26/12/2007
Le catholicisme ne sera pas le supplétif de la société marchande
L'espérance n'est pas là pour justifier l'injustifiable :
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A en croire les journaux, le Vatican compterait sur l'Elysée pour « défendre » les « valeurs chrétiennes ». D’où tire-t-on cette idée ? Rien dans les propos du pape ne suggère ce calcul défensif. Benoît XVI parle plutôt de « révolution de Dieu » et de nouveau modèle à instaurer, en rupture avec le matérialisme financier dominant. Ce n’est pas la même chose.
Mais n’a-t-elle pas un air de déjà vu, cette idée d’une alliance - dans une société déboussolée - entre le pouvoir séculier et une Eglise confondue avec une « autorité morale » ? C’est un vieux canevas datant de Napoléon Ier et rapetassé sous Napoléon III. On en a vu le résultat au XIXe siècle et au début du XXe : l’approbation méprisante du bourgeois envers le mythe d’un curé-gendarme chargé de maintenir ces dames dans la fidélité conjugale et le peuple dans la sobriété travailleuse : une réduction « moraliste » de l’image du catholicisme, préface à la boucherie de 14-18 avec bénédiction des 75 et des Bertha (cf le film Joyeux Noël), puis au malaise spirituel qui a débouché sur la crise de la fin du XXe.
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Aujourd’hui les chrétiens commencent à voir que la logique du nouveau capitalisme financier ne leur permet pas de « défendre » quoi que ce soit (on ne fait pas d’architecture sous un bombardement). Il ne s'agit pas de servir de supplétifs, même moralisants, au matérialisme mercantile ! La vocation du chrétien est de contester ce système. Relisons les encycliques sociales depuis quarante ans : toutes vont dans ce sens. Il suffit de les prendre au sérieux.
François Bayrou n’a pas complètement tort quand il proteste (26 décembre) contre « le retour du mélange des genres entre l'Etat et la religion. Ce mélange des genres n'a jamais produit de bons fruits, je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme chrétien de conviction… Cette conception sociologique de la religion […] qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, on croyait qu'elle était loin derrière nous ! Ce n'est pas autre chose que ‘‘l'opium du peuple’’ que dénonçait Marx… »
Entre la « dissociété » actuelle et la vision catholique du social, il n'y aura pas d’alliance. Les chrétiens ne sont pas là pour justifier l’injustifiable. Ils sont là pour témoigner contre lui et construire des zones libérées.
11:10 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : catholicisme, christianisme, Benoit XVI, Bayrou, Napoléon Ier, Napoléon III
Commentaires
" INTRUSION "
> Merci pour cet article très lucide.
Je pense que M. Sarkozy est allé très loin dans la prise en compte du fait religieux par la conscience humaine et la vie sociale qui en découle :
Avant lui, l'Etat intervient diplomatiquement dans la nomination de tous cadres de l'Eglise catholique par voie de prénotification officieuse (vieille France) ou de nomination directe (Alsace-Moselle et Armées) et pénalement dans certains actes de son culte, par exemple le mariage religieux (CP 433-21).
Avec lui, l'Etat intervient de surcroît en matière d'anthropologie, de morale, de vie sociale, et même d'engagement religieux, qu'il concerne le témoignage ou la préparation des prêtres.
Au coeur de son intervention, la notion d'espérance spirituelle transcendante et la notion de révélation religieuse comme réponse à la quête de transcendance, "révélation" qu'il faut bien laïciser pour ne pas laisser d'autres religions sur la touche ; mais ce faisant, il cantonne toute démarche religieuse dans les limites de la raison, qui puise ses contenus dans une révélation comprise comme corpus de croyances, ce qui peut intéresser les philosophes et les historiens mais pas les croyants dans leur démarche de foi proprement dite. Se substituant donc aux croyants pour décrire laïquement leur propre démarche, et donner des bonus-malus à leur pratique interne, M. Sarkozy prépare les esprits à s'intégrer dans sa démarche et dans ses buts : participer à construire la vie et la société comme il l'entend, selon l'anthropologie individuelle de performance et de volontarisme qui est la sienne. On n'a jamais été aussi loin dans la tentative de prendre possession des esprits, dans l'intrusion et dans la transgression des genres et des rôles.
Que M.Sarkozy soit un transgresseur sur des questions particulières le regardant ou regardant des sujets de société est récurrent mais mineur ; au fond des choses, rien ne l'arrête finalement quand il s'agit d'organiser les consciences pour qu'elles pensent "Sarkozy" y compris dans leurs démarches les plus profondes, et les plus radicales.
Napoléon a introduit les cultes reconnus comme un dédommagement d'Etat, pour asseoir la paix civile et contrôler le fonctionnement social des élites ; M. Sarkozy introduit les religions nationales (Islam de France, Eglise de France) pour qu'elles inscrivent leur propre démarche dans une relativité (selon lui toutes sont des révélations) et dans une servilité au regard du type d'homme social qui est au principe et au terme de son projet.
Qu'il s'occupe de la police et de l'économie des cultes en dialoguant au préalable avec les cultes sur les aspects à prendre en compte (le cultuel, le caritatif, le culturel, etc), très bien. Il est ici dans son rôle politique au regard du bien commun social, veillant à l'ordre public en tenant compte des corps intermédiaires.
Mais qu'il décrive comme norme une anthropologie prétendument commune et décrive comme nôtre une démarche religieuse laïcisée parce que s'intégrant dans un pluriel (les révélations), voilà qui est proprement transgressif à double titre : M.Sarkozy sort de son rôle et franchement, il n'en a pas les moyens.
Finalement je me demande ce qu'ont à gagner les catholiques dans ce rationalisme des croyances, dans ce déisme de M. Guaino qui fleure bon les temples spécialisés ; je me demande aussi ce qu'y gagnent ceux qui ne croient à rien et qui sont tout aussi français que vous et moi ; je me demande enfin ce qu'y gagne la France dans son unité politique qui intègre toutes ses composantes dans une communauté de naissance, d'adoption, et de destin strictement temporel.
Comment peut-on, comme catholique, héritier des martyrs chrétiens, se prêter à une pareille divinisation de l'Etat et re-sacralisation de la nation, à un pareil mélange du civil et du religieux réédité en révélation profanée et finalement utilitaire ?
Comment peut-on oublier (citée implicitement et de façon violente dans le discours de M.Sarkozy) la juste colère du cardinal Lustiger au moment de la création du CFCM (que je ne discute pas ici), lequel pointait du doigt le risque grave que soient constitués des cultes nationaux ?
Comment peut-on se réjouir de la nouvelle conception dite "positive" de la laïcité, quand celle-ci déforme en interne la démarche des croyants pour mieux leur interdire le questionnement de morale naturelle (partageable avec tout homme et citoyen) sur les actes du politique ?
Comment des catholiques présents au monde peuvent-ils ainsi laisser dire et organiser un pareil déni, d'une part de leur identité religieuse, d'autre part de l'appartenance de chaque français à la nation et d'un juste fonctionnement démocratique qui exige la contestation sur les moyens de la paix civile et de la prospérité des gens ?
Qui ne peut comprendre - même quand on ne partage pas leurs options ni leur lecture de l'histoire - les agacements de courants philosophiques et politiques multiples se référant à une laïcité pure et dure, parce que le mélange transgressif des disciplines et des rôles - véritable matrice de "l'ouverture" sarkoziste, ici en matière de laïcité - ne répond pas à un besoin de comprendre en liberté et de vivre en paix ?
Va-t-on se mettre à regretter le laïcisme coutumier, bien de chez nous, parce qu'au moins on a partagé les mêmes instituteurs, les mêmes blouses grises et le même respect patient du savoir et de la morale naturelle ?
J'attends avec avidité le discours de M. Bayrou, au plan strictement philosophique, qui seul m'intéresse ici. Au moins aura-t-on la chance de lire quelqu'un qui sait de quoi il parle, possède des références culturelles sérieuses, et connaît les dangers qu'il y a de manier la laïcité avec inconséquence, dans un pays qui a besoin de respect adulte et non de transgression permanente, dans un pays qui a besoin de clarté conceptuelle et de paix civile.
Il en va à la fois du respect des croyants dans leur démarche propre - personnelle et communautaire - et de la démocratie politique en France.
Écrit par : Christian | 26/12/2007
DE MONTEVIDEO
> Con los mejores deseos de una muy Feliz Navidad desde Montevideo.
j.a.varela
Écrit par : juan a. varela | 26/12/2007
LUTTER
> Je ne m'appuierai pas sur la référence Bayrou comme "chrétien de conviction", qui cantonne sa foi à la sphère privée et la dissocie de son activité publique: tous les discours de l'Eglise vous le savez appuient un engagement clair et reconnu des chrétiens en politique en tant que tels, et non en "schizophrènes". Je n'accorde pas plus de crédit à Sarkozy sauf qu'avec son concept de laïcité positive il bouscule les idées figées de la "laïcité à la française". Pour les catholiques il y a là un espace à (ré)occuper et là je vous rejoins: pas de compromissions avec le capitalisme financier, mais du courage et la grâce de l'Esprit pour lutter contre le "prêt à penser " médiatique ou le politiquement correct.
Écrit par : Phil C | 26/12/2007
PAS COMPLÈTEMENT
> Merci de cette analyse rafraîchissante au milieu de la résurgence moraliste habilement pilotée par un Président qui confond, quand cela l'arrange, "ordre moral" avec "ordre normatif"...ou loi du plus fort !
J'ai bien aimé, de votre part, le "pas complètement tort" a propos de François Bayrou... ;-)
Écrit par : Guillermo37 | 26/12/2007
BAYROU N'A PAS RAISON
> " François Bayrou n’a pas complètement tort quand il proteste (Le Figaro du 26 décembre) contre « le retour du mélange des genres entre l'Etat et la religion. Ce mélange des genres n'a jamais produit de bons fruits, je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme chrétien de conviction… Cette conception sociologique de la religion […] qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, on croyait qu'elle était loin derrière nous ! Ce n'est pas autre chose que ‘‘l'opium du peuple’’ que dénonçait Marx… »
Pour autant, il ne faudrait pas se crisper sur une "laïcité à la française" qui a plus souvent pris le visage d'un laïcisme intolérant et sectaire que d'une saine laïcité ouverte et respectueuse des religions.
Allons plus loin même... Il serait très réducteur de vouloir cantonner la religion à la sphère privée.
Quand François Bayrou dit ensuite : "La laïcité détermine un espace public à l'intérieur duquel on ne fait pas intervenir la religion par l'autorité du dogme, et un espace intime, familial, où chaque être humain cultive des convictions, une vision du monde, qu'il ne faut pas imposer aux autres", il tombe dans le travers laïciste.
Je ne vois pas au nom de quoi il serait interdit à un chrétien d'intervenir dans les débats d'idées ; il ne s'agit pas bien sûr d'imposer notre vision du monde au nom de dogmes, mais bien d'oeuvrer au bien commun au nom de notre foi.
Nous ne sommes pas schizophrènes et n'avons pas de motif de ne pas être nous-mêmes en public comme en privé !
Écrit par : Michel de Guibert | 26/12/2007
BAYROU A RAISON
> Faire intervenir la religion, bien sûr, mais pas "par l'autorité du dogme",
proposer la foi, toujours, mais "pas l'imposer aux autres"...
Dans l'extrait que vous citez et que complète Michel de Guibert, je donne raison à François Bayrou.
Pour moi ni la foi ni la pratique religieuse ne doivent se cantonner à la sphère privée, et c'est bien au nom de leur foi que des chrétiens doivent prendre part au débat public, s'opposer à l'avortement ou à l'euthanasie, à la misére et au mépris, aux scandales des déséquilibres économiques et écologiques, et même au travail du dimanche.
Mais ils ne peuvent pas "imposer au nom du dogme", ils doivent proposer au nom de leur foi, foi qu'ils doivent être libres de transmettre à leurs enfants dans leurs familles, leurs écoles, leurs églises et dont ils doivent pouvoir témoigner librement dans la rue.
C'est cette liberté que doit assurer une laïcité bien comprise et c'est cette liberté que l'on doit défendre (et non en effet un certain laïcisme français qui est tout sauf le respect de l'autre et dont les chrétiens ont encore à souffrir aujourd'hui en France)
La méfiance compréhensible envers le laïcisme ne doit mettre en péril la laïcité, garante de libertés que nous pourrions être amenés à regretter plus vite qu'on ne l'imagine parfois...
Christine
[ De PP à C. - Sentez-vous que ce débat est purement académique ? Dans la France et l'Europe d'aujourd'hui, personne ne prétend imposer quoi que ce soit "au nom du dogme", et le mot "dogme" lui-même est synonyme d'absurdité odieuse pour M. et Mme Tout-le-monde. Mieux vaut donc se confronter aux vrais problèmes, que d'en pourfendre de faux...]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Christine | 26/12/2007
INCOHERENT
> L'entretien donné par François Bayrou au Figaro du 26/12/07 témoigne de l'incohérence de ses positions.
Il pose comme principe de base que ... "[la laïcité] détermine un espace public à l'intérieur duquel on ne fait intervenir la religion par l'autorité du dogme, et un espace intime, damilial, où chaque être humain cultive des convictions, une vision du monde, qu'il ne peut imposer aux autres." Plus loin ..."l'homme n'est vraiment libre que si on empêche toute interférence entre ces ordres distincts (ordres du pouvoir, de la religion et de la science].
Fort bien! Mais, au début de l'entretien, pour appuyer le rejet de ce qu'il appelle le mélange des genres, il déclare: "je le dis aussi comme chrétien de conviction". N'est-ce pas étrange puisque, selon ses propres principes, il devrait garder pour lui ses convictions ? De même, à la fin de l'entretien, F.Bayrou dénonce "le paradoxe troublant [d]e celui d'un pouvoir qui affiche chaque fois sa complaisance avec le matérialisme financier ..." Mais l'allusion au matérialisme ne relève-t-elle pas d'un jugement d'inspiration religieuse dont la laïcité n'a que faire?
Lorsque F.Bayrou déclare: "La République est en charge de réaliser un monde meilleur, et pas d'inviter à l'attendre", comment pourra-t-il définir les critères de ce "monde meilleur" sans inspiration religieuse? Il est clair que, pour lui, c'est la République qui a le dernier mot: "quand elles se contredisent, qui décidera qu'une religion est supérieure à une autre dans le domaine de la morale et des valeurs.
F.Bayrou trouve sa référence en Jules Ferry car: "la morale de l'instituteur n'est pas inférieure à celle du prêtre. Pour Jules Ferry, elle est la morale universelle du genre humain". Peut-on sérieusement défendre pareil point de vue aujourd'hui? Il est pourtant évident que la morale de l'instituteur de Jules Ferry n'était que la version sécularisée de la morale du prêtre, d'où l'illusion du caractère universel de "la" morale. F.Bayrou serait bien en peine de définir aujourd'hui une telle morale et de trouver des instituteurs pour l'appliquer. Cette question est pourtant devenue cruciale étant donnés les enjeux de bioéthique, de la famille etc.
F.Bayrou fait sien "le grand mouvement d'émancipation des Lumières". Il est dommage qu'il ne cite pas les héros de ce mouvement car on pourrait discuter de leurs idées comme par exemple le racisme, l'antisémitisme et la misogynie de Voltaire.
F.Bayrou termine par le "rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Connait-il l'usage qu'en faisait l'un des champions de la laïcité? Clémenceau citait en effet cette formule pour ajouter "et tout est à César"; ce point de vue est très cohérent dès lors que les religions sont cantonnées à l'espace privé.
Xavier
[ De PP à X. - L'incohérence est la marque de la "politique" postmoderne. C'est parce que cette "politique" n'en est plus une, mais une série de gesticulations et de postures avec effets d'annonce. Ce qui vaut pour FB vaut aussi pour NS et pour tous les autres. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Xavier | 26/12/2007
@ Xavier
> Pour aller dans votre sens, à ceux qui lui demandaient quelle morale il voulait enseigner, Jules Ferry répondait : "la morale de toujours, la morale de nos pères" (rapporté par Pierre Chaunu).
Illustration que, pour lui, il s'agissait bien de la version sécularisée de la morale religieuse, considérée comme universelle dans le contexte de l'époque.
Le problème est bien évidemment aujourd'hui que, coupée de ce qui la fondait, cette morale sécularisée est devenue une coquille vide, "un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante"...
Écrit par : Michel de Guibert | 28/12/2007
EXPLOSIF
> Chercheur (non-CNRS)... Poseur (non-IVG)...Artisan (non-RTT)...de vérité, de justesse, de concorde, de respect...c'est pour tous...avec l'adhérence-obédience des fidèles du Nazaréen cela devient explosif mais pour la Vie :"Je suis venu rendre témoignage à la vérité.." et cela est ardu et usant pour tous sans mélange des genres ou des catégories...
On peut être haut-perché et bas-penseur.
Écrit par : Gérald | 28/12/2007
DOS À DOS
> En lisant tous ces post fort intéressants, j'ai eu envie de relire la lettre de Jean-Paul II au cardinal Ricard, en date du 11 février 2005.
On y voit une excellente relecture de l'histoire de la séparation en France puis de la pacification, une description de la saine laïcité (opposée au laïcisme) en contexte réel et actuel, c'est à dire multi-culturel et multi-religieux, un appel aux catholiques à s'engager dans l'espace politique au nom de l'Evangile suite à une bonne formation anthropologique.
Cette lettre pourrait constituer un pivot commun de réflexion entre catholiques (mais pas seulement), car elle est prudente dans la relecture de l'histoire, précise sur le découpage des plans et des compétences, et nette sur la différence entre laïcité et laïcisme. Chacun peut facilement se la procurer sur internet.
Pour ma part, je me contenterai ici de signaler 3 points :
1. Concernant le discours important de M. Sarkozy, je dirai qu'il pèche par excès : il ne lui revient pas de rendre compte des religions dans leur démarche propre (des croyances au pluriel qui renforcent l'espérance, ce qui est une vision déiste, rationnalisée et potentiellement utilitaire de la démarche de foi) mais de favoriser leurs conditions d'existence pour qu'elles participent, de la place qui est la leur, à la collaboration au bien commun temporel de la société. Il lui appartient encore moins d'émettre un avis public sur le dynamisme de l'Eglise et sur la vocation de ses ministres. Il n'a pas autorité pour cela. De ce côté, je comprends certaines craintes de M.Bayrou.
2. Concernant l'intervention de M.Bayrou, je dirai qu'elle pèche par défaut : en renvoyant la dimension religieuse dans la sphère privée, personnelle ou familiale, il prive la dimension religieuse de son espace social et de sa fonction humanisante dans la société politique : ce qui revient à lui dénier tout compétence civilisatrice, et à décrire l'histoire "pré-laïque" comme une préhistoire. Si l'Eglise en tant que telle ne peut concourir - parmi d'autres et à la place qui est la sienne - au bien commun de la société, c'est qu'on a fait un tri sélectif dans l'Evangile. De ce côté, je comprends certaines ruptures de M.Sarkozy.
3. Au fond, je renvoie dos à dos ces responsables de notre pays, en ce sens qu'il manque à leur discours une anthropologie correcte qui soit le fondement commun au travail du politique. Si cette quête d'anthropologie pouvait remplacer l'attention aux sondages et le caractère éclaté de ces personnalités et de leurs positions, on trouverait là et le fondement d'un travail en commun de toutes les composantes sociales, et la différenciation de leurs modes d'approche et de leurs compétences.
Écrit par : Christian | 28/12/2007
BONNE CHANCE
> Il me semble qu'aucune société ne peut vivre sans religion ou idéologie.
Avant le 20ème siècle (19ème pour les français), les sociétés vivaient dans des Etats qui reconnaissaient plus ou moins complètement le rôle moral et éducatif des religions. Il y avait donc non pas une confusion de pouvoirs, mais un entremêlement entre l'état législateur et les représentants de cet état, qui allaient ostensiblement à la messe pour conserver le lien "social" et moral avec le peuple.
Il n'y avait pas de rupture claire et franche entre ces deux mondes, même si ces deux mondes savaient exactement quels étaient leurs champs d'action et de responsabilité.
Au 20ème siècle, les idéologies ont remplacé le rôle des religions, et beaucoup d'Etats ont foncé tête baissée dans l'illusion des idéologies, puisqu'ils en étaient les promoteurs et qu'ils pouvaient façonner des idéologies qui les serviraient eux-même plutôt que Dieu. ... et on a vu les catastrophes que cela a donné.
Exit donc les idéologies au 21ème siècle (à part celle du réchauffement et autres fadaises comme le matérialisme pour occuper l'esprit de la plèbe), et retour à la grande question : "Qu'est-ce que l'Etat peut-il bien faire des religions ???" (du coup qu'il y a plein de votants qui y croient encore, faut bien s'en occuper un peu).
La République, les constitutions, les traités, les droits de l'homme, tout aussi respectables et de bonnes intentions qu'ils puissent êtres, se retrouvent incapables de fournir l'Espérance à laquelle les êtres humains aspirent naturellement.
Alors pour un pays comme le votre, qui a tout misé sur la République et la laïcité dans le genre : Egalité, fraternité, liberté... (au lieu de "Père, Fils et Saint-Esprit), ... comment pouvez-vous en sortir à part inventer une nouvelle idéologie... ou alors redonner la place de choix que l'Eglise a occupé chez vous durant tant de siècles, j'avoue que je ne sais pas ?
Mais bonne chance quand même ;-)
Écrit par : Dve | 28/12/2007
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