01/03/2007
Le cardinal Biffi évoque « l’avertissement prophétique » de Soloviev
Prêchant la retraite du Vatican (27 février), le cardinal Biffi s'est appuyé sur l'extraordinaire texte de Soloviev que ce blog vous présentait le 21 janvier (catégorie Nouvelle évangélisation):
<< ROME, mercredi 28 février 2007 – […] L’enseignement du grand philosophe russe, a dit le cardinal Biffi, « ne peut pas être réduit à un ensemble de valeurs ». Ce qui fait en effet le chrétien, c’est la rencontre personnelle avec le Christ. Des jours viendront, avertissait en substance le philosophe russe, où, dans la chrétienté, on tentera de réduire le fait du salut à une simple série de valeurs. Le cardinal Biffi a cité la dernière œuvre de Soloviev, Trois Entretiens (1899), et le récit de l’Antéchrist. Soloviev présente l’Antéchrist comme pacifiste, écologiste et œcuménique : il convoque un concile et cherche le consensus de toutes les confessions chrétiennes, en concédant quelque chose à chacun. Les masses le suivent, excepté de petits groupes de catholiques, d’orthodoxes et de protestants qui lui disent : « Tu nous donnes tout, excepté ce qui nous intéresse : Jésus-Christ ».
Ce récit, a commenté le cardinal Biffi, contient pour nous un avertissement : aujourd’hui, nous courons le risque d’avoir un christianisme qui met Jésus, sa Croix et sa Résurrection, entre parenthèses. Certes, si l’on se limitait à parler de valeurs partagées, nous serions bien plus acceptables dans les émissions télévisées et dans les salons. Mais ce serait renoncer à Jésus, à la réalité bouleversante de la résurrection. […] Le Fils de Dieu, ne peut pas être traduit par une série de projets homologables par la mentalité mondaine dominante.
Cela ne signifie pas une condamnation des valeurs qui doivent cependant être soumises à un discernement attentif. Il existe, a souligné le cardinal Biffi, des valeurs absolues comme le bien, le vrai, le beau. Qui les perçoit et les aime, aime aussi le Christ, même s’il ne le sait pas, parce que Lui est la Vérité, la Beauté, la Justice. Et puis il y a les valeurs relatives comme la solidarité, l’amour de la paix, et le respect de la nature. Si on les absolutise, en les déracinant ou même en les opposant à l’annonce du fait du salut, alors, ces valeurs deviennent des instigations à l’idolâtrie, et des obstacles sur le chemin du salut.
Si donc, concluait le cardinal Biffi, pour s’ouvrir au monde, et pour dialoguer avec tous, le chrétien mitige le fait salvifique, il empêche la connexion personnelle avec le Christ, et il se retrouve du côté de l’Antéchrist. >>
Source : ZENIT.
11:50 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : catholicisme, christianisme, oecuménisme, religion, globalisation, mondialisation
Commentaires
LUMINEUSES
> « Et puis il y a les valeurs relatives comme la solidarité, l’amour de la paix, et le respect de la nature. Si on les absolutise, en les déracinant ou même en les opposant à l’annonce du fait du salut, alors, ces valeurs deviennent des instigations à l’idolâtrie, et des obstacles sur le chemin du salut ».
Quelles sont lumineuses ces paroles prononcées le 27 février dernier par le cardinal Biffi, à l’occasion d’une retraite prêchée au Vatican !
A nous de les méditer. A nous de nous en souvenir. A nous, éventuellement, de les rappeler aux chrétiens que nous pourrions côtoyer et qui pourraient être tentés de confondre le relatif et l’absolu.
Écrit par : Sophrone | 01/03/2007
L'OECUMENISME ET LES ORTHODOXES
Le cardinal BIFFI a dit:
"Et puis il y a les valeurs relatives comme la solidarité, l’amour de la paix, et le respect de la nature. Si on les absolutise, en les déracinant ou même en les opposant à l’annonce du fait du salut, alors, ces valeurs deviennent des instigations à l’idolâtrie, et des obstacles sur le chemin du salut."
Je ne peux pas m'empêcher de faire un rapport entre ce texte de Soloviev et les commentaires du cardinal, avec une façon assez dominante d'envisager l'œcuménisme, le pacifisme et l’écologisme.
Ainsi il est sans cesse repris cette idée du Christ sur la paix: "Je vous donne ma paix" mais cette idée est presque toujours tronquée de sa suite: "Ma paix n'est pas de ce monde!"
En de multiples endroits de l'Evangile, cette idée est développée: "Il y aura des guerres et des bruits de guerre et les hommes sècheront de frayeur dans l'attente de ce qui les menace, mais vous, réjouissez-vous et relevez la tête car votre délivrance est proche" Ou encore: "Celui qui voudra sauver sa vie la perdra et celui qui perdra sa vie pour l'amour de moi, la sauvera." etc. Sans compter l'idée que la haine subie, de ce monde, est un signe d'accord avec Dieu etc. Etc. La vie même de Jésus et des Apôtres est une illustration qu'il est bon de ne pas céder au consensus, mais qu'il faut rester fidèle à la VERITE, quelles qu'en soient les conséquences.
Quant à l'écologie, elle rejoint parfois le culte de la mère "terre" du paganisme antique, en en faisant une valeur absolue et un quasi culte. Référence absolue, alors que par ailleurs cette écologie protectrice de la vie naturelle, nie ce droit à la vie pour les hommes, tant à l'origine de sa vie qu'à sa fin.
De même l'œcuménisme fait parfois la part trop belle au plus petit dénominateur commun. Or abandonner l'héritage direct de Dieu/Christ qu'est la Tradition c'est effacer tous les échanges entre l'Esprit Saint de Dieu et son Eglise fondée par Jésus Lui-même ; c'est-à-dire 2000 ans !
Il est d’ailleurs tout aussi ahurissant de constater que les deux Eglises de Tradition, qui se sont séparées au 11ème siècle (!!!) aient cependant continué d’avoir des chemins à peu près parallèles depuis tout ce temps ! Alors que la tentative de rapprochement avec les protestants qu’est Vatican II (Protestants qui nient la notion de Tradition), nous éloigne d’un bond de l’Eglise d’Orient restée beaucoup plus fidèle aux rites traditionnels.
C'est assez stupéfiant que Soloviev en 1898 ait eu l'intuition de telles dérives au sein même d'une partie de l'Eglise. Ce qui montre que la révolution technologique nous occulte le fait que les mentalités n'évoluent pas aussi vite qu'on pourrait le supposer ! Assimilation fort trompeuse!
Cet appel à la réflexion de ce cardinal prouve que l'Esprit souffle bien dans l'Eglise ainsi que Jésus nous l'a promis.
Merci, Monsieur de Plunkett, pour ce blogue tellement intéressant qu'un ami a eu la gentillesse de me transmettre.
GL
[De PP à GL - Ce que vous dites du cheminement parallèle des orthodoxes et des "latins" est profondément significatif, et incite à la confiance surnaturelle !
Sur le sens du mot "paix", il est vrai qu'il est très galvaudé dans divers milieux. Mais le cardinal Biffi l'emploie dans son sens évangélique et anthropologique le plus... orthodoxe. Là aussi : confiance.]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Gentil Loup | 04/03/2007
SOLOVIEV ET L'ANTECHRIST
> Merci pour la qualite de ce blog que j'ai decouvert il y a quelques jours.
A propos de la parabole de Soloviev, je vous conseille vivement de lire l'analyse qu'en a faite le soviétologue Alain Besancon dans "La falsification du Bien, Orwell et Soloviev" (1985), livre malheureusement introuvable dans le commerce.
Son excellent livre "Trois tentations dans l'Eglise" (Perrin, 1996) en constitue une suite logique : y sont expliquees les trois tentations que subit l'Eglise post-conciliaire depuis trente ans, en l'occurrence la religion democratique, la religion humanitaire et l'islam. Sur le site de l'Academie des Sciences Morales et Politiques, on peut egalement lire plusieurs articles remarquables sur Benoit XVI et la situation de l'Eglise actuelle, l'Europe, la Turquie etc...
Cordialement
Écrit par : cdalbe | 18/03/2007
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