11/06/2008
Le « rôle des religions dans la société » : attention au piège
quand l’éloge cache une manipulation :
Après la note sur le sens des mots « laïcité » et « religions », l’un de vous m’écrit qu’il a approuvé « à 90 % » le discours du Latran.
Oui, on pourait applaudir l’éloge (du passé, du patrimoine, du rôle du christianisme dans l’histoire de France) que contenait le texte de Nicolas Sarkozy.
Le problème est que cet éloge n’engageait à rien dans le domaine de l'action - pour le bien commun social, national et international, pour la justice et la paix - qui est le domaine d’un chef d’Etat.
En outre, cet éloge s’accompagnait de quelque chose de compromettant.
Cette chose était le rôle que Sarkozy prête aux religions en général (et au catholicisme en particulier).
Il veut que les religions donnent du « sens » à la vie psychologique de chacun : ce qui, pense-t-il, mettrait de l’huile dans les rouages de fonctionnement de la société civile. Ainsi Sarkozy se fait une idée utilitaire du rôle des religions.
C’est une tentation normale chez les gouvernants.
S’y laisser prendre est également une tentation chez des citoyens catholiques : ceux qui ont des convictions « classiques » sont sensibles aux belles paroles de Sarkozy, sans voir que ces éloges (du passé) cachent une manipulation (au présent). Plus Sarkozy rend hommage au rôle ancien du catholicisme, faisant ainsi plaisir à des catholiques, plus il prend ceux-ci au piège du rôle contemporain qu’il voudrait leur voir jouer.
Est-ce réellement un piège ? Oui : il aboutit à priver la foi religieuse de sa dimension de contestation sociale, économique, politique, et à en faire une sorte d’assistance psychologique supérieure, destinée aux individus.
Qu’en pensent les conseillers religieux de Nicolas Sarkozy ? Sont-ils d’accord pour amputer l’exigence chrétienne de sa dimension économique, sociale et politique ? Et même quant au rôle des religions dans les consciences individuelles : voient-ils l’écart qui sépare la conception sarkozyenne (psycho-utilitaire) de l’appel à la sainteté que le christianisme adresse à chacun ?
Je comprends la logique de Sarkozy, qui est celle de tous les gouvernants. Je comprends le plaisir de catholiques « classiques » s'étonnant de trouver si élogieux le discours du Latran. Mais je comprends aussi la frustration de beaucoup d'autres, devant ce discours qui nie le catholicisme social.
Une religion réduite à l’individuel serait très confortable pour les gouvernements…
Mais le christianisme est indivisiblement individuel ET social, à cause de la nature même de sa foi. Les chrétiens sont solidaires du reste de l’humanité, auquel le Christ les envoie non pour donner « du sens », mais pour nourrir ceux qui ont faim : ce qui mène à contester et modifier un système économique qui produit précisément des émeutes de la faim, et qui nous affirme que c’est de leur faute si les pauvres n’ont pas de quoi manger (*).
Nier le social au nom du « spirituel » ne serait pas chrétien. Heureusement, cette négation est de moins en moins professée. Travaillons à ce qu’elle ne le soit plus du tout.
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(*) C’est « de leur faute », selon les ultralibéraux, parce que les pays du Sud sont « mal gouvernés par des despotes corrompus ». Cette allégation est vraie dans certains cas, mais il faut observer que : a) les peuples soumis à ces régimes sont victimes, non coupables ; b) la corruption de ces régimes s’exerce en faveur du système économique planétaire, cause majeure de la crise des matières premières et de la dépendance alimentaire des pays du Sud ; c) le despotisme de ces régimes impose ledit système à leurs peuples. Les pays riches ont une part de responsabilité dans ce qui se passe chez les pays pauvres. Le Saint-Siège et les ONG chrétiennes sont explicites à ce sujet.
09:33 Publié dans Religions | Lien permanent | Commentaires (18)
Commentaires
VITAL
> Ne pas se laisser instrumentaliser, c'est vital à une époque où le christianisme n'est plus connu. Il devient de plus en plus facile de le faire passer pour ce qu'il n'est pas, en particulier une sorte de cellule d'aide psychologique pour les inquiets et les blessés de la société économique.
Écrit par : Paul-Louis | 11/06/2008
QUELQUES POINTS
> Comme je me vois ici qualifié indirectement de catholique "classique" pour avoir approuvé "à 90%" le discours du Latran, je voudrais préciser quelques points.
Je juge un discours sur ce qu'il contient, pas sur les intentions de celui qui le prononce, et on sait bien malheureusement que les discours politiques n'engagent bien souvent que ceux qui les entendent...
Donner du sens n'est pas mettre de l'huile dans les rouages de fonctionnement de la société civile.
Ce serait vraiment réducteur !
Donner du sens à sa vie va bien au-delà, c'est la vocation de tout chrétien de donner un sens à sa vie et une espérance aux autres.
"Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous" (1 Pierre 3, 15).
Et consoler celui qui est sans espérance va bien au-delà pour le chrétien d'une sorte d’assistance psychologique supérieure.
Cela aussi serait réducteur !
Il est juste de pointer le "désert spirituel des banlieues", l'obsession du "confort matériel" ou "la frénésie de consommation".
Après vient effectivement le temps de l'action.
Il est juste de dire : "Le danger est que le critère de l'éthique ne soit plus d'essayer de faire ce que l'on doit faire, mais de faire ce que l'on peut faire".
Il serait fou de limiter son ambition à la gestion quotidienne du possible et d'amputer l’exigence chrétienne de sa dimension éthique, économique, sociale et politique.
"La France a besoin du témoignage de ceux qui, portés par une espérance qui les dépasse, se remettent en route chaque matin pour construire un monde plus juste et plus généreux", dit encore NS.
Alors, il est clair qu'il y a souvent loin de la coupe aux lèvres, qu'il ne faut pas nous laisser endormir par de beaux discours qui ne seraient pas suivis d'actes, que nous ne devons pas nous laisser instrumentaliser, et qu'il faut rompre avec un système qui produit les émeutes de la faim et tant d'inégalités criantes.
Écrit par : Michel de Guibert | 11/06/2008
INSULTANT
> Ce qui est farci, c'est que nos laïcards ont cherché à faire passer Sarkozy pour le porte-parole de l'Eglise. Alors même qu'il avait déclaré il y a quelques années n'avoir pas la foi.
Et en effet, le discours du Latran est assez peu orthodoxe. Il est même insultant.
Écrit par : Blaise | 11/06/2008
VOTER
> C'est la spécialité des dirigeants de droite de contenter la frange la plus à droite de leur électorat par des belles paroles et ds belles théories sur le passé mais ces paroles ne sont jamais suivies d'action. Cela fait taire cet électorat et l'incite à revoter à droite la fois suivante...
Écrit par : carmel | 11/06/2008
SOMA
> La religion selon Sarkozy a la même valeur que le soma dans "1984" de Orwell. La réalité rattrape la fiction.
Écrit par : Frédéric Ripoll | 11/06/2008
IMAGE
> Ici nous avons affaire a un texte de circonstance,
élaboré par un ou des experts en communication...
monsieur sarkozy,est une image,une(en) representation,
intellectuellement il n'existe pas.
Écrit par : the hives | 11/06/2008
À CARMEL
> Je vois ce que vous voulez dire, mais faut-il définir les catholiques comme "la frange la plus à droite de l'électorat" ? Non : il y eut longtemps un électorat lepéniste pas chrétien du tout, et nettement plus à droite que ceux qui ont reflué sur Sarkozy. En plus, faut-il faire cadeau à la droite de l'amour légitime envers le passé chrétien de la France ? Pas évident. Je connais des catholiques "de gauche" (si ces mots ont encore un sens) qui respectent et aiment le patrimoine catholique français, matériel et moral, même s'ils n'en tirent pas les mêmes usages que les catholiques "de droite".
Écrit par : Gaspard | 11/06/2008
À MICHEL DE GUIBERT
> J'ai pesé cette note et je peux vous assurer qu'elle ne contient pas de procès d'intention. Il m'est hélas impossible de donner mes sources. Mais je peux vous certifier que l'entourloupe existe ! Un christianisme réduit au "sens" individuel, sans dimension économique et sociale: c'est exactement ce que j'ai entendu prôner à une occasion récente, de la part de gens on ne peut plus autorisés. Navré de ne pouvoir en dire plus... Mais c'est la raison de ma note.
Écrit par : PP | 11/06/2008
À PATRICE DE PLUNKETT
> Merci d'avoir pris la peine de me répondre.
Vous me mettez l'eau à la bouche... et me laisssez assoiffé ! Je ne demande qu'à vous croire, d'autant que j'apprécie la plupart du temps vos analyses ; je ne m'en tenais dans ma réaction qu'au seul texte du discours du Latran, lequel me paraissait juste pour l'essentiel (aux deux réserves expresses que j'avais exprimées).
S'il y a eu "entourloupe", le piège se refermera sur ceux qui l'ont conçu car il ne sera pas possible éternellement de faire le grand écart entre les discours et les actes.
Écrit par : Michel de Guibert | 11/06/2008
> Merci pour la salutaire alerte à l'entourloupe, mais au delà de Sarkozy, je suis étonné de l'exclusion "le Christ les envoie NON pour donner « du sens », mais pour nourrir ceux qui ont faim :".
François
[ De PP à F. - L'Ecriture ne nous parle nulle part d'un "sens" à donner, mais elle insiste avec force sur le devoir de solidarité humaine concrète de la part du croyant. C'est la pierre de touche et le test de la foi. Que la révélation apporte par surcroît un "sens", c'est une évidence ; encore faut-il ne pas prendre l'acessoire pour le principal, ou l'effet pour la cause. "'Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur..." ]
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Écrit par : françois | 11/06/2008
À PP ET FRANCOIS
> Bien sûr qu'il est question de sens et de foi et d'espérance dans les Ecritures !
"J'estime donc qu'il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. En effet, la création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu. Car la création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu'elle l'a voulu, mais à cause de celui qui l'a livrée à ce pouvoir. Pourtant elle a gardé l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu. (...) Car nous avons été sauvés, mais c'est en espérance ; voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer : ce que l'on voit, peut-on l'espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec persévérance."
(Romains 8, 18-21.24-25)
"Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect."
(1 Pierre 3, 15-16)
MG
[ De PP à MG - Bien entendu, mais le mot "sens" selon l'acception sarkozyenne n'apparaît pas dans les textes que vous citez. Le "sens" qu'ils véhiculent est la Révélation en Jésus-Christ, ce qui n'a rien à voir avec les discours du président de la République. Ne laissons pas croire que les deux sont équivalents ; ce brouillage ne serait bon pour personne ! Je me permets par ailleurs de vous rappeler que rien, dans le bilan concret du gouvernement actuel, n'incarne le "sens" que vous alléguez. Derrière les mots, il faut voir les choses... ]
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Écrit par : Michel de Guibert | 11/06/2008
LE SOMA
> @ Frédéric Ripoll : le soma est une drogue qui est évoquée dans le "Meilleur des Mondes" de Aldous Huxley. Il est vrai qu'entre le totalitarisme dur de 1984 et le totalitarisme mou de Brave New World, on peut se tromper...
@ Michel de Guibert : je partage votre point de vue. Je ne suis pas dupe du personnage Sarkozy et de son entourage, mais je trouve que le discours de Sarkozy - avec toutes ses limites et arrière-pensée - représente un progrès. Entre le laïcisme à la Chirac, et l'utilitarisme à la Sarkozy, je préfère le second.
Écrit par : Alexis | 12/06/2008
DE ZENIT
> "La proposition éducative doit partir de la rencontre avec le Christ, selon les évêques
ROME, Mercredi 11 juin 2008 (ZENIT.org) - L'urgence de l'éducation, l'évangélisation des jeunes, sont les deux thèmes principaux qui ont été affrontés par les évêques italiens lors de leur dernière assemblée générale au Vatican du 26 au 30 mai dernier.
Les travaux de l'assemblée, précise leur communiqué final, se sont concentrés surtout sur le rapport entre les jeunes et l'Evangile, afin de dégager des parcours efficaces d'évangélisation et d'éducation, à la lumière des orientations pastorales pour la décennie en cours.
« Aujourd'hui, c'est la communauté adulte qui a perdu le sens de l'autorité paternelle et maternelle, affirment les évêques dans leur communiqué. D'où la nécessité que les adultes retrouvent le courage de leurs propres convictions et sachent se présenter devant les jeunes comme des compagnons de route accessibles et dignes d'autorité ».
« Avant même de tracer les contours d'une proposition complète concernant l'éducation, ajoutent-ils, il est nécessaire de retrouver une ligne de pensée et de conduite qui évite les excès de juvélinisme ou, au contraire, les excès de cynisme ».
« Cela ne fait aucun doute que les jeunes, plus facilement tentés par une culture nihiliste, sont entraînés vers de ‘tristes passions', rendus incapables de suivre les élans de leurs cœurs, ces élans qui émergent pourtant de leur conscience mais dictés par la nostalgie ou le désenchantement », affirment-ils.
Dans ce contexte, les évêques réaffirment leur conviction qu' « une proposition efficace d'éducation doit miser dès le départ sur la rencontre avec le Christ ».
A ce propos, la Conférence épiscopale italienne souligne son intention de redonner un nouvel élan à la pastorale des jeunes dans le pays, par le biais de leur itinéraire spirituel, l'Agorà dei giovani, mis en place en 2006 et impliquant les diocèses italiens jusqu'à l'été 2009.
Ce regain d'attention à l'égard des jeunes et de leur univers, affirment-ils, « consiste à encourager toutes les communautés à renforcer leur engagement auprès des jeunes, en devenant leurs compagnons de route pas seulement durant des occasions spéciales, mais dans la simplicité de la vie quotidienne ».
« C'est surtout de cela qu'ils ont besoin, pour réagir à une mentalité matérialiste tendant à créer au sein de la personne une séparation entre la raison et les sentiments, à codifier le corps mais surtout à mortifier le courage des décisions à long terme, en emphatisant les relations brèves et les rapports virtuels ».
Les groupes d'étude qui ont développé ce thème ont prévu une série d'engagements pour l'avenir : « habiter là où se trouvent les jeunes et combler les vides d'éducation, éduquer à la responsabilité (en évitant l'autolégitimation et les dérives par rapport aux normes), valoriser le potentiel de bien dont chaque personne est dotée ».
Il s'agit aussi d' « éduquer à accepter la ‘limite' non comme un amoindrissement, mais comme un ‘seuil' qui introduit la personne dans une perception plus réaliste de son propre moi, sans courir après l'illusion du ‘tout et tout de suite', le plus souvent masqué par des déviances et des drogues ».
Puis de souligner la nécessité d'une « synergie entre les différents lieux d'éducation (famille, paroisse, école, groupes et mouvements) » et de faire confiance « aux potentiels évangélisateurs des jeunes mêmes ; de mettre à leurs côtés des sujets qualifiés ».
Donc, pas seulement de jeunes prêtres mais aussi des pasteurs d'âge mur, ainsi que des hommes et des femmes, des laïcs et des religieux, qui fassent de ces jeunes et de leur éducation une passion.
D'où cette conviction exprimée par les évêques italiens que rapports personnels et formes de communication directe sont à privilégier, comme la confession sacramentelle et la direction spirituelle, comme l'a rappelé Benoît XVI dans son message à l'Assemblée générale.
« Ce n'est qu'en rencontrant les jeunes seul à seul qu'il sera possible de leur montrer le visage de ce Dieu qui est le véritable ami de l'homme », affirment les évêques.
Au cœur des discussions centrées sur les défis que pose l'urgence de l'éducation, figurait également la situation de l'enseignement de la religion catholique (IRC) en Italie et dans le cadre européen.
Les discussions ont révélé « une lente mais constante érosion du taux d'adhésion, notamment dans les grandes villes et dans les écoles secondaires » ; et des « attitudes pénalisantes » face à cet enseignement, qui le mettent en situation de faiblesse et de marginalisation ».
« Prendre conscience de cela incite à promouvoir l'IRC dans un cadre pleinement scolaire et avec une approche, en clef culturelle, de foi, sans en dénaturer la portée religieuse », estiment les évêques italiens.
Toujours à ce propos, les évêques ont accordé, durant leurs travaux, une attention particulière à la formation permanente des professeurs.
« Si l'augmentation du nombre de professeurs laïcs a d'un côté élevé le niveau professionnel, expliquent-ils dans leur communiqué final, il ne doit pas de l'autre conduire à la disparition totale des prêtres enseignants, surtout dans les classes du secondaire ».
Mais dans le contexte européen, l'impression change : l'IRC se révèle pleinement intégré dans l'école, au point que, selon une enquête, tout enseignement de la religion n'est absent de l'école que dans trois des 29 pays pris en considération (France, Bulgarie et Biélorussie). "
Traduction française : Isabelle Cousturié
Écrit par : De Zenit | 12/06/2008
À FRANCOIS
> Si vous confondez le sens profond de l'Evangile avec le "sens" (version psychosociologue) mentionné par Sarkozy, on n'est pas sorti de l'auberge.
Écrit par : Méré | 12/06/2008
PHILOSOPHIE LIBERALE
> Je crois que le débat est assez clair: c'est le coeur même de la philosophie libérale de voir la religion comme le supplément de sens nécessaire á la construction sociale. Le libéral y recourt car il sent confusément que de réduire le monde á des échanges fruit de la recherche individuelle de profit ou bonheur est notoirement insuffisant.
Écrit par : ludovic | 12/06/2008
@ Méré
> Un peu de charité svp envers le pauvre bougre que je suis!
Écrit par : françois | 12/06/2008
POUR INFO
> 21 au 23 novembre - Semaine sociale de France à Lyon. Thème : " Les religions, menace ou espoir pour nos sociétés ? "
http://www.ssf-fr.org/site-ssf
Présentation
Les religions, menace ou espoir pour nos sociétés ?
La mondialisation des personnes et des idées, la présence de religions venues d’autres continents et d’autres cultures, la multiplication de conflits liés à des convictions religieuses conduisent à se demander : les religions divisent-elles ou participent-elles à la cohésion de la société ?
Cette question se pose en Europe à un moment où l'autorité morale des Etats est en recul. Cette perte d’autorité s'accompagne de crispations
identitaires mais libère un espace public ouvert au débat et à la participation. Cette situation mérite un effort de discernement de la part de tous les acteurs de la société, publics et associatifs, laïcs
et religieux. Sous la surface d'un soupçon toujours tenace à l'égard des Eglises comme des religions plus récemment implantées, s'exprime en profondeur une attente de sens qui déborde les frontières
habituelles entre privé et public.
Les religions sont mises au défi de répondre à cette attente ; sans excéder leur mission propre, elles pourraient remplir un rôle de référent à long terme dans la démocratie. A quelles conditions ?
Sans doute faudrait-il que les autorités publiques reconnaissent sans ambiguïté la fonction de socialisation des religions. Mais de la part de celles-ci des changements sont aussi nécessaires.
Écrit par : Semaine sociale | 16/06/2008
BONAPARTE
> Il serait bon de se souvenir de ce que disait le Premier Consul puis l'Empereur au sujet de la religion.
Écrit par : Claude Delaunay | 18/06/2008
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