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16/01/2007

Sarkozy : en campagne chez l'Archange

Le candidat UMP inaugure sa campagne par un passage au Mont Saint-Michel. Mais il y avait un précédent :


 

 

 

 

Le lendemain de son investiture, Nicolas Sarkozy se rend au Mont Saint-Michel. Entouré d’une foule de photographes, il monte la rue commerçante, échange quelques mots avec frère François et sœur Judith*, gravit le Grand Degré jusqu’à la terrasse de l’ouest. Arrivé là-haut, il prononce une série de « petites phrases » destinées au plus large écho :

 

- pour les électeurs en quête de racines : "J'ai voulu être ici, pour ce premier jour sur le terrain, parce que c'est un lieu très symbolique de l'identité de la France",

 

- pour les électeurs écologistes : "C'est la rencontre de la nature et de ce que les hommes ont pu construire de mieux", et le désensablement de la baie est ‘‘le plus grand chantier de développement durable de France’’,

 

- pour les lecteurs de Dan Brown : "C'est un lieu magique qui fait partie des atouts de la France",

 

- Pour les anti-Royal :   ''Ca vaut bien la Grande Muraille de Chine ! ''    

 

- Pour le consensus : "C'est symbolique de la rencontre entre une République laïque et une spiritualité qui a compté dans l'histoire de France..."

 

Etc.

 

Comment interpréter cette séquence ? 

Comme une jolie opération de campagne, destinée à  '' repositionner''  le candidat de la droite en le dégageant de son image américaine et ultralibérale  – qui n’enthousiasme que les adhérents récents de l’UMP ? 

Sans doute.

On devine aussi, dans ce voyage pré-électoral, un côté baraka.

Il faut se souvenir d’un précédent.

En 2002, Jacques Chirac était venu au Mont, entouré des autorités de Basse-Normandie. Il en avait profité pour tancer l’administrateur des Monuments historiques à propos de la communauté monastique. (Le ministère de la Culture  - c’était sous Jospin -  voulait évincer les moines, installés au Mont par Malraux en 1969).

 Alors, c’est vous qui faites des misères aux moines ? '',  avait lancé le chef de l’Etat à l’administrateur, horriblement gêné devant les maires et le président du conseil régional.  Le projet d’expulsion des religieux n’allait pas survivre à la réélection de Chirac. 

On se souvient du score de celle-ci : 82 %, par un surprenant concours de circonstances !  

Le voyage au Mont avait-il porté chance à l’époux de Bernadette ? 

Un rien de poésie pourrait le faire croire, même si la politique ultérieure de Chirac a montré son peu de considération envers les racines chrétiennes de l’Europe.

Sarkozy vise-t-il lui aussi les 82 %, et les met-il à l’actif du Mont ('' la Pyramide de l’Occident '', disait Hugo) ?  On a du mal à l’imaginer.

Le plus plausible est que cette apparence de pèlerinage constitue un défi  de campagne adressé à Mme Royal : la fille du lieutenant-colonel élevée dans les bonnes maisons, et qui affiche son désir d'aller à la rencontre de toutes les sensibilités, est-elle capable, elle aussi, d’aller rendre hommage à un haut-lieu chrétien ? 

En sera-t-elle empêchée par la vigilance laïciste du PS et de l’Inter-LGBT ?

C’est ce que nous saurons dans un prochain épisode.

 

>  Voir aussi ma note de ce jour sur le Mont Saint-Michel et le sacré.

____________

 

(*)  les deux prieurs de la communauté (Fraternités monastiques de Jérusalem) qui assure la présence chrétienne au Mont. Sa liturgie est très belle, notamment sous l’angle musical et choral. Assistez à l’office de laudes dans la chapelle des Trente Cierges …

 

 

 

Commentaires

L'ARCHANGE ET LE DRAGON

> Un jésuite, le P. Paul Beauchamp, expliquait pourquoi le Mont Saint-Michel était le lieu symbolique du combat entre Michel et le dragon. Le dragon maîtrise les quatre éléments: il nage, il marche sur la terre avec ses pattes, il crache le feu, il vole. Il représente le monde dans son autosuffisance. Le dragon est un animal toujours néfaste en Occident car, à la suite de l'Apocalypse, il représente un monde qui veut se couper de Dieu, ne dépendre de personne. En Chine au contraire l'image du dragon est moins systématiquement négative.
Au Mont Saint-Michel on est frappé par la force des vents et le combat entre l'eau et le sable (et lors du débarquement de 1944 la région a vécu un déluge de feu). Le dragon c'est l'autosuffisance qui devient monstrueuse et violente.
Le P. Beauchamp ajoutait : dans la foi chrétienne, la perfection n'est pas l'autosuffisance, mais la communion avec Dieu dans l'Esprit. L'Esprit-Saint, symbolisé par le feu, le vent et l'eau, vient sur l'homme tiré de la terre.
Dans le contexte des débats éthiques et sociaux actuels en France et en Occident, cette visite au Mont Saint-Michel me paraît significative, bien au-delà des stratégies des "communicants" chargés de campagne électorale.

Écrit par : B.H. | 16/01/2007

"SIGNIFICATIVE"

> J'ai toujours trouvé le Mont St Michel hautement symbolique. Cependant, savoir que Sarkozy y est allé me dérange... Et ce qui me gêne le plus dans ses petits mots, c'est qu'il parle de la spiritualité "qui a compté" dans l'histoire de la France. Donc elle ne compte plus, alors? cette déclaration est très significative.

Écrit par : jatlh | 17/01/2007

FRISSON

> J'ai eu le même frisson que vous : alors nous ne serions qu'une survivance moribonde de ce qui fit la France ? Ca y est, la France est maintenant adulte, elle n'a plus besoin de l'Eglise qui n'est qu'une vieillerie ?
Quelle tristesse !

Écrit par : kelkin | 17/01/2007

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