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24/01/2008

"L’échec cuisant, honteux, du capitalisme déréglementé à la sauce Reagan-Thatcher..."

1254b349422f25fcdeb72fd86b8f041c.jpg...vu par des chroniqueurs économiques US :


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A lire : tout le dossier Fin de party du numéro 899 de Courrier international. Notamment l’article d’Andrew Leonard extrait de Salon (San Francisco). Quelques extraits :  

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« Rien n’illustre mieux le nouvel ordre financier mondial que l’intervention cet hiver des "fonds souverains"* venus, tels des chevaliers blancs, à la rescousse des grandes banques d’affaires de la planète. […]  La liberté des marchés a perdu la mise. Comment Wall Street en est-il arrivé là ? Les raisons sont nombreuses : bévues stratégiques, appât du gain, spéculation délirante, et surtout absence de contrôle. Les plus grands esprits de la finance ont eu exactement ce qu’ils voulaient, à savoir un terrain de jeu où les moniteurs regardaient ailleurs, et ils ont tout gâché. Quand la China Investment Corporation injecte 5 milliards de dollars dans Morgan Stanley, nous assistons non pas au triomphe du capitalisme d’Etat, mais à l’échec cuisant, honteux, du capitalisme déréglementé à la sauce Reagan-Thatcher…

Le gouvernement Bush a été assez lamentable pour ne pas permettre aux "perdants" de la mondialisation d’en amortir le choc – que ce soit en mettant en place des filets de sécurité, en améliorant les soins médicaux ou en investissant dans l’éducation et la formation… Et en s’abstenant de contrôler réellement les marchés financiers il a donné l’occasion à des Etats étrangers qui ne partagent pas toujours les valeurs ‘américaines’ de devenir des acteurs majeurs du système financier mondial… »

 

 

Dans le Washington Post, sous la plume de Harold Meyerson :

 

« Wall Street a créé une foule de nouvelles institutions déréglementées (comme les sociétés de capital-investissement) et de moyens déréglementés (comme la revente de paquets mal ficelés de prêts immobiliers à des pôles d’investissements). Il est désormais temps de contraindre à davantage de transparence et de prudence les institutions financières, qui jouent gros avec l’argent et la vie des autres. »

 

En clair : il est temps de rompre avec le « fanatisme du marché ».  Cette formule n’est pas de moi : c’est le titre d’un livre de Joseph Stiglitz (prix Nobel d’économie 2001), paru en 2006 chez Fayard.*

 

 

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(*)  notamment chinois et arabes.

(**)  Les élus de droite français auraient intérêt à le lire, si leur croisade pour Monsanto leur laissait un peu de temps.

 

Commentaires

CA VA FAIRE MAL

> Plus le système global fonctionne mal, moins les "dirigeants" français ont l'air conscients, cf l'incroyable Mme Lagarde dans son numéro de somnambule de luxe à l'Assemblée nationale. Quand le tsunami va frapper la société française, ça va faire mal. Mais pas seulement aux petits, victimes des gros... Amis banquiers, on va venir vous voir chez vous, eh oui.

Écrit par : Soledad | 24/01/2008

TRADER

> A propos de banquiers, va-t-on nous expliquer comment un jean-foutre (en anglais : "trader") a pu frauder la Société Générale jusqu'à 5 milliards de pertes ?

Écrit par : Jéhu | 24/01/2008

Mais oui, compagnon Jéhu, voici :

> "Fraude colossale d'un trader de la Société Générale, 5 milliards perdus
24 janvier 15:36 - PARIS - La Société Générale, une des trois premières banques françaises, a révélé jeudi avoir perdu 7 milliards d'euros, dont près de 5 milliards de pertes provoquées par un de ses traders dans la fraude la plus colossale de l'histoire de la finance mondiale.

En pleine tourmente boursière mondiale, la banque a été contrainte d'annoncer cette fraude interne de 4,9 milliards, auxquels s'ajoutent 2 milliards d'euros de dépréciations liées à la crise des "subprimes".

L'employé à l'origine de la fraude, opérant à Paris et dont l'identité n'a pas été révélée, a été relevé de ses fonctions.

Selon les explications de la banque, la fraude a été découverte le 19 janvier: un trader, opérant dans une sous-division de ses activités de marché, a profité de "sa connaissance approfondie des procédures de contrôle", pour "dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives".

La Société générale a liquidé depuis ces positions mais compte tenu de leur taille et "des conditions de marché particulièrement défavorables", cette fraude a un impact négatif de 4,9 milliards d'euros sur son résultat net.

Lors d'une conférence de presse convoquée d'urgence, le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton , a tenté de s'expliquer sur cette fraude gigantesque et a présenté ses "excuses" aux actionnaires.

"C'est un homme seul qui a construit une entreprise dissimulée à l'intérieur du groupe en utilisant les instruments de la Société Générale et qui a eu l'intelligence d'échapper à toutes les procédures de contrôle", a-t-il déclaré.

Il a précisé que le trader avait "agi tout au long de l'année" 2007 et qu'une plainte allait être déposée à son encontre. Le trader "a joué, mais pas à son profit", a déclaré une source syndicale à l'issue d'une réunion avec la direction.

De son côté, l'avocat d'une centaine d'actionnaires de la banque a affirmé avoir déposé une plainte pour "escroquerie, abus de confiance, faux, usage de faux et complicité, et recel".

La Banque de France a annoncé dans la foulée qu'une enquête allait être diligentée pour examiner les conditions dans lesquelles cette fraude est intervenue.

Interrogé en marge du forum de Davos, en Suisse, le Premier ministre François Fillon a parlé d'une fraude "très importante" et d'une "affaire sérieuse". Mais il a souligné qu'elle n'avait "rien à voir" avec la tourmente actuelle des marchés mondiaux et rappelé que la Société Générale affichait malgré tout un bilan positif.

De fait, malgré les 6,9 milliards perdus, la banque a annoncé un bénéfice net en 2007, estimé entre 600 et 800 millions d'euros. Mais la chute est spectaculaire par rapport au résultat net de 5,221 milliards en 2006.

Pour faire face à la situation, la Société Générale a indiqué qu'elle allait procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros.

La banque avait déjà été critiquée par les analystes financiers pour son silence ces derniers jours alors que le titre chutait en pleine crise des "subprimes" (prêts immobiliers à risques américains). Il a perdu plus de 20% de sa valeur depuis le début de l'année, et plus de 40% sur les six derniers mois. "


Transmis dans le message

Écrit par : Girolamo | 24/01/2008

MONTAGES

> Comment ça, M. Fillon, "rien à voir avec la tourmente financière" ? Lisez la dépêche : si le trader a pu réaliser cette opération, c'est parce que le système global actuel favorise ce type de montages à trente-six degrés incontrôlables. Les banques n'y voient plus clair dans ce qu'elles organisent elles-mêmes, alors comment verraient-elles dans ce qu'on leur cache ???

Écrit par : Pointecouteau | 24/01/2008

PETIT TRADER ?

> Ces histoires de petit trader ayant agi seul sont très suspectes. Un commentateur sur BBC News 24 a posé la question suivante: qu'en est-il des opérations qui réussissent? Est-ce que le trader est sanctionné s'il fait gagner des centaines de millions à la banque.
Comment souvent en matière d'économie les problèmes sont présentés au public d'une manière qui déplace les problèmes. On laisse par exemple entendre que c'est la complexité technique des opérations qui est en cause; en réalité, le problème est celui des procédures de contrôle. C'est un peu comme si l'on disait que le fonctionnement du présent site internet exige des compétences en informatique tellement élevées que l'on ne peut plus vérifier ce que les gens y écrivent. Ou encore, que les procédés de fabrication des médicaments sont tellement élaborés que l'on ne sait plus s'ils sont efficaces ou non. Dans l'affaire de la Société Générale, il est très probable, étant données les sommes en jeu, que les opérations ont été réalisées sur une longue période et donc que les procédures de contrôle sont profondément défaillantes. Cela n'a rien à voir avec la technicité des opérations spéculatives: à un moment ou un autre, le trader doit recevoir une autorisation d'engagement et c'est à ce point que les vérifications doivent être réalisées .
Dans le cas de la crise des subprimes aux USA, on se cache également derrière les techniques de refinancement des banques mais le fond du problème est que les autorités monétaires et politiques ont sciemment laissé faire pour tenter de prolonger le plus longtemps possible la période de croissance (on a prêté à des ménages à la solvabilité douteuse pour empêcher la chute du marché de l'immobilier).
Les responsabilités ne sont pourtant pas cantonnées aux dirigeants: où l'épargnant porte-t-il ses fonds, ne va-t-il pas de préférence là où on lui propose les rendements les plus élevés? A qui les électeurs apportent-ils leurs voix, ne serait-ce pas souvent à ceux qui les flattent?

Écrit par : xb | 25/01/2008

MAO

> En matière de produits bancaires je suis loin d'être un expert, mais, la référence à la : "China Investment Corporation" je me souviens d'une sentence de Mao qui disait en quelque sorte que : "l'occident capitaliste était assez fou pour acheter la corde qui allait le pendre." n'étant pas maoïste je reconnais cependant qu'il avait raison.
Nous ne sommes plus depuis longtemps dans une logique de marché mais plutôt dans une spirale diabolique dans laquelle on en arrive à voulor traire le "veau d'or" sans s'apercevoir qu'il n'a pas de pis.

Écrit par : Gilles | 25/01/2008

SOCIETE GENERALE

> Dans l'affaire de la Société Générale, le scepticisme semble largement partagé:
Par exemple dans Les Echos: www.lesechos.fr/journal20080125/lec2_finance/4678164.htm
ou dans Le Figaro: www.lefigaro.fr/societes-francaises/2008/01/24/04010-20080124ARTFIG00594-fraude-a-la-societe-generale-elie-cohen-n-y-croit-pas.php
On peut également souligner deux choses: 1) Qui a gagné ce qui a été perdu par la Société Générale? 2) On insiste sur les chiffres des pertes mais pour apprécier l'ampleur des défaillances des contrôles il faut considérer les sommes engagées (certains évoquent une trentaine de milliards).

Écrit par : xb | 25/01/2008

GOUVERNANCE

> Qu'il est bon de rire (jaune)!
Voici le titre d'un article paru dans Les Echos de ce jour: "Gouvernance et contrôle: l'AMF constate de réels progrès".
L'AMF est l'Autorité des Marchés Financiers.

Écrit par : xb | 25/01/2008

IMPOSSIBLE

> Effectivement, le bon sens nous fait penser que c'est une affaire de type Enron ou Crédit Lyonnais avec de nombreux intervenants.
Impossible de croire qu'un seul trader ait fait cela, surtout pour ne rien gagner lui-même de plus !
On nous cache autre chose, mais vu les sommes en jeu, je doute que l'on ne sache un jour.

Ceci-dit, je trouve délicat de prendre cet exemple pour accuser le capitalisme. Tant qu'il y aura de l'argent, que le système soit capitaliste ou non capitaliste, il y aura des escrocs pour se servir.

Écrit par : Ludovic | 25/01/2008

PION

> le p'tit trader est un pion. Qui a intérêt à ce que la Soc Gen chute ? Quoi de plus tentant que de s'emparer de la deuxième banque de France - avec toutes ses filiales sur des marchés émergents et mûrs - pour un empire émergent ou déjà émergé.
La France devait se lancer il y a déjà quelques années dans la protection des institutions économiques nationales et dans le renseignement économique, où en sont ces missions ?

Écrit par : okmonkey75 | 26/01/2008

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