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11/09/2007

Social et catholicisme : le devoir d’être à l'écoute

...et d'être cohérents :


 

Dans les années 1970-1980, pour une partie des catholiques français, la chose qui comptait était de « coopérer à la  construction d’une société socialiste ». Ils y ajoutaient en annexe leur « origine chrétienne », en disant que le catholicisme (« le Concile ») était rallié à cette dérive sécularisante. C’était une affirmation fausse, comme la suite allait le montrer dès le règne de Paul VI. Avant, pendant, après le concile Vatican II, le catholicisme a une autre vocation que de servir de supplétif à des idéologies séculières. Par ailleurs, « vivre une religion incarnée » ne veut pas dire justifier n’importe quoi du moment que c’est « humain » : ce serait trop facile, même si le cas s’est présenté souvent dans l’histoire.  (D’où la repentance de Jean-Paul II au Jubilé de l’an 2000).*

En 2007, la même erreur est commise parmi nous. Pour un certain nombre de catholiques français, ce qui compte est de participer à telle ou telle campagne d’opinion  issue de tels ou tels milieux – divers et variés – qui leur sont sympathiques ; mais non de participer concrètement à la nouvelle évangélisation, tâche qui suffit pourtant à occuper une existence.  Pour ce faire, ils supposent que la Rome du pape Ratzinger est forcément « avec eux »**: ce qui les dispense d’étudier (complètement et sérieusement) ce qu’elle dit. Et, a fortiori, ce que dit l’Eglise dans leur propre pays.

Pourquoi faire ces observations dans ce blog, aujourd’hui ? Certes pas pour jouer les juges-arbitres : personne ne l’est parmi nous. Mais tout le monde, dans l’univers catholique, peut se soucier d’être cohérent. La cohérence de la foi chrétienne implique une écoute attentive : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » (le reste vient par surcroît). « Incline l’oreille de ton cœur », dit la Règle de saint Benoît. « Dans la vie présente, où l’amour est imparfait, la nécessité s’impose toujours à moi d’avoir pour garant de ma vie chrétienne l’obéissance à l’Eglise »***…  Cette adhésion du cœur n’est pas limitée aux questions de foi et de mœurs comme on l’a trop dit au siècle dernier, fabriquant ainsi un catholicisme de messalisants qui ne trompaient pas leur épouse, mais bien durs avec leurs salariés. L’adhésion du cœur va aussi – dans son ordre – à ce que l’Eglise nous demande en matière sociale, y compris lorsque ça choque nos réflexes et nos intérêts.

___

(*) Ne pas comprendre le sens profond de cette repentance, c’est passer à côté de la vision catholique de l’histoire et nier la solidarité spirituelle des générations dans le Corps mystique du Christ. (Nous ne sommes pas responsables des fautes des chrétiens d’autrefois, mais nous pouvons prier pour eux – et ne pas excuser leurs fautes, ni les commettre à notre tour).

(**)  Pourquoi ?

(***) Divo Barsotti, Dieu est Dieu, Téqui 1980.

Commentaires

JEAN-PAUL II ET LA REPENTANCE

> Petite précision tout de même : Jean-Paul II n'a pas employé le terme de "repentance" pour le Jubilé de l'an 2000. Ne faites pas la même erreur que certains journalistes.

tfd


[De PP à tfd :

Exemple de messages liés au bimillénaire :

- "Nous nous souvenons / Une réflexion sur la Shoah / Message du Saint-Père Jean-Paul II, 16 mars 1998" :
"Au terme de ce millénaire, l’Église catholique désire exprimer sa profonde douleur pour les fautes commises par ses fils et filles au cours des siècles. Il s’agit d’un acte de repentance (teshuva) car, en tant que membres de l’Église, nous partageons les péchés comme les mérites de tous ses fils. L’Église regarde avec un profond respect et une grande compassion l’expérience de l’extermination, la Shoah, que le peuple juif a endurée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il ne s’agit pas de simples mots, mais bien d’un profond engagement. «Nous risquerions de faire mourir à nouveau les victimes des morts les plus atroces si nous n’avions pas un ardent désir de justice, si nous ne nous engagions pas nous-même, chacun selon ses capacités, de manière que le mal ne l’emporte pas sur le bien, comme ce fut le cas pour des millions de fils du peuple juif […] L’humanité ne peut permettre que tout cela se reproduise».
Nous prions pour que notre douleur face à la tragédie que le peuple juif a endurée au cours de ce siècle conduise à de nouvelles relations avec le peuple juif. Nous désirons transformer la conscience des péchés du passé en une ferme résolution en vue d’édifier un avenir nouveau dans lequel il n’existera plus de sentiment anti-juif parmi les chrétiens, ni de sentiment antichrétien parmi les juifs, mais au contraire un respect mutuel partagé, comme il convient à ceux qui adorent l’Unique Créateur et Seigneur et qui ont un Père commun dans la foi, Abraham.


- Lettre de Jean-Paul II au grand rabbin de Rome, 2004, commentant le message de 1998 : "En parcourant, avec l'aide du Ciel, cette route de fraternité, l'Eglise n'a pas hésité à 'déplorer les fautes de ses fils et filles en tout temps' et, dans un acte de repentance (teshuvà), elle a demandé pardon pour leurs responsabilités liées de quelque façon aux plaies de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme".

Les paroles de Jean-Paul II en 2000 ont fait écho à ces messages, en ce qui concernait non seulement l'antisémitisme mais toutes les fautes commises par des chrétiens. Ne pas vouloir reconnaître les fautes serait étrange, de la part de catholiques ! ]

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Écrit par : tfd | 11/09/2007

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