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18/04/2008

Benoît XVI aux Etats-Unis (4) : le discours aux éducateurs catholiques américains

Le pape propose la notion de « charité intellectuelle » :


Discours magistral à lire in extenso  (en anglais : http://whispersintheloggia.blogspot.com/2008/04/to-catholic-educators.html) !       Je traduis en urgence ces deux passages :

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« Il est clair que l’identité catholique ne dépend pas de statistiques, ou ne peut se réduire à l’orthodoxie du contenu des cours. Elle demande bien plus : que chaque aspect de nos communautés enseignantes se reflète dans la vie ecclésiale de foi. Ce n’est que dans la foi que la vérité peut s’incarner et la raison devenir vraiment humaine, capable de diriger la volonté sur la voie de la liberté… »

 

 « Il n’est pas surprenant que, non seulement nos communautés, mais la société en général, attendent beaucoup des éducateurs catholiques. Ceci vous donne une responsabilité et vous offre une chance. De plus en plus de gens – de parents en particulier – reconnaissent un besoin d’excellence dans la formation humaine de leurs enfants. L’Eglise, comme Mère et Enseignante, partage ce souci. Si rien n’est reconnu comme décisif au-delà de l’individuel, l’ultime critère de jugement devient la satisfaction des désirs individuels immédiats. On risque la perte de l’objectivité et de la perspective, qui ne peuvent venir que de la reconnaissance de la dimension transcendante essentielle à la personne humaine. A l’intérieur d’un horizon aussi relativiste, les buts de l’éducation sont inévitablement rétrécis. Les normes tendent à s’abaisser lentement. Nous constatons aujourd’hui une timidité devant la catégorie du bien, et une poursuite sans fin de la nouveauté présentée comme réalisation de la liberté. Nous entendons affirmer que chaque expérience est de valeur égale, et nous voyons des réticences à admettre l’imperfection ou l’erreur. Particulièrement inquiétante est la réduction du domaine (précieux et délicat) de l’éducation sexuelle à celui d’une prévention du « risque », privée de la moindre référence à la beauté de l’amour conjugal.

Comment les éducateurs catholiques peuvent-ils répondre à cela ? Ces tendances pernicieuses indiquent l’urgence particulière de ce que nous pourrions appeler la « charité intellectuelle ». Cet aspect de la charité appelle l’éducateur à reconnaître que la profonde responsabilité de mener le jeune à la vérité n’est rien de moins qu’un acte d’amour. Réellement, la dignité de l’éducation réside dans un parrainage des éduqués vers la perfection et le bonheur véritables. Dans la pratique, la « charité intellectuelle » soutient l’unité essentielle du savoir contre la fragmentation qui se produit lorsque la raison se détache de la recherche de la vérité. [La charité intellectuelle] guide le jeune vers la profonde satisfaction d’exercer sa liberté en relation avec la vérité, et cela tend à articuler la relation entre la foi et tous les aspects de la vie familiale et sociale... »

 

 

[ Fin de la reproduction d’extraits du discours de Benoît XVI ].

 

Commentaires

CHARITE INTELLECTUELLE

> La "charité intellectuelle" ? On croirait à s'y méprendre nous voir resservie une "tolérance" devenue vertu cardinale... sans l'assentiment des cardinaux. (Encore que ?...)
Venant de notre Saint Père, cette suspicion n'est naturellement pas à l'ordre du jour. Au contraire, remet-elle la "tolérance" à sa juste place : celle de l'alibi des "horizons relativistes".
"Ce n’est que dans la foi que la vérité peut s’incarner et la raison devenir vraiment humaine, capable de diriger la volonté sur la voie de la liberté…" Ce qui est d'un autre tonneau que de foncer tête baissée sur la voie de la liberté en se dirigeant selon une absence de volonté.
Heureusement que l'éducation "vers la perfection et le bonheur véritables" ne requiert pas de permis à points. "Les buts de l'éducation étant inévitablement rétrécis", beaucoup devraient se contenter de rouler en voiturette !...

Écrit par : Michel de Tiarelov | 18/04/2008

TEMOIGNAGE

> Je ne maîtrise pas l'anglais au point de lire l'article dans son intégralité.
L'extrait que vous m'en donnez fait écho chez moi à mon parcours chez les jésuites ainsi qu'à une Foi toujours fermement ancrée.
En tant qu'enseignant dans la communale laïque du coin, j'approuve pleinement l'exigence éducative rappelée ici par Benoît XVI et je constate en contrepoint le manque de "perspective" et les horizons de plus en plus "rétrécis" de l'enseignement laïque.
Je me suis déjà ouvert de cette analyse dans un commentaire précédent en parlant de la laïcité comme d'une peau morte qui sert aujourd'hui de déguisement à des margoulins.
L'ensemble de mes collègues est de bonne volonté, je vous l'assure, mais en tant qu'êtres humains d'aujourd'hui, ils ont les limites des schémas de pensée qu'ils défendent.
Oui, éduquer est un acte d'amour qui doit prendre l'enfant dans sa globalité, transcendance incluse.
Eduquer, c'est piocher au plus profond de ce petit cerveau que nous parrainons, dans le plus grand respect de son intimité à construire, travail d'équilibriste, travail d'artiste.
Eduquer c'est un tout, comme le rappelle le pape, une somme qui en dépasse tous les fragments.
Eduquer c'est espérer.
Eduquer c'est aussi prendre la dimension intersubjective dans son champ d'action, et conduire celle-ci vers son épanouissement. Il s'agit bien sûr d'une des grandes différences entre éduquer et instruire.
Conduite, morale ? je ne sais pas et je m'en f..., je constate que cette intersubjectivité est laissée en jachère, pour ne pas dire jetée aux orties. Le traitement de la composante sexuelle en est effectivement le triste exemple.

Je regrette qu'à l'issue du CM2, il n'y ait pas, au moins, une commémoration républicaine qui matérialiserait la chaîne des valeurs humaines dont nos enfants sont issus. Il s'agit là d'un grave renoncement. (Mai 68 ?)
Je regrette surtout que le collège parcellise l'enfant et ne tienne pas compte de l'explosion qui s'opère en lui, à ce moment de la vie.

Tout cela étant dit, il est normal que de son point de vue, le pape parle d'une exigence plus grande des familles qui les pousserait à choisir l'enseignement catholique. Il est dans son rôle.
Mais de mon point de vue qui se situe de l'autre côté de la barrière, je pense qu'un pourcentage non négligeable de ces familles est poussé par des raisons moins nobles, et motivé par le souhait de se retrouver "entre soi", loin de la médiocrité supposée du peuple.
Ce n'est pas très chrétien.
(Excusez-moi mais je ne peux pas m'empêcher d'être un brin polémique).

Écrit par : sombre héros | 18/04/2008

A SOMBRE HEROS

> Désolé de vous contredire, mais je persiste à croire et affirmer que notre métier est d'instruire, pas d'éduquer. L'éducation appartient à la famille pas à un fonctionnaire d'Etat (ou assimilé en terme de mission et d'absence de liberté si l'on parle de l'école sous-contrat). Que voulez-vous dire quand vous affirmez que le collège parcellise l'enfant? Est-ce la différenciation des enseignements et des professeurs? Pour ma part, je peux vous affirmer que je travaille en étroite collaboration avec mes collègues de français, de musique, d'art plastique etc. De plus, je trouve cela normal car l'on monte d'un cran dans l'approfondissement et il faut des gens spécialisés et bien formés dans leur domaine respectif. En tant que professeur, je suis celui à qui la famille délègue une certaine autorité (celle du savoir) au nom du principe de subsidiarité. Je n'ai pas à entrer dans les cerveaux de mes élèves ou à gérer leur crise d'adolescence (sauf quand celle-ci est trop manifeste durant mes cours). Quand je sens que quelque chose se passe, je ne peux qu'en parler aux parents mais, sauf cas grave, je n'ai pas à m'en mêler. Mon enseignement , mon rapport à l'élève, à sa famille se doivent d'être inspirés par l'évangile et cela induit une certaine morale. Bref, je ne suis qu'un partenaire au service des familles dans l'éducation de leurs enfants, mais je n'en suis ni le maître formatant des cerveaux à la chaîne, ni le prestataire de service d'une société où tout se consomme.
En tout cas, je suis parfaitement d'accord avec votre constat du choix par certaines familles de l'enseignement autrefois appelé catholique. Une enquête avait montré que, si ma mémoire est bonne, seulement 6% des familles y allaient pour des raisons religieuses;
Pouvez-vous m'expliquer ce qu'est l'intersubjectivité dont vous parlez ainsi que la chaîne des valeurs humaines dont nous descendons? J'ai un peu de mal avec le langage IUFM. (pardonnez-moi cette petite pique).

Écrit par : vf | 18/04/2008

COLLATERAL

> Cher sombre héros,
dans l'enseignement catholique se retrouvent des enfants de tous milieux, surtout en primaire. Et ceux qui viennent de familles "modestes" y côtoient ceux qui viennent de familles catholiques et de familles attirées par les résultats, le cloisonnement social etc. Mais , au moins auront-ils vu que les fils de bourgeois ne sont pas de tristes profiteurs friqués et insensibles. Ils ont les mêmes doutes, les mêmes élans, les mêmes inquiétudes face à l'avenir. Tisser le lien social c'est aussi ça: découvrir que tous les "gosses de pauvres " ne sont pas pleins de ressentiment, et que les gosses de riches ne sont pas nécessairement insensibles, distants, inaccessibles....
Ce n'est certes pas le but premier de l'enseignement catholique mais un bienfait collatéral.

Écrit par : rackam | 18/04/2008

PFIOU ! J'EN AURAIS POUR DES HEURES !

> J'ai un mémoire à finir pour lundi et trop peu de temps à consacrer à ce blog pour l'instant. :-(
Ne voyez aucun mépris dans cette phrase d'introduction car j'éprouve vraiment le besoin et l'envie de répondre aux posts précédents sur un sujet qui me passionne.
Alors, je vais être très concis, ce qui est dur pour moi, veuillez excuser la sècheresse de ces idées jetées sans habillage.

Cher Vf,
je vous sens en désaccord avec le pape qui s'adresse à des éducateurs et non à des instructeurs.
Moi, je suis membre de l'EDUCATION nationale avec des missions définies par une assemblée élue, aucun despotisme derrière cette mécanique démocratique.
Avec les parents, je souhaite parler de co-éducation, même si cela fait hérisser les cheveux sur la tête. Cette co-éducation, avec les garde-fous démocratiques qui s'imposent, devrait être une garantie contre la marchandisation des esprits et devrait permettre que les familles ne se retrouvent seules face à une société qui les prend trop souvent à rebours.
Vous aurez compris que je ne partage pas du tout les programmes darcossiens.
J'insiste sur la noblesse de ma tâche d'enseignant et sur la nécessité "d'entrer" dans un cerveau (dans les strictes limites que je donne) de façon à le conduire vers son propre plan de conduite. En aucune manière je ne me sens pourtant guru ou "maître" en philosophie.
Puisque vous n'aimez pas les termes de l'IUFM, je vais en ajouter trois : l'enfant que j'ai face à moi ne se réduit pas en SAVOIR mais aussi en savoir-ETRE et avoir-FAIRE. L'école primaire prend cet ensemble en compte, pas le collège.
Ce n'est pas le rôle des enseignants de secondaire, "techniciens", de prendre en compte cette explosion propre à l'adolescence. Je crois qu'il faut créer de toute pièce un ensemble de professionnels qui accompagneraient par la parole, dans des lieux appropriés mais scolaires, dans un cadre démocratiquement décidé, ce qui est un passage. Ne laissons pas les familles et les adolescents seules face à ce moment de la vie !
Ne soyez pas dupes, les requins envahissent l'espace libre que nous laissons béant.
Enfin quoi ! nos enfants passent entre 8 à 10 heures entre nos murs !!! (dans les grandes villes).
Ne peut-on les nourrir qu'avec du savoir et de l'occupationnel ?
L'intersubjectivité est un terme utilisé pour parler, en langage pédagogique, des relations entre individus pris comme sujets (subjectifs ?).
Acception peut être différente de certaines autres professions.
Je ne brocarde pas du tout le langage IUFM qui répond au besoin d'une profession de construire un langage.... professionnel. Lorsque je lis certains articles sur la finance, je fronce les sourcils devant des termes et les expressions utilisées mais je ne me moque pas, je pense que ces professionnels ont besoin d'un jargon qui affine leur pensée.
Chez nous, l'apprenant, l'élève et l'écolier sont des figures différentes parce qu'elles définissent des "postures" plus ou moins efficace par rapport à des démarches d'apprentissages. Pourquoi se moquer ? Le jargon pédagogique ne s'arrête pas au trop fameux "référentiel bondissant".
Mais j'accepte la pique, croyez bien !
Que dire vite encore...
Ds choses encore mais j'arrête.

Cher Rackam,
Dans certaines écoles catholiques se trouvent des enfants de tout mileu, et surtout dans des zones rurales ou / et des départements, comme l'Aveyron prêt de chez moi, ou l'école communale est absente.
Je n'ai pas du tout l'intention, soyez en assuré, de refaire 1984 et les grandes manifestation autour de l'école privée (pas libre).
Pour moi, par ma double position de chrétien et de démocrate, l'affaire est clairement entendue.
Et tout ce que vous dites est vrai.
Mais l'autre effet collatéral que je dénonce plus haut est aussi exact et sur Toulouse, si vous voulez j'ai les noms !
Merci d'avoir pris le temps de lire cette prose brute (quoique) mais il faut que je retourne à mon mémoire.

Écrit par : sombre héros | 19/04/2008

L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

> Ce texte de Benoît XVI mériterait d’être lu, médité, et appliqué par les évêques, particulièrement par ceux chargés de l’enseignement (dit) catholique. Pour connaître le milieu congréganiste et une cinquantaine d’établissements, je peux vous assurer que les principaux critères de recrutement des chefs d’établissement sont leur adhésion au politiquement correct et leur volonté de ne pas afficher une identité chrétienne.

Écrit par : Lev | 20/04/2008

A SOMBRE HEROS

> Une dernière réponse car ce blog n'est pas franchement concerné par un débat sur la pédagogie et ses à côtés. Je me moque du langage iufmesque et je le clame haut et fort. C'est pure snobisme, pédanterie et hypocrisie, que de parler de "géniteurs d'apprenants" (parents d'élèves), de "rupture programmée du processus d'acquisition cognitif " (récréation), "d'évaluation sommative" 'interro de cours), sans parler du célébrissime "référentiel bondissant aléatoire" (ballon de rugby). Tous ces termes ( et bien d'autres encore) furent entendus lors d'une conférence de stage en IUFM.
Parlons d'éducateur puisque participer à l'éducation d'un enfant nous rend éducateur. L'éducation est un art et pas une science. L'enfant est un être humain qui ne rentre pas dans des concepts et ne se met pas en équation. Que chaque métier crée ses outils et ses termes propre est logique mais les pseudos scientifiques de l'éducation (qui pour moi ne sont pas des pédagogues) ont créé un langage artificiel, une novlangue afin de dénaturer ce métier et de justifier leur existence. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement". La langue française suffit amplement à s'exprimer quand on la maîtrise correctement, ce qui n'est pas le cas de nombre de pseudo penseurs de l'éducation. Au passage, cette critique est valable pour le monde économique qui s'invente une langue pour les mêmes raisons. Adam Smith ou Keynes se lisent sans problèmes, ce n'est pas le cas de certains économistes de nos jours. Bon, j'arrête là car, comme je le dis plus haut, ce blog n'est pas le lieu approprié pour une polémique pédagogique. Sans méchanceté, amicalement, VF

Écrit par : vf | 21/04/2008

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