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11/01/2008

OGM : Sarkozy face au problème !

...et c'est un problème plus qu'équivoque :


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Le 8 janvier, Nicolas Sarkozy déclare qu'il va prendre une décision concernant l'activation de la clause de sauvegarde envers les OGM « dans les tout prochains jours », en cas « de doutes sérieux ». Le 9 janvier, le sénateur Le Grand, président de la Haute autorité provisoire, remet les conclusions de cette instance au ministre Borloo. Il annonce qu’il y a effectivement des  « doutes sérieux », et mentionne « un certain nombre de faits scientifiques nouveaux impactant notamment la faune et la flore », ainsi que « la dissémination à longue distance sur plusieurs dizaines, voire centaines, de kilomètres », et  « la résistance chez des insectes ». La presse proclame alors que Sarkozy va décider la suspension de la culture du MON 810 (Monsanto), seul OGM officiellement cultivé en France.

 

Aussitôt, protestations :

 

- des industriels comme Monsanto,

 

- du PS, que l’on ne savait pas si ami du pouvoir économique biotech (« l'autorité provisoire a été instrumentalisée pour permettre à l'UMP de passer les municipales au chaud »),

 

- et de quatorze scientifiques membres de la Haute autorité provisoire.

 

Dans un communiqué, ceux-ci accusent leur président d’avoir interprété le projet d'avis sur le MON 810 : ce texte, disent-ils, « ne comporte pas les termes de ‘doutes sérieux’, pas plus qu'il n’emploie l’épithète ‘négatifs’ ». Ce que constate le texte du rapport, soulignent-ils, ce sont des  « faits et questions » qui « représentent des interrogations quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques possibles de la culture et de la commercialisation du MON 810 ». Ainsi que « plusieurs faits scientifiques nouveaux qui concernent l'impact du MON 810 sur l'environnement, sur la santé humaine, l'économie et l'agronomie ». Selon les quatorze, Le Grand aurait dû n’employer que ces termes-là, sans conclure par des « doutes sérieux »…

 

On le vérifie ainsi une fois de plus : en matière d’OGM (comme dans beaucoup d’autres questions scientifiques), le problème est la présence constante d’incertitudes - contredites par la nécessité d’interpréter les données par rapport à d’éventuel risques futurs.

 

Le Grand a fait cette interprétation. C’était de sa responsabilité... (Sinon quoi ? Un rapport évasif à la façon des comités d’éthique ?). Le botaniste Pierre-Henri Gouyon, membre de la Haute autorité, ne le désapprouve pas sur le fond : « Le doute est évident devant l'ensemble des faits », souligne-t-il. Et il explique : « L'exercice auquel on se livre dans ce comité est très difficile puisqu'on a notamment des gens qui sont là pour promouvoir les OGM, comme les semenciers… »

 

C’est ce qui rend les choses équivoques.

 

 

DES SEMENCIERS IRRESISTIBLES ?

 

Ensuite, les milieux agricoles les plus productivistes - ceux de la FNSEA -  accusent l’Elysée d’agir de façon « politicienne » ! (grief surréaliste, venant d’eux).  Ils vont jusqu'à appeler leurs adhérents à la  « désobéissance civile » si Sarkozy suspendait le MON 810 : ce qui les aligne sur les méthodes de Bové, alors qu'ils ne cessent par ailleurs (tel l'UMP Accoyer) d'invoquer la légalité républicaine...  Proches de ces milieux, des députés de droite invectivent d'ailleurs le sénateur Le Grand.

 

Pour prendre la mesure de ce qui se passe, il faut savoir :

 

- que les OGM en général sont des « êtres chimériques inédits » (Jacques Testart), « des fabrications génétiques transgressant la barrière des espèces, mélangeant des gènes de poisson, de fraise, de scorpion, de maïs, mélangeant les gènes de n’importe quel être vivant avec n’importe quel autre. Il faudrait vraiment demander beaucoup à notre crédulité pour admettre que tout cela n’aura aucune conséquence sur les espèces, les écosystèmes, notre santé et notre rapport au monde » (Thierry Jaccaud) ;

 

- que d’autres pratiques culturales permettent de désherber sans les OGM, issus de l’agriculture hyper-industrielle ;

 

- qu’il faurait fallu des travaux sérieux sur les effets des aliments transgéniques sur la santé : mais que ces travaux, très rares, ont été interrompus (arbitraire qui a visé notamment le spécialiste britannique Arpad Pusztai*) ;

 

- et que l’impulsion générale vient du lobby industriel biotech ! « Clonage pour les animaux et OGM pour les végétaux sont le résultat de recherches menées par des laboratoires que personne ne contrôle, même pas la puissance publique. Les effets sociaux sont gigantesques, mais personne dans cette démocratie n’a le droit d’intervenir dans l’enceinte sacrée du laboratoire… » (Alain Gras, professeur à la Sorbonne**).

 

 

 À propos du « lobby de l’ADN », Jacques Testart – scientifique athée qui  critique le Téléthon depuis 2003 – dit  : « On a su créer une telle attente sociale que la mystique du gène s’impose partout, jusque dans l’imaginaire de chacun »… «C’est avec la même conception réductionniste du vivant, qui prétend que le génome serait détenteur du ‘programme vital’, que ces projets scientifico-commerciaux se sont imposés, même s’ils demeurent incompétents au regard de la complexité du vivant. »*** 

 

 

Ajoutons que les relations commerciales  Washington-Bruxelles sont au cœur du « débat » européen sur les OGM : rappelez-vous la plainte (à l’OMC) déposée par les Etats-Unis contre l’Europe, en 2003, pour briser le moratoire de Bruxelles envers les nouveaux OGM…

 

 

 

______

(*)  Selon ce biochimiste de la nutrition (publié par la revue scientifique de référence The Lancet), l’approche des industriels et  de l’Europe sur la sécurité des aliments OGM est comparable au fait de « prouver par l’absurde qu’une vache atteinte d’ESB est équivalente à une vache saine du simple fait que 99,999% de leurs protéines, graisses, etc, ont une composition identique ».

(**) L’Ecologiste, juin 2003.

(***) Selon Gilles-Eric Séralini (professeur à l’université de Caen et chercheur en biologie moléculaire), « un jour il apparaîtra que donner des OGM aux humains en les assurant qu’ils sont bons, sans avoir étudié sérieusement leur toxicité sur des rats, aura été une honte scientifique historique, et un danger ». 

 

Commentaires

POURQUOI LUI ?

> Equivoque il est vrai, cependant l'insistance de Noel Mamere à essayer de faire interdire les OGM, plaide contre le moratoire puisqu'il s'est toujours trompé sur tous les sujets (cannabis, OLP, mariage homosexuel...)

Louis


[ De PP à L. :
a) S'il pleut, et si Mamère dit qu'il pleut, vous allez sortir sans parapluie ?
b) Pourquoi allez-vous chercher le caricatural Mamère, plutôt que d'étudier le dossier scientifique du problème ?]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Louis | 11/01/2008

TCHAD

> Aucun rapport avec le message ci-dessus. Je me permet, un peu dans l'urgence, d'attirer votre attention sur le message de la conférence épiscopale du Tchad que j'ai relayé sur mon site. Ce message est important pour tous les chrétiens et je veux faire en sorte que les principaux sites catholiques relayent l'information :

http://engagementchretien.free.fr/dotclear/index.php?2008/01/11/54-un-message-du-tchad

Vous êtes bien sûr libre de recopier le message dans son intégralité ou partiellement.

Écrit par : Quentin | 11/01/2008

JE SALUE CE PRESIDENT

> « L'exercice auquel on se livre dans ce comité est très difficile puisqu'on a notamment des gens qui sont là pour promouvoir les OGM, comme les semenciers… »
On imagine l'indépendance de comité, comme dans un comité de l'environnement avec les pétroliers, les avionneurs, les constructeurs d'automobiles ; un comité de la santé avec les fabricants de cigarettes, les compagnies de sodas et de fast-food ; ...

Je salue l'intégrité d'un président d'un tel comité encore suffisamment courageux pour résister aux pressions de la domesticité impécunieuse qui encombre ses réunions et donne une image détestable, méprisable et méprisante de l'intellectuel.

Écrit par : Qwyzyx | 11/01/2008

UNE BONNE MESURE

> C'est une bonne mesure, et il faut que des chrétiens la soutiennent, il ne faut pas laisser le monopole d'un combat juste à un écologisme d'inspiration matérialiste ou panthéiste.

Quelques arguments complémentaires :
* La captivité du marché des semences génétiquement modifiés, par quelques firmes multinationales se fera au détriment des agriculteurs, de leurs droits à réutiliser leurs propres semences, comme cela se passe déjà aux USA et au Canada (procès contre des agriculteurs).

* Le « Compendium de la Doctrine Sociale de l'Eglise » contient des paragraphes intéressants à ce sujet.

Le § 460 : « l'homme... intervient non pour modifier la nature mais pour l'aider à s'épanouir dans sa ligne, celle de la création, celle voulue par Dieu. » «En travaillant dans ce domaine, ...,   Le chercheur adhère au dessein de dieu ».

La création de chimères (qui est me semble-t-il bien de la modification de la nature ) correspond-elle au "dessein de Dieu "? En fait toute la question est là. Pour les OGM interspécifique (cas du maïs Monsanto), la barrière des espèces est violée.

Écrit par : Rémy | 12/01/2008

TESTART

> A écouter avec attention les extraits de certaines interviewes données par M. Jacques TESTART - sur le site dailymotion

Par exemple :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/
jacques+testart/video/x19j8v_dr-testart-vs-ogm_politics

où l'on comprend que les orientations données à la recherche dans notre pays ne vont pas forcément dans le sens d'une amélioration de la vie des êtres humains ... l'image sacro-sainte de LA Science en prend un bon coup, mais cela devrait engager les citoyens que nous sommes à plus nous intéresser à ce domaine : nous en avons le DROIT et surtout le DEVOIR pour nous et nos enfants ...

Merci de m'avoir permis de découvrir le personnage qu'est M. Testart.

Écrit par : Claude | 13/01/2008

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