14/10/2008
Le prix Nobel d’économie à Paul Krugman, juge sévère de la politique Bush
« Barack Obama a tort de dire qu'une administration McCain-Palin serait la même chose que l'ère Bush-Cheney. Ce serait pire, bien pire".
<< L'Américain Paul Krugman, économiste de la mondialisation et éditorialiste réputé pour ses charges contre l'administration Bush, a reçu lundi le prix Nobel d'économie pour ses travaux sur le commerce international. Professeur à la prestigieuse université de Princeton, Paul Krugman, 55 ans, a été récompensé pour "avoir montré les effets des économies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité économique", a expliqué l'Académie royale suédoise des sciences dans ses attendus.
Depuis 1999, il tient une tribune dans le New York Times. Il y décoche ses flèches acérées contre la politique du président américain George W. Bush.
Le prix a été décerné alors que le monde subit l'une de ses plus graves crises financières depuis le krach de 1929. Krugman a très sévèrement jugé la réponse initiale du locataire de la Maison Blanche à la crise financière, la qualifiant d'"idéologique". Dans sa dernière tribune, publiée le jour du Nobel, il vantait au contraire les mérites du Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui, selon lui, a fait preuve de "clarté et de détermination" dans la tourmente.
Ses analyses économiques, diffusées depuis la fin des années 1970, ont permis de mieux comprendre la mondialisation de l'économie, la mobilité de la production, de la main d'oeuvre et des capitaux.
Pourquoi sommes-nous affectés par la mondialisation ? Quels sont les effets du libre-échange? Pourquoi de plus en plus de gens affluent dans les grandes centres urbains tandis que les campagnes se vident ? Autant d'enjeux que cet universitaire à la double formation d'historien et d'économiste, souvent à contre-courant des écoles libérales, n'a eu de cesse d'examiner. Selon lui, la mondialisation tend à concentrer la production et les populations - et donc la croissance - dans les régions déjà les plus favorisées, creusant un peu plus l'écart entre "le centre urbain de la haute-technologie et ses périphéries sous-développées".
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M. Krugman a publié sa thèse de doctorat sous la direction de l'économiste indien Jagdish Bhagwati, notamment réputé pour ses analyses des déséquilibres économiques Nord-Sud.
Ses éditoriaux du lundi ne se contentent pas de parler économie. Il y accuse notamment le président Bush "de se livrer à la tromperie" sur l'Irak et l'économie. Il a écrit récemment d'un ton ironique que le candidat démocrate à la présidentielle américaine Barack Obama avait "tort de dire qu'une administration McCain-Palin serait la même chose que l'ère Bush-Cheney. Ce serait pire, bien pire".
Depuis sa première édition en 1969, le prix Nobel d'économie avait fait la part belle aux théoriciens de l'école de Chicago, promoteurs du libre-échange, à telle enseigne qu'on a pu parler d'un "Stockholm-Chicago express" au sujet de la récompense. >>
(Source : Boursorama).
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Commentaires
PAS PEUR
> Krugman peut qualifier d'idéologique le plan Bush-Paulson mais son propre jugement est totalement inféodé au parti Démocrate (le simple fait de tenir chronique dans le New York Times - quotidien dont les penchants sont comparables à ceux du Monde - en témoigne à l'envi).
En outre, oser louer la politique menée par Gordon Brown en usant des termes "clarté et détermination", prouve qu'il n'a pas peur du ridicule.
Pour mémoire, c'est Gordon Brown qui est à l'origine du transfert de la supervision des banques de la Banque d'Angleterre au FSA (Financial Services Authority) ; cette mesure est directement responsable de la prise de risques insensés par certaines banques comme Northern Rock. La panique bancaire de Northern Rock date d'août 2007 et il est admis que le gouvernment britannique a tardé à réagir et n'a rien fait pour prévenir la situation actuelle.
Toutes les mesures prises par les gouvernements travaillistes de Blair à Brown ont accentué les tendances à la déréglementation et à l'essor des marchés financiers mises en place à l'époque Thatcher.
Brown est aussi à l'origine d'un endettement considérable de l'Etat en Grand Bretagne et il a favorisé aussi l'endettement privé et la bulle immobilière.
Rappelons également que la déréglementation bancaire aux USA est due à l'administration démocrate de Bill Clinton.
Quant aux mesures récentes, la nationalisation des banques ne résoudra pas le problème fondamental des créances de mauvaise qualité qu'il faudra éliminer: l'Etat acquiert des actifs dont la valeur va s'effondrer ; c'est une généralisation de la gestion de la faillite du Crédit Lyonnais (à l'époque banque appartenant à l'Etat): faire payer le contribuable.
N'oublions pas que les gens comme Krugman ont constatemment milité en faveur de taux d'intérêt très bas de la part des banques centrales; or, ce sont ces taux très faibles qui ont incité au surendettement.
Écrit par : xb | 13/10/2008
TOUT FAUX ?
> Que voulez-vous dire, xb ? Que tout est faux dans Le Monde, même quand on y trouve des choses exactes, ou que le NYT a forcément toujours tort parce qu'il n'a pas votre philosphie d'ensemble ? Ou que le parti démocrate a tort sur tout parce qu'il est démocrate ? Ce qui voudrait dire a contrario que les tarés neocons du parti republicain sont des gens bien ? alors qu'ils n'ont pas une idée commune avec l'Eglise catholique que vous défendez par ailleurs ? (Chose normale puisque ce sont pour la plupart d'anciens trotskistes reconvertis dans l'ultralibéralisme, nouvelle façon plus efficace de réaliser la société de masse planétaire ?)
Écrit par : Chomp | 13/10/2008
@ Chomp :
le manichéisme ne mène nul part.
Ce que dit XB c'est que le NYT est inféodé au parti démocrate, comme Le Monde est inféodé au PS.
Est-ce un jugement sur l'exactitude des informations ?
NON.
C'est un jugement sur leur traitement. Quand on lit dans Le Monde que le Pape risque de faire un bide en France, l'information c'est que le Pape vient en France, le traitement c'est l'histoire du bide et qui est une forme d'anti-cléricalisme typique de gauche.
La société n'est ni toute blanche ou toute noire. Dire du mal du parti démocrate n'est pas la même chose que dire du mal du parti républicain.
Il existe une 3e voix : dire du mal des 2 partis sur les points où les 2 partis sont dans l'erreur.
En utilisant une fibre manichéenne, vous faites le jeu des USA qui ne sont pas capables actuellement de penser autrement, et par conséquence de tout un pan de la société qui ne voit que des chocs et des affrontements partout sans jamais voir les idées communes.
Exemple : le traité de Lisbonne ne France.
Le PS et l'UMP sont favorable à ce défunt traité, en opposition contre les Français.
Donc, pour virtualiser l'opposition entre les 2 partis, le PS s'est abstenu au Congrès au lieu de voter contre.
La machine manichéenne a fait le reste : le PS se serait opposer par son abstention à l'UMP.
Or en s'abstenant, le PS permettait au Traité de passer en France. Si le PS avait voté contre, il y aurait eu référendum.
Quel média a dénoncé cette traitrise ?
Englués dans leur manichéisme, ils n'ont rien vu.
Autre exemple :
Quand les républicains parlent économie, ils feraient mieux de se taire. Par contre, ils sont pro-vie. Donc sur le plan de la bioéthique on peut les suivre.
Le Bien et le Mal sont liés ensembles et difficilement séparable. Relisez l'Evangile, c'est écrit dedans, dans la parabole du bon grain et de l'ivraie.
Écrit par : boris | 14/10/2008
KRUGMAN
> Krugman est un excellent économiste, d'une lucidité remarquable, ce que ne peuvent pas dire les rigolos libéraux auteurs de la méga-cagade actuelle ! Et qu'on ne dise pas qu'ils sont très bien parce qu'ils sont fidèles à leur femme et sympathisent avec les familles nombreuses, ça n'aurait rien à voir avec le sujet (et en plus ce ne serait pas vrai).
Dire qu'un type est forcément mauvais parce qu'il est de gauche, c'est nul comme réflexe, surtout en 2008.
Lu ce matin, et je suis d'accord :
"Paul Krugman a l'art de manier les statistiques pour expliquer la déconnexion entre la croissance économique globale d'une part, et le sort de la grande majorité des américains, sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis. Il peut aussi sortir ses griffes pour éreinter les "armes de distraction massive" d'une minorité du parti républicain ("the party of stupids") engluée dans les affairisme et la corruption. Il peut disséquer enfin -et sans fin- la cuulture du capitalisme de copinage du gouvernement Bush, et ses conséquences explosives sur les Américains."
PK est "l'un des précurseurs (avec Nouriel Roubini) à avoir prévu la plus grande crise financière depuis 1929". Qui prétend lui faire la leçon ? ceux qui n'avaient rien prévu ? ceux qui ont spéculé à la baisse ? Les quarante voleurs ? Le Medef ?
Écrit par : Tertulia | 14/10/2008
@ Boris
> Pardon, mais vous mélangez tout. Si vous faites du moralisme quand on vous parle de faits, aucune discussion n'est possible. C'est de la bouillie d'ayatollah. Avec des raisonnements pareils on ne lit plus rien, on ne s'informe plus, on fait de la théorie en chambre, et on donne des leçons agressives aux autres.
Écrit par : Chomp | 14/10/2008
SE RENDRE COMPTE
> Ce qui me fait peur en ce moment, c'est qu'on nous annonce à grande pompe la fin du libéralisme, mais que personne n'a l'air de se rendre compte de la portée des "solutions" imposées par nos gouvernements. Assurer les fonds des banques, rembourser leur dette, c'est ni plus ni moins que de leur apporter l'impunité économique ainsi que le statut symbolique d'institutions prééminentes dans la société. Que les banques soient ou non nationalisées ne change pas grand chose : c'est le contribuable qui doit se saigner pour que se perpétuent les larcins de la finance, ce sont les pauvres qui donnent toujours plus aux riches. En d'autres termes, le libéralisme est peut être agonisant, mais ce qui naît aujourd'hui, c'est un véritable totalitarisme financier. Jamais l'argent n'aura eu plus d'importance que dans cette société prête à tous les sacrifices pour sauver le crédit.
Alors, que l'on soit démocrate ou républicain, socialiste ou umpiste, au final, c'est toujours vers l'argent que se porte notre inféodation, et le peuple est toujours en bas, le dernier servi.
Écrit par : Quentin | 16/10/2008
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