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09/09/2007

Saint Paul et l'esclave fugitif : l'épître qui choquait le bourgeois en 1890

3a9a05b239848c5b96bc5812522f6925.jpgToujours d'attaque en 2007 :


Dans les lectures de ce dimanche, un texte que l’on ne cite pas assez souvent : la lettre de Paul à Philémon, chrétien de la ville de Colosses (Turquie actuelle, à 150 km à l’est d’Izmir-Ephèse). Paul lui écrit pour une raison spéciale : Onésime, esclave de Philémon, s’est enfui – avec de l’argent – et  s’est réfugié chez Paul. Il s’y est converti. Que fait Paul ? Il renvoie Onésime à Philémon, mais avec cette lettre, qui suggère à Philémon : a) de pardonner à Onésime, b) de le traiter désormais, non comme un esclave, mais « comme un frère bien-aimé ». « Accueille-le comme si c’était moi, si tu es en communion avec moi… »

 

On trouve ici l’application du précepte de la lettre aux Romains : « Il n’y a plus ni esclave, ni homme libre … car tous vous êtes un en Jésus Christ. » Tous les baptisés sont libres et égaux devant le Père, dans le Corps mystique du Fils.  Paul propose donc à Philémon de ne pas appliquer la loi romaine punissant les esclaves fugitifs, et même de  traiter Onésime comme « un frère ». Quand on se dit chrétien, il faut être cohérent.

 

Ce texte de Paul est l’un de ceux qui exaspéraient le jeune Maurras en 1890. Lui et sa génération de positivistes de droite, dans leur  posture intellectuelle néo-païenne, vomissaient « le venin du Magnificat » et son  exaltavit humiles.*

 

La question se pose tout autant aujourd’hui. L’Evangile est une radicale mise en question de nos normes sociales, même les plus consensuelles et les plus classiques – et pas seulement les innovations des « nouvelles mœurs ». Avant de céder au réflexe (« faire appliquer la loi », « faire respecter mes droits »), celui qui se dit chrétien doit comparer avec l’Evangile et prendre le temps de s’interroger. Sans quoi son christianisme n’est pas une foi imprégnant la vie, mais une superstructure idéologique  – à fonctionnement sélectif et intermittent. Pensons-y. Nous sommes tous concernés.

 

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(*) Deposuit potentes de sede…  Cette idée, vue comme subversive en 1890, est exprimée dans un latin d’église qui sera vu comme réactionnaire en 2007.

 

Commentaires

Votre dernier paragraphe vaut toutes les homélies ! Excellent point de départ pour une réflexion approfondie.
Merci.

Écrit par : Flore | 09/09/2007

> C'est ça qui vous rend sympathique, le plaisir que vous mettez à "choquer le bourgeois" et à dénoncer "la superstructure idéologique – à fonctionnement sélectif et intermittent"...
...sans avoir peur d'assumer l'exigence morale, intellectuelle et spirituelle tellement ringardisée par notre époque.
Cela fait de vous un phénomène irritant difficile à classer et somme toute assez revigorant.

Écrit par : Christine | 09/09/2007

SOUTENIR CEUX QUI S'Y RISQUENT

> C'est effectivement ce qu'il faut faire.
Et si on parlait de ceux qui essayent de le faire et des difficultés qu'ils rencontrent à heurter les apparences et l'inertie établie par le seul fait de ne pas y adhérer, de ne pas les cautionner ostensiblement ?
Mgr Cattenoz est un bel exemple. Il y en a d'autres.
J'aimerai bien que l'on soutienne ceux qui s'y risquent plutôt que de les laisser seuls dans leur coin. Sinon, à quoi bon prêcher l'amour de la vérité ?

Écrit par : Qwyzyx | 10/09/2007

> Oui, j'ai découvert avec bonheur récemment le blog de Patrice de Plunkett et j'y retrouve le ton que j'aime chez Gérard Leclerc, éditorialiste de "France Catholique".

Voir : http://www.france-catholique.fr/

Écrit par : Michel de Guibert | 10/09/2007

> Le vieux Maurras confia sur la fin de sa vie : "Pour la première fois, j'entends Quelqu'un qui vient".
Puissent d'autres entendre ses pas ou voir sa Lumière !

Écrit par : Michel de Guibert | 10/09/2007

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