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12/11/2008

Vérités sur les fusillés de 1917 : des "mutins" héros décorés de la croix de guerre

Discours de Sarkozy à Douaumont : compassion aussi envers ceux qui n'ont pas tenu bon sous les obus. Ensuite, les médias ont parlé des mutins de 1917. Mais ces mutins ne ressemblent pas au portrait qu’on en  fait. Beaucoup étaient des combattants d’élite, révoltés par la bêtise des généraux... 


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Mai 1917, sur le front de l’Aisne. L’offensive du général Nivelle n’en finit plus. Elle piétine dans son propre désastre depuis le 16 avril. Robert Nivelle incarnait « l’esprit nouveau », il avait promis « une splendide moisson de gloire »,  et tout le monde y avait cru : « Ce sera la poursuite des Boches éperdus », écrivait un jeune soldat à sa famille. Mais Ludendorff attendait de pied ferme. Les poilus se sont heurtés à un mur de feu. Sur trente kilomètres, la falaise du Chemin des Dames était une forteresse : de Craonne (à l’est) au Moulin de Laffaux (ouest, près de la route Soissons-Laon), il y avait par endroits une mitrailleuse allemande tous les dix mètres. Nivelle ne le savait pas. C’est un carnage ! La déception est immense. Nivelle s’obstine, et la tuerie continue.

Le 18e régiment d’infanterie (unité d’élite, six cents citations) remonte en ligne une fois de plus. Il se bat du 4 au 8 mai, cinq jours et quatre nuits, à la grenade et au lance-flamme. Il prend Craonne. Mais il perd 824 hommes et presque tous ses officiers. Cité à l’ordre de l’armée, il est renvoyé au repos dans la petite ville de Fismes... Les rescapés du 18e savent que l’offensive Nivelle a échoué. Ils n’en peuvent plus, et rêvent de permissions. Le dimanche 27 mai, sous une chaleur d’orage, la rumeur se répand : « Au lieu d’aller en perm’, on remonte en ligne ! » Repartir à ce casse-pipe inutile ?  Les poilus explosent d’indignation. Leur lieutenant-colonel tente de les calmer. Ils hurlent : « On n’a rien contre vous, mais on ne retournera pas là-haut ! » Clameurs, bousculades. Coups de revolver en l’air.

A l’aube, les trois bataillons sont dégrisés. Ils remontent en ligne. Ils ré-attaquent l’ennemi. « Bravement », constate l’autorité militaire. Mais elle ne pardonne pas l’affaire du 27 mai... Le 7 juin, douze soldats et deux caporaux du 18e passent devant le conseil de guerre. Cinq condamnations à mort. Trois des mutins seront fusillés. Un quatrième, gracié. Le cinquième s’évade en profitant d’un bombardement… Or cet homme est un paysan gascon nommé Vincent Moulia, qui est un héros: deux fois blessé, deux fois cité, nommé caporal après avoir ramené son capitaine sur ses épaules, il a la croix de guerre pour avoir capturé sept officiers allemands. Les juges militaires ont demandé sa grâce. Mais Poincaré a refusé. Car Moulia a commis un acte inexpiable : dans la fièvre du 27 mai, il a menacé de «prendre le train pour aller à Paris expliquer la guerre à ceux qui nous gouvernent ».

Vincent Moulia est donc à la fois un héros et un mutin.

Or la plupart  des mutineries d’avril-mai 1917 ressemblent à l’affaire du 18e. Leurs acteurs ne se révoltent pas à l’avant, face à l’ennemi ; les troubles éclatent à l’arrière, au repos. Ils commencent le 17 avril à cause du désastre de l’offensive. En mai, ils persistent là où elle est prolongée en pure perte (c’est le cas de Fismes) ; là où on l’arrête, ils s’atténuent (par exemple autour de Reims). Les poilus du Chemin des Dames ne se seraient pas révoltés si le général en chef avait tenu parole : « Je renoncerai si la rupture n’est pas obtenue en 48 heures », avait-il dit. L’offensive ratée a duré un mois. Le responsable des mutineries, c’est Nivelle.

Quels sont les chiffres ? Selon l’historien Jean-Baptiste Duroselle, le printemps 1917 a vu 250 mutineries, 2000 mutins au grand maximum, et seulement 27 exécutions pour faits d’indiscipline collective (sur 75 exécutions pour fautes militaires, meurtre ou viol). Dix fois moins que ne le veut la légende…  Et il n’y a pas eu de « fusillés pour l’exemple » pris au hasard dans les unités, comme la légende l’affirme aussi.

Qui étaient les mutins ? Des ruraux en majorité. Le conseil de guerre a jugé une centaine de paysans, autant de commerçants, des artisans...  Ce ne fut pas une levée de « soldats-ouvriers rouges » mettant la crosse en l’air au cri de « vive Kienthal » (du nom du congrès pacifiste tenu en Suisse par Lénine en avril 1916) ; cela, c’est l’imagerie rétrospective inventée par le PCF des années 1930.  Certes la révolution russe avait commencé, et l’Internationale fut chantée par des mutins : mais les juges militaires ont constaté que ça n’allait pas loin dans l’esprit de la plupart. Les rares régiments sensibles aux idées révolutionnaires, tels le 45e de Laon ou le 319e de Lisieux, n’ont pas pris part aux troubles.

Les désespérés du printemps 1917 n’étaient donc pas des « politiques ».

Etaient-ils des « pacifistes », au sens où nous l’entendons aujourd’hui ?  Non.  Ni des défaitistes... Ecoutons-les, en proie à leurs élans contradictoires : «Les poilus en ont marre, mais le Boche est toujours là et il ne faudrait pas le laisser passer », dit un homme du 109e. « Je demande la paix, mais après trois ans de guerre, faudrait-il les laisser entrer chez nous ? », dit un mutin du 152e.  « Je demande la fin de la guerre, mais les Boches sont toujours chez nous », dit un soldat du 21e.  Sauf de rares extrémistes, ils ne parlent pas d’abandonner les lignes. Ils ne haïssent plus les Allemands, mais veulent les forcer à partir.

Selon les carnets du sous-lieutenant Louis Mairet, le poilu de 1916 se bat  «  par honnêteté, par habitude et par force. Il se bat parce qu’il ne peut faire autrement… Il a changé sa maison contre un gourbi… Il a taillé sa vie dans la misère, comme autrefois dans le bien-être… Il  n’imagine même plus que cela puisse changer… Il l’espère toujours, il n’y compte plus. » Mairet avait été admis à l’Ecole normale supérieure en 1914. Il est tué devant Craonne, le 16 avril 1917, avec ses hommes du 8e : cloués au sol par les mitrailleuses des bastions de Chevreux. En quelques heures, ce régiment perd douze officiers et mille sous-officiers, caporaux et soldats.

Qu’est-ce qui anime ces poilus, pour qu’ils puissent supporter l’enfer avec un stoïcisme qui nous stupéfie ?  Des sentiments très simples. « L’aspiration au repos par la victoire sur le Boche », constate  le jeune instituteur Louis Masgelier. « L’honneur de ma famille », écrit un des conscrits de la classe 17 : l’un de ces gamins qu’on surnomme les « bleuets » (et à qui l’armée donne les vêtements et les képis des morts, troués par les balles). « Ne pas sembler plus poltron que le voisin », dit Louis Barthas,  tonnelier des Corbières et caporal d’infanterie...  

Barthas prend part à un bref début de mutinerie. Ses camarades du 296e  le chargent de rédiger un manifeste destiné aux chefs de compagnie. Voici ce texte: « La veille de l’offensive le général Nivelle a fait lire aux troupes un ordre du jour disant que l’heure  du sacrifice avait sonné. Nous avons offert notre vie en vue de ce sacrifice pour la Patrie, mais qu’à notre tour nous disions que l’heure des permissions avait sonné depuis longtemps… »  Le manifeste du caporal Barthas n’a rien de révolutionnaire. Il est proclamé aux biffins du 296e par un poilu à la voix sonore, juché sur les branches d’un chêne, près des lavoirs de Daucourt ; les hommes éclatent en « applaudissements frénétiques ». Que se passe-t-il ensuite ? Barthas finira-t-il au poteau avec « douze balles Lebel », comme il le craint ? Prudents, les chefs passent l’éponge : la mutinerie s’éteint quand ils annoncent la reprise des permissions « dès le lendemain ». Ce que voulaient les hommes, c’était ça.  Et  des  lieux  de  repos  habitables. Et manger chaud. Et que cessent les massacres inutiles… Ils n’imaginaient pas que la guerre puisse finir : ils rêvaient que la guerre des généraux soit remplacée par une guerre plus « humaine », une guerre de chefs de section.

Un général le savait.  C’était  Philippe  Pétain,  qui  n’était  pas  un stratège mais un organisateur psychologue. Pensant qu’aucune victoire ne sortirait de ces monstrueuses « saignées de la nation française » (inaugurées par le général von Falkenhayn à Verdun),  Pétain désavouait le dogme de l’offensive à tout prix, et n’avait pas cru en Nivelle. Le 15 mai 1917, celui-ci est évincé. Pétain prend sa place. Il va sauver la troupe du désarroi en lui accordant ce qu’elle réclame : la réforme du système des permissions et des repos, l’amélioration des cantonnements et de l’ordinaire, la lutte contre les privilèges et les abus. Et moins d’offensives, mieux préparées...

Les pertes françaises en 1917 seront les plus faibles depuis le début de la guerre ; Pétain deviendra le chef le plus populaire. Nous savons vers quels aléas le mènera cette popularité.

A propos des mutineries de 1917, notre époque est en train de fabriquer un mythe sans  rapport avec la réalité. Celle-ci est connue des historiens depuis quatre-vingt dix ans : mais qui lit les historiens ? Peu de monde. L’ignorance de l’histoire permet donc les anachronismes. Au mois de juin 2007, dans un journal de 20 heures, Claire Chazal exhibe le sujet des mutineries comme si c’était un scoop : un lourd secret jamais dit jusqu’à présent (parce que le passé était hypocrite), mais enfin mis au jour pour la repentance et la réparation...

On pourrait parler des mutins pour étudier la différence mentale entre les poilus et nous, et mesurer combien leur endurance nous est devenue « incompréhensible » (comme l’a dit Duroselle). Au lieu de cela, le réflexe médiatique ramène la vieille tragédie aux dimensions d’une marée noire à indemniser : il confond les poilus et les victimes de l’amiante. Les fusillés de Fismes ne sont pas mieux compris par Mme Chazal qu’ils ne l’avaient été par Raymond Poincaré (quoiqu’en sens inverse).

Du printemps 1917, en fin de compte, que reste-t-il  d’authentique ? 

Quelques rimes. Elles sont poignantes. Sur l’air de Bonsoir m’amour, valse lente de 1913 composée par le père de Jean Sablon, des poilus firent trois couplets et ce refrain terrible que l’on entend dans le film Un long dimanche de fiançailles :m

C’est à Craonne, sur le plateau

Qu’on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

Nous sommes les sacrifiés.

m

Louis Aragon,  ancien « bleuet » de 1917,  fit ces quatre vers dans Les yeux d’Elsa :

Créneaux de la mémoire ici nous accoudâmes

Nos désirs de vingt ans  au ciel en porte à faux

Ce n’était pas l’amour mais le Chemin des Dames

Voyageur souviens-toi du Moulin de Laffaux.

P.P.

 

 

Commentaires

EFFROYABLE

> Et le pire de tout : la complaisance aveugle de catholiques dans ce suicide industriel de la population européenne. Le monstrueux ordre du jour du général de Castelnau se terminant (après un carnage) par "Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam !" Et le Sacré-Coeur sur le drapeau tricolore, emblème national indûment arboré sur la destruction d'un peuple. (Pendant que les Allemands disaient : "Dieu avec nous"). Là vraiment c'est l'historien Viguerie qui avait raison : ce patriotisme tuait la patrie. Eti salissait la religion. Quel effroyable échec pour le christianisme. Quand on pense qu'il y a des abrutis encore aujourd'hui pour trouver tout ça admirable ! Crânes de béton ! Zombis ! Godillots !

Écrit par : Vianney | 12/05/2008

LE SOLDAT DE BASE

> Avec la guerre qui durait, le moindre soldat de base devenait un spécialiste de l'art militaire et pouvait de mieux en mieux juger de la qualité des opérations dans lesquelles on lui demandait de s'engager, et de la folie meurtrière de certaines offensives, dont celle du général Nivelle.

Écrit par : B.H. | 12/05/2008

L'ECONOMIE, VRAIE CAUSE DU CARNAGE

> L’écrivain russe orthodoxe Maximilian Volochine écrit en 1915 : « La guerre actuelle est née en Allemagne de la surproduction, laquelle, sans trouver à s’exporter, aurait fini par étouffer ce pays… Le matérialisme européen, en créant une culture de la machine toujours croissante et en multipliant la vitesse des moyens de communications et d’échange, a favorisé l’émergence d’immenses organismes industrialo-étatiques qui, naturellement, ne peuvent survivre qu’en se dévorant entre eux. » « Européen, artiste et poète », Volochine écrit en 1916 : « La guerre est pour l’Occident le Jugement Dernier de la culture européenne dans sa totalité. Mais l’Occident n’en a pas conscience. »

Écrit par : Trofim | 12/05/2008

> Merci Trofim pour ces citations.

Écrit par : Paulo | 12/05/2008

LIRE LES HISTORIENS

> Excellent, comme toujours. J'ajouterais seulement deux choses: tout d'abord, il est étonnant de voir une république célébrant sans cesse le citoyen et ses vertus et le fusillant quand il agit en citoyen (il est vrai que c'est à cette époque que nos gouvernants inventent la guerre totale et le contrôle de la société); ensuite, chers amis, éteignez vos tv et lisez les historiens. Tout cela est enseigné en fac d'Histoire depuis des lustres et il est normal que l'on réhabilite des hommes qui en furent réellement, capables de se battre ou de dire non quand c'était nécessaire.

Écrit par : Vf | 12/05/2008

TERRIBLE

> L'impression d'un candide: il est terrible, à regarder les choses en face, que des compagnons de tranchées aient accepté de fusiller certains de leurs camarades.
Autre impression de candide toujours: ne faudrait-il pas se battre pour des idées plutôt que pour des nations. Cette réalité de nation est finalement assez récente et a sacrifié des millions de gens sur son autel. Elle ressemble a une divinité à qui sont sacrifiés beaucoup de ses sujets.

François

Écrit par : françois | 13/05/2008

BERNANOS ET L'APRÈS-1918

> Merci pour cet article éclairant.
Georges Bernanos en a toujours voulu aux rescapés de ce carnage, de n'avoir pas renversé le gouvernement, de n'avoir pas bouleversé l'ordre administratif, de n'avoir pas mis fin à la marche industrielle. Il constate que ses compagnons de tranchées ont été usés par la guerre, vieillis intérieurement, malmenés jusque dans leurs croyances peut-être.
Là aussi, il y a eu une rupture profonde, dans cet après-1918. Les vétérans se sont murés dans un mutisme et une humilité blessée. Les jeunes extravagants de la prétendue "avant-garde" ont eu le champs libre pour étaler leur théâtre d'ombre : les années folles et leur cortège d'absurdités culturelles aujourd'hui mystifiées.
Au fond, c'est encore davantage qu'une génération d'esprits brillants qui a disparu dans le chaos des tranchées : c'est un pan entier de notre culture, ce sont les valeurs de bien commun, d'honneur, de noblesse d'âme, de patrie et de liberté. Tout ce que la foi chrétienne a engendré de meilleur. Tout cela, la mécanique moderniste l'a fait périr dans la boue.

Écrit par : Quentin | 13/05/2008

À VIANNEY

Vous parlez de "complaisance aveugle des catholiques", si elle a été le cas de certains, d'autres, tels que le Pape Benoit XV ou bien l'empereur Charles d'Autriche (récemment béatifié) ont multiplié les efforts pour la paix. Tous les catholiques de l'époque ne souhaitaient pas la guerre à tout prix...

à PP : j'ai essayé de poster un commentaire hier mais a priori, cela n'a pas fonctionné ou peut etre l'avez vous "modéré"), j'essaie une nouvelle fois (mais modérez le si vous estimez qu'il n'apporte rien). Par ailleurs, continuez votre blog, source de réflexion (et d'évolution) a la lumière de l'enseignement de l'Eglise).

Alexandre


( De PP à A. - Pardon, mais la vérité est que je n'étais pas devant un ordinateur hier : d'où le retard mis à publier les commentaires ! ]

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Écrit par : Alexandre | 14/05/2008

À FRANCOIS

> Vous dites : "ne faudrait-il pas se battre pour des idées plutôt que pour des nations."
Mais les idées ont également sacrifié des millions de gens sur leurs autels. Quand on se met à préférer nos idées à la réalité, qu'on est prêt à nier la réalité au nom de nos idées (dans un autre domaine, je connais quelqu'un qui niait absolument que Marthe Robin ait pu vivre des années sans boire ni manger, malgré l'évidence médicale, parce que sa croyance scientiste en était ébranlée), alors les conditions sont là pour un massacre. Voyez comment l'idéologie de planification communiste en Union Soviétique ou en Chine Populaire a fait mourir de faim des millions de personnes.
En tant que chrétiens, pour quoi devons-nous nous battre ?
Notre Seigneur a dit : "Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé". Cela nous appelle à nous battre pour que soit respectée la personne humaine dans son intégralité, et à nous battre contre tout ce qui la détruit (le péché, et tout ce qu'il engendre). Je crois qu'il n'y a que pour les PERSONNES que nous puissions nous battre, Dieu étant lui-même une personne.
La nation est aussi une idée, pour laquelle des gens se battent, comme d'autres pour la race, ou l'argent... Même les plus belles idées peuvent être destructrices si l'on ne les soumet pas au principe de réalité.

Écrit par : Pema S | 14/05/2008

14-18 ET LA SUITE DU XXe SIÈCLE

> J'ai lu quelque part (il me semble que c'est dans une des dernières livraisons de la revue L'Histoire)que la Grande Guerre a beaucoup contribué à la banalisation de la violence collective (plus exactement à l'élévation du degré de tolérance de l'être humain vis à vis de cette violence). Finalement, je me demande si la "Culture de mort" n'est pas née , quelque part, dans les tranchées. Avec deux idées forces, inscrites dans l'inconscient collectif :
- la vie humaine n'a aucune valeur en soi (100 mètres de terrain à conquérir valent infiniment plus que la vie de 1000 hommes ) ;
- les politiques publiques natalistes (ou tout simplement d'aide à la famille) sont finalement des "saloperies". Elles n'ont pas pour but de favoriser la Vie ; elles visent simplement à fournir (au cas où...) de la chair à canon "on schedule, on specs", comme l'on dit maintenant.

Feld


[ De PP à F. - Je pense la même chose que vous. Le massacre industriel de 14-18 - avec son accoutumance - explique en partie la suite (dans le domaine de la psychologie collective): la guerre civile russe, le nazisme, etc. Plusieurs chercheurs ont identifié cette part jusque dans ce que Jünger a appelé les "abattoirs" de la guerre nazie à l'Est, et jusque dans la Shoah. Si la vie des êres humains avait perdu toute importance, à plus forte raison la vie de ceux que l'idéologie traitait en sous-hommes... Cela dit, la Shoah proprement dite a eu d'autres ressorts : métaphysiques. ]

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Écrit par : Feld | 14/05/2008

MYTHE

> Un complément intéressant à ce débat, le livre de Suzanne Citron :"le mythe national, l'histoire de France revisitée"
http://www.editionsatelier.com/index.php?ID=1016031&contID=1008721&results=1&keyWords=citron

Écrit par : Pcpg | 15/05/2008

LA BRUTALISATION

> A Feld et PP: il s'agit du concept de brutalisation de la vie politique et sociale qui fut développé par George Mosse (la brutalisation des sociétés européennes; De la grand guerre aux totalitarisme hachette) et repris par nombre de professeurs en lycée. Ceci n'est pas pour étaler ma culture mais pour préciser que cette réflexion est menée dans nos classes depuis un certain temps, mais je sais, pour nos braves amis de la vraie France que nous, les professeurs d'histoire,nous sommes les derniers staliniens et les responsables de la décadence (ok, arrêter de tirer, je ne nie pas que certains enseignants posent problèmes quant à leur interprétation des faits mais dans l'ensemble on fait ce qu'on peut). maintenant, si les "patriotes" refusent les recherches historiques....

Écrit par : vf | 15/05/2008

SUR LES GUERRES

> Les populations du monde antique, massacrées ou réduite en esclavage, celles du monde médiéval ou moderne, dépouillées, massacrées, violentées, et souvent contraintes à la famine par les destructions et les vols commis lors des conflits, auraient surement apprécié à sa juste valeur la distinction opérée par G.Mosse entre les conflits du vingtième siècle et ceux des siècles précédents.
Pour ce qui est des sources bibliographiques sur le sujet de la "brutalisation", je recommande Baboeuf et son étude sur le "populicide" vendéen.
Apparemment, les "patriotes" (qui ne doivent pas être ceux de 1793-94) ne sont pas les seuls à éprouver des difficultés à regarder l'Histoire en face. G.Mosse n'a pas du avoir le temps de lire Baboeuf non plus.
En tant qu'agnostique, j'avoue avoir bien ri à l'évocation d'une responsabilité catholique pour 1914-1918. De responsable politique de très haut plan ayant confessé le catholicisme en 1914
je ne vois que l'Empereur d'A-H : les autres sont soit Orthodoxes, soit Protestants,soit Anglicans, soit Musulmans, soit radicaux-socialistes....
Soit on met en cause toutes les confessions religieuses ou options philosophiques, soit aucune.
Un minimum de rigueur intellectuelle n'est jamais superflue, même dans la recherche de boucs émissaires.
A propos de boucs émissaires, qui a nommé Nivelle ? Et pourquoi lui plutôt que Castelnau, Foch, Pétain, Fayolle,Lyautey, etc...? Qui souhaite, et pour quelles raisons, que la France obtienne un avantage stratégique définitif sur l'Allemagne au Printemps 1917, et surtout pas plus tard ?
Au Printemps 1917, quels sont les changements déjà prévisibles à l'horizon 1918 ?
La IIIème république aurait-elle survécu institutionnellement à une défaite possible en 14-18 ? Un régime politique peut-il survivre à une défaite dans un conflit de cette ampleur ?
Qu'aurait perdu l'Allemagne à rester sur la défensive en 1914 ? L'armée française aurait envahi le Palatinat, elle qui a mis quatre ans à libérer Laon ?
Au fait, Pourquoi fusille-t'on des hommes ?
En a t-on moins fusillé dans les conflits précédents ?
Pour ce qui est de l'armée fédérale durant la guerre de secession, la réponse est non.
Le cas des armées révolutionnaires de la 1ère République mériterait d'être étudié en détail sur ce plan.
En dehors des relations avec le "monde civil", je ne sache pas que cette question ait fait l'objet d'une publication scientifique, depuis plus de 200 ans.
Le niveau de répression constaté dans les armées dites "populaires" ou "révolutionnaires" se passe de comparaison, tant les ordres de grandeurs
y sont significativement plus importants.
Voilà pour "la guerre des idées" au lieu de "la guerre de nations"...
La guerre, comme le reste, c'est toujours ceux qui ne l'ont pas faite qui en parlent le mieux.

Écrit par : marc | 19/06/2008

ATTAQUE RITUELLE CONTRE LE PAPE

> 12 novembre 2008. Dans le film d'hier soir à la télévision (pas mal d'ailleurs quant au reste), attaque rituelle contre Benoît XV accusé de n'avoir rien fait pour arrêter la guerre (tiens, ça me rappelle autre chose à propos d'un autre pape). Il paraît que ça aurait été facile vu que les belligérants étaient "très catholiques" (qui ? Clemenceau l'athée ? Le star orthodoxe ? Le Kaiser luthérien ? Le roi anglican ?) Le film évite soigneusement de nous dire que la seule tentative internationale pour l'arrêter, cette guerrre, fut celle... de Benoît XV, avec le SEUL belligérant catholique : l'empereur autrichien.
Et après on s'indigne (au nom du "devoir de mémoire") contre les gamins des écoles qui se dérobent à ces "leçons d'histoire" ???

Écrit par : Torbenn | 12/11/2008

LE FAUX DEBAT

> D'après les statistiques, le plus grand nombre de fusillés l'a été dans les premiers mois de la guerre, d'août à octobre 1914 (si je me souviens bien),
Donc, comme le dit si bien PP, tout ça n'est qu'un faut débat dans lequel le sort réel des fusillés de 1917 ou de 1914 n'intéresse personne, car encore une fois, on confond la politique et l'histoire.
Quand à l'accusation portée contre nos pères, elle me fait toujours penser à l'apostrophe du Christ adressée aux pharisiens : vos pères ont tué les prophètes, et vous, vous dressez les tombeaux, autrement dit : vous êtes exactement pareil (peut être l'hypocrisie en plus :)
Je suggère au passage la lecture d'un excellent livre : Fusillé pour l'exemple du général A. Bach, un vrai travail d'historien, mais attention c'est plus difficile à lire qu'à écouter Cl. Chazal :))

Écrit par : Jacques | 12/11/2008

INEPTES GENERAUX

> A lire :
Grenadou, paysan Français.
L'histoire d'une vie de paysan beauceron dans la première moitié du XXe siècle.
L'histoire du Chemin des Dames y est racontée de l'intérieur. Rien à redire aux poilus. Ils ont été conditionnés à l'école de la république à haïr la présence allemande.
Il y a aussi l'histoire de l'artillerie qui pilonne les positions françaises pour obliger les fantassins à attaquer.
Encore une fois, le problème est toujours le même : l'imbécilité et l'idéologisme du haut commandement dans ces moments.
Il y a aussi l'histoire de la crête des Vosges et le cimetière des chasseurs (alpins). Les français pouvaient prendre les Allemands à revers du coté de Munster en passant par les vallées. Le commandement avait décidé de passer par les crêtes. Les français ne sont jamais passés.
On peut encore visiter les tranchées : celles creusées à la va vite par les Français dans la boue et celle cimentées et confortables des Allemands.

Écrit par : boris | 12/11/2008

MOUTONS, LIONS, ÂNES

> discussion sur le sujet en ECJS classe de 1ère ce matin. Commentaire d'un élève : ces soldats (les mutins) étaient intelligents les autres étaient des moutons. Voilà ce que donne ce genre d'arguments, bien sûr que le haut commandement comprenait un quota élevé d'officiers notoirement incompétents et qui aurait du être jugés après la guerre ainsi qu'un certains nombres de politiques si cela avait été une évidence pour les contemporains C'est cela qu'il faut expliquer... faut-il réhabiliter quiconque dans l'armée s'est un jour ou l'autre opposé à l'incompétence? Cela ouvre des perspectives très graves me semble-t-il.
J'ajouterai que ces déclarations correpondent à l'air du temps : c'est pratique il n'y a plus d'anciens combattants ! en début de carrière j'ai souvent fait venir d'anciens combattants pour témoigner , jamais je ne les ai entendu réhabiliter qui que ce soit : eux ils avaient tenu. Ce qu' a été le patriotisme de ces années là est incompréhensible aujourd'hui !
Tout ce qui est dit dans les post précédents est vrai, les historiens en ont abondamment fait l'étude mais par pitié ne jetons pas l'opprobe sur ceux qui ne se sont pas révoltés !
Je voudrai signer la petite nièce d'un "mouton" bêtement revenu des Etats-Unis en 1914 (où il tentait sa chance) dès qu'il a appris la déclaration de guerre et qui a été tué en 1915 ou de mon autre grand oncle , prêtre, brancardier mort pour avoir cherché des blessés entre deux tranchées.

Marie


[ De PP à M. - Rendre justice à certains ne veut pas dire oublier les autres. Mon grand-père, croix de guerre 14-18, me parlait de Verdun quand j'avais dix ans, et je ne l'ai jamais entendu condamner qui que ce soit pour quoi que ce soit. Quant aux erreurs du haut commandement français, elles auraient donné la victoire à l'Allemagne s'il n'y avait eu le stoïcisme des poilus. Des lions commandés par des ânes, disait je ne sais plus quel Allemand parlant de l'armée française. ]

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Écrit par : marie | 12/11/2008

CARNETS DE ROUTE

> Article émouvant.
Je voudrais signaler cette initiative du service des armées qui met en ligne les carnets de routes des corps d'armées qui ont participé aux combats.
On peut ainsi retrouver, numérisés à l'écran, ces carnets renseignés à la main jours après jours, retrouver les déplacements des corps d'armées où se trouvaient ses propres ancêtres, comptabiliser morts et blessés au quotidien et faire les recoupements entre ses ancêtres "morts pour la France" (deux dans mon cas) et ces mouvements décrits là par la main d'un officier.
Ainsi, grâce à Google Earth, j'ai pu localiser (à peu près) l'endroit où l'un d'eux est tombé "mort à l'ennemi, à 1km au nord de XXXX", m'apprend le fichier des soldats "morts pour la France", et le carnet de route de sa compagnie note le lieu de combat sur la route qui va de XXXX à YYYYY.
Crève-coeur.
Je commence à attraper l'âge où mes racines se rappellent à mon bon souvenir...
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/spip.php?breve2

Écrit par : sombre héros | 12/11/2008

MEMOIRE DES HOMMES

> Un lien à signaler pour ceux qui le connaîtraient pas :
Mémoire des hommes, une excellente base de données, hélas bien tristes:
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/spip.php?rubrique41

Écrit par : Dom | 12/11/2008

Lu ce commentaire intéressant de "guzet" sur le blog de Bruno Frappat

> Commemoration, presse et journalistes, suite. A propos des "fusillés" de 14-18. L'analyse de cette question que peut faire l'historien, dans son cabinet de travail ou dans un livre, est dans doute proche des propos tenus par le Pdt de la République. La reprise de cette analyse dans un discours public, solennel, est déjà plus problématique. Notamment, dans la mesure où il n'était pas possible de ne pas prévoir la suite des évènements, à savoir la ruée des journalistes et des médias sur cette "rehabilitation" (par ex deux reportages dans le JT de France 3), une ruée qui contribue, dans le meilleur des cas, à nourrir le nihilisme contemporain ("tout se vaut", "il ne faut pas juger" "Broussard et Mesrine c'est du pareil au même"..) et, dans le pire, à inverser les valeurs, les vrais héros étant les "mutins" et les autres des moutons imbéciles... Aprés quoi on ira pleurnicher sur la "crise des repères" !
http://blogfrappat.la-croix.com/2008/11/commemoration.html#comments

Écrit par : Michel de Guibert | 13/11/2008

> Etes-vous sûr qu'il n'y a pas eu de "fusillés pour l'exemple" ?

http://christian.lefoulon.free.fr/

Écrit par : Michel de Guibert | 13/11/2008

ou encore :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Soldat_fusillé_pour_l'exemple

Écrit par : Michel de Guibert | 15/11/2008

Bonsoir,
j'écris actuellement une nouvelle ayant pour cadre les fameuses mutineries de 1917 et suis tombé sur cet article, en effectuant quelques recherches.
Votre article a le mérite de mettre les choses au point, de chasser les idées préconçues, les poncifs douteux.
L'injustice dont les condamnés à mort ont été victimes n'en doit pas moins être répétée.
"seulement 27 exécutions" écrivez-vous....Pour moi, même si j'ai compris que votre propos n'était pas de minimiser mais d'apporter des chiffres précis, ce seront toujours 27 exécutions de trop...
Bonne soirée et merci encore pour la pertinence de votre article.

P.


[ De PP à P. - Bien sûr, 27 de trop ! Mais la lecture de mon article vous montre que son intention n'est pas de justifier l'état-major ni le bourrage de crânes. Bien au contraire. Je n'ai indiqué ce chiffre de 27 que pour éclaircir les idées : la rumeur dominante avait en effet installé un fantasme, parlant de nombreuses dizaines, voire de centaines, de "fusillés pour l'exemple". Tout se confondait... Or on ne gagne rien, en histoire, à laisser les idées fausses faire boule de neige. La boucherie de 14-18 est assez monstrueuse en elle-même sans qu'on y ajoute des inventions.
Merci de votre message. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Patrick | 17/11/2008

Lire la lettre d'adieu de Jean Blanchard

http://pelerinageromeassise.hautetfort.com/archive/2007/11/11/jean-blanchard-martyr-de-vingre.html

Écrit par : Annie | 24/11/2008

Merci Annie.

> Et encore cet article relatant l'épisode dramatique de Jean Julien Chapelant grièvement blessé et fusillé sur son brancard dressé... épisode qui a inspiré le film et le livre éponyme : "Les sentiers de la gloire".
http://pelerinageromeassise.hautetfort.com/archive/2007/11/11/victimes-de-guerre.html

Écrit par : Michel de Guibert | 24/11/2008

JUSTICE POUR LES FUSILLES DE 1917

Je vous invite à visiter mon Blog "Les blessures de l'âme": http://les-blessures-de-l-ame.over-blog.com/
Ce blog a pour but de présenter mes recherches sur la première guerre mondiale, mon roman ainsi que ma position concernant la réhabiliation des fusillés pour l'exemple.
Si vous souhaitez la réhabilitation de ces hommes injustement condamnés vous pouvez faire parvenir un courrier ou un mail à Nicolas Sarkozy.
Envoyez-le à :
Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République
par mail : http://www.elysee.fr/ecrire
par voie postale : Palais de l’Élysée – 55 rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris

Écrit par : viot | 21/03/2009

LES DATES

> Les dates sont essentielles pour comprendre le drame de ces jours là et les resposabilités écrasantes des républicains français.
Charles 1er, empereur chrétien social, met la cour à l’ordinaire des tranchées et crée le premier ministère du travail du monde.
Formation militaire, et volonté résolue de faire la paix
Opposition aux réalisations de l’Etat major Allemand (et darwino nietzschéen : guerre sous marine
>>> entrée en guerre des Etats-Unis le 6 avril 17
Passe par ses cousins de Bourbon-Parme, volontaires pour combattre en France.
Proposition de l'empereur d'Autriche :
Demandes de l’entente
Rétablissement de la Serbie (augmentée de l’Albanie condition refusée) et de la Belgique, retour de l’Alsace Lorraine (échangée contre la Galicie associée à un royaume de Pologne sous influence allemande)
Attribution de Constantinople aux Russes.
Echec des négociations
Causes immédiates
Refus allemand Le 11 avril (malgré l’entrée en guerre des Etats-Unis) et menace d’invasion de l’Autriche
Sabotage discret de la Hongrie et du ministre des affaires étrangères Czernin
(après l’échec du chemin des Dames le 16 avril, La France de Ribot suit l’Italie le 22 avril, qui demande tout.
Causes profondes.
Impossible d’avouer sa culpabilité dans une guerre absurde si elle n’est pas la guerre du droit. Ceux qui ont affirmé le contraire devraient alors perdre les ors du pouvoir. En particulier en Italie.

Écrit par : Philippe Edmond, | 12/11/2009

UNE BELLE SALOPERIE

> Reste que cette guerre fut une belle saloperie ; que la France y a une responsabilité importante et que les poilus sont morts à l'insu de leur plein gré...
Amen
http://www.editions-italiques.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=51
http://pelerinageromeassise.hautetfort.com/archive/2007/11/11/victimes-de-guerre.html
http://pelerinageromeassise.hautetfort.com/archive/2007/11/11/jean-blanchard-martyr-de-vingre.html

Écrit par : Annie, | 13/11/2009

MIT UNS

> "Satanique ennemi de la véritable histoire : la manie du jugement." Cette phrase de Bloch citée dans un commentaire du billet "Une dépêche de Reuters..." ne s'applique-t-elle pas avantageusement à certains commentaires de ce fil de discussion ? Pour ma part, je me garderais bien de juger tant les fusillés de 1917 que ceux qui priaient dans un trou d'obus en trouvant courage dans un drapeau frappé du sacré-coeur.
"Dans un trou d'obus, tout le monde prie", dit Kersauson... Cela n'a que peu de rapport avec le fait de savoir si "Gott mit uns" ou "Gott mit les autres"...

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 14/11/2009

LE PROBLEME

> cher Guillaume, le problème n'est pas celui qui prie dans un trou d'obus ou en pleine tempête mais celui qui a mis le Sacré Coeur sur un drapeau ou Gott mit uns sur une boucle de ceinture. La "saloperie" est de détourner l'amour de Dieu pour en faire un drapeau qui justifie les tueries. Là est le crime du nationalisme.

Écrit par : vf, | 15/11/2009

DRAPEAUX

> Le 17 juin 1675, le Sacré Cœur apparaît à Ste Marguerite-Marie et lui demande : "Fais savoir au fils aîné de mon sacré cœur que comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de la Sainte Enfance (la naissance de Louis XIV fut en effet miraculeuse), de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu'il fera de lui-même à mon cœur adorable. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour le rendre victorieux de tous les ennemis de la Sainte Eglise." Cette demande ne fut pas exaucée par Louis XIV ni par ses successeurs. On dit que le Christ est apparu à plusieurs reprises pendant la première guerre mondiale pour demander que son sacré cœur soit peint sur le drapeau tricolore, notamment à une bergère prénommée Claire.
Cela me paraît nuancer de ce que vous écrivez.
PMalo

[ De PP à PM :
- Excusez-moi d'intervenir dans cette discussion à l'origine de laquelle je ne suis pas. Mais j'ai toujours eu le plus grand mal à admettre, théologiquement, ces histoires de pays que Dieu "préférerait" par rapport aux autres. Surtout quand ça aboutit à compromettre le coeur du Christ avec la boucherie militaro-capitaliste de 14-18... dont l'un des "buts de guerre" (côté français) était la destruction de la Double Monarchie catholique des Habsbourg ! Si l'on veut se mettre à mélanger guerres mondiales et mysticisme, là il y a vraiment une contradiction.
- En admettant que le "message des drapeaux" n'ait pas été fabriqué à Versailles par le parti dévot (on sait quelles sombres luttes d'influence il y avait autour du roi : cf la calamiteuse abrogation de l'édit de Nantes), ce message du Ciel pouvait être "pensable" appliqué à son destinataire naturel, le roi de France, "fils aîné de l'Eglise" selon Rome...
- ...car la phrase historique concerne le roi de France "fils aîné de l'Eglise", et nullement la France en tant que nation...
- ...mais ledit "message des drapeaux" devenait impensable (en plus d'être absurde) si on prétendait l'appliquer à la France du XXe siècle.
- Quant aux révélations privées, laissons-les à la sphère privée... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : PMalo, | 15/11/2009

@ Vf

> J'approuve votre analyse.

Écrit par : Annie, | 15/11/2009

à PP

> La France "chrétienne" a totalement disparu. L'empire romain chrétien avait déjà disparu. Les nations n'ont pas les promesses de l'éternité : c'est le Corps du Christ Total qui les a, incarné dans le mystère de l'Eglise chrétienne.

Écrit par : Eson, | 15/11/2009

PLAIDOYER POUR NOS AIEUX

> Je comprends cher Vf : ne pas faire de Dieu un porte drapeau pour justifier nos turpitudes. Je suis bien sûr d’accord avec cette idée. Mais puisqu’on veut instruire le procès de nos aïeux, il leur faut un avocat, vous en conviendrez…
Il faut se replacer dans le contexte et les mentalités de l’époque. En 1918, les catholiques français, puisqu’au fond c’est d’eux qu’il s’agit, sont plongés dans une grande affliction : il y a le traumatisme des persécutions récentes ; et la France est considérée comme en danger de mort dans cette guerre interminable et meurtrière. Toutes les familles ou presque connaissent le deuil d’un père, d’un fils, d’un frère… Dans la mentalité de l’époque, il faut trouver une explication surnaturelle à cette situation dramatique. Quelques années après 1905, elle semble évidente aux yeux des catholiques : la France, fille aînée de l’Eglise, paie pour son apostasie et son infidélité. A l’époque, est très présent dans les âmes catholiques le souvenir des apparitions de Paray-le-Monial à sainte Marguerite-Marie (17ème siècle), avec la demande de consécration de la France au Sacré-Cœur et celle de voir le Sacré-Cœur être mis sur son drapeau. En 1915, le Cardinal Amette consacre la France au Sacré-Cœur et la formule est lue dans toutes les églises de France. Nait également l’œuvre de l’insigne du Sacré-Cœur (celle qui diffusera les fameux drapeaux), approuvée par le pape Benoît XV. En juillet 1918, Le Maréchal Foch consacre (en cérémonie privée) les armées françaises au Sacré-Cœur. Entre 1915 et 1918, les drapeaux sont portés au front ; et l’on chante dans les Eglises de France l’hymne « Sauvez sauvez la France au nom du Sacré-Cœur », qui date probablement de 1870. Car déjà, en 1870, on juge que la France a été châtiée de son infidélité et la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est construite en réparation dans le cadre du « vœu national ». Moins d’un siècle auparavant, Louis XVI, dans la prison du Temple, avait fait le vœu de la consécration de la France au Sacré-Cœur s’il retrouvait son trône. C’est donc une dévotion très présente : la France dans l’affliction se tourne vers le Sacré-Cœur pour y fonder son espoir et y trouver son salut. Dans la mentalité de l’époque, il y a l’idée que Dieu est maître de l’histoire ; il y a des siècles d’histoire marqués par cette idée (Constantin, Clovis, Jeanne d’Arc…).
Voilà comment vivaient et pensaient nos aïeux. Voilà pourquoi on trouve aux murs de nos vieilles maisons familiales des portraits du Maréchal Foch qui côtoient le casque si caractéristique sur lequel a été rivetée une plaque portant le grade et le nom de l’aïeul avec cette mention « Soldat de la grande guerre » ; voilà pourquoi les petits enfants que nous sommes ont déniché dans les vieux greniers des drapeaux français cousus de fil d’or et frappés du Sacré-Cœur ; voilà pourquoi nous lisons dans nos archives familiales des correspondances poignantes qui témoignent non d’une idéologie destinée à justifier des tueries au nom de Dieu mais d’une immense affliction doublée d’une immense confiance dans le Sacré-Cœur.
Juger cela ? Est-il besoin d’en dire beaucoup pour saisir le gouffre qui sépare les mentalités de l’époque et celles d’aujourd’hui ? Non, ne pas juger s’il vous plait. Ou alors faudrait-il juger le pape Benoît XV, le cardinal Amette et avec lui à peu près tous les évêques et tous les prêtres de l’époque, il faudrait juger le maréchal Foch et dans le même mouvement nos arrières grands-pères et arrière-grands-mères, il faudrait même juger la basilique de Montmartre en séance solennelle. Non, ne salissons pas Foch et nos arrières grands-mères. Aujourd’hui, on juge tout, on salit tout.
Quant à moi, quel que soit votre verdict, je ne suis pas près de décrocher des murs le portrait de Foch qui s’offre à mes yeux depuis l’enfance, ni le drapeau cousu de fil d’or encadré sous verre, qui orne le mur de mon salon ; car le premier symbolise l’honneur de mon arrière grand-père le colonel de Prémare, « soldat de la grande guerre » comme il est indiqué sur le casque ; et le second la piété de mon arrière-grand-mère Adèle, qui a tant invoqué le Sacré-Cœur pour la France et pour son mari parti au front.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 16/11/2009

CHAQUE PEUPLE

> A propos des préférences, je crois qu'il en est comme des enfants dans une famille équilibrée. Chacun est le préféré pour des raisons précises. Nous mêmes à titre individuel sommes les préférés de Dieu. C'est bien ce que dit la parabole des 100 brebis : le berger ne regarde pas qu'il lui reste 99 brebis, il en a perdu une et fait tout pour la retrouver.
Chaque peuple est aussi le préféré de Dieu. Pour l'image du Sacré-Coeur, il est parlé des ennemis de l'Eglise. Il est bien facile de mettre ensuite un nom sur ces ennemis pour manipuler les consciences. L'Eglise est une réalité spirituelle qui se rit des frontières, celles entre nations mais même celles entre confessions, même celles entre religions, même celle entre croyants et athées, même celle entre les vivants et les morts. Il suffit de relire la parabole du jugement dernier. Où d'écouter d'autres paroles : "ou sont amour et charité, Dieu est présent", "quiconque aime est né de Dieu".

Écrit par : Barbara, | 16/11/2009

TRADITION

> Oui, bravo Barbara ! Voilà une parole juste ! S'il y a une alliance entre Dieu et la France, ce n'est pas pour que Dieu serve la France mais pour que la France serve Dieu et l'Eglise. Voilà l'authentique tradition historique de l'alliance spécifique entre Dieu et la France.
Cette tradition est attestée : elle repose sur Clovis et le testament de l'évêque saint Rémi (co-signé par les évêques les plus importants de l'époque) ; et elle est confirmée par trop de papes (une bonne quinzaine jusqu'à Jean-Paul II) pour qu'elle puisse être considérée comme un coquetterie. La tradition dit que la France a un rôle spécifique à jouer dans l'histoire pour répandre la foi, défendre l'Eglise et plus spécifiquement la papauté.
Mais attention : quand saint Pie X parle de la France comme "fille aînée de l'Eglise, nation prédestinée, vase d'élection" (Jean-Paul II dit "Fille aînée de l'Eglise, éducatrice des peuples"), il ne place pas cette "élection" sur le même plan que l'élection d'Israël. L'élection d'Israël comme peuple de Dieu joue un rôle fondamental dans la dimension universelle de l'histoire du Salut ; l'élection de la France n'est pas de la même nature ni du même degré : c'est une élection particulière qui n'entre pas dans le cadre du mystère du Salut en tant que tel mais dans une notion de vocation à accomplir ici-bas au service de l'Eglise.
Alors : préférence ? Je n'en sais rien. Prédilection particulière sans doute, mais pour donner à la France une responsabilité de service de l'Eglise et non pour soumettre les nations. Pourquoi la France ? Je n'en sais rien... pas plus qu'on ne sait pourquoi Israël... et pourquoi précisément Tartempion est appelé à être prêtre et Bidule à être père de famille...
Pour le sacré-coeur, c'est une piété particulière qui s'exprime dans l'affliction et le désarroi et qui est enracinée dans cette tradition et Paray-le-Monial. Ni plus ni moins. Et si certains ont eu une vision extensive et une interprétation abusive, c'est le lot des imperfections humaines. Mais inutile d'en faire un fromage (français de préférence) et de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Viendrait-il à l'idée de quelqu'un de sensé de rejeter la piété mariale, le culte des saints ou la piété vis-à-vis des reliques au motif qu'il y a parfois des abus ? Les iconoclastes appartiennent au passé, ne recommençons pas...

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 16/11/2009

Cher Guillaume,

> il ne s'agit pas de juger nos aïeux. Vous citez la phrase de Marc Bloch à juste titre. Et moi aussi j'ai eu un grand-oncle que j'ai bien connu qui l'a faite. Mais s'il n'est pas question de juger nos anciens, on peut discuter et réfléchir sur les idées et les actes des hommes. Faire de l'Histoire, c'est aussi comprendre le passé pour éclairer le présent et préparer l'avenir. Vous dites que Dieu est maître de l'Histoire? je le pense aussi. Alors, justement, il est donc possible de relire l'Histoire au prisme de l'Evangile qui ,lui, n'a pas changé. Je comprends votre défense (brillante d'ailleurs :) ) de cette dévotion mais je critique ce que le nationalisme à fait de cette dévotion. Si les catholiques avaient écouté le pape Benoît XV, cette guerre aurait-elle eu lieu? Si on lit l'Evangile, peut-on aller se battre en portant l'inscription "Dieu avec nous"? Il ne s'agit pas d'attaquer les combattants pour lesquels j'ai la plus grande estime (il faut des armées, malheureusement l'humanité est ainsi) mais la politique qui les utilise. Vous citez Constantin ou Clovis. Quelle est la part de foi sincère et la part de calcul politique dans leur choix? La volonté de mettre la foi et l'Eglise au service des ambitions d'un Etat est une des constantes de l'Histoire européenne depuis Constantin. C'est là ce que je critique.
La nation française a une vocation? Sans doute mais il s'agit de la nation, pas de l'Etat-nation. La nation est charnelle, incarnée et donc peut avoir une foi. L'Etat-nation est politique et donc manipulateur et calculateur au gré de ses intérêts. Foi et humanité, oui; foi et politique, non.
Quant à l'Histoire de France, repensez à la phrase de Bloch dont on discute sur un autre billet de ce blog. J'y adhère totalement.

Écrit par : vf, | 16/11/2009

Cher Vf,

> je pense que sur le fond, nous sommes en fait d'accord sur l'essentiel, à quelques nuances près et avec nos bienheureuses différences de cultures personnelles et familiales.
1. Je sais bien que le excès du nationalisme peuvent nuire à de nobles sentiments. Mais je vois simplement le bon (la dévotion et la piété) avant le mauvais. Le bon grain pousse avec l'ivraie jusque dans les coeurs sincères... C'est la condition humaine. Bien évidemment tout le monde aurait été bien inspiré d'écouter le pape B15. Et cela n'a pas empêché ce pape d'encourager le cardinal Amette à répandre la dévotion au Sacré-Coeur en France. Voilà, j'ai un peu "rallongé la sauce" et sorti le grand jeu sur le sujet car je crois que nous sommes aujourd'hui plus guettés par le déracinement que par un excès de patriotisme...
2. Parfaitement d'accord sur : "Faire de l'Histoire, c'est aussi comprendre le passé pour éclairer le présent et préparer l'avenir." Il y a des leçons de l'histoire : les mêmes causes produisent les mêmes effets.
3. C'est un autre sujet, mais une précision sur Clovis et Constantin : beaucoup de déformations dans l'historiograhie dominante. Pour évacuer les fables, 2 lectures indispensables :
- Sur Constantin : "Quand notre monde est devenu chrétien" de Paul Veyne, vrai travail d'historien où il est montré que Constantin n'avait pas d'intérêt direct à se convertir. A ma connaissance, personne n'a pu réfuter sérieusement Veyne. C'est un livre magnifique, presque un "génie du christianisme" écrit par un non-chrétien (je sais, je suis un peu lyrique et j'exagère toujours un chouïa).
- Sur Clovis : le Max Gallo bien sûr, "Le baptême du roi", qu'on ne présente plus.
4. Un petit coin de sourire au milieu de sujets graves : je recommande encore et toujours Brassens (si je n'étais pas catho, je dirais que c'est mon idole !), avec cette chanson auto-dérisoire de la France pugnace intitulée "la guerre de 14-18" : "Moi mon colon celle que j'veux faire, c'est la guerre de 14-18 ; celle mon colon que j'voudrais faire, c'est la guerre de 14-18." Ah, quand on est moqué avec talent et humour, on accepte tous les outrages !

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 16/11/2009

"BOCHE"

> N'oublions pas que Benoît XV fut traité de "pape boche" parce qu'il essayait d'intervenir pour promouvoir la paix...

Écrit par : Michel de Guibert, | 16/11/2009

Cher guillaume,

> je reprends mon commentaire que j'ai du interrompre pour cause de travaux à la maison. Votre description de Foch, des souvenirs de vos ancêtres est émouvante et sincère, je n'en doute pas une minute et j'y souscris même. Le point qui me fait réfléchir est l'intention de cette dévotion. Si, comme votre arrière-grand-mère, Foch prie le sacré coeur du seigneur afin de protéger ses hommes et son pays, cela, je le comprends. S'il s'agit de prier pour obtenir la victoire de ses armées et la défaite de son adversaire, là, je bloque. D'un côté les Français se réclameraient des promesses d'une apparition du Christ quand en face, les Allemands affirment que Dieu (le même) est avec eux? Affirmer que l'on combat pour ou avec Dieu est, à mon sens, contraire à la foi dans le Christ. J'admets, et je suis même sûr, que Dieu est avec tous les hommes qui souffrent, au coeur même des conflits, dans les pires tragédies. Mais je refuse d'admettre qu'il soit partisan. Comme je refuse d'admettre, comme certaines connaissances traditionalistes me l'on affirmé, que si l'on est catholique, on ne peut être que monarchiste. Que le Christ ait choisi la France pour une destinée particulière, pourquoi pas. Qu'il ait choisi un régime politique précis ou un camp politique particulier, sûrement pas.
Quant à la tradition, elle est notre héritage. Mais elle doit être vivante, ce qui veut dire que nous, à notre époque, nous la recevons pour la faire fructifier par nos apports et notre façon de la vivre. Sinon, elle n'est qu'un corset rigide qui sclérose et stérilise les coeurs, voire les ferme à Dieu.
Je le dis et je le répète, je ne fais le procès de personne (qui suis-je pour cela?) mais je m'interroge sur ce que je reçois en héritage de mon pays. J'essaie de comprendre et d'apprendre.

Écrit par : vf, | 16/11/2009

Cher Guillaume,

> j'ai le Paul Veyne (très bon historien) mais je n'ai pas encore eu le temps de lire :( .
J'ai posté mon seconde commentaire avant d'avoir lu votre réponse, ayant été dérangé au milieu de sa rédaction ce qui bloqua mon ordinateur restant en pose. Je souscris à tout ce que vous dites ,même Brassens :).

Écrit par : vf, | 16/11/2009

MEDOUNI MESBAH, MORT EN 1914-1918

> recherche mon grand père medouni mesbah mort durant durant la première guerre j'ignore l'année exacte et son numero de la stèle ou carré militaire à versailles

prière m'aider a identifier merçi d'avance

medouni ouenza
______

Écrit par : medouni / | 20/04/2011

> avis de recherche numéro du carré militaire de mon défunt père medouni mesbah ne en entre 1882 ou 1891 lieu de naissance grande kabylie tizi ouzou algérie enterré parmi ses compagnons de la 1ère guerre mondiale a versailles
prière identifier et me communiquer le numéro de la stèle ou carrée militaire de versailles 1914 a 1917
dans mon acte de naissance inscrit avec mention pupille de la nation du jugement du 21.02.1921

email courrier2012@yahoo.fr merçi reconnaissant
______

Écrit par : medouni / | 20/04/2011

COMBATTANTS

> prière m'aider et communiquer sur le devenir les lieus d'implantation de la 5ème R.T.A. ET 14ème COMPAGNIE et 2ème classe implanté en algerie durant la premiere guerre mondiale
merci
______

Écrit par : mouhoub / | 12/07/2011

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