtre pressé par l’amour de tous, et d’abord des plus démunis, il aura indéniablement gardé une foi lucide et aidé un grand nombre de chrétiens dans une période où, selon l’expression de Gilles Fumey, « le bateau tanguait pas mal ». "

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2364506&rubId=4078

Écrit par : La Croix et Jacques Loew, | 09/02/2009

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