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01/05/2007

L’Europe, la Turquie et la postdémocratie : un entretien avec Pïerre Manent

A lire sans attendre, dans  La Nef :


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Dans le numéro de mai  de La Nef, Christophe Geffroy et Jacques de Guillebon interviewent  Pierre Manent, professeur de philosophie politique à l’EHESS*. Voici à quel type de réflexions la situation conduit Manent, ex-aronien et chrétien libéral :

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>  Il n’y a pas de construction de l’Europe, mais « la dénationalisation des nations européennes sous la férule d’une idéologie intolérante qui nous interdit de reconnaître ce que nous fûmes et de défendre ce que nous sommes encore...  La religion du semblable, de la contagion démocratique et de l’unification de l’humanité, elle est propre et exclusive à l’Europe. Nous sommes les seuls à croire de toute notre âme à la mondialisation. Nous sommes les seuls à vouloir disparaître... »

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> Jamais les classes politiques européennes  « n’auraient eu l’idée de faire entrer la Turquie en Europe, si leur perspective était simplement celle, rationnelle et politique, de construire l’Europe… C’est précisément parce que tout indique que la Turquie n’est pas compatible avec l’Europe, qu’il faut l’y introduire : ainsi prouvera-t-on le dogme sur lequel repose la religion de l’humanité, à savoir qu’aucune différence entre les groupes humains n’est significative, qu’aucune différence entre les groupes humains ne peut être légitimement prise en compte… »

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lanef@lanef.net

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(*) Parmi les oeuvres de P. Manent : La raison des nations : réflexions sur la démocratie en Europe (Gallimard 2006), Cours familier de philosophie politique (Fayard 2001), La Cité de l’homme (Fayard 1994)… Etc.

 

 

Commentaires

L'EUROPE CHRETIENNE

> Mais qu'en est-il alors de l'Europe chrétienne ? Car s'il y a bien une Europe dénationalisée, une Europe relativiste, il ne faut pas oublier l'Europe des origines dont nous sommes les héritiers. Nous devons reconquérir l'Europe, la faire entrer plus profondément dans la conversion au Christ sauveur.
Ou est-ce que nous devons laisser à nos ennemis toutes les idées qu'ils dénaturent ?

Quentin

[De PP à Q. :
Ici et maintenant, l'Europe chrétienne n'existe que dans le témoignage (vécu) des chrétiens d'Europe. Et ce n'est pas "l'Europe" qu'il faut aider à rencontrer le Christ : ce sont les Européens. Ou plus exactement : les habitants de l'Europe actuelle, d'où qu'ils viennent... La nouvelle évangélisation est l'évangélisation d'une société entièrement nouvelle. Et le passé n'évangélise pas, sinon peut-être des étudiants en histoire !
ps/ Avons-nous des "ennemis" ? L'évangile n'en parle que pour nous dire de les aimer. Ca ne veut pas dire : être leurs dupes ; ça veut dire : opposer le bien au mal...]

Écrit par : Quentin | 01/05/2007

PAS À NEGLIGER

> Mais il ne fait aucun doute pour moi que la nation française n'existe également que dans ce témoignage de la minorité qui se considère encore comme française et héritière d'une histoire. Mais dans la mesure où ce témoignage sert à l'évangélisation, il ne faut pas le négliger. Il en est de même pour le "témoignage" de l'Europe chrétienne, défendue par le pape.
Je suis convaincu que nous avons des ennemis, et tout aussi convaincu que nous ne devons en aucun cas imiter leur méthode. Notre arme, c'est l'amour de l'autre.

Quentin

[De PP à Q. - Dans une France déchristianisée à 90%, réduire la notion de "Français" à celle de "catholique croyant" n'est-il pas un peu irréel ? Même chose à propos de l'Europe... Pour évangéliser, il faut d'abord admettre que le terrain est ce qu'il est. Ensuite, s'y lancer ! Sinon, rien d'autre que des pèlerinages en rêvant au XIIe siècle.]

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Écrit par : Quentin | 01/05/2007

MULTI-SECULAIRE

> Je suis d'accord avec vous, cher Patrice quand vous dites que l'Europe chrétienne, ce sont les chrétiens d'Europe d'aujourd'hui. Oui il faut évangéliser une société totalement nouvelle et diverse voire hétéroclite. Mais, nous sommes les héritiers d'une culture multi-séculaire dont nous devons tenir compte et ne pas avoir honte. Le passé n'évangélise pas, je suis d'accord ( et même en fac d'Histoire, il peut être facteur de division et cela bien avant notre récente période de repentance à tout va!) mais il peut être une richesse et est source autant d'inspiration que de notre identité (sujet qui à fait beaucoup jaser il ya quelques semaines!). Pour parler à l'autre, il faut déjà savoir qui l'on est et le système mondialiste actuel qui nous transforme en outil de consommation sans âme ni identité n'engendre que des personnes perdues et agressives par peur. Il ne s'agit pas d'être nationaliste (c'est-à-dire à mon sens être un fanatique d'un modèle étatique précis dans l'espace et le temps) mais de retrouver nos racines, de les assumer voire d'en être fier et ainsi nous pourrons proposer la foi sincèrement et en vérité à des populations sans repères et souvent étrangères à l'Europe. La foi n'a aucun drapeaux ni pays, mais ma famille à une histoire dont certaines branches remontent aux croisades (oups! mot tabou!) et je n'ai pas envie d'oublier cela pour faire plaisir à certains.

VF

[De PP à VF - Savoir d'où nous venons est un élan pour nous. Mais arrêtons de confondre foi en Dieu et identité nationale, svp. Surtout quand nous sommes membres de pays déchristianisés à 90 % , et dont les politiciens définissent les valeurs d'Etat comme reposant sur le relativisme absolu ! Quant à mes propres aïeux, ils ont été spoliés et massacrés par Cromwell ; mais je n'éprouve pas le besoin de raconter cette histoire à Abdallah. Je ne tiens pas à le voir ironiser sur notre beau passé chrétien.]

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Écrit par : VF | 01/05/2007

LE DEVOIR DES CATHOLIQUES

> Dans le relativisme actuel, la Turquie peut apparaître comme une menace. Simplement, je repense à un propos du Père Guy Gilbert. Il avait pris l'habitude de ralentir en passant en voiture devant une église. Un jour où il transportait un musulman, ce dernier lui en demanda la raison. Le curé des loubards répondit alors que Dieu était présent à l'intérieur... ce qui expliquait son geste. Le musulman de rétorquer: si mon Dieu avait été là, je me serais arrêté pour me prosterner la tête contre terre !
Ce que vous écrivez est très juste. Si 90% de la population ignore tout, ou presque, de la foi catholique, toute la culture européenne ne sert à rien. C'est ce qu'il reste quand on a tout oublié.
Si dans mon village, l'église est désaffectée puis transformée en mosquée... certains outrés pourront faire une manifestation pour réclamer ce lieu sacré, d'autres pourront haranguer le maire pour qu'il fasse oeuvre de laïcité, mais si personne ne vient prier, si personne ne vient à la messe, l'église finit par fermer ses portes et par mourir.
Politiquement, le devoir des catholiques n'est pas de crier au loup, mais d'être là et de prier Dieu. S'ils ne le font pas ou peu... ils sont libres et ils en auront la responsabilité.

paulo

[De PP à P. - Cent pour cent d'accord avec vous ! Les plus sonores chantres de la "France chrétienne" ne sont pas ceux que l'on voit souvent à l'église. Ni ceux qui ont acheté et étudié l'encyclique de Benoît XVI...]

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Écrit par : paulo | 02/05/2007

NE PAS CONFONDRE

> Je suis sceptique sur les discours qui allient - ou confondent - le religieux et le politique. Le christianisme relève du premier, le prinicpe de nation du second. Le mélange des genres est la porte ouverte aux excès.
L'Europe chrétienne est une réalité historique et géographique, mais le principe d'Etat Nation a rendu inconciliable dans ce même espace depuis la Révolution le religieux et le politique, surtout en France où l'humanisme maçonnique tente de se substituer à la pensée chrétienne.
L'humanisme moderne n'est que le paravent de la pensée bourgeoise. Ce dont Flaubert semble douter qu'elle puisse exister.
Napoléon a flatté les aspirations de cette classe sociale en la favorisant par une rédaction du code civil très favorable, pour la remercier de son soutien dans la conquête du pouvoir (cf. Jacques Ellul dns on histoire des institutions).
La Turquie moderne est l'enfant de cet humanisme illuministe. L'Europe ne fait que se rassurer en accueillant en son sein ce qu'elle pense être un de ses succès. La Syrie et l'Irak sont également des républiques laïques... Le piétinement des particularisme au nom de l'humanisme n'est pas brillant.
Le discours pontifical est très clair. Il ne faut pas confondre le politique et le religieux. Il faut seulement affirmer la foi dans la réflexion publique. Il faut donc être très prudent quand on associe dans sa réflexion nation et chrétienté.
Le prinicpe de Nation n'emporte pas la même signification en France et dans les autres pays.
La Nation française s'est construite à la révolution sur la persécution de l'Eglise. La révolution a inspiré le printemps des Nations en Europe qui s'est conclu par la déflagration mondiale et la consécration ultime du mépris de l'Homme et la persécution du religieux au nom d'un paganisme plus ou moins ésotérique. Il paraît difficile de revendiquer un héritage nié pendant deux cents ans.
L'héritage millénaire de la France entretient une illusion. La France d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la pensée chrétienne dont l'essentiel de la politique n'est plus inspirée par la foi mais par des considérations et des inspirations qui en sont étrangères sinon opposées (Cf. la révolution, la III république, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, les vexations officielles et régulières sur les croyants, l'inculture de nos dirigeants en matière de religion, ...).
La pensée chrétienne doit s'émanciper de l'humanisme illuministe et cesser d'essayer de se développer à partir de références qui lui sont incompatibles parce que opposées, inspirées par une volonté d'exclure ou d'anéantir le religieux de la réflexion publique.
Enfin, et dernière incompatibilité dans un discours alliant religion et politique : Etre chrétien signifie aimer Dieu et respecter son prochain. Les Nations forment des barrières contre l'Homme.
Le chrétien français est confronté au problème d'une identité nationale forte depuis la révolution. Son problème est de concilier l'inconciliable. Notre république bourgeoise et laïque pose une exigence d'athéisme et d'égoïsme, notre foi s'y oppose.
DEUS CARITAS EST.

Écrit par : Qwyzyx | 02/05/2007

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