18/03/2008
L' "accablante faillite intellectuelle" de la financiarisation et de la dérégulation néolibérales
Une analyse à lire dans Les Echos : http://www.lesechos.fr/info/analyses/4700608.htm
15:07 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : crise financière, ultralibéralisme, paul fabra
Commentaires
FABRA
> Excellent Paul Fabra!
Le rapprochement est peut-être un peu superficiel, mais la lecture de cet article m'a fait penser à une remarquable interview d'Hubert Védrine dans France Catholique récemment, où l'ancien ministre affirme sans ambages que la Commission de Bruxelles a été aveuglée pendant 20 ans par son idéologie anti-étatique, acquise qu'elle était à « un libéralisme simpliste ».
On n'a pas fini (j'espère) de faire le tour de cette bien-nommée « faillite intellectuelle ».
Écrit par : Philarete | 18/03/2008
SMALL IS BEAUTIFUL
> Excellent article, merci de nous le communiquer. l'analyse de l'aberration des nouvelles normes comptables est en particulier excellente.
Les excès de ce capitalisme sont évidents et scandaleux.
Mais n'oublions pas que cette finance de Monopoly n'a rien à voir avec la liberté économique des petites entreprises, qu'elle tend même à écraser, tout comme le fait l'étatisme ambiant.
Souvent l'Etat et les multinationales ou les grands groupes sont alliés de fait à bien des égards. Quand l'Etat impose une myriade d'obligations paperassières et inutiles aux petites entreprises et alourdit ainsi leurs coûts, cela favoriser la disparition des petits artisans et leur remplacement par des chaînes dotées de tous les services administratifs nécessaires pour remplir une kyrielle de formulaires.
Sur le plan des idées églement, les théories du grand capitalisme nuisent à pas mal d'entreprises. Combien de petits patrons ne se sont-ils pas ruinés en essayant de s'imposer les impératifs effrénés de croissance que l'on chante dans les business schools, alors que le niveau des cotisations sociales impose au contraire de ne pas recruter pour survivre ? Combien ont procédé à des études de marché conçues au départ pour les lessiviers, et se sont en même temps dispensés d'écouter leur clients et fournisseurs dans les contacts quotidiens ?
Il y a dans les théories du management quelques bonnes choses (pas toujours applicables aux petites entreprises) et beaucoup de théories dogmatiques.
Personnellement, je suis très favorable à la liberté économique pour autant que son usage soit guidé par une saine morale.
Notre religion nous interdit le vagabondage sexuel, mais ne nous impose pas le port de la ceinture de chasteté. Qu'il en soit ainsi également dans le domaine économique. Apprenons à mieux connaître et appliquer la doctrine sociale de l'Eglise, et à privilégier en tout l'homme et ce qui est à taille humaine.
Ce qui devrait nous amener, au nom de la subsidiarité à nous garder également de l'étatisme, car les pouvoirs publics sont non seulement broyeurs d'êtres humains mais également grands destructeurs de richesses.
Méfions-nous de tout ce qui est grand, multinationales ou états, réduisons les à leur rôle strictement nécessaire, et développons des structures intermédiaires.
Écrit par : furgole | 19/03/2008
PERISSABLE
> Paul Fabra indique que l'économie mondiale a adopté des normes comptables peu scrupuleuses consistant à évaluer les actifs à leur valeur supposée du marché et non à leur valeur historique. C'est ce qui a déjà provoqué la crise au Japon.
Le bien de la fortune est un bien périssable;
Quand on bâtit sur elle on bâtit sur le sable.
Racan
http://poesie.webnet.fr/poemes/France/racan/1.html
Écrit par : Annie | 19/03/2008
INCENDIAIRE ?
> Vous m'excuserez de ne pas applaudir automatiquement à tout article qui traite les banquiers d'escrocs irresponsables. J'en suis un et pour être encore plus spécifique, j'ai dans ma banque collaboré aussi bien au développement des "modèles" Bâle2 qu'à celui des "modèles" de mark-to-market exigés par les nouvelles normes comptables IAS.
Or à moi, ce papier me paraît confus et discutable sur le plan technique (je développe qq objections en fin de ce post). Je me demande d'ailleurs ce qu'un lecteur non initié peut réellement en tirer, si ce n'est le renforcement d'un sentiment préexistant de "tous pourris".
Qu'on me comprenne bien: mon intention ici n'est aucunement de chercher à justifier les comportements pathétiques qui ont conduit à la crise actuelle. Ils signent bel et bien la faillite d'un système. Je dirais même les faillites, la morale n'étant pas la moindre. Ce constat ne vaut d'ailleurs pas que pour le monde financier: quoi que nous en pensions nous sommes encore des barbares mal dégrossis qui ont plusieurs millénaires de retard sur l'idéal évangélique - si tant est que l'humanité s'en approche un jour (ce que l'on peut espérer selon mon père spirituel).
Mais je finis par me sentir mal à l'aise devant l'unilatéralisme des posts sur ce blog. Il ne suffit pas d'être incendiaire pour être pertinent. C'est même en général le contraire.
Ceci étant dit, merci pour ce bloc-notes que je lis chaque jour avec intérêt.
M.
Quelques objections ou précisions.
* Le scandale de la Soc gen n'était en aucune façon lié à des modèles défectueux comme ceux mis en oeuvre pour Bâle2. C'était une faillite des contrôles internes qui seront de toute façon nécessaires quelque soit le degré de "modélisation" mis en oeuvre.
* La délégation aux banques du calcul de leurs besoins en capital demeure très relative: je peux vous assurer que mes équipes ont du consacrer autant voire plus d'énergie à justifier leurs modèles dans le moindre détail auprès des régulateurs, auditeurs, valideurs ... qu'à les développer. Et la norme exige une vérification annuelle complète ... ad vitam
* Quant à Citigroup et compagnie ... pour autant que je sache Bâle2 n'est pas encore d'application aux USA (et donc pas non plus la diminution des fonds propres évoquée)
* D'accord avec l'auteur: la radicalité Mark to Market des normes comptables IAS est aberrante. Ces règles portent une très lourde responsabilité dans l'aggravation de la crise. Mais qu'en conclure exactement? Paradoxalement, que les banques sont moins fautives qu'il n'y paraît. Les pertes énormes affichées sont en bonne part virtuelles mais imposées par une réglementation idiote. Or cette radicalité, bcp de banques, françaises en particulier, n'en voulaient pas. Au point d'avoir fait en son temps monter Jacques Chirac au créneau.
* De stricte application, la règle du "seul compte le cash" serait aussi néfaste (et susciterait certainement les mêmes sarcasmes en cas d'échec).
Écrit par : Mathatias | 20/03/2008
@ MATHATIAS
> Ouaip... Sur ce qu'il convient de faire aux banques, je suis plutôt d'accord avec le député PS Balligand, dans Le Monde d'aujourd'hui : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/03/20/les-banques-en-question-par-jean-pierre-balligand_1025503_3232.html
Écrit par : Marc-Antoine | 20/03/2008
DEUX FACONS DE VOIR
> OK, Mathatias. Mais il y a deux façons de voir ce qui se passe en ce moment dans la planète financière.
Ou bien, comme vous le faites, chicaner des éléments argumentatifs et prouver que ici, et là, et encore là, Fabra (ou un autre) est en désaccord avec les analyses techniques des "professionnels de la profession".
Ou bien aller au coeur du problème et se demander à quoi rime le système qui a pris le contrôle du monde, avec des retombées redoutables sur la vie de chacun.
Refuser de se poser cette question, c'est se comporter en défenseur du système.
On a le droit de défendre le système. On n'a pas le droit d'ignorer que Benoît XVI demande qu'il soit "changé". Ni d'ignorer tout ce que Jean-Paul II a dit contre ce capitalisme financier devenu fou. Si on tient à défendre ce système, il faut s'avouer qu'on le défend CONTRE la pensée de l'Eglise catholique, et en tirer les conclusions logiques !
Écrit par : Roger Jolly | 22/03/2008
FRANCE ET MONDIALISATION
Dans la critique de la mondialisation furieuse il ne s’agit pas de s’arrêter à l’anticapitalisme. Trop simple. Il s’agit d’être à la fois anticapitaliste et anti-internationaliste. Responsabilité de la France ?
Les capitalistes et les internationalistes sont de con-nivence factuelle et sournoise pour mépriser les peuples, neutraliser les Etats, détruire les nations.
Les observateurs avertis tiennent de savants discours sur les maux gravissimes de la globalisation. Mais leurs expertises sont totalement incomplètes en n’abordant que les aspects économiques des crises qui démoralisent l’opinion.
Car il faut toujours rappeler simultanément que les internationalistes ont également opté pour ce système qui nous ronge : libre circulation des capitaux, des personnes et des biens. Avec, naturellement, un autre objectif : l’utopie de la gouvernance mondiale. Les fonctions de MM. Lamy, Barroso et DSK en sont une preuve tangible. Façon trotskiste assurément mais…chut.
Dans ce foutoir idéologique il faut constamment démasquer ces deux adversaires : les internationalistes (altermondialistes, universalistes…c’est pareil) qui confondent l’Etat avec la planète, la citoyenneté avec l’humanité et les capitalistes (libéraux, ultra-libéraux…c’est pareil) qui confondent leurs profits avec le progrès. Depuis trente-quatre ans, ils sont conjointement coupables de la chienlit qui accable crescendo les populations.
Pauvreté, anarchie et guerres civiles seront- sont déjà pour les premières- au rendez-vous.
La France peut-elle encore porter le message du bon sens et de la justice ?
C’est à dire l’élaboration de règles équitables pour:
-la coopération de peuples souverains et le parrainage in situ des plus faibles ;
-l’organisation de l’Europe des Nations indépendantes (de l’Atlantique à l’Oural, au lieu de laisser dériver la Russie et de marivauder avec le guêpier turc) ;
-le dialogue et l’échange des civilisations dans des institutions délivrées des choses-machins-trucs.
Un Président de la République, confondant les niveaux ‘conception-conduite-exécution’, plombe dangereusement les réformes nationales quasi indispensables à la crédibilité internationale du pays après 27 ans de machiavélisme, de cohabitation et d’attentisme. Il s’agite dans le piège d’une Union européenne supranationale totalitaire. Par la confiscation insolente du référendum il étouffe l’expression de la souveraineté de la France.
Bergson* comparait l’action d’un homme providentiel ou d’un peuple à la trajectoire d’une flèche :‘‘elle se décoche avec d’autant plus de force en avant que sa représentation était plus tendue vers l’arrière’’. Alors ? Renouveau, ‘portugalisation’, disparition ? Triple alternative pour la France selon que les Français (de souche et d’adoption pour taire l’imbécile suspicion pathologique) voudront bien ou non se rappeler (d’instinct et sans stricte analogie) leur petite histoire : de Brennus à De Gaulle...
*Bergson- la conscience et la vie- PUF
Écrit par : castelin michel | 06/04/2008
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