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17/06/2008

Pas de piétisme, mais de la solidarité. Pas d'assistance, mais le partage…

A Brindisi, le 15 juin, Benoît XVI parle du catholicisme social :


 

<< Benoît XVI invite les catholiques à imiter la compassion du Christ pour les pauvres et les faibles. Il leur demande de ne pas rester indifférents pour ce qui concerne la paix du monde. >>

 

<<  Le pape a effectué samedi et dimanche une visite pastorale à Brindisi et Leuca : cela faisait mille ans qu'un pape n'était pas venu à Brindisi. Quelque 60.000 personnes participaient à l'eucharistie sur le quai Saint-Apollinaire, en présence aussi du métropolite orthodoxe d'Italie, Gennadios, que le pape a salué en évoquant la vocation « œcuménique » de l'Eglise de Brindisi.

Dans son homélie, lors de la messe de ce dimanche, sur le port de Brindisi, le pape a invité les habitants de Brindisi à « être le signe et l'instrument de la compassion, de la miséricorde du Christ ». Pas de piétisme, disait en substance le pape, mais de la solidarité. Pas d'assistance, mais le partage. Telles sont les exigences de la compassion chrétienne, qui ouvre une véritable espérance pour l'avenir, parce qu'elle est fondée en Dieu, précisait le pape : «Ce commandement s'adresse encore aujourd'hui en premier lieu à vous. L'Esprit qui agissait dans le Christ et dans les Douze est le même qui agit en vous, et qui vous permet d'accomplir au milieu de votre peuple - sur ce territoire - les signes du royaume d'amour, de justice, et de paix qui vient, et même qui est déjà dans le monde ».

 « La compassion chrétienne n'a rien à voir avec le piétisme, avec l'assistance. Elle est plutôt synonyme de solidarité, et de partage, et elle est animée par l'espérance. Ne naît-elle pas peut-être de l'espérance de la parole que Jésus dit aux apôtres : "En chemin, prêchez que le Royaume des cieux est proche" ? C'est une espérance fondée sur la venue du Christ, qui coïncide, en dernière analyse, avec sa Personne, et avec son mystère de salut, comme le rappelait bien le titre du 4e congrès ecclésial italien de Vérone : le Christ ressuscité est "l'espérance du monde" ».

Le pape a rappelé que l'Evangile rapporte ces gestes « humbles et discrets » qui constituent « un énorme potentiel de renouveau ». Car l'Eglise aussi est appelée à être sainte et missionnaire. >>

(Source : Zenit - Anita S. Bourdin).

 

 

Commentaire

Benoît XVI évoque ici sa pensée sociale, que l’on trouvera développée dans l’encyclique de cet été.  Pas d’assistance (le pape serait-il libéral ?), mais le partage ! (non, il n’est pas libéral). « Accomplir au milieu de votre peuple  les signes du royaume d'amour, de justice, et de paix », est une démarche qui va loin : créer localement des espaces d’écologie humaine (zones libérées, bases de justice et de paix), faire ainsi reculer le matérialisme mercantile.*

La pensée sociale de l’Eglise est inséparable de sa foi au Christ : la solidarité et le partage sont « animés par l’espérance ». Le pape Ratzinger pèse ses mots : il dit « solidarité » et « partage ». Ce ne sont pas des mots libéraux utilitaires. Ce sont les mots de la doctrine sociale, fondée sur la destination universelle des biens. Le monde n’est pas une marchandise, disait Chico Whitaker, fondateur des Forums sociaux de Porto Alegre et (à l’époque) secrétaire exécutif de la commission Justice et Paix de la Conférence des évêques brésiliens.

Une preuve de cette « inséparabilité » : à Brindisi, Benoît XVI a mis l’accent aussi sur la sacralité liturgique. Il avait revêtu des ornements en sciamito, tissu local. Et il a remis à l’honneur – pour le peuple rassemblé – l’acte de communier à genoux et sur les lèvres. « Conservatisme », écriront mes pauvres confrères ; ils n’auront pas fait attention aux paroles sociales du pape, prononcées au cours de la même liturgie…**  C'est en se conservant  incandescente que la foi peut accomplir « la seule révolution, celle de Dieu » (Benoît XVI aux JMJ de 2005).

 

____________

(*)  Et ne pas fléchir le genou devant de pseudo « lois économiques ».

(**) Et ils ne savent pas ce qu’est l’eucharistie. Mais on ne peut le leur reprocher. Qui le leur aurait expliqué  quand ils étaient jeunes ? L’eucharistie n’était plus comprise par une partie des milieux catholiques, la plus voyante dans les années 1970-1980 !

 

 

Commentaires

UNE DEPÊCHE

> La dépêche AFP explique que le style de communion prôné par le pape est un "nouveau pas" vers le retour d'usages "tombés en désuétude", après "la réapparition des aubes en dentelles" !
Risible précision.
D'abord, parce que les deux choses ne sont pas du même ordre.
Ensuite, parce qu'il ne s'agit pas d'aubes mais de surplis. (Détail ? Mais alors pourquoi l'AFP entre-t-elle dans les détails ?).
Enfin, parce que les surplis en dentelles n'ont jamais cessé d'ête utilisés à la basilique Saint-Pierre, y compris sous Paul VI, au plus fort de la réforme liturgique !
Pour la défense de l'AFP, notons tout de même, à la fin de la dépêche, une allusion au volet social humanitaire de l'homélie du pape. Non dans sa dimension globale, évidemment (ne rêvons pas), mais en ce qui concerne au moins l'aide aux rmigrants albanais.

Écrit par : Photiadès | 17/06/2008

" DES SYMBOLES "

> Cette agitation autour de questions liturgiques dérange. Elle occulte toute une partie du message du pape lorsque ce qu'il dit n'est pas communiqué immédiatement. Les traductions des homélies et entretiens mettent du temps à sortir. Ce qui est retenu, ce sont les signes. c'est inévitable.
Pour ces questions de communion, il faut relire Redemptionis Sacramentum http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccdds/documents/rc_con_ccdds_doc_20040423_redemptionis-sacramentum_fr.html#_ftnref180
et l'instruction Memoriale Domini : http://www.ceremoniaire.net/depuis1969/docs/memoriale_domini.html.
Je n'apprécierais tout de même pas que l'on nous remette les jubés.

Dom


[ De PP à Dom - Le jubé est un usage médiéval, comme l'était la communion rare. Ni l'un ni l'autre ne sont en voie de retour. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Dom | 17/06/2008

LE REFLEXE

> > Je suis étonné de ce que la dépêche de l'AFP n'ai pas parlé de ce geste comme d'un retour en arrière conservateur en opposition avec Vatican II! cela nous aurait éclairé, encore une fois, sur leur insondable absence de culture. Vatican II n'ayant jamais, à ma connaissance, défini une manière de recevoir l'Eucharistie.

naubourdin

[ De PP à N. - Vérifiez sur yahoo.com : vous verrez que tel est bien l'esprit de la dépêche, rassurez-vous. Leur réflexe est automatique, c'est pavlovien. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : naubourdin | 17/06/2008

POUR LES JUBéS

> Comment voulez-vous qu'ils nous remettent les jubés puisqu'ils ont progressivement disparu à la suite de la Contre-réforme ? Il en reste quelques-uns, dont le superbe jubé de style gothique flamboyant de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi. C'est dommage qu'on ait détruit ces oeuvres d'art, elles donnaient une âme à ces églises. La modernité n'est pas une grande amie de la beauté. De ce point de vue, le concile de Trente a été une catastrophe (joke).

Écrit par : Sébastien | 18/06/2008

> La destruction des jubés ne répondait pas à un vague besoin de "modernité". Il s'agissait, en unifiant l'espace du cœur et de la nef, de permettre une plus grande participation des fidèles à la célébration. De ce point de vue le Concile de Trente n'était pas une Contre-Réforme, mais au contraire prenait en compte les critiques protestantes.
Néanmoins, c'est vrai : la suppression des jubés a dénaturé l'organisation spatiale des églises et des cathédrales. Lorsque nous pénétrons dans une église dont on a détruit le Jubé, il faut se rappeler que la vision que nous en avons est très différente de ce qu'elle était auparavant, avec jubé.

Écrit par : Blaise | 18/06/2008

JUBILATE

> Merci pour toutes ces réactions au jubé http://fr.wikipedia.org/wiki/Jub%C3%A9. Il s'agissait d'une exagération volontaire. Je voulais exprimer l'impression que le Saint-Père, par sa manière de procéder, verrait peut-être d'un bon oeil le rétablissement des fameuses barrières de communion dans les églises. C'est la seule manière d'agir pour la donner dans la bouche et à genoux, lorsqu'il y a beaucoup de monde. Elles ont disparu presque partout. La communion est reçue souvent maintenant debout, comme chez les orthodoxes d'ailleurs. Je ne trouve toujours pas la traduction des homélies et entretiens de Benoît XVI à Brindisi.

Écrit par : Dom | 18/06/2008

@ Dom

Chez les orthodoxes, on reçoit la communion debout et dans la bouche (chez certains sous les deux espèces et avec une cuillère).
La position debout est la position du chrétien relevé, ressuscité par le baptême qui est une plongée dans la mort et la résurrection du Christ.
Pour l'homélie de Benoît XVI à Brindisi, vous trouverez des extraits par le lien :
http://www.zenit.org/article-18212?l=french

Écrit par : Michel de Guibert | 18/06/2008

@ Michel de Guibert

> Merci ! Très aimable! Je suis bien entendu au courant pour la communion dans ce rite, que j'avais un peu étudié et pratiqué, chez nos frères gréco-catholiques (slaves en l'occurence). Pour l'homélie de Benoît XVI, c'est une traduction complète qui m'intéresse. Dans un contexte polémique, j'aurais aimé avoir toutes les pièces du puzzle, s'il est permis de s'exprimer ainsi. En dépit de la grande qualité des résumés de Mme Bourdin, j'essaye toujours d'appliquer un principe qui m'a été ressassé il y a passablement de temps : "Allez aux sources, toujours!" J'apprécie grandement votre attention.

Écrit par : Dom | 18/06/2008

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