05/02/2008
Obésité de masse : Mme Bachelot agit - Malaise au Sénat ?
...où l'on compte des amis de l'industrie alimentaire :
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La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, réclamait hier la suppression d'ici à avril de la publicité pour certains aliments pendant les programmes télévisés pour enfants, "afin de lutter contre l'obésité et le surpoids ".
Ironie à droite contre cette initiative... On se souvient que la dernière offensive législative contre les distributeurs de sucreries dans les écoles (2004) s’était heurtée à un lobbying de l’industrie alimentaire auprès des sénateurs ; dix de ceux-ci avaient donc déposé (2005) un amendement favorable aux distributeurs, avec cet argument de grande surface : "Ce type d'équipements contribuent à faire de l'établissement un lieu de sociabilité."
Il fallut que l'AFSSA et le vice-président de l'Assemblée nationale se mobilisent pour obtenir le retrait de cet amendement.
On me rétorquera que Mme Bachelot a, par ailleurs, des positions contraires à l’éthique chrétienne. Je répondrai que c'est un fait, mais qu'on ne peut tout mélanger - à moins d'avoir un oncle administrateur dans l’industrie alimentaire.
15:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Bachelot, obésité
Commentaires
LES PARENTS
> La publicité n'est pas la seule responsable, loin de là. Si les parents faisaient correctement leur métier de parents, leurs petits chéris ne se goinfreraient pas de bonbons, chips, gâteaux, etc. comme ils le font. J'ai été sidérée d'entendre hier, au journal télévisé, le journaliste indiquer que 67% des achats de ce genre sont "téléguidés" (exigés ???) par les enfants. Idem pour les friandises aux caisses. Les parents ne sont-ils donc plus capables de dire "non" ?
A cela s'ajoutent les heures passées devant la télévision et l'ordinateur qui n'aident pas beaucoup - il faut le dire - à former les muscles et éliminer les graisses.
Écrit par : Flore | 05/02/2008
SOCIABILITE
> La sociabilité passe certes par la convivialité d'un bon repas ou de joyeuses agapes partagées ; elle ne passe certainement pas par la "bouffe" solitaire de sucreries en sachets ou en cornets devant un écran de cinéma ou de télé, voire même dans un coin de la cour de récréation, ni par la rumination qui s'en suit pendant la "toile" dans une salle obscure ou dans un salon, voire en classe pendant les cours !
Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2008
POUR RIEN
> Une fois de plus le signe que notre époque est celle de l'affrontement de l'économique face au politique alors que l'économique doit se situer au service du politique. Et contrairement à ce que l'on pense cette pensée est on ne peut plus libérale.
Soit dit en passant, la question de l'obésité relève à mon sens de l'éducation. Tout comme la cigarette, la consommation de drogues... Les campagnes n'ont jamais d'effet car elle s'adresse à l'intelligence or c'est la volonté qui est ici en jeu. Et on ne peut agir sur la volonté que par l'éducation...
Beaucoup de bruit... pour rien.
Écrit par : Vincent | 05/02/2008
CONSOMMATION PULSIONNELLE
> La publicité vise, comme l'obésité ne frappe, que les classes défavorisées. Qui regarde vraiment la pub sinon eux ? La pub s'adresse à la population cible de la consommation de masse. Les élites et ceux qui s'en rapprochent ne sont pas les plus significatifs dans le CA des hypermarchés. Il existe des exceptions, mais le standard cadre est plutôt longiligne.
Sachant qu'un enfant passe autant d'heures devant sa télé qu'à l'école(1). ce qui permet d'en déduire qu'il y est un peu plus longtemps que la plage horaire visée, et que cette moyenne est à pondérer suivant les activités pratiquées en dehors de l'école. L'enfant de classe défavorisée est donc appelé à passer encore plus de temps devant la télé (à relativiser cependant au regard du développement et de la fréquentation des loisirs sociaux).
Il serait plus porteur de sens de proposer la réception des "class action" en droit français. Elles seront susceptibles de pousser à réfléchir nos industriels agroalimentaires à délayer les nutriments dans de la graisse du sucre et du sel et obliger les agriculteurs à produire en quantité plutôt qu'en qualité.
Les fromages premiers prix sont composés uniquement de caséine d'eau, de graisse et de sel. Le lait (marron et d'un goût douteux à cause de l'ensilage) est traité à l'arrivée à la laiterie. Tous les composants du lait sont séparés pour être réincorporés dans la confection des produits en considération de la gamme des prix de vente.
La logique productiviste des puissances agricoles et celle de la grande distribution aboutit à une qualité moyenne faible des produits proposés (sauf pour ceux qui ont les moyens de se faire livrer par Fauchon ou de perdre un journée à faire le tour des fermiers). Le panier de la ménagère de chez "Aucarclerc" est la soupe aux pesticides irradiés génétiquement modifiés ou des produits dérivés qui se retrouvent en promotion ou premiers prix. Bienvenu au pays de l'étron radioactif. "Traçabilité" garantie.
La composition chimique du bol alimentaire premier prix contribue-t-elle à l'obésité ?.. sans parler du cancer, d'Alzheimer, de Parkinson, ou de Kischlingue...
La même logique du mauvais goût réservé aux pauvres inspire l'article de "la montagne victime des sports d'hiver" (le monde diplomatique février 2008 p. 20). Une tendance lourde de nos société se caractérise par un grand mépris pour l'humain et, également, comme pour la nourriture, une cause de gaspillage et de nuisances pour l'environnement comme pour l'homme.
(1) Une autre télévision est possible Philippe Meirieu dénonce la caverne de Platon qu'est devenue la télé, qui nous fournit notre dose d'illusion et de servitude quotidienne. Les jeunes de 4 à 14 ans passent 850 heures devant la télévision. Aux USA 26% des enfants de 2 ans ont une télé dans leur chambre. "La télévision bafoue le droit à l'éducation en diffusant des images que les enfants ne sont pas prêts à à recevoir. Plus encore que le sexe et plus encore que la violence, c'est la vulgarité et la bêtise qui les traumatisent".
Cf aussi "Vivre en troupeau en se pensant libres" par Dany-Robert Dufour : La télévision, ce « troisième parent » des foyers modernes, forge-t-elle des individus ou des moutons ? (le Monde Diplomatique janvier 2008) auteur également d'une critique du libéralisme dans son dernier ouvrage "Le divin marché" où il dénonce l'apparition d'un marché sadien dont le principal commandement est "jouissez" et conduit au comportement de la consommation pulsionnelle.
Écrit par : Qwyzyx | 05/02/2008
INQUIETANT
> C'est l'invocation du caractère sacré de l'enfance et sa valeur essentiellement aéconomqiue qui a conduit les abolitionnistes à militer contre le travail des enfants dans les usines.
Notre société exploite différemment les enfants. Le fait qu'elle les exploite toujours, même différemment, prouve qu'elle n'a pas tant progressé sur le fond que dans la forme. Inquiétant.
Écrit par : Kraptschouck | 05/02/2008
COMPOTES
> Notre société exploite aussi les enfants de façon plus "traditionnelle". Il n'y a qu'a observer le retour du travail en ateliers ,plus ou moins clandestins, d'enfants au Royaume-Uni, au Portugal,etc. Mais il est vrai que le matraquage publicitaire des enfants s'apparente de plus en plus à une propagande digne de l'Allemagne des années trente. Mais les annonceurs ne sont pas les seuls responsables. Les parents ne peuvent-ils pas couper ou jeter leur télé (s'il n'arrivent pas à la contrôler)? Et l'école, les instituteurs ne peuvent-ils arrêter de distribuer collations et goûter tout au long de la journée? Ce fut un long combat pour que l'on cesse de donner biscuits et compotes en sachet à mon fils à 10h et 15h! Je pense que le matérialisme-mercantile est proche de sa maturité de système totalitaire. Il intervient de plus en plus dans notre vie personnelle, intime, au nom de notre bonheur. A nous de résister, de vivre autrement, autre chose.
Écrit par : vf | 06/02/2008
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