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12/09/2007

Quand Benoît XVI prend le micro...

...ce n'est pas pour se faire l'écho du journal télévisé de la veille au soir :


 

Certains réflexes de catholiques (« clas-siques »*)  devant les paroles de l’Eglise en général, et du pape en particulier, surprennent l’observateur. Plutôt que de chercher le pourquoi de ces paroles et d’entrer dans leur intention, ce qui serait naturel de la part de catholiques, ils cherchent des raisons de ne pas les entendre. Leur argument est celui du libéralisme catholique au XXe siècle : on ne devrait suivre l’Eglise que dans les domaines « de la foi et des mœurs ». Tout le reste serait « matière à options ».

Cette façon de voir amène à rejeter la doctrine sociale de l’Eglise, qui déborde de toutes parts cette idée « de la foi et des mœurs»  prises dans un sens restrictif, donc inexact.

Un catholique qui rejette la doctrine sociale se trouve dans une position… assez peu catholique, force est de le constater.

Et la paix des esprits disparaît. En effet : d’innombrables tendances, sensibilités, milieux sociaux divers (etc) composent le monde catholique en France ; si chacun de ces groupes prend pour boussole  ses préférences séculières dans les questions de société, la polémique entre eux devient inéluctable et quelquefois inexpiable. On en a connu des exemples au siècle dernier.

Si – en revanche – les innombrables groupes cessent de se prendre chacun pour le pôle, et s’ils regardent ensemble vers le magistère de leur Eglise commune, le climat (pardon pour ce mot) s’assainit.

Une des conditions de cet assainissement est de bien vouloir admettre que l’Eglise ne parle pas à la légère, même quand c’est à propos d’économique et de sociétal.

Et que Benoît XVI, entre autres, est un homme qui sait ce qu’il dit : y compris quand il ne parle pas  « de-foi-et-de-mœurs » (selon l’expres-sion consacrée).

C’est même, par fonctions successives, l’un des hommes les mieux informés de toute la planète**. Son poste à la congrégation de la Foi était un carrefour d’informations mondiales en tous domaines, et particulièrement dans les questions de société et d’économie. Devenu pape  – un pape qui consulte et travaille nuit et jour –,  son information n’a fait que s’amplifier encore. Lorsque cet homme-là prend le micro, on peut être assuré que ce n’est pas pour se faire l’écho du journal télévisé de la veille au soir !

Qu’on me permette de le dire : soupçonner Benoît XVI d’être moins bien informé que telle ou telle ligue militante, c’est un peu… léger.

La vocation de ce blog est d’essayer d’y voir clair, de mettre en lumière les tenants et les aboutissants, et de palper la logique des choses. Exercice quelquefois délicat.  Mais les désaccords sont là pour être explicités. Les subjectivités, pour être dépassées. Et les « partis », pour être oubliés.

 

 

_____

(*)  Du courant central (ni tendance Golias, ni tendance Ecône). Je pense à des "radio-trottoirs" de ces six derniers mois, et au culte actuel de "toutes-les-différences" qui se fait au détriment de l'unité... et qui finit d'ailleurs par contaminer aussi le noyau de la foi et des moeurs !

(**)  Contrairement à ce que croient les censeurs du Monde.mm

 

 

 

 

Commentaires

Merci de vos rappels profitables.
Une citation très utile de Pie XII :
« La doctrine sociale de l'Église est claire en tous ses aspects; elle est obligatoire; nul ne peut s'en écarter sans danger pour la foi et l'ordre moral. » (Discours à l'Action catholique italienne, 29 avril 1945)

Écrit par : Jérôme | 12/09/2007

"FOI-ET-MOEURS" ?

> "Cette façon de voir amène à rejeter la doctrine sociale de l’Eglise, qui déborde de toutes parts le domaine de la foi et des mœurs."

Excusez-moi, Monsieur de Plunkett, mais je pense que vous avez mal lu les derniers documents du Magistère, en particulier les 50 points du dernier synode épiscopal et l'Exhortation Apostolique qui s'en est suivie.

En effet, in "Sacramentum Caritatis", le Pape, reprenant les propos des évêques du monde entier, a montré comment notre comportement dans notre vie courante découlait de la réalité de ce qu'est l'Eucharistie.

Je pense qu'il en va de même pour tout ce qui n'est pas « de-foi-et-de-mœurs » : la Foi et les mœurs et l'enseignement du magistère de l'Eglise (pour être précis) sur ces 2 éléments engendre la Doctrine sociale.

Ainsi celle-ci ne déborde pas la Foi et les mœurs mais en est la mise en pratique cohérente.

Il en va ainsi pour tous les sujets : économie, écologie, ...

Nier cela, c'est nier la Foi : dire que la Foi se contente de dire que Dieu existe et que Jésus s'est incarné et est ressuscité, c'est passé à coté du message chrétien.
Ce message est justement la volonté de Dieu à réaliser dans tous les aspects de notre vie.

Donc le Pape a parfaitement autorité pour parler d'autre chose que « de-foi-et-de-mœurs » car son enseignement sur cet autre chose découle de celui sur « de-foi-et-de-mœurs ».
Il a même un enseignement radicalement nouveau à donner car justement il est le seul à accepter pleinement l'éclairage que Dieu et ses commandements peuvent apporter à toutes les activités humaines sans distinction.

Rappel sur le rituel du Baptême :
Que demandez-vous pour N. à l'Église de Dieu ?
Les parents : Le Baptême.
114. (RR 77) Le célébrant souligne l'importance de cette démarche, en disant :
Vous demandez le baptême pour votre enfant. Vous devrez l'éduquer dans la foi, et l[b]ui apprendre à garder les commandements, pour qu'il aime Dieu et son prochain comme le Christ nous l'a enseigné[/b]. Êtes-vous conscients de cela ?

Boris


(De PP à B. - Rassurez-vous, je n'ai pas "mal lu" les 50 points (que j'avais d'ailleurs présentés et commentés à l'époque, fin 2005) ! Et je suis parfaitement d'accord avec vous sur ce sujet. C'est ma tournure de phrase (dans la note) qui était défectueuse. Je l'ai rectifiée, comme vous pourrez vous en rendre compte.
Quand je mets des guillemets et des traits d'union à "foi-et-moeurs", c'est pour bien indiquer qu'il s'agit d'une fausse acception, couramment répandue mais ne correspondant pas à la pensée catholique.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Boris | 12/09/2007

FOI ET MOEURS

> Je suis pleinement d'accord avec vous, mais il me semble que quand on parle des "moeurs", autrement dit de la "morale", cela inclut la morale économique et sociale, autrement dit la "doctrine sociale de l'Eglise". Même en adoptant l'expression consacrée de "la foi et les moeurs", il n'est pas possible de segmenter ce à quoi l'on adhère.

Stricto sensu, le Pape n'est infaillible qu'en manière de dogme, et sous certaiens conditions ; depuis la définition de Vatican I, il n'en a été usé qu'une fois par Pie XII, après avoir consulté tous les évêques, pour définir en 1950 le dogme de l'Assomption de Marie. Cela ne veut pas dire que ce qu'il dit en dehors de ce cadre n'est pas à prendre en grande considération.

Il est de bon ton aujourd'hui, dans un climat hyper-individualiste, de se faire une religion "à la carte", chacun prenant ce qui lui convient de ce que dit l'Eglise ; à vrai dire cela est à l'image des grands media qui distibuent volontiers au Pape ou aux évêques les bons points et les mauvais points, au nom du "penser correct" !

Certains voudraient ne garder que ce qu'il dit en matière de respect de la vie et de défense de la famille, d'autres ne voudraient garder que ce qu'il dit en matière de justice sociale ou de solidarité internationale...

Plus grave encore, mais c'est une autre question car la Foi même est mise en cause en son coeur, certains catholiques "classiques" comme vous dites choisissent dans les articles du Credo ceux auxquels ils croient et ceux qu'ils refusent ; idem pour la Parole de Dieu, parfois instrumentalisée au gré des idéologies et des options de chacun...

Michel de Guibert


[De PP à MG - Vous avez raison, et je vous fais un peu la même réponse qu'à Boris : ma tournure de phrase elliptique laissait penser que je parlais réellement de la foi et des moeurs au sens magistériel, alors que je parlais du détournement de ces notions dans le langage courant. J'ai donc rectifié la formulation.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert | 12/09/2007

COHERENCE

> M. de Plunkett : j'ai très bien compris ce que vous vouliez dire, c'est pourquoi ma première phrase '(qui s'est perdue en route) parlait d'humour.
Je suis entièrement d'accord avec vous et mon commentaire avait pour but de vous appuyer, tout comme les suivants visiblement.
Nous sommes heureusement tout un groupe à penser que la cohérence du message messianique (messie en hébreu = christ en grec), donc que cette cohérence s'applique à l'ensemble des aspects de notre vie et n'est pas restreint à certains aspects seulement.
Merci pour vos nombreux rappels à la cohérence par les textes du Pape.

Écrit par : Boris | 12/09/2007

MORALE PRIVEE, MORALE ECONOMIQUE

> Deux questions que devraient se poser bien des gens : Si on accepte qu'un chef d'entreprise de 50 ans vire tous ses ouvriers pour en prendre des moins chers en Chine, peut-on vraiment lui demander de ne pas quitter sa femme pour en prendre une plus jeune ? Et inversement, si on accepte qu'il quitte sa femme pour en prendre une plus jeune, peut-on vraiment lui demander de ne pas virer tous ses ouvriers pour en prendre des moins chers en Chine ?

Nombreux sont ceux qui souhaiteraient une société où on soit immoral d'un côté (économique/vie privée), et moral de l'autre (vie privée/économique). Mais une telle société ne pourra jamais exister durablement : les ressorts immoraux qu'on aura accepté d'un côté (l'individualisme, le non-respect de l'autre) envahiront inévitablement l'autre côté.

On peut relire sur ce sujet le très bon discours de Sarkozy (enfin ... de son nègre) de l'entre deux tours sur Mai 68 dont les "valeurs" conduisent inévitablement à l'ultra-libéralisme effréné.

Écrit par : Fab | 12/09/2007

QU'EN MATIERE DE DOGME ?

> Dire que le Magistère n'est infaillible qu'en matière de dogme, c'est donner une interprétation singulièrement réductrice de Vatican I, il me semble.
Je vous conseille un très bon livre sur ce complexe sujet, publié par les édititons de La Nef, Les degrés d'autorité du Magistère, de l'abbé Lucien (qui certes n'est pas lui-même infaillible, mais contribue à faire avancer le débat, à mon sens).

Amicalement,

JG

Écrit par : JG | 13/09/2007

D'AILLEURS IL N'Y A PAS QUE L'INFAIILIBILITÉ !

> Oui, c'est un ouvrage clair et très argumenté. Ajoutons qu'il ne faut pas tout réduire à la question de l'infaillibilité : c'est une déformation typique de la mentalité bourgeoise dans ce domaine ("que l'Eglise s'occupe de ses affaires et qu'elle nous laisse les nôtres"). L'Eglise a une mission d'éclairage et une puissance d'entraînement - de "leadership", diraient les anglophones - qui déborde largement les questions du dogme de la foi ! Mais ça, il nous faut un peu d'humilité pour le reconnaître ; et l'humilité manque dans tous les camps en présence...

Écrit par : PP | 13/09/2007

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