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22/01/2008

Krach ? « Les financiers ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes... »

6616a0303cc446d97f44c054ed5c88de.jpgDeux articles irréfutables,                       dans Libération                    et Le Monde :


 

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1.  L’éditorial de Laurent Joffrin (Libération du 22 janvier, mais tout leur dossier est à lire). Extrait :

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<< ...Chauffée à blanc par les dogmes libéraux, la profession financière a récusé toute tentative de régulation, expliquant que le divin marché trouverait en lui-même les remèdes à ses déséquilibres. Or la seule médication qu’il a pu produire, comme dans toutes les crises spéculatives, c’est le krach. Nous y sommes. La chose serait supportable si elle ne touchait que le monde irrationnel de la finance, confronté à une sévère correction sous la forme de baisse des cours et de pertes en capital. Mais l’abstraction de l’argent réduira très concrètement l’activité et l’emploi. Le citoyen tenu hors de toutes les décisions devra payer pour l’avidité sans loi des golden boys - ou des golden papys - shootés à l’idéologie. Ainsi va le monde de l’argent fou et de la démission du politique devant l’économique.>>

 

 

2.  Un article de Hugo Dixon (Le Monde du 22 janvier). Extraits :
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 << C'est une chose pour les banquiers de se verser à eux-mêmes des bonus massifs quand ils réalisent de fantastiques profits pour leurs actionnaires. Continuer à le faire à l'issue d'une année où le système financier a connu une véritable crise cardiaque, et où Wall Street a dû être sauvée en urgence par une baisse des taux de la banque centrale, en est une autre, qui a quelque chose d'obscène. Le fait que les cinq plus grands établissements de Wall Street aient payé leurs employés 66 milliards de dollars en 2007  -  9 % de plus qu'en 2006  -  est particulièrement dérangeant.

[…] Le système de la carotte et du bâton est supposé créer une économie efficace. Mais ce dont nous sommes témoins aujourd'hui à New York et à Londres est un système de la carotte et de la carotte. Les banquiers gagnent beaucoup d'argent quand ils font bien et beaucoup d'argent quand ils font mal.  […] Le système de carotte et de carotte encourage Wall Street à prendre des risques toujours plus importants. Après tout, plus le pari est important, plus la carotte obtenue est importante, si les choses se passent bien. Et si cela se passe mal, vraiment mal, les banques centrales se porteront au secours des établissements et du système.  Le marxisme est une philosophie qui a fait faillite. Mais sa critique du capitalisme - les profits sont privatisés et les risques socialisés - a toujours contenu une part de vérité. Les derniers bonus extravagants à Wall Street en sont la démonstration. Si cela provoque des réactions brutales du reste de la société, les financiers ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes. >>

 

On comparera à cette lucidité l'effarant numéro de dénégation du réel auquel s'est livrée Mme Lagarde, ce matin à Europe 1. Message (en gros) : circulez, il n'y a rien à voir.

 

 

Commentaires

PROFITEURS

> Une remarque: lorsqu'un système est sauvé par des banques centrales, ce n'est plus du libéralisme, c'est une classe de profiteurs qui profite du parachute apporté par la communauté.

L.

[ De PP à L. - Exactement. Et nombre de ces profiteurs se comportaient (jusqu'à hier encore) en donneurs de leçons ! Pas seulement eux, hélas, mais aussi toute une piétaille qui nous assénait que le système était impeccable parce que le Pr Ramollo l'avait démontré..]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Ludovic | 22/01/2008

FONTE

> Juste un mot à propos de votre vignette Titanic : il ne risquerait plus de couler en 2008, puisque le réchauffement climatique, sponsorisé par Wall Street, fait disparaître la banquise.

Écrit par : Heisberg | 22/01/2008

@ Iceberg (alias Heisberg)

> C'est au contraire lors de la fonte de la banquise que les icebergs se détachent de la banquise et deviennent dangereux !

Écrit par : Michel de Guibert | 22/01/2008

MARX ET L'ICEBERG

> Juste une petite remarque, les icebergs viennent de l'inlandsis dont il devrait rester quelques arpents quand même alors que la banquise pourrait (devrait?) disparaître. donc le Titanic coulera quand même. Par contre, les passagers ne mourront plus de froid mais pourront attendre tranquillement en faisant la planche car la température des océans devrait augmenter de plusieurs degrés. Ceci, évidement, à la condition que le dit Titanic ait passé avec succès tous les contrôles anti-pollution (il fonctionnait au charbon) et donc ait eu sa fameuse pastille verte.
Plus sérieusement, je trouve fallacieux que l'on nous balance l'accusation de marxiste dès que l'on critique un système financier devenu fou. Il est vrai que, refusant toute intervention d'une quelconque autorité, ces libéraux sont des finalement anarchistes économiques et donc sont les ennemis de ceux qui réclament une régulation étatique ou d'une autre nature d'ailleurs.
De toute façon, l'échec des solutions marxistes ne veut pas dire que Marx n'ait pas vu les problèmes.

Écrit par : Vf | 22/01/2008

> Le résultat de la spéculation boursière conduit à saint François.

Écrit par : Qwyzyx | 22/01/2008

DISTINGUER

> Il convient à mon sens de distinguer matérialisme et liberté économique.

Si le matérialisme est à critiquer dans tous les cas, il ne se rattache exclusivement ni au libéralisme ni au marxisme.

La liberté économique n'est qu'un outil (à mon sens le plus efficace) de création de richesses. Mais si son usage n'est pas guidé par des principaes moraux, par des valeurs plus élevées, elle se révèle désastreuse.

A mon sens, le catholicime n'a pas vocation à entraver la liberté économique, mais à éclairer son usage.

Le matérialisme existe tout autant, voire beaucoup plus, dans maintes idéologies de gauche (qui de surcroît s'en revendiquent au plan philosophique). A ce matérialisme, elles ajoutent une doctrine de haine à l'égard de tous ceux qui ont une situation économique supérieure.

Evitons en tant que chrétiens de donner l'impression de leur ressembler.

N'oublions pas non plus les souffrances qu'imposent aux plus faibles l'analphabétisme économique d'une certaine gauche.

Si tant d'emplois sont supprimés par les délocalisations, si les emplois nouveaux se créent ailleurs plutôt qu'en France, n'est-ce pas parce que notre système de sécurité sociale finance des avantages (dans bien des cas abusifs et obtenus par fraude) par des cotisations assises sur les salaires. En renchérissant ainsi le coût du travail, on est sûr de tuer l'emploi.

Tout autant que le capitalisme aveugle, que vous avez raison de blâmer à bien des égards, le syndicalisme aveugle fait des ravages inouis au détriment des plus faibles.

Le code du travail suisse compte 50 pages, contre 2500 pour le nôtre. Le travailleur helvète est-il 50 fois moins protégé ?

Écrit par : furgole | 23/01/2008

MARX ET LES LIBERAUX

> Effectivement Marx avait vu des problèmes réels mais proposé en solution une philosophie fausse.

Cependant, attention dans notre critique du système actuel: Il n'est pas possible d'appeler libéral un système protégé par un organisme étatique. Regardez les sites libéraux, ils sont contre l'idée de banque centrale car contre toute idée de régulation.

Bien sûr, je ne défend pas le libéralisme pur qui est une philisophie athée qui rejoint d'ailleurs le darwinisme: Faire confiance au hasard, "laissez faire" et tout se passera bien. Pareil négation de transcendance ne peut mener qu'à la catastrophe.

Écrit par : Ludovic | 23/01/2008

SUR MARX

> Je ne défends pas Marx mais je rappelle simplement que nombre de gens qui se disent catholiques hurlent et frappent de l'anathème marxiste tous ceux qui osent critiquer le système actuel. Je suis tout à fait d'accord pour dire que Marx est un philosophe matérialiste dont le système contient de graves lacunes et erreurs; il n'empêche qu'il à vu certains problèmes. Certains aspects, il me semble, comme la nécessaire organisation des salariés pour se défendre ou la critique de la privatisation complète des profits du capital ou encore de la spéculation sont repris par la doctrine sociale de l'Eglise. Foi, espérance et charité. Des trois vertus L'amour est le plus important disait saint Paul. L'économie doit être au service des hommes au nom de l'amour du Christ. La liberté et la propriété privée, oui, mais dans les limites soucis du bien commun que la foi et l'amour nous demandent d'avoir. Vous justifiez comment les dividendes records de la famille Mittal (plus de 680 millions de $ si je me rappelle bien) alors que des millions de gens crèvent dans son pays? Et ne me dites pas qu'il a une fondation philanthropique, les Intouchables ne vous croiraient pas!

Écrit par : vf | 23/01/2008

Cher vf,

> Il y a du vrai dans ce proverbe gitan:
Le pauvre n'est pas celui qui n'a rien.
Le pauvre est celui qui veut ce qu'il n'a pas.
A cet égard, et à bien d'autres, un Saint François était infiniment plus riche que tous nos milliardaires.
Le problème, c'est que nos pauvres (et les autres) ne sont pas Saint François.

Écrit par : furgole | 23/01/2008

FRANCOIS

> Cher Furgole, il y a du vrai dans ce que vous dites, surtout dans notre société matérialiste-mercantile. Mais n'oublions pas que la pauvreté de saint François était choisie alors que des millions de gens subissent la misère la plus grande et manquent du minimum vital tandis que quelques-uns font des fortunes en spéculant à la bourse. Saint François était riche du Christ et méprisait les richesses matérielles. C'est à cela qu'il faut réfléchir quant on est catholique. On peut aussi citer mère Théresa ou saint Vincent de Paul.

Écrit par : vf | 23/01/2008

REFORMER LE SYSTEME FINANCIER MONDIAL

> Oui, furgole c'est tout à fait cela.
C'est justement ce qu'on appelle "l'esprit de pauvreté".
De Gaulle disait "les riches sont possédés par leur richesse".
Dans cette affaire c'est toujours la même chose : le système financier bancaire mondial n'est pas satisfaisant et devra être réformé.
Il n'y a qu'une autre chose au monde qui possède cette caractéristique de l'argent : "Trop n'est jamais assez !"
Et c'est Dieu !
Cela montre bien que nous avons fait de l'argent un Dieu, un faux Dieu bien sûr. C'est justement ce que dit explicitement l'Evangile.
Tous les biens matériels, les brevets passent. Car ils sont assis sur du réel concret, qui nécessite de l'entretien, qui se dégrade immanquablement, bref qui passe car il est "du monde".
C'est même vrai des livres, des idées, car les langues évoluent et la compréhension s'évanouit si elle n'est pas entretenue à nouveaux frais.
L'argent, seul, dans sa fonction de thésaurisation, n'a plus aucune contrainte matérielle et (grâce notamment aux outils qui permettent d'éviter les risques d'inflation ou de change) en possède de moins en moins.
Cela est présenté comme une bonne chose, comme une "maîtrise du risque", qui en valorisant la "spéculation" permet une meilleure "programmation" du futur. En fait, il n'en n'est rien.
De moins en moins de facteurs issus du "monde réel", ne sanctionnent en fait les erreurs de spéculation et de programmation. Car en faisant de la dématérialisation un principe suprême camouflé dans un modèle "inconstestable" (la fameuse "science économique", dont la théorie a l'avantage d'avoir toujours raison contre l'expérience), on a construit une Idole abstraite totalement supérieure aux êtres et réalités de ce monde.
NB: Je veux dire que selon moi, il faudrait câbler dans notre "théorie dogmatique" de l'économie, le principe selon lequel "l'argent n'est qu'un voile" et faire des lois pour imposer cela. On me dit alors que, oui, moralement j'ai raison, mais qu'économiquement ce serait une "formidable régression".
Ne pourrait-on pourtant utiliser les nouvelles technologies de l'information pour limiter cette régression (en terme de croissance économique ) ?
Sinon, comment en sortir ?

Écrit par : julius | 23/01/2008

MONNAIE VOILE

> C'est désespérant! Que de confusions!
La thésaurisation de "l'argent" est impossible!
Les outils qui éviteraient les risques d'inflation et de change ne font en réalité que transférer ces risques de certains individus à l'ensemble de l'économie; c'est ce que l'on appelle le risque systémique.
La théorie de la monnaie voile est typique de l'analyse néo-classique, c'est-à-dire la plus libérale qui soit! Quand aux lois qui imposeraient le "principe" de la monnaie voile, cela fait penser à la Révolution Française qui voulait imposer par la force l'usage des assignats.

Écrit par : xb | 24/01/2008

DISCUSSION

Bon Xb, ce n'est pas le lieu pour discuter de théorie économique. J'essaierai d'être respectueux..

>>La thésaurisation de "l'argent" est impossible!

"On distingue traditionnellement - depuis Aristote- trois fonctions de la monnaie : instruments des échanges, étalon de valeur, réserve de valeur. (...) La monnaie a, par rapport aux autres instruments de réserves, deux
avantages : celui d'être immédiatement convertible [, de plus] il n'y a aucune incertitude sur sa valeur nominale."
(Thierry de Montbrial, analyse économique, 1986)
C'est le mot "argent" qui vous gêne ? Vous croyez que le mot "monnaie" est plus explicite ?
Du coup nous donnons une valeur "concrète" à quelque chose qui ne l'est pas ! C'est de là que vient la dérive. car cela donne un "droit" exorbitant, dans le domaine des "choses", à quelque chose qui n'offre aucune contre-partie. On est donc bien dans le domaine de la Loi et non de la science.


>>cela fait penser à la Révolution Française qui voulait imposer par la force l'usage des assignats

Aucun rapport avec les assignats. Je vous conseille "l'économie de la révolution française", F Aftalion, Hachette Pluriel 1987. On y lit : "La multiplication et la multiplication seule des assignats explique sur une période de plusieurs années leur dépréciation et la hausse correspondante des prix."
Les assignats étaient des billets de banque, ils furent mal gérés, dans l'absence de confiance, c'est tout. Cela ne signifie pas, comme vous semblez le sous-entendre, que la monnaie est une chose trop importante pour ne pas ne
pas être confiée aux banques privées.


>>La théorie de la monnaie voile est typique de l'analyse néo-classique, c'est-à-dire la plus libérale qui soit!

Dire que "la monnaie n'est qu'un voile", cela peut décrire une situation que l'on constate (et on peut avoir tort selon
les keynésiens, ou raison selon les classiques), cela peut aussi décrire une situation que l'on voudrait réaliser.

Car pour s'être développé de façon conjoncturelle (via Amsterdam, Londres, Washington, ...) le système financier mondial, n'est pas le seul possible.
Autant sur le premier point, on considère généralement que Keynes a raison : la monnaie n'est pas neutre, (autant on peut s'accorder que les outils qu'il en tire pour pour le bonheur des hommes ont leurs qualités et leurs défauts selon les circonstances,) autant on peut se demander s'il faut ou pas s'en accommoder. Certains disent que oui (M Friedman) et choisissent de faire "comme si", d'autres (I Fisher, M Allais) proposent de réagir au nom d'autres préoccupations.

Le libéralisme est généralement lié à l'activité économique réelle et aux capacités d'autonomie des acteurs humains.
Il possède une valeur morale forte (à condition de lier liberté et responsabilité). Sa liaison avec avec tel ou tel mode de régulation des activités financière n'est pas automatique.

Les choses sont complexes, surtout parce que le sens des objets étudiés dépend aussi du cadre institutionnel dans
lequel on se place. C'est comme si on étudiait des déformations, dans un référentiel dépendant lui-même de
l'équation du mouvement que l'on suppose être solution du problème. Il est clair que cela devient abscon et peu
intuitif ... On peut alors croire à tort avoir trouvé LA solution.

Ce n'est pas le lieu ici d'évoquer en détail les notions d'économie réelle, de masse monétaire, de base monétaire, de possiblité ou non d'intervenir sur la première par le biais de la seconde, de l'identité des acteurs concernés et de leurs raisons d'agir. On peut aussi explorer le caractère souhaitable et efficace de telle ou telle forme d'intervention.

Sur le fond : le problème est qu'il n'est pas moral de soumettre le réel humain, à un abstrait formel, qui n'est au service de personne et qui n'aide que ses serviteurs momentanés.
Hors de Dieu (et c'est déjà vaste : vérité, justice, beauté, mais ne comprend pas la monnaie), l'Homme (individuel,
collectif, passé, présent et à venir) doit être notre seul maitre.


>>Les outils qui éviteraient les risques d'inflation et de change ne font en réalité que transférer ces risques de
certains individus à l'ensemble de l'économie; c'est ce que l'on appelle le risque systémique.

Je faisais référence à l'élargissement ininterrompu de la notion de masse monétaire à des titres qui par des
couvertures diverses, deviennent de plus en plus abstraits et coupés de l'économie réelle. On répartit ainsi
progressivement sur tous les agents, une dépendance à quelque chose qui n'est ni du réel, ni du rationnel, ni de
l'humain. Comme le Dieu d'Abraham, de Moïse et de Jésus-Christ n'est pas en cause, je m'interroge ...

Écrit par : julius | 25/01/2008

@julius

> La thésaurisation de la monnaie bancaire est impossible car il s'agit soit de dépôts soit de billets (qui sont en fait la représentation d'un dépôt auprès de la banque centrale). Il y donc nécessairement une contrepartie qui correspond soit à des biens offerts à la vente soit à des emprunts; dans ce dernier cas, il y a effectivement un lien avec une éventuelle pyramide de dettes qui peut s'effondrer.
La référence aux assignats concerne l'idée que l'on peut imposer par le force l'usage de certains instruments. Je n'insinue pas du tout qu'il faut abandonner aux banques commerciales la gestion de la monnaie. Pour ce qui concerne les billets, il n'y a jamais eu de système viable reposant exclusivement sur les banques privées mais cela ne veut pas dire que la puissance étatique soit à l'abri des dérives; c'est d'ailleurs ce qui s'est produit en France tout au long du XVIII.
La "monnaie voile" implique fondamentalement que l'on conçoit le fonctionnement d'une économie monétaire sur la base du troc et donc que l'on procède à partir des échanges entre individus. La perspective keynésienne d'économie monétaire de production met la production au centre de l'analyse ; dans ces conditions, on raisonne directement sur la mesure sociale (monétaire) de la production.

Écrit par : xb | 25/01/2008

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