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08/02/2008

Canterbury : l'évêque qui aime la charia

d26effad128ed343594be4b51aac69f1.jpgBourde retentissante de Rowan Williams, et excitation des médias français (défenseurs de la laïcité  en péril) :


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La noix d’honneur est remportée (haut la main) par l'archevêque anglican de Canterbury, Rowan Williams, qui vient de déclarer « inévitable » l’entrée de dispositions de la charia dans la loi britannique.  « Reconnaître la Charia, c'est reconnaître une méthode de jurisprudence gouvernée par des textes révélés plutôt que de se baser sur un seul système », explique-t-il.  

 

On apprend ainsi que, pour le chef de l’Eglise anglicane, le Coran est un texte « révélé » !

 

Cette opinion  montre l’urgence de traduire en anglais le remarquable livre de François Jourdan, Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans (L’Oeuvre 2008), et celui de Dominique et Marie-Thérèse Urvoy, L’action psychologique dans le Coran  (Cerf 2007) : deux ouvrages qui montrent d’où vient l’islam en réalité et quels sont ses ressorts. Si le booming bishop  sait lire le français, qu’il se procure même ces deux livres sans attendre qu’un éditeur londonien les acquière. Il y a urgence.

 

D’autant – seconde raison de la noix d’honneur – que la bourde de Rowan fait la joie des médias en France.

 

Non parce qu’il recommande la charia : mais parce que cette intervention d’un évêque chrétien en faveur de l’islam semble prouver la collusion entre les religions pour étouffer « la laïcité ». C’est ce que disait ce matin la journaliste chargée de la revue de presse de France Inter.

 

Elle en a profité pour citer le dossier de Courrier international sur ce sujet. Dossier qui se veut tapageur, mais qui reste vide. Où voit-on en effet que des chrétiens mettent en danger la laïcité ?  Nulle part. Pas en Espagne, par exemple, quoi qu’en dise ma consoeur… (Oui, les catholiques espagnols résistent au gouvernement de Madrid ; mais ça prouve quoi ? Rien. En tant que citoyens comme les autres, ils ont le droit de dire qu’ils ne sont pas d’accord avec Zapatero. Ensuite on verra dans les urnes ce qu’ils pèsent : s’ils sont majoritaires, c’est la légitimité démocratique – et non leur religion – qui  leur aura donné l’avantage politique. S’ils sont minoritaires, où était le problème ?).

 

Pourtant si : il y a un pays d’Europe où une Eglise menace la laïcité. C’est l’Angleterre, à cause de l’évêque et de son amour personnel pour la charia.m

 

 

 

Commentaires

> Cet archevêque est un peu le Jacques Gaillot anglais nous dit "Le monde" aujourd'hui ! Béni soit le Seigneur et les martyrs de la foi qui ont gardé la France dans la pleine communion avec Rome !

BH


[De PP à BH - Amen to that. Les anglicans ont pendu et éviscéré mon arrière-grand-oncle... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : B.H. | 08/02/2008

SURREALISTE

> Il l'a dit aussi sec? de tels propos paraissent surréalistes.
Mis à part sa responsabilité dans la crise que traverse actuellement l'anglicanisme, j'en pensais plutôt du bien : sa proximité avec la nouvelle théologie, Lubac par exemple; son rôle d'initiateur dans le mouvement de Radical Orthodoxy...
Comment la Charia pourrait-elle cohabiter avec la loi anglaise ? c'est absurde !

Écrit par : Blaise | 08/02/2008

> Entre les pédo-trotskistes et les apostats-démocrates peu être ?

Écrit par : dehollain | 08/02/2008

> Si je devais acheter un seul de ces deux livres sur l'islam, lequel me recommanderiez-vous?

BC


[ De PP à BC - Celui de Jourdan traite l'ensemble du problème. L'autre est plus pointu, mais je le trouve passionnant aussi. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Bernard Couture | 08/02/2008

HEAD

> Il doit être tombé sur la tête. Je suppose qu'il pense que toutes les femmes devraient être voilées (pour ne pas offenser les musulmans), qu'il faut lapider les femmes adultères, fouetter les hommes adultères et couper la main des voleurs (entre autres joyeusetés). Ah et aussi crever les yeux de ceux qui ont vu un spectacle inconvenant.

Écrit par : Barbara | 08/02/2008

LE PIEGE IDENTITAIRE

> Je partage votre appréciation sur la bourde. Néanmoins, je ne saurais trop recommander à ceux qui (soyons équitables!) sont prêts à lire un peu d'anglais de s'appuyer l'intégralité du discours de Rowan Williams, qu'on trouve par exemple ici:
http://www.guardian.co.uk/religion/Story/0,,2254270,00.html
Je ne partage pas les conclusions, ni même l'analyse, de l'archevêque de Cantorbery. Il s'agit cependant d'un texte intelligent et profond. Il permet de constater ce qu'est un "communautarisme" cohérent. Williams ne fait qu'aller au bout d'une logique qui séduit, me semble-t-il, un certain nombre de catholiques, et qui consiste à raisonner en termes d'identités: dès lors que "mon identité" n'est pas épuisée par mon appartenance à mon pays, mais que ma religion est tenue pour en faire partie, je ne peux que m'estimer brimer "dans mon identité" par un système légal qui ignore les prescriptions religieuses auxquelles je suis soumis.
Williams développe avec brio le pathos des "identités multiples", et la critique de la vision libérale fondée sur la fiction d'individus tous égaux et tous pareils. Il fait même, à ce propos, une analogie qu'on appréciera entre la France de 1790 et la Chine de 1970… Mais au moins, il est cohérent avec ses principes, comme on dit.
Sans souscrire à l'individualisme libéral, je trouve au moins, dans ce discours de Williams, des raisons de me méfier encore plus de la séduction exercée par le discours des identités et des appartenances communautaires.

Écrit par : Philarete | 08/02/2008

@ Philarete

> Oui, vous avez raison, il est cohérent. Il n'a pas tort, dans le fond, et il a raison de souligner le caractère totalitaire d'états démocratiques tels que l'Angleterre ou la France. Sa critique du libéralisme est juste. Pourquoi vous méfier "de la séduction exercée par le discours des identités et des appartenances communautaires?" Le discours inverse -anticommunautaire- existe, qui est bien plus inquiétant.

Mais la chariah ce n'est tout de même pas la même chose que le droit canonique dans l'Eglise. Il ne peut pas y avoir de coexistence pacifique. De plus, historiquement, on peut douter de l'origine islamique de celle-ci : il s'agit plutôt d'une collection de règles préexistant à la descente du Coran, et qu'on a essayé de justifier après coup en les mettant sous l'autorité du "prophète".

Écrit par : Blaise | 08/02/2008

> "n'ayez pour ami ni juifs ni chrétiens"...

nous dit le coran;

bonne chance pour l'avenir mr de canterbury

Écrit par : jean christian | 09/02/2008

@ Blaise

> « Pourquoi vous méfier "de la séduction exercée par le discours des identités et des appartenances communautaires?" »

Pourquoi? Eh bien, ne serait-ce que parce que ce discours aboutit assez logiquement aux conclusions tirées par Rowan Williams: faire une place, dans notre système juridique, à des règles religieuses du type Chariah. Il me semble que si cette conclusion est cohérente avec les principes du discours des identités, et que nous avons de bonnes raisons de rejeter la conclusion, nous devons être prêts à réviser les principes…

À mon sens, l'erreur de Williams est de croire que, puisque les "affiliations" religieuses ou communautaires doivent pouvoir être vécues dans l'espace public, elles doivent aussi pouvoir se traduire au niveau du système légal (comme cela arrive en certains pays, d'Afrique ou d'Amérique latine, où certains conflits peuvent être jugés soit selon le droit commun civil, soit selon le droit coutumier local). Je crois indispensable de hiérarchiser les niveaux: l'appartenance commune (au pays, donc) s'exprime dans le respect du même droit; les appartenances particulières (religieuses, culturelles, locales, etc.) ne peuvent s'exprimer qu'à des niveaux subordonnés (associations, sociabilités particulières, cours de langue régionale, etc.).

Compte tenu du flou absolu qui règne sur la notion d'identité et de communauté, je vois mal, sans cela, ce qui pourra nous empêcher de nous opposer à la définition juridique de statuts spéciaux pour satisfaire toute revendication présentée au nom d'une "appartenance communautaire": musulmans, Bretons, homosexuels, etc.

Sur ce terrain, il importe de se placer dans le contexte propre de chaque pays. L'Angleterre n'a pas la même tradition que nous en matière d'intégration: elle tolère assez bien la juxtaposition des "communautés" (depuis les attentats de Londres, les Anglais se posent tout de même des questions sur leur modèle…); la France ne connaît qu'une matière d'intégrer: l'assimilation. Celle-ci passe, depuis très longtemps, par l'égalité de tous devant la loi.

S'il faut parler le discours des cultures et des identités, je dirais volontiers que cette égalité devant la loi (le refus des statuts spéciaux, qui conduisent inévitablement au ghetto) est une donnée majeure de notre identité culturelle. Et c'est sans doute un héritage chrétien.

Écrit par : Philarete | 09/02/2008

DIOGNETE

> 1) A lire et relire : la "Lettre à Diognète" qui démontre combien le communautarisme est étranger au christianisme. Je vous en donne ci-dessous quelques passages.

" Les chrétiens ne se distinguent pas des autres hommes ni par les terres qu'ils occupent, ni par la langue qu'ils parlent, ni par leur manière de s'habiller. Ils ne s'isolent pas dans leurs villes, ils n'utilisent pas un langage particulier et ne mènent pas un genre de vie spécial".

"Ils habitent les villes grecques et barbares, comme cela leur échoit à chacun, s'adaptant aux traditions locales tant pour la manière de s'habiller que de se nourrir et pour tout ce qui concerne le reste de leur vie, donnant un exemple admirable de leur forme de vie sociale, qui, aux dires de tous, est extraordinaire".

"Ils obéissent aux lois établies, mais par leur genre de vie ils dépassent les lois".

2) Je constate depuis quelque temps que certains "responsables" chrétiens, en particulier catholiques, regardent avec envie du côté musulman. Les mosquées pleines les font rêver et ils s'interrogent sur la manière dont ils pourraient "reprendre en mains" leurs ouailles. Et la tentation d'un certain communautarisme resurgit ici ou là. Pour le reste, il est évident qu'un penchant vers la dhimmitude se précise particulièrement au Royaume-Uni.
Le seul point positif de notre laïcité "intégriste" sera peut-être de nous garder de cette menace !

Écrit par : Flore | 09/02/2008

Salut

> Mais il est parfait cet évêque anglican qui veut traiter selon la charia ceux qui le désirent.
Il n'y a que de bonnes choses dans la charia:

- d'abord, au premier vol on coupe une main au voleur, et l'autre main s'il vole encore une fois (après il ne peut plus voler)

- pas de sécurité sociale dans la charia donc pas prélèvements de cotisations sur les salaires, --ce n'est pas dans la charia-- mais

- pas de remboursements de soins, --ce n'est pas dans la charia--

- pas d'accès à l'hopital,
(même pas le NHS anglais !! )--ce n'est pas dans la charia--

- pas d'allocation de chomage, pas de RMI anglais, --ce n'est pas dans la charia --

- pas de retraite -- ce n'est pas dans la charia--

Il est futé cet évêque: il va y avoir du monde qui va quitter l'Angleterre.

La charia intégrale, si Allah le veut, ou rien.

Qu'en pensez vous ? Vous devriez faire un petit sondage chez les intéressés.
Salut

Écrit par : francis rey | 09/02/2008

@ Philarete

> Nous sommes partiellement d’accord, je tiens à y insister. Je n’ai pas défendu l’application de la charia à côté du droit anglais, ni à sa place. Ce serait absurde.

Je vous rejoins tout-à-fait lorsque vous dites : « Je crois indispensable de hiérarchiser les niveaux: l'appartenance commune (au pays, donc) s'exprime dans le respect du même droit; les appartenances particulières (religieuses, culturelles, locales, etc.) ne peuvent s'exprimer qu'à des niveaux subordonnés (associations, sociabilités particulières, cours de langue régionale, etc.). »

Oui, d’accord, c’est une erreur de la part de Rowan Williams « de croire que, puisque les "affiliations" religieuses ou communautaires doivent pouvoir être vécues dans l'espace public, elles doivent aussi pouvoir se traduire au niveau du système légal »

Après, nous divergeons. Car à qui s’adressent justement les « musulmans, Bretons, homosexuels, etc. », sinon à l’Etat ? Toutes ces catégories veulent comme unique arbitre l’Etat. Et l’Etat est conduit à intervenir de plus en plus dans des domaines qui auraient dû lui échapper. D’ailleurs, les lobbyes homosexuels ne demandent pas un système juridique distinct ; ils exigent une modification de la loi commune. Pour moi, c’est là la véritable menace. ex. Sur France Culture, dans son émission Du Grain à moudre, le 5 février, Brice Couturier posait la question de la légitimité de la clause de conscience, concernant les médecins qui se refusaient à l’IVG. Cette question est brûlante actuellement. Je crains qu’on n’en vienne un jour à dénier aux catholiques le droit de bénéficier de la clause de conscience (et pas seulement pour l’IVG). L’accusation est toute prête : communautarisme.

En fait le discours de Rowan Williams pèche par son point de vue séculier : sa prétention universaliste de parler au nom de toutes les identités, mises au même niveau, n’est pas viable. D’un évêque anglican, on attend qu’il parle au nom de la communion anglicane, et accessoirement des chrétiens.

Comme je vous l’ai dit le droit canonique romain, ce n’est pas la même chose que la chariah : leur finalité n’est pas la même. La chariah prétend à une gestion de la cité accordée à la volonté de Dieu. Mais le Christ s’y est opposé : « Qui m’a établi juge parmi vous ? », je cite de mémoire. Donc, l’identité musulmane est d’une autre nature que l’identité chrétienne.

Le chrétien n’a pas à ressentir le besoin d’un système juridique spécial. Il vit comme ses concitoyens incroyants, et avec eux. Mais s’il vit dans le monde, il n’a pas à être du monde. Il doit rester fidèle à son identité chrétienne (et tant pis pour les anti-communautaristes) et ne pas hésiter à désobéir. Bonhoeffer a-t-il trahi son pays ? en tout cas il a préféré ne pas trahir le Christ.

Voyez-vous, il y a une hiérarchie. Si dans l’absolu vous mettez la loi au-dessus de Dieu, vous devenez idolâtre. Et l’idolâtrie de la loi n’est pas un fantasme. Au contraire, le Christ a déclaré : rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ainsi, tout en reconnaissant à "César" la charge d’édicter des lois, le Christ nous recommande la désobéissance, lorsque notre fidélité à son égard est menacée.

Écrit par : Blaise | 09/02/2008

@ Flore

> Je suis d’accord avec la lettre de Diognète, et ne lui retire rien, mais pas avec vous.

Les premiers chrétiens certes obéissaient aux lois de la cité, et ne suivaient pas des coutumes qui, comme pour les juifs, les auraient démarqués. Pourtant ils refusaient de participer aux rites et festivités des païens, ils ne sacrifiaient pas à l’empereur. Ils se mettaient donc au banc de la société d’alors. En fait, il y avait tout de même désobéissance. De plus, faites attention avec ce terme de communautarisme, il est piégé. Car l’Eglise est une communauté, dans laquelle on entre par le baptême. Et saint Augustin la considérait comme la seule véritable, car la seule à être fondée sur la justice.

Une remarque : qui vous dit que les mosquées sont pleines ? Ce qui devrait davantage sauter aux yeux des gens, c’est la crise profonde que traverse l’Islam actuellement. Et c’est plutôt le christianisme qui s’étend. En France, les mosquées ne sont pas si pleines que ça. Il est plus probable que l’Islam français est surtout culturel.

Écrit par : Blaise | 09/02/2008

@ Blaise

> Vous écrivez :"Les premiers chrétiens certes obéissaient aux lois de la cité, et ne suivaient pas des coutumes qui, comme pour les juifs, les auraient démarqués. Pourtant ils refusaient de participer aux rites et festivités des païens, ils ne sacrifiaient pas à l’empereur. Ils se mettaient donc au banc de la société d’alors [...]".

Qu'est-ce qui nous empêche d'agir de même ? Accepter d'être au ban de la société est autrement plus difficile que d'obliger la société à se plier - par des lois - aux exigences chrétiennes. C'est un vrai témoignage (martyr) qui, lui, peut amener peu à peu la société à se transformer. Je pense que l'on ne doit pas "imposer" à une société un mode de vie dicté par des exigences spirituelles qu'elle ne partage pas.

En ce qui concerne communauté et communautarisme : le communautarisme est une forme de repli sur soi, de vie en vase clos, pour protéger ses intérêts, ou par peur des autres. Rien à voir avec ce que doit être un chrétien. "N'ayez pas peur" !

En ce qui concerne l'islam, j'ai bien peur que vous ne soyez trop optimiste, même si vous avez raison sur la question des tensions qui traversent cette religion.
Le christianisme s'étend, dites-vous, et si c'est avéré cela ne peut que me réjouir. Je vois pourtant qu'il s'étiole en Europe, peine à pénétrer en Extrême-Orient et disparaît peu à peu du Moyen Orient. Mais pour le Seigneur "mille ans sont comme un jour", donc je garde l'espérance !

Écrit par : Flore | 09/02/2008

@ Flore

> Si vous relisez ma réponse à Philarete, vous verrez que ma position n’est nullement "d'obliger la société à se plier - par des lois - aux exigences chrétiennes." Ce serait d’ailleurs contraire à ce qu’enseigne le Christ.
Néanmoins, il faut résolument écarter l’opposition artificielle entre espace public et Eglise. A ce petit jeu, qui n’est autre que le partage des territoires, l’Eglise sera vite étouffée. La personne est une, et un chrétien n’arrête pas d’être chrétien en sortant de la messe. Donc, il ne s’agit pas d’imposer ses certitudes, mais encore moins de les enfouir. Le chrétien doit annoncer le christ, agir et se conduire en chrétien.
Ainsi que vous dites, " un vrai témoignage (martyr) […] peut amener peu à peu la société à se transformer". Tout à fait d’accord, à condition qu’il ne s’agisse pas d’un prétexte pour chercher à le réduire à un témoignage de l’indicible.
Tel que vous définissez le communautarisme, "une forme de repli sur soi, de vie en vase clos, pour protéger ses intérêts, ou par peur des autres", j’y reconnais les communautés chrétiennes infectées par la sécularisation. Dans ce cas là, je suis d’accord avec vous pour réprouver de telles attitudes. Les communautés chrétiennes ne sont plus alors que des "groupes de compensation", comme dit Pickstock, permettant d’échapper à la solitude et au mal-être. Ils ont intégré la la distinction des libéraux entre espace public et espace privé (dans lequel on veut enfermer l’Eglise).
Concernant l’islam, je pense que vous êtes exagérément pessimiste. Bien sûr, je suis inquiet comme vous pour ce qui concerne les communautés chrétiennes, en Orient et en Occident (pour des raisons différentes). Mais dans l’avenir, l’Islam risque fort de s'effondrer comme un château de cartes. La seule forme d’islam qui semble avoir plus de cordes à son sac est le soufisme.
Lorsque l’islamisme politique et terroriste se sera essoufflé, il faut s’attendre à une attitude de rejet de la part des nouvelles générations. C’est inévitable : le poids des crimes passés sera très lourd à porter. Ils risquent fort de connaître ce que nous européens avons connu après les guerres de religion.
Mais il y a aussi l’incapacité jusqu’à maintenant d’adapter la pensée musulmane aux sciences modernes, (exégèse notamment) qui va être difficilement acceptable.
Enfin c’est la mentalité même de l’Islam qui va – et qui est – de plus en plus en butte à l’esprit moderne et individualiste. Ce caractère totalisant de l’oumma (mère en arabe), et ce rapport de soumission très marqué vis-à-vis des directives divines, risquent de décourager beaucoup de gens.

Écrit par : Blaise | 09/02/2008

@ Flore et Blaise : extension de l'Islam et de la foi chrétienne...

> Quelques précisions factuelles pour ce débat :
En Europe l'Islam de 3ème génération (et plus...) est souvent sécularisé. On m'a cité le chiffre de 5 % de pratique des musulmans à Marseille, chiffre assez comparable à la pratique religieuse catholique.
Le christianisme s'étend ? C'est actuellement la foi chrétienne revisitée par le libéralisme made in USA qui s'étend le plus (Afrique du Nord, Amérique du Sud) même si paradoxalement aux EU c'est l'Eglise catholique qui est devenue la première confession chrétienne.
Quand aux excès de la Charia et même du Coran, ils manifestent la faiblesse de l'Islam plus que sa force. Je n'aurai pas l'indélicatesse de citer le propos sur l'amitié à un ami musulman, mais je ne doute pas qu'il soit assez intelligent pour en juger par lui-même et en tirer les conséquences...
Arnaud de Guibert +

Écrit par : Arnaud de Guibert | 09/02/2008

@ Arnaud de Guibert

> Nous nous rejoignons donc.
Ce n'est pas parce qu'il fait beaucoup parler de lui dans l'actualité que l'islam se porte bien.
Et ma conclusion : inutile de s'agiter autour d'un cadavre.
L'hostilité à l'égard des musulmans, motivée par la peur, est peu charitable. Imitons le Pape Benoît XVI qui, tout en n'oubliant jamais le calvaire des chrétiens d'Orient, reste ouvert à un dialogue pacifique.
Même si du point de vue doctrinal il existe un fossé profond qu'il est inutile de chercher à combler artificiellement, l'amitié et le dialogue avec un musulman peuvent être très enrichissants. J'en ai fait l'expérience.

Écrit par : Blaise | 10/02/2008

PLUS UNIVERSELLE

> Tout à fait d'accord avec Blaise. La communauté Catholique existe bel et bien. Elle est encore plus universelle que l'Oumma : 1,2 milliard de Catholiques pour 1,1 milliard de Sunnites. Seulement l'Islam est en crise profonde alors que depuis 1979 (Un an après l'élection de Jean-Paul II !) , toutes les courbes statistiques repartent à la hausse ! Ne regardons pas l'Eglise par le tout petit bout de la lorgnette que représente la France.
Nous ne sommes plus au temps où 7 missionnaires sur 10 venaient de France, mais côté créations de Communautés Nouvelles (N° 2 après l'Italie) et Béatifications, la Fille aînée de l'Eglise se défend encore bien !
Pour Rowan Williams, n'allons pas trop vite dans sa condamnation ! Qu'est ce que la procédure juridique de reconnaissance en nullité de mariage dans l'Eglise, si ce n'est l'application du droit canon dans la sphère juridique du conjugal ?
C'est justement dans ce domaine que se positionne Rowan Williams, non ?
Je pense que c'est Rowan Williams qui énonce une certaine logique, même si elle nous surprend et nous dérange alors que ce sont nos gouvernements laïcistes qui deviennent de plus en plus schizophrènes dans ces domaines qui devraient rester hors du champ de l'Etat !

Écrit par : Naulait | 10/02/2008

LA SEULE CHOSE

> La seule chose qui pourra peut-être nous sauver du communautarisme, en particulier musulman, c'est l'exégèse de l'Islam encouragée dans plusieurs écoles chrétiennes et universités catholiques du Liban (je pense à l'université Saint Joseph à Beyrouth) et d'Egypte. Hélas, la politique extérieure américaine et européenne a tout fichu en l'air et les timides traités commençant une exégèse ont disparu...

Écrit par : Amaury | 10/02/2008

@ Blaise et Flore

> Nous sommes manifestement assez d'accord sur l'essentiel, y compris dans le détail de certaines analyses. Et il se peut que nous ne mettions pas exactement les mêmes choses sous certains mots (comme "identité" ou "communauté", que je continue à trouver flous et piégeants).
Cela dit, je dois confesser que "mon cœur balance" — et il me semble que celui de Flore aussi: je me réveille républicain, content d'institutions qui me permettent de vivre en paix et de me sentir concitoyen de Français qui ne partagent pas mes convictions, de pouvoir travailler chaque jour avec eux, d'œuvrer en commun pour le bien général… et puis, parfois, j'ai conscience d'appartenir à une minorité souvent maltraitée, avec la perspective, bien énoncée par Flore, d'un "témoignage" ("martyre") dont les fruits ne se verront sans doute pas. Jacobin le matin, vendéen le soir…
Il me semble — sans vouloir justifier mes atermoiements — que ces fluctuations sont un peu inhérentes à la condition de chrétien, citoyen de deux cités et pas toujours satisfait de l'une ou de l'autre… Au fond, cette division, parfois cet écartèlement, est peut-être justement ce que le christianisme a apporté de précieux à notre civilisation: il nous vaccine contre le rêve d'une unité parfaite ici-bas, réalisée dans la fusion de la cité des hommes et de la cité de Dieu. Blaise évoque Bonhoeffer, on pourrait ajouter Thomas More et bien d'autres, au même effet.
Il me semble, en tous cas, qu'une réflexion s'impose sur le sens du mot "communauté" — je doute, personnellement, que l'acception chrétienne, aussi vieille que l'Evangile, soit la même que celle qui est théorisée par le communautarisme — notamment parce qu'elle semble ignorer le genre de tension interne dont j'ai parlé. Et je persiste, de même, à penser que le christianisme n'est pas une "identité".

Écrit par : Philarete | 11/02/2008

LA FOI

> La Foi chrétienne envahit tout, elle brûle l'âme, elle construit l'individu, elle fait donc son identité.

Écrit par : Amaury | 11/02/2008

@ Philarete

> Oui, je partage votre point de vue. Ecartelés parce que nous sommes "dans le monde" mais pas "du monde" :
"Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait" (Jean 15 :19)

Écrit par : Flore | 11/02/2008

@ Amaury

> Je respecte l'intensité de la foi qui s'exprime dans votre réponse. Mais je ne vous comprends que jusqu'au mot "âme": ensuite, je ne sais pas ce que vous voulez dire. N'y voyez pas malice de ma part. Les formules que vous employez ("construire l'individu", "faire son identité") me semblent des expressions très obscures — beaucoup moins claires, au fond, que les métaphores auxquelles vous recourez d'abord.
C'est un vocabulaire qui nous vient de la psychanalyse et de la sociologie, et qui visent à cerner des problèmes qui sont étrangers à la foi.
J'ai la même foi qu'un catholique chinois ou congolais. Avons-nous la même "identité"? Sommes-nous donc "identiques"? Les individus que nous sommes ne sont-ils – ô paradoxe! – qu'un unique individu?
Peut-être aurez-vous envie de me répondre que tous, nous sommes par la vie divine reçue "devenus le Christ"? Langage théologique et spirituel que je respecte et qui a sa valeur: mais en quoi éclaire-t-il les problèmes politiques dont nous sommes partis, et dont la solution s'éloigne à chaque fois que nous parlons d'identité?

Écrit par : Philarete | 11/02/2008

A Philarète,

> Chaque individu est différent et la foi l'aide à accèder à sa vérité intérieure, à être tout à fait lui-même avec les dons qu'il a à apporter. Cela ne l'aide pas à appartenir à une sorte de grand tout, à un troupeau mais à s'accepter tel qu'il est. je rajouterai que ce qui fait un individu, ce qui montre qui il est ce sont ses actes.
Malgré tout, vous savez, la conscience humaine est la même partout, marquée par le mal et le péché originel, les différences de civilisation n'y font rien. Notre époque nous pousse à croire que du fait d'un progrès technique immense depuis cent ans, cent-cinquante, nous avons quant à nous accèdé à un degré supérieur de conscience et de compréhension du monde. Il n'en est rien.
Comme je l'ai écrit dans un autre commentaire, en Palestine, je me déguisai un temps en "fier nomade du désert" croyant cela indispensable pour m'épanouir en Terre Sainte, en fait c'est à partir du moment où j'ai été vraiment moi sans chercher à jouer un rôle que j'ai commencé à comprendre que c'est ça ce que l'on nous demande.

Écrit par : Amaury | 12/02/2008

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