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13/09/2008

La « messe de masse » des Invalides, vue par la presse – et par les catholiques qui y ont pris part

20080913114299207270492[1].jpgMiracle ! Grâce à Benoît XVI, le sens profond de certaines choses commence à se dévoiler aux médias :


 

  

Version médias :

 

<< Avant de quitter Paris, Benoît XVI a présidé une messe devant une esplanade des Invalides noire de monde. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, en majorité des jeunes, avaient passé la nuit sur place pour être aux premières loges. Selon le diocèse de Paris et la police, 260.000 personnes s'étaient massées sur l'esplanade, le pont Alexandre III et la place Vauban toute proche où étaient installés des écrans géants. Le pape a officié sur un podium monumental de bois clair qui descendait doucement vers l'assistance et où douze oliviers, symboles de paix, avaient été installés. Une cinquantaine d'évêques et 1500 prêtres avaient pris place sur la structure.

"N'ayez pas peur! N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ!", a dit Benoît XVI dans un vibrant appel aux vocations religieuses, reprenant, comme la veille devant les jeunes, une exclamation chère à son prédécesseur Jean-Paul II. "Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au coeur de l'Église! Rien ne remplacera jamais une messe pour le Salut du monde!", a-t-il souligné .

Le Souverain pontife a donné la communion à une quarantaine de personnes qui l'ont reçue à genoux, une pratique d'avant le Concile Vatican II, perpétuée par les traditionalistes et à laquelle Benoît XVI est attaché. >>

 

 

Commentaire :

 

Rien à redire à ce compte rendu, sinon qu’il manque d’approfondissement (mais c’est la loi du genre).  Le journaliste a perçu des points importants :

>  Le grand nombre des « pèlerins du pape » - mais il aurait pu signaler la moyenne d’âge, beaucoup plus jeune que celle des messes paroissiales ;

> La sobriété très écologique de la décoration : podium de bois nu, oliviers en terrasse ;

>  Et surtout, le cœur nucléaire du propos de Benoît XVI.  Le journaliste a compris que le pape était venu parler au peuple catholique de l’eucharistie, et donc : 1. du rôle vital du prêtre (ce qui donne confiance au jeune clergé, et disqualifie les vieux partisans d’une protestantisation de l’Eglise catholique) ; 2. du sens de la Présence réelle, donc aussi du respect qui lui est dû : respect à exprimer dans le geste de communion, à genoux et sur les lèvres. [*]

 >

> A lire : le reportage de Claire Chartier sur le site de L'Express :

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/270-000...

 

J’ajoute mon impression personnelle. Avec des centaines de milliers d’autres, j’ai senti cette « messe de masse » comme un tournant dans l’histoire récente de l’Eglise française. Lisons l’homélie du pape,

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080913_parigi-esplanade_fr.html

 …et notons ce sur quoi il insiste :

- « Frères et sœurs, entourons de la plus grande vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Église et à toute l'humanité. Ne négligeons rien pour lui manifester notre respect et notre amour ! Donnons-lui les plus grandes marques d'honneur ! Par nos paroles, nos silences et nos gestes, n'acceptons jamais de laisser s'affadir en nous et autour de nous la foi dans le Christ ressuscité présent dans l'Eucharistie ! Comme le dit magnifiquement saint Jean Chrysostome lui-même : « Passons en revue les ineffables bienfaits de Dieu et tous les biens dont il nous fait jouir, lorsque nous lui offrons cette coupe, lorsque nous communions, lui rendant grâce d'avoir délivré le genre humain de l'erreur, d'avoir rapproché de lui ceux qui en étaient éloignés, d'avoir fait, des désespérés, et des athées de ce monde, un peuple de frères, de cohéritiers du Fils de Dieu » (Homélie 24 sur la Première Lettre aux Corinthiens, 1). En effet, poursuit-il, « ce qui est dans la coupe, c'est précisément ce qui a coulé de son côté, et c'est à cela que nous participons » (ibid.). Il n'y a pas seulement participation et partage, il y a «union», dit-il. »

- « La messe nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu et ce qui, en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal. Dans la messe, nous ne voulons appartenir qu'au Christ et nous reprenons avec gratitude le cri du psalmiste : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'Il m'a fait ? » (Ps 115, 12). »

- « À tous les hommes de bonne volonté qui m'écoutent, je redis comme saint Paul : fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de faire le bien ! Que Dieu notre Père vous conduise à Lui et fasse briller sur vous la splendeur de sa gloire ! Que le Fils unique de Dieu, notre Maître et notre Frère, vous révèle la beauté de son visage de Ressuscité ! Que l'Esprit Saint vous comble de ses dons et vous donne la joie de connaître la paix et la lumière de la Très Sainte Trinité, maintenant et dans les siècles des siècles ! »

  

Sens vital de l’eucharistie, à retrouver d’urgence s’il s’était affadi.  Discernement en nous-même, au lieu de croire que la vie spirituelle consiste à « exprimer nos émotions ».  Appel à tous les « hommes de bonne volonté » : cap au large !

 

20080913114399207149606[1].jpg

Je souligne un dernier point, qui n’a pas encore été relevé. Le livret initial de cette messe comportait, après l’homélie, une profession de foi dialoguée entre le pape et la foule. Celle-ci devait répondre : «  nous croyons ». Benoît XVI a demandé que cette formule soit remplacée par un « je crois ». Deux cent soixante mille individus ont donc répondu « je crois », chacun à titre personnel : démarche intime de conversion et d’engagement !  La foi catholique n’est pas adhésion à une institution, ni obéissance grégaire. Elle est un choix personnel : une réponse personnelle à la grâce de Dieu. Voilà l’une des modifications du pape à la liturgie proposée par le diocèse de Paris... Certains de mes confrères pourraient réfléchir là-dessus, au lieu de s’obnubiler sur la présence ou l’absence de trois prières en latin. Encore un effort pour apprendre à faire comme Benoît XVI : aller à l’essentiel.

  

____

[*]  Quant aux « traditionalistes » , là n’est vraiment pas la question. 

 

Commentaires

LES DEUX FILLON

> J'ai entendu que M. Fillon était aux Invalides. Chic, alleluia. Lors du débat sur la loi anti-voile islamique, le même M. Fillon s'était distingué en dénonçant (pour la symétrie) d'hypothétiques lycéens porteuses ou porteurs de "grandes croix offensant les convictions des autres". Lequel de ces deux Fillon est le vrai ? Ceui qui se montre dans une grand'messe, ou celui qui fait de la cathophobie prétexte ?

Écrit par : Torbenn | 13/09/2008

RENOUVEAU

> C'était beau, lumineux, recueilli (malgré quelques applaudissements à la fin de l'homélie), et surtout nous avons eu une homélie de pape ! Remarquable de profondeur et d'intelligence, dite avec des mots qui pouvaient toucher tous les fidèles. Que l'Esprit-Saint oeuvre dans le coeur de chacun pour que ce voyage apostolique marque un profond renouveau dans la vision que les catholiques ont de l'Eucharistie !

Écrit par : Edouard | 13/09/2008

INADEQUATS

> Restons optimistes ; cela est sans doute un des éléments constitutifs de la vertu cardinale d'Espérance.
Néanmoins, pour quelques compte-rendus honnêtes de media -qui, une fois n'est pas coutume, se trouvent obligés de l'écouter et s'aperçoivent que le Saint-Père évoque d'abord des questions spirituelles et théologiques et en sont désorientés tant ils n'en soupçonnent ni les premières notions, ni les enjeux- que d'erreurs et d'enfermement dans une lecture politique inadéquate.
Ainsi, écoutant la radio à mon retour de cette belle et profonde messe des Invalides, que de commentaires hasardeux et de débats à sens unique.
Florilège :
En fin de soirée ce soir, un débat avec pour thème "Benoît XVI est-il réactionnaire ?" sur une grande radio périphérique.
Sur une radio d'info permanente : en quelques minutes, enchaînons-nous les 150 ans des apparitions de Bernadette et une grotte de Massabielle creusée par cette même Bernadette.
Sans oublier les "spécialistes" invités à commenter ce voyage : rédacteurs laïcistes de livres sur les intégristes du Pape ou animateurs d'une revue de destruction d'une Eglise à laquelle rien ne les raccroche plus (ni les dogmes qu'ils rejettent, ni les structures dont ils se défient) présentés comme la voix des laïcs catholiques.
Que de chemin encore à parcourir. En attendant, comme je l'ai lu cette semaine (chez vous ?), nous restent les Béatitudes : "Heureux êtes-vous si l'on dit toute sorte de mal contre vous à cause de moi" (de mémoire ; vous voudrez bien excuser une éventuelle approximation).

Écrit par : Guillaume | 13/09/2008

JE ME REJOUIS

> Je me réjouis également de ce grand moment. La foule, le beau temps, la ferveur, tout cela témoigne de la vitalité de l'Eglise. Merci à Benoît XVI.

Écrit par : Annie | 14/09/2008

CHRYSOSTOME

> Le Saint Père reprend en catéchèse, ce qu'écrivait saint Jean Chrysostome, puique c'était en l'honneur de sa fête, il était le saint du jour;
or, sur la deuxième chaine nationale, celui qui dirige la revue "Le monde des religions", n'a pas hésité une seconde pour balancer au spectateur que saint Jean Chrysostome était l'un des écrivains les plus antisémites qui soit;
à quel(s) texte(s) fait-il référence, et pire cela n'est-il pas, encore, une contre vérité du bonhomme pour mieux vendre sa revue?
l'Eglise a toujours condamné l'hérésie mais pas l'hérétique, et ça c'est sûr, saint Jean Chrysostome l'a écrit puisque je l'ai lu personnellement!...pour le reste, est-ce quelqu'un a plus d'info?

Écrit par : jean christian | 14/09/2008

LA COMMUNION

> > Pourrait-on essayer d’aborder la question de la manière de recevoir la communion (sur la langue ou dans la main) paisiblement, et non en faire l’objet d’une querelle bien dans la tradition française ?
Sans avoir besoin de sondages ni de statistiques, il n’est guère douteux que le nombre des catholiques qui ne croient pas à la présence réelle est plus élevé parmi ceux qui tendent la main que parmi ceux qui tendent la langue : la manière dont certains prennent l’hostie comme un petit gâteau n’a généralement rien d’une profession de foi.
Pour autant, ceux qui tendent la main ne sont pas tous des hérétiques, et ils peuvent le faire avec beaucoup de respect et de dignité. On ne peut pas oublier que la seule forme de réception de la communion connue par l’Église ancienne était dans la main. Inutile de transcrire ici l’admirable texte de saint Cyrille de Jérusalem, qui recommande même de garder fidèlement la tradition sur ce point. L’expérience prouve en outre que la réception dans la main est plus pratique et (soit dit sans vouloir choquer personne) plus propre.
Nous avons certainement besoin d’une catéchèse sur la présence eucharistique — comme sur bien d’autres points, puisque nous avons en France deux générations sinistrées en matière de catéchèse — mais il serait infiniment regrettable d’en faire un thème de combat, comme si la pratique des uns devait être interprétée comme une condamnation des autres. Du reste, ceux qui reçoivent la communion dans la bouche sont-ils certains que leur langue est plus pure et innocente que leur main ?

Castor


[ De PP à C. - D'accord avec vous sur tous ces points. Ce qui a déformé le problème, ce sont effectivement les polémiques des années 1970-80, et le fait que la communion dans la main a été surinterprétée par des gens qui ne croyaient effectivement pas en l'eucharistie. S'y est ajouté la chute du "tonus croyant" dans le peuple chrétien : d'où ces attitudes pénibles à voir, qui augurent mal du degré de conviction de la personne. (Quoique dans ce domaine rien ne soit sûr et qu'il faille se méfier des apparences. Ne jugeons surtout pas).
Cela dit, Benoît XVI considère que l'attitude a son importance, et qu'il faut la réévaluer pour aider les fidèles à reprendre conscience de la dimension surnaturelle. Le mieux est de faire confiance au pape sur ce point, ne croyez-vous pas ? Tout en nous gardant, pour notre part, de la moindre polémique entre fidèles...
Un bon début, dans les paroisses, serait d'appliquer les directives romaines au sujet des laïcs dsitribuant la communion (chose qui a ses règles en Eglise et ne doit pas se faire n'importe comment).
Et de suggérer aux fidèles quelques gestes simples mais indispensables pour marquer leur adhésion personnelle, c'est-à-dire leur foi, donc leur respect du sacrement... En une époque où l'on ne cesse de mettre en valeur les choix de l'individu, l'acte de la communion gagnerait à ne pas avoir l'air moutonnier ! ]

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Écrit par : Castor | 14/09/2008

À NOTRE-DAME

> C'était génial, une messe extraordinaire ! à tous les médias qui font sans arrêt des comparaisons avec Jean-Paul II on pourrait rappeler la messe du Bourget où l'assistance était si clairsemée ! Oui il faut se réjouir de ce sermon et de ce qui avait été dit la veille! Vous n'évoquez pas la rencontre à Notre Dame je peux témoigner qu'étant avec mes élèves (serrés comme des sardines debout de 16h à 21h ) nous avons vécus aussi un moment tellement fort qu'ils m'on dit " tant pis on n'a fait qu'apercevoir la voiture mais ce sera un grand moment de notre vie " et ce qui m'a le plus touché ils m'ont demandé qu'on reprenne en classe le discours des Bernardins ( en fait nous n'entendions pas très bien avec la foule on avait du mal à se concentrer). Je précise que mes élèves ne sont pas de ceux qu'on appelle des" cathos-cathos" , je peux vous assurer que j'en étais bouleversée, de même que de leur attitude pendant les vêpres (que certains adultes ont trouvé chargées en latin) : hé bien ils ont chanté les répons en suivant dans leur carnet sans que cela pose le moindre problème et en trouvant que c'était beau ! vraiment rien que pour ces petis signes il faut rendre grâce pour cette visite.

marie


[ De PP à M. - Si, Marie, j'ai évoqué la veillée à la fin de la note sur les Bernardins. Mais je ne l'ai pas décrite en détail. Merci de votre témoignage. ]

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Écrit par : marie | 14/09/2008

LEUR FAIRE CONFIANCE

> Je suis d'accord avec tout ce que dit Castor.
Sauf sur un point : pourquoi dire que le nombre de catholiques ne croyant pas en la présence réèlle est plus nombreux chez ceux qui tendent la main ?...
qu'en sait-on ? rien du tout. Ils ont parfois une attitude désinvolte, car on ne leur a pas appris, ou ils ont oublié, les recommandations de saint Cyrille. Mais là non plus ne jugeons pas.
Charles de Foucaud croyait-il en la présence réelle lorsqu'au moment de sa conversion ce prêtre de la Madeleine l'a invité à communier ? On n'en sait rien. Peut-être n'y croyait-il pas encore.
Nous ne sommes bien sûr pas tous dans la situation de Charles de Foucaud à ce moment là. Mais ayons confiance en ceux que nous voyons communier, jusqu'à preuve du contraire.
Cette méfiance permanente de certains n'est pas bonne, et Benoît XVI vient de nous le dire, dès le début de son séjour ici...

Écrit par : Martine | 14/09/2008

À CASTOR

> La communion avec la main n'a rien à voir avec l'hérésie. Pour une raison toute simple : si l'on communie de cette manière, c'est uniquement parce que c'est de cette manière que l'on nous a appris qu'il fallait communier. C'est une question de transmission d'une pratique, voilà tout.

Écrit par : Blaise | 14/09/2008

UNE CATECHESE APPROFONDIE

> La question de Castor est très intéressante, parce qu'au delà des questions de pratique, elle montre que notre Pape a réussi à mettre au cœur de son action (et de son homélie de samedi) la notion essentielle de la nature de l'Eucharistie. Les formes de respect, qui s'expriment par le cœur autant que par le corps, sont indissociables de la compréhension que nous avons de cette nature.
On a pris la mauvais habitude, dans nombre d'endroits, de considérer que le fond obérait totalement la forme, considérée comme un règlement parfois tatillon. Seule compte la "sincérité". Or, dissocier les deux me semble dangereux : sans le fond, la forme n'est qu'un règlement. Sans la forme, le fond perd de sa signification, puisque nous sommes de êtres de chair et de sensibilité, et qu'il faut nécessairement que l'expression d'une réalité passe par nos sens, c'est à dire par une attitude visible et perceptible.
La question de la manière de donner et de recevoir la communion est donc, au delà des polémiques, importante. Soit il s'agit d'un symbole, comme le croient bien des pratiquants, et il importe peu qu'elle soit donnée sans forme particulière. Soit il s'agit du Corps du Christ, de Dieu incarné, et toute notre attitude doit être profondément respectueuse et l'exprimer par une discipline commune. Après tout nous avons, dans notre vie sociale, des codes sociaux auxquels chacun se plie ! Pourquoi pas dans notre vie liturgique ? Le point relatif aux laïcs fait partie de cette réflexion : si l'Eglise a édicté des normes très précises à ce titre, ce n'est pas par plaisir de réglementer, mais pour nous faire souvenir que le Corps du Christ est donné aux fidèles par les ministres ordonnés, qui, agissant in persona christi, accomplissent le sacrifice non sanglant qui constitue un mystère profond. Peut-être y a -t-il une catéchèse approfondie à faire à ce sujet !

Écrit par : Edouard | 15/09/2008

FORME ORDINAIRE

> Pour en finir avec cette stupide polémique médiatique de la forme de la communion : la forme "ordinaire" de la communion est celle sur la langue.
La forme "extraordinaire" de la communion, qui nécessite un indult de Rome, est dans la main.
N'allez pas tendre vos mains en Pologne, aux Philippines ou au Pérou, vous risquez d'être déçu du résultat !
Le Pape utilise la forme ordinaire, et du rite et de la communion. Il n'y a pas de polémique à faire là-dessus.
Qui peut reprocher au Pape d'utiliser des formes ordinaires ? Ordinaire veut dire "dans l'ordre de la nature". C'est une question de définition.
Ensuite, le texte de saint Cyrille, qui est en réalité très discuté, parle de la communion dans la main comme cela se pratiquait à l'époque : à genoux devant l'autel, les mains sous la nappe de l'autel !
Et ce ne sont pas les mains qui vont à la bouche, mais bien la tête qui se baisse pour communier "sur les lèvres".
Est-ce vraiment à cela qu'il faut revenir ?
Pie XII nous donne la réponse : NON, il faut se méfier de l'archéologisme liturgique. Si certaines formes ou certains rites n'ont pas résisté à l'épreuve du temps, il ne faut pas les "ressusciter" artificiellement.
Nous savons de nos jours que toutes les expériences liturgiques qui ont prétendue refaire la Cène à la Messe et justifier des pratiques en réalité proche de l'hérésie se sont basées sur des mensonges (lire "L'Esprit de la Liturgie" par un certain ... Card. Ratzinger).
La forme de la communion a évolué. De nos jours, la communion à genoux et sur la langue marque ce que le Pape dit lui-même être l'attitude nécessaire d'adoration (cf. les Pasumes, et le ps 94 en particulier) et en même temps cette phrase du Christ lui-même : cf. Jn X 17-18, Jn V 21.

Écrit par : boris | 15/09/2008

@ JEAN CHRISTIAN

> Il est de fait que St Jean Chrysostome a, dans nombre de ses sermons, des propos très virulents contre les Juifs ; mais il ne faut pas faire d'anachronisme, et il s'agit davantage d'antijudaïsme que d'antisémitisme au sens moderne du mot.

Écrit par : Michel de Guibert | 15/09/2008

DEUX PRECISIONS

> Je suis vraiment désolé d'avoir involontairement ouvert une polémique sur la forme de la réception de la communion, ce qui était tout à l'opposé de mes intentions.
Deux précisions.
1. Le n° 161 de la "Présentation générale du missel romain" (Traduction française: "L'art de célébrer la messe", Desclée-Mame 2008, p. 80) précise que "le communiant (...) reçoit le Sacrement dans la bouche ou bien, là où cela est autorisé, dans la main, selon son choix." Il n'est pas question d'indult ni de forme "extraordinaire".
2. Cyrille de Jérusalem écrit ceci :
"Quand donc tu t’approches, ne t’avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints ; mais fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi, et, dans le creux de ta main, reçois le corps du Christ, disant : « Amen ». Avec soin alors sanctifie tes yeux par le contact du saint corps puis prends-le et veille à n’en rien perdre. Car ce que tu perdrais, c’est comme si tu perdais l’un de tes propres membres. Dis-moi en effet, si l’on t’avait donné des paillettes d’or, ne les retiendrais-tu pas avec le plus grand soin, prenant garde d’en rien perdre et d’en subir dommage ? Ne veilleras-tu donc pas avec beaucoup plus de soin sur un objet plus précieux que l’or et que les pierres précieuses, afin de n’en pas perdre une miette ?"
J'ai lu sur un site lefebvriste que ce passage serait une interpolation due à un successeur hérétique de Cyrille. J'ignore si c'est à cela que Boris fait allusion en écrivant que ce passage serait "très discuté".
Je n'ai rien à ajouter.

Castor


[ De PP à C. - Je demande que la discussion s'en tienne là. Le moment serait particulièrement mal choisi ppour une Nième controverse entre catholiques, sous les yeux des cathophobes ravis ! ]

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Écrit par : Castor | 15/09/2008

DE LA MANIERE LA PLUS RESPECTUEUSE

> Le Pape a dit ailleurs que les deux rites de communion se valaient.
Certains adorent beaucoup mieux quand ils communient dans la main.
Que chacun fasse donc de la manière qui lui paraît la plus respectueuse.
Il y a aujourd'hui trop de Français qui communient dans la main pour que cela puisse leur être ôté, n'en déplaise à certains.
Il est temps de dépasser ces querelles qui n'apportent rien et de cesser de se battre pour savoir comment et dans quel état d'esprit la femme pécheresse va toucher le bas de la robe du Christ. De cesser de juger, de vouloir tout diriger, et de faire des procès d'intention.
Le Pape a parlé de confiance et d'amour, ne pouvez-vous pas mettre tout de suite en application ce qu'il a dit ?...

Écrit par : Martine | 15/09/2008

> Merci à Castor et à Martine de nous ramener à l'essentiel.

Écrit par : Michel de Guibert | 15/09/2008

TEXTES

> Un dernier mot : quelqu'un a cité saint Jean pour soutenir la communion dans la bouche. A ces beaux textes je réponds Luc 7, 36-50 (la femme pécheresse) et Luc 8, 40-48 (la femme hémoroïsse).

Écrit par : Martine | 16/09/2008

CITATIONS

> Si nous en sommes aux citations bibliques, voici celle pour la génuflexion :
d'abord, le Christ lui-même cité par Saint Paul : romains 14.11
puis les Evangiles : Marc 1.40, Marc 10.17
Saint Paul à nouveau : Philippiens 2.10
Et bien évidement le psaume de la forme ordinaire pendant lequel on fait une génuflexion : Psaume 95(94).6, psaume invitatoire de l'Office Divin.

Écrit par : boris | 16/09/2008

@ MARTINE et @ BORIS

> On pourrait rétorquer le "Noli me tangere" (Jean 20, 17)... mais n'instrumentalisons pas la Parole de Dieu pour justifier des attitudes relatives à la manière de recevoir la communion.
C'est le type même du faux débat.
Notons que les chrétiens de rite byzantin (catholiques ou orthodoxes) reçoivent la communion dans la bouche (sous les deux espèces à la cuillère) mais debout (attitude du chrétien relevé, ressuscité).

Écrit par : Michel de Guibert | 16/09/2008

À M. DE GUIBERT

> merci pour votre réponse concernant st jean chrysostome, mais avez-vous les références de ses homélies svp ?

Écrit par : jean christian | 16/09/2008

D'ACCORD

> Tout à fait d'accord : n'instrumentalisons pas la parole de Dieu.
Il y a aussi Zachée, qui a accueilli le Christ sur un arbre, et le Christ a du lever la tête vers lui : il ne lui en a pas tenu rigueur puisqu'il l'a invité !...
Véronique, qui a essuyé d'elle-même le visage du Christ...
Je ne crois pas du tout que le Christ nous demande telle ou telle attitude. Il est au-dessus de cela. C'est nous qui nous imposons à nous même une attitude respectueuse physiquement et spirituellement. C'est le sens des paroles des évangélistes.

Écrit par : Martine | 17/09/2008

A JEAN CHRISTIAN

> Je n'ai pas sous la main les références précises ; je retrouve sur internet ces indications :
- Adversus Judœis, MIGNE, P. G., XLVIII (le titre latin "Contre les Juifs" est un peu curieux pour un ouvrage de patrologie grecque...)
- 2, 3. p.48, col.861 : « Lorsque tu t'éloignes pour entrer en communion avec ceux qui ont répandu le sang du Christ, n'as-tu pas honte de venir communier à la table sacrée et prendre part au sang du Christ ? »
- Homélies sur Matthieu, 86, 3. p.58, col.767 : « Si les juifs n'avaient pas considéré que la recherche de la vaine gloire était sans importance, ils n'auraient jamais été jusqu'à devenir des meurtriers du Christ. »
- Homélies sur Matthieu, 85, 2. p.58, col.760 : « Rejetant le crime sur le traître, ils disent : Toi vois. Après l'avoir poussé au meurtre du Christ, ils l'abandonnent. »
Vous pourrez trouver des textes référencés (les huit discours contre les Juifs) par le lien (et suivants) :
- http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/traites/discju/index.htm

Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2008

@ MARTINE

> Oui, le Christ ne nous donne pas de consigne sur la manière de communier ! En revanche, il se donne à nous dans l'Eucharistie, qui est le Pain de Vie :
"Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. (...)
"Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. (...)
Qui mange a chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui."
(Jean 6, 51.53-54.56).
Certainement les premiers chrétiens ne se posaient pas de question sur l'attitude pour recevoir la communion, mais "ils étaient assidus à la fraction du pain." (Actes 2, 42)
Il fut un temps où les chrétiens se sentirent tellement indignes de communier qu'ils préféraient voir l'hostie que la manger, au point que les Papes durent instituer l'obligation de communier une fois l'an au moins à Pâques.
Alors ne revenons pas à des scrupules exagérés, à des craintes infondées ou à des attitudes frileuses risquant de nous masquer l'essentiel : Dieu se donne en vraie nourriture pour notre salut : "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps livré pour vous."

Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2008

DETENTE

> Je trouve dommage qu'on continue encore à se disputer sur la forme de la communion sacramentelle. Le pape n'a pas à justifier une pratique commune du rite romain auprès d'opinions diverses et variées, fussent elles celles de parisiens...
La PGMR de 2002 le précise bien : la manière habituelle de recevoir la communion c'est dans la bouche. Là où c'est autorisé, on peut la recevoir dans la main - sans que ce soit une règle d'obligation. Pourquoi polémiquer davantage, en se lançant, au passage, des citations de l'Ecriture ou de Pères de l'Eglise ?
Le pape Benoît XVI est venu apporter un message de détente et de décrispation sur les questions liturgiques. C'est évident que cela dérange beaucoup de nos contemporains. Mais bon : accueillons simplement son message en sachant bien que par lui, c'est Pierre qui parle.

Écrit par : FX | 17/09/2008

@ MICHEL DE GUIBERT

> Bien d'accord avec tout ce que vous me dites. Mais loin de camper sur des positions frileuses, je cherche à défendre les acquis du Concile Vatican II. Le Christ est vraiment une nourriture pour notre âme, c'est pourquoi il faut communier le plus souvent possible, et avec les marques de respect que chacun croit les meilleures en ce qui le concerne personnellement.
C'est la raison pour laquelle, je le répète sans doute un peu trop mais c'est essentiel, au lieu de mettre des fardeaux trop lourds à porter sur les épaules des autres, chacun doit respecter la sensibilité des autres (pour moi vous l'avez compris c'est la communion dans la main, et ce geste est pour moi un signe vital du sacrement) et personne ne doit chercher à imposer la sienne propre. J'ai cru comprendre que ce respect, cette tolérance, cet amour mutuel, c'était ce que demandait le Saint Père...Peu m'importe si certains souhaitent communier dans la bouche, pourvu qu'ils ne fassent aucune pression pour que tous fassent comme eux.

Martine


[ De PP aux débatteurs - Je propose d'en rester là sur le sujet, pour que cette discussion ne tourne pas au multi-soliloque. ]

Cette réponse suit le commentaire

Écrit par : Martine | 17/09/2008

BENOIT XVI ET LE MOTU PROPRIO

> Juste un mot pour dire à Martine que je ne pensais pas à elle en parlant de "positions frileuses" et que, au contraire, je suis pleinement d'accord avec elle, abondant dans son sens et poursuivant la réflexion avec un éclairage historique.
Sinon, pour conclure, citons un extrait de l'interview de Benoît XVI dans l'avion l'amenant en France :
Question : "Que dites-vous à ceux qui, en France, craignent que le Motu proprio 'Summorum pontificum' marque un retour en arrière sur les grandes intuitions du Concile Vatican II ? Comment pouvez vous les rassurer ?"
Benoît XVI : "C'est une peur infondée parce que ce Motu proprio est simplement un acte de tolérance, dans un but pastoral pour des personnes qui ont été formées dans cette liturgie, l'aiment, la connaissent, et veulent vivre avec cette liturgie. C'est un petit groupe parce que cela suppose une formation en latin, une formation dans une culture certaine. Mais pour ces personnes avoir l'amour et la tolérance de permettre de vivre avec cette liturgie cela me semble une exigence normale de la foi et de la pastorale d'un évêque de notre Eglise.. Il n'y a aucune opposition entre la liturgie renouvelée par le Concile Vatican II et cette liturgie."

Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2008

@ MARTINE et @ BORIS

> ... et encore dans la première lettre de St Jean :
" Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de Vie."
(1 Jean 1, 1)

Écrit par : Michel de Guibert | 19/09/2008

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