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08/11/2008

Un prêtre français réagit à des commentaires catholiques sur l’élection américaine

Du P. Robert Culat, qui veut équilibrer le point de vue chrétien sur ce qui vient de se passer :


 

 

Le P. Culat  – que je suppose être le vicaire du Vaucluse, connu par ailleurs – nous communique la réponse qu’il a envoyée à un site catholique. Le prêtre français ne dévalorise pas le combat pour la vie, au contraire : il souligne que ce n’est pas le seul combat, et que les catholiques ont aussi de nombreux autres devoirs envers la société. Les négliger serait une erreur. Leur substituer des complaisances séculières contraires à l’évangile serait pire qu’une erreur. Je pense utile de publier le texte du P. Culat : il soulève un problème réel, et il vient d’un prêtre de terrain. Je souligne que son commentaire ne concerne pas l’avenir et la future action de la Maison Blanche, mais le passé récent. Ce n’est pas une prédiction : c’est une mise au point.

  

 

 

Le texte du P. Culat :

 

<<  [On a écrit :] « Il est vrai aussi que des évêques libéraux ont trop parlé, et surtout pour critiquer la « seule question » (single issue) du vote, affirmant que les catholiques devaient prendre en considération toute une série de questions et pas seulement celle de l'avortement ». Je suis en plein accord avec ces évêques. [...]  Pour moi le respect de la vie humaine ne saurait se limiter à la question de l'avortement et de la famille. […] Les pro-life qui sont pro-Bush sont soit hypocrites soit aveugles... car le respect de la vie ne se partage pas. Etre contre l'avortement et en même temps soutenir une guerre injuste en Irak qui a fait des milliers de victimes des deux côtés, cela ne tient pas la route et cela décrédibilise la position catholique en faveur de la vie. La vie d'un être humain enfant, jeune ou adulte, même soldat, est-elle moins respectable que celle de l'enfant à naître? La peine de mort est aussi un crime contre la vie, les Etats-Unis sont AUSSI concernés par ce problème. Le respect de la vie, c'est AUSSI la lutte contre l'injustice qui installe dans la misère des franges entières de la population qui n'ont accès ni à l'éducation ni aux soins. [...] Le respect de la vie, ce serait AUSSI limiter la prolifération des armes aux USA avec les conséquences que tout le monde connaît dont des massacres dans des lycées... Mais peut-être que la vie de lycéens n'a aucune importance [...] ? Le commandement "Tu ne tueras pas" ne se limite pas aux questions de commencement et de fin de vie... C'est très agaçant de voir qu'on peut tuer un homme au milieu de sa vie avec plein de bonnes excuses de casuistes et là on n'ira pas en enfer puisque […] finalement cela semble laissé à la conscience de chacun, donc à sa liberté. C'est bizarre comme d'un côté des pro-life disent qu'il faut obéir aveuglément aux consignes de vote des évêques (les bien, pas les libéraux, car à quel évêque obéir?), et de l'autre pour la guerre injuste ! La peine de mort, la santé, l'éducation, la justice sociale, c'est laissé à la libre conscience de chacun, comme si c'était optionnel... DICHOTOMIE dangereuse dans la défense de la vie. Quand Bush met son pays en déficit pour des dépenses de guerre (achats d'armes pour tuer, cela se chiffre en milliers de dollars), est-il pro-life? Jésus n'a jamais encouragé ces choses-là: "Qui utilise le glaive périra par le glaive". Ces sommes d'argent colossales auraient pu être utilisées pour la vie de bien des manières. Quand Bush refuse d'engager son pays dans la voie du développement durable et de l'écologie (protocole de Kyoto), est-ce parce qu'il respecte la vie ou parce qu'il adore le dieu dollar ?

[…]  Notre salut éternel ne dépend pas uniquement de notre position sur l'avortement et la famille. Ce serait trop simple... […]  On se demande si la doctrine sociale de l'Eglise et son compendium ne sont pas un ornement composé par des cardinaux qui s'ennuient et qui font des textes négociables, donc négligeables par les bons catholiques... Tant que la morale familiale et bioéthique sera mise au-dessus de la morale sociale, il y aura incompréhension et fossé entre de nombreux catholiques. Je rappelle enfin que Benoît XVI a salué "l'occasion historique" que constitue l'élection d'Obama... Peut-être a-t-il vu autre chose dans cet élan populaire et massif que les sacro-saints principes non-négociables du vote catholique... Et L’Osservatore Romano doit être digne des flammes de l'enfer en déclarant que le choix d'Obama est "un choix qui unit": "Les Etats-Unis, et ce n'est pas la première fois que cela arrive, ont été capables d'indiquer à leur manière une nouvelle route au reste du monde." Il ne me semble pas que ces jugements soient négatifs par rapport à l'élection d'Obama, c'est le moins que l'on puisse dire... Quant à croire que Mc.Cain aurait pu réellement remettre en question la loi sur l'avortement, c'est être un peu naïf puisque Bush, beaucoup plus pro life que lui, ne l'a pas fait !  >>  

 

 Fin du texte du P. Culat.

 

Commentaires

AUSSI

> Excellente mise au point, mais en précisant bien que le "AUSSI" vaut dans les deux sens.

Écrit par : Michel de Guibert | 08/11/2008

COMPLEXE ET SIMPLE

> Et vive la complexité du réel et la simplicité d' Adonaï !
Merci Seigneur, il ya aussi des prêtres qui devinent l'ampleur de Tes desseins et la profondeur de Ta miséricorde sans oublier que la puissance n'appartient qu'à l'Eternel !
Les plans de Dieu ne sont pas les nôtres ni ceux de ceux qui piétinent la vie à la face du monde et des nations !
Soutenons l'"immense clameur ..." par nos prières explicites pour BO et reléguons à leurs places des petits ou grands préjugés perso de caste, de culture ou même de pseudo religion ...
Même Satan connaït la Bible mais il ne peut rien contre le coeur de Dieu et le peuple de ses proches ! Il est peut-être urgent de relire pour de bon Osée, Amos ou Isaïe - la liste n'est pas limitative !
Une fois de plus : merci Patrice !

Écrit par : Gérald | 08/11/2008

PAS D'ACCORD

> "Les pro-life qui sont pro-Bush sont soit hypocrites soit aveugles..." Ce prêtre aurait-il eu la même virulence à l'encontre de pacifistes pro-avortement ? Je l'espère...
D'autre part, le P. Culat part d'un concept indiscutable "le respect de la vie" pour légitimer les équivalences qu'il établit ensuite. En cela, son raisonnement est biaisé. Si je le suis tout à fait lorsqu'il pose cette question "La vie d'un être humain enfant, jeune ou adulte, même soldat, est-elle moins respectable que celle de l'enfant à naître?", je ne peux plus le suivre lorsqu'il conclut que le combat contre l'avortement (> 1 *million* de victimes US par an) n'est pas plus important que le combat contre la guerre en Irak (*milliers* de victimes) et les tragiques massacres hyperviolents des lycées (*dizaines* de victimes). Les victimes m'inspirent le même respect, mais l'intelligence me commande de hiérarchiser mes combats.

Écrit par : Alexis | 08/11/2008

"États-Unis : les Américains ne suivront pas Obama sur la voie libertaire"

7 novembre 2008
Aux États-Unis, tous les scrutins sont concentrés sur la même journée. Le 4 novembre a donc été l’occasion de nombreux referendums d’initiative populaire. On en a compté 153 dans 35 États, dont plusieurs hautement symboliques, en particulier ceux qui portaient sur le mariage entre personnes de même sexe.
En Californie, six mois seulement après que la Cour suprême de l'État eut déclaré que l’interdiction du mariage homosexuel était inconstitutionnelle, la « Proposition 8 » proposait de surmonter l’obstacle en modifiant la Constitution par un amendement affirmant que « seul un mariage entre un homme et une femme est valide et reconnu en Californie ». Elle a été approuvée par 52,1% des voix contre 47,9%, occasionnant un sérieux revers du monde libertaire local bien connu pour son aspiration au leadership intellectuel et moral.
Dans l'Arizona, l'interdiction du mariage gay a été adoptée par 56% des voix contre 44% et en Floride, de façon encore plus nette, par 62% contre 38%. Seuls le Massachusetts et, depuis peu, le Connecticut ont légalisé le mariage gay. Tous les autres Etats américains le prohibent.
Or la Californie et la Floride ont voté pour Obama. Ce ne sont donc pas ses idées « progressistes » en la matière qui ont emporté l’adhésion.
Certains analystes estiment même que la candidature de Barack Obama a favorisé ces résultats dans la mesure où, d'après les sondages, les électeurs noirs, dont la participation a été plus importante qu’habituellement, sont plus volontiers opposés au mariage gay.
L’affirmation morale continue de progresser aux États-Unis et Obama devra en tenir compte. Dès lors, on comprend la prudence de l’épiscopat américain face au nouveau président qui n’était certes pas son favori : dans la mesure où la communauté catholique tend à se structurer de plus en plus clairement autour des jeunes évêques sur le terrain des valeurs non-négociables, ceux-ci semblent enclins à ne pas dilapider trop vite leurs capacités de pression.
http://www.libertepolitique.com/le-fil/54-international/4903-etats-unis-les-americains-ne-suivront-pas-obama-sur-la-voie-libertaire

Écrit par : Dépêche | 08/11/2008

PAS UN PARTI

> Voilà une vraie question.
Si je poursuis un but politique partisan (droite contre gauche), je dois essayer de cliver comme on dit, bien séparer les bons des méchants et essayer par des méthodes de segmentation de ramener du poisson des méchants vers les bons : tous les sujets sont bons mais fragmentés : les uns pour ceux-ci (les bons) et les autres contre ceux-ci (les méchants) qu'il faut montrer du doigt, en faire des repoussoirs. Rien à dire contre cela sauf qu'il s'agit là de politique de parti.
Si, autrement, mon but est, comme tous les catholiques le disent régulièrement "que Ton règne arrive", alors la vision est tout autre. Il s'agit de rassembler au nom du Christ, tous ceux qui croient à la Bonne nouvelle. Et la méthode est tout autre : aller vers l'autre en qui on reconnait le Christ qu'il soit riche ou pauvre, noir ou blanc, homme ou femme, de droite ou de gauche, immigré ou "de souche" et surtout tournés vers les pauvres pour qui le Christ est venu qu'elle que soit leur pauvreté.
Deux méthodes : l'une partisane cherchant à faire grandir son parti : le but peut être louable, mais ce n'est pas le même but que de chercher le règne du Christ.
Et c'est là, effectivement la limite des "pro-life" qui brandissent comme un étendard derrière lequel il faudrait se rassembler leur combat "pro-life" et qui se fichent du sort des irakiens qui ont le tort de vivre sur du pétrole dont ils ont besoin.
Le christianisme n'est pas un parti avec des mèthodes partisanes.

Écrit par : olivier le Pivain | 08/11/2008

à alexis

> Pourquoi faites-vous dire à ce prêtre ce qu'il ne dit pas, mais que vous voudriez qu'il ait dit ? Son message est : "Ce n'est pas parce que l'avortement est un énorme drame humain qu'il faut minimiser les autres drames humains". A moins que vous ne considériez PAS les centaines de milliers de victimes de la guerre d'Irak (mais si, horriblement nombreuses, n'en déplaise à Bush) comme un drame ? Et les dizaines de milliers d'Américains pauvres qui meurent de maladie faute de Sécurité sociale ? Non, ça ne vous gêne pas ?
En tout cas bravo d'avoir des priorités, et très efficaces si j'en juge par le résultat des innombrables parades des mouvements de droite contre l'IVG.

Écrit par : Lucas | 08/11/2008

NUANCES

> Ce texte est intéressant et est un contrepoint utile effectivement.
Toutefois, je me permettrais de rappeler au Père Culat, qui ignore visiblement les "nuances complexes" de la vie politique américaine, deux éléments qui nuanceront à leur tour son propos;
-de nombreux catholiques, à commencer par ces mêmes évêques "non libéraux" (au sens étasunien du terme), ont condamné la guerre en Irak (je renvoie à "neoconned" et "neoconned again", deux ouvrages qui rassemblent leurs nombreuses contributions). Ensuite, il faut bien comprendre que le "discours sur la sécurité nationale" à entraîné un climat délétère dans lequel la critique était difficile.
-ensuite, si GW Bush n'a pas remis en cause Roe vs Wade, cela tient surtout au contexte et à la pratique constitutionnelle américaine: seule la Cour Suprême peut abolir ou délégitimer le précédent juridique que constitue cet arrêt. Or, que je sache, cela reste aujourd'hui impossible.
Pour le reste, il est évident que le combat pour la "culture de vie" concerne un tout (il est holiste, comme l'engagement de tout chrétien à suivre le Christ).
Cordialement

Écrit par : ST | 08/11/2008

RESULTATS ET REFERENDUMS

> Pour répondre à Dépèche...
Or la Californie et la Floride ont voté pour Obama. Ce ne sont donc pas ses idées « progressistes » en la matière qui ont emporté l’adhésion.
Ceci est vrai, mais pourquoi ne pas parler aussi des résultats qui gênent au Colorado et dans le Dakota du sud...
Deux référendums ont été soumis aux habitants pour interdire ou limiter l'avortement, la réponse a été non dans les deux Etats, dont le Dakota du Sud qui a voté McCain et le Colorado qui a choisi Obama... Donc les transpositions hâtives de liberté politique sur la Californie sont à relativiser fortement... Les résultats de ces référendums montrent tout simplement que le citoyen américain a distingué le choix d'un chef d'Etat d'une part (c'est une vision plus globale) et sa réponse à une question précise de société, car de ce point de vue-là beaucoup d'Etats, hormis le Colorado, sont en contradiction entre le choix présidentiel et le résultat au référendum...

Écrit par : Père Robert Culat | 08/11/2008

MORMONS ET MARIAGE GAY

> Oubli: une connaissance américaine m'a fait
remarquer, non sans humour, que les mormons ont débloqué des fonds importants pour que le non au "mariage" des gays l'emporte en Californie... Cette "église" a vécu la polygamie et l'a défendu comme institution voulue par Dieu jusqu'à ce que l'Etat fédéral lui demande d'y renoncer en échange du territoire de l'Utah... Ce qu'ils ont officiellement fait, même si régulièrement de nombreux scandales révèlent qu'en Utah certains mormons continuent à pratiquer la polygamie de manière secrète...

Écrit par : Père Robert Culat | 08/11/2008

CLE DE VOUTE

> Bien sûr que le respect de la vie n’est pas limitatif à l’avortement et que « Notre salut éternel ne dépend pas uniquement de notre position sur l'avortement et la famille. Ce serait trop simple... »
Sur le sujet de l’avortement, sauf erreur de jugement à démontrer, ce dernier ressemble étrangement à une sorte de CLE DE VOUTE consolidant la répétition moderne d’une antique entreprise de matérialisation de l’homme. Si cette clé de voûte cède, l’entreprise menée tourne court et les promoteurs du système le savent bien, aussi instillent-ils chez les opposants un sentiment diffus de peur où un relativisme circonstancié à la question se pare du raisonnable.
Car de deux choses l’une, ou cette question de l’avortement peut se régler dans le cadre d’une action plus générale ou seule une action frontale en y jetant toutes ses forces pourra en venir à bout et là personne n’en sait rien à commencer par les prêtres eux-mêmes, seul l’avenir dira ce qu’il en sera.
Et c’est bien là qu’est le dilemme. Quand aux déclarations politiques des uns et des autres, ceux qui ont un peu vécu savent bien qu’il est imprudent de les prendre au premier degré, voire même au second vu l’habileté d’instrumentalisation des hommes de pouvoir - habilité non condamnable en elle-même - et des équipes qui les soutiennent. Donc, attendons la suite et souhaitons le meilleur possible au nouveau Président des USA.
Enfin, espérons n’avoir jamais à nous retrouver dans la situation de la Grande-Bretagne lors de la seconde guerre mondiale, quand Churchill n’avait plus rien d’autre à proposer dans une déclaration célèbre que du « sang et des larmes ». Ou encore une peu avant à peu près ceci : « vous avez choisi la paix dans le déshonneur, vous aurez la guerre en gardant votre déshonneur ».

Écrit par : roxane | 08/11/2008

Au Père Robert Culat

> Il serait bon de rappeler aussi, pour relativiser les résultats, que Mc Cain n'était pas plus "pro life" que Obama, même s'il s'est servi dans la campagne électorale de sa vice-présidente pour tenter de recueillir ces voix...

Écrit par : Michel de Guibert | 08/11/2008

RESPECT DE LA VIE

> Tout à fait d'accord avec le P. Culat : "le combat pour la vie [...] n’est pas le seul combat, et les catholiques ont aussi de nombreux autres devoirs envers la société. Les négliger serait une erreur. Leur substituer des complaisances séculières contraires à l’évangile serait pire qu’une erreur." Ce qui n'est pas sans rencontrer quelque concordance avec l'autre post, concernant "Séminaires, sacerdoce, psychologie" : quel rapport avec l'élection américaine ? Précisément dans ces "complaisances séculières" dont j'ai assez souligné par ailleurs leur hallucinante antinomie avec l'évangile. C'est pire que "pire qu'une erreur" : c'est de l'intelligence (si l'on peut dire...) avec l'adversaire. Le fait est que les pro-life (des deux côtés de l'Atlantique) ne sont pas les derniers à s'y prêter. Sans aller chercher si loin que leur allégeance -ou non- aux exactions militaires sur les théâtres d'opérations extérieurs tels que l'Irak ou l'Afghanistan, le respect de la vie passe AUSSI par le respect de la santé de chacun en s'abstenant d'interpréter immédiatement toute friction relationnelle comme une "maladie" (le "malade" endossant le rôle du méchant [cf. commentaire Olivier Le Pivain]... mais on dit que "ce-n'est-pas-de-sa-faute" pour se dédouaner !) avec recours systématique aux "spécialistes" de cette "maladie" : les mêmes à qui on demande de filtrer les postulants "malades" au sacerdoce.(sic) Se battre "contre l'avortement" de l'enfant à naître, très bien. Mais OÙ sont les combattants contre ce qu'il ne faut pas craindre d'appeler de l'avortement spirituel ? (Et tant pis pour les esprits chagrins...) Quelle cohérence y a-t-il quand on combat l'un en PARTICIPANT -d'une manière ou d'une autre- à l'autre ? Peut-être serait-il temps de s'interroger sur cette étonnante pérennité d'une mentalité abortive dont il n'est pas besoin d'être catho bon teint pour savoir qu'elle est contre-nature, qu'elle blesse plus qu'elle ne libère etc. En dépit de quarante ans de luttes "pro-life", de chaînes de prières et autres -toutes choses respectables en soi-, les taux d'avortement occidentaux n'enregistrent pas vraiment une chute vertigineuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Alors, quid de cette pérennité si ce n'est que l'on coupe les mauvaises herbes à la base... en laissant les racines ? Tant que ces racines sont dans ces fameuses "complaisances séculières contraires à l’évangile", et qu'on ne les extirpe pas, nous y serons encore dans quarante ans !

En sus de l'avortement et de la guerre en Irak, Alexis évoque fort justement "les tragiques massacres hyperviolents des lycées (*dizaines* de victimes)." Cela se passe aux Etats-Unis, mais cela se passe aussi dans certains pays du Nord de l'Europe, notamment la Finlande. Que "les victimes inspirent le même respect", c'est indiscutable : le respect de la vie vaut pour tous et à tout âge, comme le souligne le P.Culat. Mais n'occultons pas ce qui se cache derrière ces massacres qui ne doivent strictement rien à la fatalité. Les jeunes lycéens qui les perpètrent ont tous un sacré point commun : ils sont sous addiction chimique de psychotropes aux effets secondaires redoutables. Que l'on sache, ces produits ne poussent pas sur les arbres. La France est le troisième pays consommateur de ces étranges "bonbons". Parmi ceux qui participent à cette consommation, combien de défenseurs militants des droits de la vie, de la famille, etc. ?

Si "le christianisme n'est pas (et heureusement !) un parti avec des méthodes partisanes", ce n'est pas non plus une raison pour prendre le parti de ce qui lui scie la branche sur laquelle il est assis...

Écrit par : Michel de Tiarelov | 08/11/2008

OBAMA FERA LA GUERRE COMME LES AUTRES

> Obama ne va guère diminuer le budget militaire des States et c'est pourquoi il échouera sans doute dans ses réformes sociales. De plus, sa première priorité est de sauver le système économique comme il l'a dit hier. N'oublions pas que pour être élu il a dû mettre de son côté les puissances financières. Mais revenons à la protection de la vie. Obama veut retirer les troupes d'Irak pour intensifier la guerre en Afghanistan (guerre toujours plus meurtrière pour les civils) et son conseiller pour l'Iran, Denis Ross, a une position très dure contre l'Iran. Tellement dure qu'elle prévoit de manière explicite la guerre. Autrement dit, la première guerre d'Obama sera l'Iran. Et plus vite qu'on ne le pense car il suivra les Israéliens qui ont déjà mis au point le plan de bataille dans les moindres détails. Tsahal considère - sans doute à raison - que l'Iran représente pour Israël un danger stratégique majeur plus grand que les roquettes du Hezbollah et du Hamas. Israel ne transigera donc pas et Obama ne contredira jamais une option stratégique d'Israel. C'est parce qu'il sait qu'Israel n'acceptera pas d'attendre plus longtemps qu'il essaie de régler le dossier du nucléaire iranien par le dialogue. Il sait qu'une fois Israel parti en guerre il n'aura d'autre choix que de suivre... Et ce jour là, je vous le dis, on regrettera les Bush, car la Perse ce n'est pas l'Irak.

Écrit par : Vincentius Peregrinus | 08/11/2008

AVORTEMENT ET PEINE DE MORT

> Sur le fond, rien à redire sur ce qu'écrit le Père Culat. Absoudre M. Bush de son libéralisme peu conforme à la DSE et surtout d'une guerre injuste en Irak au nom de la seule lutte contre l'avortement est absurde. Dans ce cas, en poussant le raisonnement au bout, autant soutenir un théocrate islamiste qui s'opposerait à l'avortement.
Néanmoins, il y a, me semble-t-il, une faille dans le raisonnement du Père: mettre sur le même plan avortement et peine de mort. L'avortement est un mal que rien ne saurait justifier. Quant à la peine de mort, le catéchisme de l'Eglise catholique est très clair et rejoint la position des Docteurs de l'Eglise, au premier rang desquels il faut placer Augustin et Thomas. La peine de mort est dans l'absolu légitime au nom du bien commun. Mais, en vertu du principe selon lequel donner la mort est un ultime recours, le catéchisme affirme que dans les conditions actuelles il existe d'autres moyens pour défendre le bien commun et donc que, dans ces circonstances,la peine de mort est délégitimée. Il s'agit ici de considérations prudentielles dont les conclusions tirées dans le catéchisme ne sauraient lier les laïcs de la même manière que la condamnation de l'avortement. Il faut ajouter cependant qu'aller contre cette position officiellement exposée dans le catéchisme devrait s'appuyer sur un jugement de conscience motivé par des considérations très graves (je n'aimerais pas être à la place d'un chrétien militant pour le rétablissement de la peine de mort en temps de paix). Il faut cependant dire qu'il est erroné de placer le rejet de la peine de mort et celui de l'avortement sur le même plan. Cela reviendrait à rejeter par voie de conséquence tout l'enseignement traditionnel de l'Eglise sur la légitime défense ou la guerre juste. Il est vrai que beaucoup de chrétiens sont aujourd'hui tentés par un pacifisme radical qui n'est pas sans danger comme l'a montré E. Anscombe.
Merci pour ce blog qui place toujours le débat dans la lumière des exigences évangéliques sans se laisser influencer par des considérations idéologiques...

Écrit par : Hubert | 08/11/2008

EUX SEULS ?

> M. Le Pen et son FN sont les seuls à être contre l'avortement : les catholiques doivent-ils voter pour eux et eux seuls ?

Écrit par : anonyme | 08/11/2008

CE QU'IL FAUT VISER

> Tout à fait d'accord avec ST.
Rappelons simplement que Jean-Paul II était contre la guerre en Irak et contre l'avortement, c'est bien cela qu'il faut viser et que les évêques "non libéraux" n'ont pu que répéter.
Effectivement GWBush n'a pu revenir sur la legislation de l'avortement mais on y était presque puisque la cour suprème est aujourd'hui à 4 contre 5 sur le sujet.
C'est d'ailleurs, sur ce sujet là, un drame que Obama ait été élu puisque un président pro life aurait pu faire passer un majorité pro life à la cour suprème lors du prochain renouvellement, dont il est responsable.
Espérons bien sûr qu'Obama sera au moins au rendez-vous sur des sujets importants comme la justice sociale envers les plus pauvres et la politique étrangère.

Écrit par : ludovic | 08/11/2008

SURPRIS

> Je suis surpris par le raisonnement d'Alexis, qui mêle les statistiques aux arguments de fond. Je vois mal ce que signifie cette comparaison entre les "millions" de victimes de l'avortement, les "milliers" de victimes de la guerre en Irak et les "dizaines" de victimes des massacres des lycées. La malice intrinsèque de l'acte est-elle fonction du nombre des victimes? L'avortement serait-il moins grave que la guerre si les chiffres étaient inversés? "Hiérarchiser [les] combats", est-ce classer le nombre des victimes en ordre décroissant?

Écrit par : Jérôme | 09/11/2008

POLITIQUE AMERICAINE

> Rappelons tout d’abord pour les distraits que le problème posé aux électeurs catholiques américains n’était pas la réélection de George Bush mais le choix entre Obama et Mc Cain (ce dernier n’étant pas non plus le vice-président de George Bush). La référence obsessionnelle à Bush dans le texte du Père Culat est pour le moins étrange. Soulignons qu’aux USA deux hommes politiques peuvent appartenir au même parti sans que cela implique un programme de même nature (si c’était le cas, on ne peut pas dire que la politique de Clinton augurerait d’avancées dans le domaine social).
En ce qui concerne la guerre en Irak, la difficulté pour les deux candidats à la présidence est qu’un engagement direct en faveur d’un retrait risquait de favoriser une recrudescence des attentats et entraîner le chaos. Cependant, Obama s’est engagé à faire porter son effort sur l’Afghanistan (Afghanistan surge). S’agit-il là d’une guerre juste ? Il est permis d’estimer que la différence avec Mc Cain n’était pas si nette que cela. Il est simpliste de croire que l’administration Obama renoncera aux visées impériales.
En ce qui concerne la peine de mort et les armes accessibles à la vente, il est exact que ce sont des situations que l’on ne saurait défendre. Cet argument aurait justifié une abstention mais on voit mal comment il justifierait le vote en faveur du candidat ouvertement pro-avortement étant donné les chiffres en jeu : depuis Roe vs Wade, il y aurait eu entre 45 et 48 millions d’avortements.
Pour la santé, l’éducation, la justice sociale, le développement durable, nous sommes là dans le domaine de généralités et des déclarations d’intention. On peut discuter à l’infini des mérites de telle ou telle politique mais on ne peut mettre cela sur le même plan qu’une mesure précise portant sur un problème clairement défini (c’est la raison pour laquelle, j’ai évoqué séparément la peine de mort et l’interdiction des armes qui relèvent effectivement de cette dernière catégorie). On ne voit pas ce qui autorise à prétendre que l’élection d’Obama garantit la réussite dans ces domaines (surtout quand on pense au flou de son programme et au fait qu’il reprend nombre de conseillers de Clinton). Signalons que la situation économique actuelle est autant un héritage des années de déréglementation à la Clinton que du libéralisme économique à la Bush.
Il est par ailleurs curieux que le Père Culat laisse de côté tous les effets dramatiques du « libéralisme » (au sens américain) alors qu’il pourrait s’agir de critères valides d’évaluation. Qu’en est-il des effets de la désagrégation des cellules familiales, de l’usage de la drogue et qu’en est-il aussi des graves séquelles psychologiques de l’avortement sur les femmes.
En ce qui concerne le fait que McCain n’était sans doute pas fiable pour s’opposer à l’avortement, admettons que ce soit exact. Le point fondamental est que dans le cas d’Obama, il ne s’agit pas de spéculations mais de tenir compte de ses votes passés et de ses engagements précis. Obama a voté contre l’interdiction de l’avortement par « partial birth » ; rappelons que c’est une pratique ignoble digne des pires criminels (la tête de l’enfant est tranchée dès qu’elle apparaît). Obama s’est opposé également à ce que l’on sauve les enfants nés vivants issus d’un avortement (en d’autres termes, il faut laisser mourir l’enfant). Enfin, pour l’avenir, Obama a expliqué, lors de l’un des débats télévisés, que son critère de choix pour les nominations à la Cour Suprême sera l’opinion du juge à l’égard de Roe vs Wade. Autrement dit Obama ne nommera que des juges favorables à l’avortement.
L’argument décisif conduisant à faire de l’avortement un thème central a toutefois été présenté par Jean-Paul II : il s’agit de la logique de la culture de mort. On voit aujourd’hui la filiation entre avortement et euthanasie, avec le cloning et les expérimentations sur l’embryon. On commence aujourd’hui à s’engager dans la voie de la sélection génétique. L’argument des questions sociales était déjà avancé lorsque l’avortement a été dépénalisé mais l’avortement est révélateur du choix en faveur des solutions mortifères. Pourquoi dépenser de l’argent pour s’occuper des personnes âgées, des malades, des dépressifs etc. Depuis le début on nous explique que, promis juré, on n’ira pas plus loin mais pas à pas on nous entraîne toujours plus avant dans l’horreur. Si la vie n’est pas sacrée, les programmes sociaux ou de santé se focaliseront sur le tri, la sélection et l’élimination des indésirables.

xb


[ De PP à XB - Ne faites pas dire au P. Culat ce qu'il ne dit pas. Il n'affirme pas que la politique d'Obama sera bonne. Il proteste contre l'hémiplégie mentale de catholiques qui réduisent TOUT à la question de l'avortement, ce qui leur permet de glisser sur des choses chrétiennement inadmissibles mais qu'ils admettent très bien (la guerre en Irak, ou la politique antisociale des républicains, etc).
Franchement, on ne peut pas perpétuer l'hypocrisie qui consiste à cacher le mauvais derrière le bon, et vice-versa, afin de pouvoir ne parler que de ce qui nous plaît. Je trouve insupportable l'attitude consistant à dire : "Si vous parlez d'autre chose que de l'avortement, vous n'êtes pas un catholique". Ce blog parle de l'avortement quand c'est nécessaire ; il parle d'autres sujets de société (écologie, social, économie, politique, guerres) quand c'est nécessaire ; on ne le fera pas changer de méthode. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : xb | 09/11/2008

Cher PP,

> Permettez-moi de prendre la défense d’xb… Il me semble qu’il n'a fait que souligner le fait que la brillante diatribe du P. Culat risquait fort de sous-entendre implicitement qu'en soutenant Mc Cain on soutenait également la guerre en Irak, le port des armes, la peine de mort et autres horreurs. Or il me semble qu'à l'heure actuelle on est un peu obligé de choisir "le moindre mal" quand il n'y a plus que deux candidats en lice.
À propos de la querelle de chiffre, on a beau jeu de dire que la quantité ne devrait pas intervenir (Jérôme), c'est évidemment vrai au niveau individuel. Cependant, si la Shoah avait exterminé 60 Juifs plutôt que les six millions, l'horreur eût certes été la même, mais l'impact sur notre société eût été parfaitement différent.
Je n'ai pas suffisamment, très loin de là, étudié les programmes et déclarations des candidats américains pour avoir eu moi-même un favori. Cependant pour contrebalancer l'attitude, me semble-t-il sans équivoque, d'Obama en faveur de l'avortement, il eût fallu beaucoup de points négatifs dans le programme de Mc Cain. En effet la protection de la vie des plus faibles, des sans défense me parait réellement être la clef de voûte de nos sociétés, selon l'expression de Roxane. Quand cette clef de voûte s'effondre, grand est le risque d’une tragique partie de dominos. Il me semble que l’affirmation de mère Teresa à cet égard ne peut pas être prise à la légère : « l’avortement est ce qui détruit le plus la paix dans le monde aujourd’hui ». Lorsque l’on voit les conséquences psychologiques de cet acte sur la femme, mais aussi sur son conjoint et les autres enfants, on ne peut plus balayer cette conviction d’un revers de main cinglant.
En ce qui concerne la lapidaire phrase d’ « anonyme », en dehors même de l’analyse en « moindre mal » qui devrait conduire notre discernement individuel, il me semble important de préciser que seuls deux candidats de nos deux dernières élections présidentielles se sont clairement opposé à l’avortement : Christine Boutin en 2002 et Philippe de Villiers en 2007, et que la position des Le Pen père et fille est devenue de plus en plus fragile au cours du temps. Ce syllogisme récurrent (tu es « pour » la vie de tous, y compris des plus faibles : les enfants à naître, les personnes handicapées et les personnes en fin de vie, or Le Pen l’est également, donc tu milites pour lui) me semble un peu court et de peu d’apport.

Thiébaut


[ De PP à T. :
Certes. Mais vous zappez la question que je poserai tant qu'il le faudra, et que le P. Culat pose aussi à sa façon : faut-il, au nom du nécessaire combat pour la vie, fermer les yeux sur tout le reste ?
Nous ne poserions pas cette question si nous ne savions, d'expérience, pour avoir souvent discuté avec eux, que nombre de farouches défenseurs catholiques de l'enfant à naître (et ils ont raison de le défendre ! c'est un grand-père récent qui vous parle), ne sont pas d'accord avec leur Eglise quand elle aborde les autres sujets, notamment économiques et sociaux ; sujets qui concernent diablement eux aussi la vie humaine.
Qu'un même individu ait le culot de se déclarer croisé pro-life ET EN MEME TEMPS ultralibéral sacrifiant jovialement toute considération sociale au nom des Lois Economiques & Financières, c'est une honte. Je ne lui demande pas de cesser d'être pro-life. je lui demande de cesser d'être ultralibéral. Question de cohérence et de décence.
Qu'on ne me dise pas que de telles gens sont imaginaires ! Je pourrais vous donner pas mal de noms ; chose qu'évidemment je ne ferai pas. ]

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Écrit par : Thiébaut | 10/11/2008

@ xb

> Le plus risible dans tout cela c'est que Mc Cain s'est toujours montré favorable à l'avortement jusqu'à la désignation de Mme Palin comme vice-présidente ; il ne s’agit pas dans son cas aussi de spéculations mais de tenir compte de ses votes passés et de ses engagements précis.

Écrit par : Michel de Guibert | 10/11/2008

à PP:

> Justement XB ne focalise pas tout sur l'avortement, il évoque l'ensemble des sujets que vous mentionnez et montre que malheureusement Obama n'a pas donné de garanties très clairs sur ceux-ci.
Qu'il y ait des catholiques qui mettent un écran de fumée sur la guerre en Irak ou d'autres sujets en s'appuyant sur le combat pro life, c'est regrettable mais j'ai du mal à penser qu'ils soient nombreux dans ce cas là. N'inventons pas des épouvantails à éliminer.

Ludovic

[ De PP à L. - Le fait que ces gens puissent exister vous déplaît, je n'en doute pas. De là
à m'accuser de les imaginer... Si vous croyez que j'invente ce dont je parle, vous devriez fréquenter des blogs plus conformes à vos normes. ]

Cetet réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Ludovic | 10/11/2008

JE NE VOIS PAS POURQUOI

> C'est amusant, mais il me semble que l'on retrouve les mêmes thèmes et les mêmes discussions à propos d'Obama et Mac Cain que lors de nos discussion sur les présidentielles françaises? Il y a des critères non négociables pour un chrétien. Conclusion: abstention ou vote blanc. Je ne vois pas pourquoi on s'écharperait sur tel ou tel point positif chez l'un et négatif chez l'autre mais cet autre a, lui, un autre point positif qui est négatif chez le premier et qui serait "plus" positif que le positif du premier (vous suivez toujours?) etc. Pour paraphraser un homme politique d'il y a quelques années: ils sont tous deux globalement négatif.

Écrit par : vf | 10/11/2008

Le texte du Père Culat portait sur la position défendue par certains évêques américains affirmant qu’un catholique ne pouvait pas voter pour un candidat pro-avortement. C’est par rapport à cette approche que je réagissais. Il est possible qu’il y ait des catholiques « ultra libéraux » hostiles à l’avortement mais très franchement je ne crois pas que ce soit une position répandue aux USA (que cela existe en France relève d’un autre débat qui n’a pas de rapport direct avec l’intervention des évêques américains). Il faut rappeler que les catholiques américains votaient massivement pour le Parti Démocrate jusqu’à ce que ce dernier adopte majoritairement des positions en contradiction avec les enseignements de l’Eglise sur les questions de société. De toutes manières, le simple fait de s'opposer à l’avortement réduit de facto l’éventuel "ultra-libéralisme" puisque cela implique que, dans ce domaine au moins, on rejette la loi du marché.
La position des évêques qui ont mis l’accent sur la question de l’avortement a été très précisément motivée ; ce ne fut pas une simple affirmation brutale mais un raisonnement argumenté sur les principes devant guider le choix entre les candidats.
1) La question de l’avortement devait passer au second plan si tous les candidats en présence avait été favorables à l’avortement.
Admettons que Mc Cain n’ait pas été très engagé en faveur de la vie. Il reste que le choix du colistier joue ici un rôle puisque Joe Bidden fait partie de ces « catholiques » favorables à l’avortement. Ajoutons en passant que, comme Nancy Pelosi, Joe Bidden prétendait faire la leçon aux évêques en affirmant que l’Eglise catholique n’a pas toujours défendu le principe selon lequel la vie commence à la conception. Sarah Palin en revanche était explicitement et personnellement engagée dans le refus de l’avortement.
Mais surtout, point crucial, dans le débat télévisé sur la question des nominations à la Cour Suprême, Mc Cain avait indiqué qu’il ne tiendrait compte que des compétences et non des opinions personnelles alors qu’Obama a mis en avant le critère de l’attitude à l’égard de Roe vs Wade. Or, c'est bien à la Cour Suprême que tout se joue.
2) Si l’on admettait que le ticket Républicain était plutôt pro-vie, y avait-il des raisons graves et impératives nécessitant que l’on passe outre au critère de la position à l’égard de l’avortement?
Les évêques qui sont intervenus ont estimé que ces conditions n’étaient pas réunies. C’est en rapport avec ce point que j’avais détaillé les questions évoquées par le Père Culat.
Il est vrai qu'une véritable politique cohérente pro-vie ne peut se réduire aux seuls aspects juridiques mais aucun évêque n'a prétendu que l'on se trouvait dans une configuration optimale du point de vue catholique.
Pour terminer, je signale que la chaine EWTN a défendu la position pro-vie ; ce fut en particulier le cas de Father Benedict Groeschel. Il s’agit de l’un des franciscains du Bronx qui s’était d’ailleurs engagé très jeune dans les combats en faveur des Droits Civiques. Je ne crois pas que l’on puisse classer le Père Groeschel parmi les ultra libéraux enragés.

xb


[ De PP à XB :
Ni le P. Culat, ni moi, chacun dans son genre, ne faisons de la politique américaine.
Lui et moi parlons de catholiques français qui croient devoir "s'engager" en politique américaine, prenant parti pour l'un, contre l'autre, comme si on leur demandait
de jouer à ça.
Depuis 2001, on les voit militer plus ou moins ouvertement en faveur du bushisme : non seulement au nom du pro-life, mais en justifiant l'impérialisme et les guerres injustes au nom d'une véritable manie antimusulmane (assortie chez eux de xénophobie à peine dissimulée). Ne me demandez pas de les nommer, je ne le ferai pas. Mais il suffit de surfer un peu pour les trouver.
On doit nettoyer l'esprit catholique français de ces scories idéologiques héritées des années 1980, à l'époque où Reagan faisait rêver la droite française (et croyez-moi, j'en sais quelque chose, étant donné le journal dans lequel je travaillais à l'époque). Les mêmes et leurs enfants croient encore aujourd'hui que les Russes sont l'ennemi de l'Europe et que les missiles de Bush nous protègeront d'eux ainsi que des Iraniens, etc, etc. Mais oui, c'est idiot ; il est donc un peu triste de voir de gens le croire. On ne peut que leur conseiller d'acheter le DVD du film de 1997 "Wag the dog" ("Des hommes d'influence") de Barry Levinson, qui disait d'avance ce qu'était le système virtualiste washingtonien, avec ses conséquences sur le reste du monde...
Bref : ce débat précis, dans ce blog, ne vise à rien d'autre qu'à aider des Français à s'éclaircir les idées et à recouvrer un point de vue français (et européen) sur la marche
de la planète.
Il vise aussi à remettre en lumière une distinction de bon sens : universalité catholique
ne veut pas dire allégeance politique séculière.
Mais ce débat ne cherche en rien à "intervenir" sur la scène US ; laissons ça aux naïfs. ]

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Écrit par : xb | 10/11/2008

HOLISTE

> Merci PP / Pere Culat pour cet article et ces commentaires eclairants ; cela fait des annees que je m'empoigne avec nombre de mes connaissances en essayant de defendre cette idee d'une position prolife "holiste" comme le dit plus haut l'un des commentaires, "comme l'engagement de tout chretien a suivre le Christ"... des annees a affronter des positions du type "mais tu es une catho de gauche ou quoi" des l'instant ou on met en avant les implications sociales de la defense de la vie - implications qui, nous sommes bien d'accord, doivent rester en ligne avec la Doctrine Sociale de l'Eglise en general, et ce qu'elle dit sur la place de l'Etat central en particulier (principe de subsidiarite etc)... Non il ne s'agit pas d'accueillir tous les pauvres du monde, ni de lancer l'argent du contribuable par la fenetre... mais entre ca et l'ultraliberalisme il y a tout de meme de quoi trouver un juste milieu !
Neanmoins je rejoins tout a fait Roxane sur le fait que la question de l'avortement est indubitablement la cle de voute du reste de la construction, et a ce titre, meme si s'il faut mettre un point d'honneur a essayer d'evaluer l'ensemble des positions des differents candidats d'une election par rapport a ce que preconise l'Eglise, c'est, au moment du choix, la question de l'avortement qui predomine. Un bebe qui nait a besoin d'une assurance sante pour survivre (ce n'est rien de le dire dans notre pays d'accueil, la Chine)... mais la plus belle des couvertures maladie ne remplacera jamais un bebe.
Enfin, evaluer les candidats, estimer, critiquer, choisir, c'est bien... mais on en revient a l'appel tant entendu pour que davantage de chretiens profondement ancres dans l'enseignement de l'Eglise s'engagent en politique... Surtout pas dans un "parti catholique" (peut-on d'ailleurs mettre Dieu dans un programme politique par definition soumis aux aleas du moment). Le catholique en politique est le meme que le catholique en entreprise ou ailleurs : il ne fait pas de sa foi un etendard mais est vertueux et agit en Verite en invoquant le Saint Esprit dans tout ce qu'il fait. Et le changement arrive... Voir a ce sujet les enseignements de Saint J-M Escriva.

Écrit par : Marie-Claire | 12/11/2008

@ PP

> En parlant du moindre mal, et du discernement nécessaire, je n'avais pas l'impression de zapper votre question, à laquelle je réponds sans la moindre hésitation : non ! Il ne faut pas fermer les yeux sur tout le reste !

Écrit par : Thiébaut | 12/11/2008

LES UNS LES AUTRES

> "Tant que la morale familiale et bioéthique sera mise au-dessus de la morale sociale, il y aura incompréhension et fossé entre de nombreux catholiques". (Père Culat). Je crois que c'est très vrai. Il faut relever le défi de montrer la très grande unité entre tous ces aspects de la lutte "pro-life". Ainsi il me semble que l'attention aux pauvres et notamment aux migrants, le respect de leur dignité et de leurs droits, fait partie des fameux "points non-négociables" qui sont censés guider le catholique dans ses choix électoraux. Il est intéressant de rappeler que la Sainte Famille, fuyant le massacre des Innocents, se retrouve dans la situation de l'étranger, du migrant... Comme si les deux thèmes étaient prophétiquement liés. L'enfant à naître, comme le migrant, ou la personne pauvre, vient me déranger dans mes habitudes, mon confort, mes pensées toutes faites. Il m'appelle à la responsabilité et au témoignage. Je pense que Dieu voit son Fils dans ces deux figures de l'humanité ignorées par la "gauche" comme par la "droite" (ces catégories n'ont d'ailleurs plus beaucoup d'importance): l'embryon comme le migrant. Je dois à mon père, qui a toujours, concrètement lié les deux (engagement au service des migrants toujours bienvenus à la maison comme de véritables amis qu'ils sont devenus, engagement intellectuel au service de la vie et contre l'avortement) de percevoir cette unité. Merci à ce blog, de contribuer à nous aider à cette prise de conscience. Les débats sont animés (ces questions sont graves et notre désarroi au sujet des moyens d'action est grand) et tant mieux, cela prouve que nous devons essayer, en nous aidant les uns les autres, dans la charité et l'accueil d'opinions différentes dont il y a toujours quelque chose de pertinent à retenir, de faire émerger une telle unité de pensée.

Écrit par : MB | 12/11/2008

LES DEUX

> Oui MB, les chrétiens seraient plus crédibles s'ils tenaient toujours les deux bouts de la chaîne du respect de la vie et de la dignité de chaque homme... indissociablement.

Écrit par : Michel de Guibert | 12/11/2008

LES DEUX FACES

> Merci, MB, pour cette judicieuse analyse, qui vient compléter celle, déjà très clairvoyante, du père Culat.
Tout se passe comme si ces deux conceptions de la vie et de la dignité de l'homme, comme le dit justement Michel de Guibert, sont les deux faces d'une même médaille qui se tournent le dos mais sont aussi essentielles pour l'évolution de l'humanité et ont un caractère d'universalité. Mais ne pensez-vous pas que le traitement collectif de ces deux grandes questions sont décalées, voire contradictoires aux yeux de l'homme occidental ?
Car enfin c'est au nom d'une "certaine idée" de justice, d'un progrès social qu'on défend le droit à l'avortement de ce côté-ci de l'Atlantique, et c'est au nom d'une "certaine idée" de la famille, de l'homme américain (WASP, "in God we trust" etc..) et de la collectivité qu'on défend la vie de l'autre côté.
A mon sens les destins de la France et des USA sont intimement liés, en tant qu'il sont devenus des exemples de sociétés pour le reste du monde.

Écrit par : Frédéric Ripoll | 13/11/2008

à FR

> Oui, la notion de dignité de l'homme est devenue "relativiste". Il suffit de mettre en face le nom de l'"Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité", et son objet qui conteste le fait que tout homme ait une dignité intrinsèque, quelle que soit sa situation. La dignité de l'homme devient ainsi une "attribution", sur des critères variables au cours du temps, et non plus un "état". À nous de montrer le contraire, par nos engagements et nos attitudes ; à nous d'aimer certes l'enfant à naître et la personne en fin de vie, mais aussi la très jeune femme qui attend un enfant de manière "inattendue", tous ceux qui n'ont pas pu s'adapter à notre société de compétition, tous ceux qui promeuvent volontairement ou non la culture de mort...

Écrit par : Thiébaut | 14/11/2008

OBAMA

> Au sujet des positions de Barack Obama, je crois que le texte suivant mérite d'être lu (en anglais hélas):
http://www.thepublicdiscourse.com/viewarticle.php?selectedarticle=2008.10.14_George_Robert_Obama's%20Abortion%20Extremism_.xml
McCain n'a peut-être pas été le plus engagé des pro-life. Il n'en reste pas moins qu'il demeure infiniment éloigné du radicalisme effrayant - devrais-je dire: du fondamentalisme - d'Obama sur cette question.
Quant à la question qui sucite ici le débat, je crois qu'on ne peut qu'acquiescer: le respect de la vie ne se limite pas à la question de l'avortement. Pour autant, il me semble qu'il y a une claire différence de nature entre un acte qui est un mal intrinsèque et des choix politiques qui sont le plus souvent discutables. Je comprends l'intention du Père Culat mais son argumentaire finit par induire une certaine confusion. Non, on ne peut se dire catholique et accepter l'avortement. Oui, on peut se dire catholique et penser par exemple, après une analyse des faits, que restreindre la libre circulation des armes ne sauverait pas beaucoup de vies - de lycéens ou d'autres (je ne dis d'ailleurs pas que c'est mon opinion, je n'ai simplement jamais étudié la question). L'Eglise aussi fait cette distinction: on est excommunié pour participation à un avortement, pas pour participation à la guerre en Irak ou pour une politique sociale trop libérale.

Écrit par : Mathatias | 16/11/2008

USA

> Mathatias, je comprends votre distinction et je l'admets bien volontiers.
Dans le cas de la guerre en Irak, il est évident que le pape ne peut pas excommunier Bush (qui n'est pas catholique!) ni les GIs... Jean-Paul II a clairement dit à l'époque le caractère injuste de cette guerre du point de vue de la doctrine de l'Eglise (celle justement de la guerre juste), ce qui signifie en toute logique que si M. Bush avait été catholique, il aurait dû se poser bien des questions avant d'aller communier... Car objectivement il a commis un grave péché sans parler des mensonges (cet homme prête serment sur la Bible!)que lui et son administration ont proférés et couverts pour faire passer la pilule... Les hommes politiques ont une grave responsabilité morale quand il engagent une guerre (qui fera forcément des morts des deux côtés et qui coûtera très cher au pays). Le militaire quand à lui, qu'il soit catholique ou pas, est tenu de par son statut à l'obéissance. Donc sa responsabilité personnelle est très atténuée. Sauf s'il se porte volontaire dans une guerre injuste.
Michael Moore, que l'on peut ne pas apprécier, avait interviewé des sénateurs en faveur de la guerre en Irak en leur demandant votre fils y est-il? Les réponses embarrassées finissaient toutes par "non". Dans le même reportage on voyait les officiers américains allant recruter de la chair à canon, souvent noire, dans les quartiers pauvres des grandes villes américaines, tout cela est finalement très peu moral...
Quant au documentaire sur le massacre de Columbine il remet bien les pendules à l'heure. La droite américaine bien pensante avait accusé Marilyn Manson d'être à l'origine de ce massacre. En fait ces jeunes admiraient Hitler et surtout ils ont pu se procurer des armes comme nous pouvons acheter une bouteille de lait... L'Amérique, pays que je connais et aime bien, est très contradictoire: vous ne pouvez pas vous balader avec une bouteille de bière à la main dans la rue, mais vous pouvez avoir une arme très facilement... L'association, le lobby, pour le droit aux armes, n'a émis aucune repentance suite au massacre de Columbine, elle a même nargué les familles des victimes d'une manière odieuse en organisant un meeting pour que ce droit sacro-saint, datant de l'époque des cow-boys et des indiens, soit bien maintenu malgré tout. Malheureusement ce n'est pas Obama qui va changer quelque chose à cette loi obsolète (peut-être que le commerce des armes prime une fois encore sur la protection de la vie).

Écrit par : Père Robert Culat | 18/11/2008

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