Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/01/2007

Morale "à l'américaine", affirme Gilles Savary ?

medium_gilles_index2_1_.jpgUne phrase du porte-parole (photo) de Mme Royal...  qui en dit long sur le climat français :


 

 

"Pour ne pas être une surprise, l'investiture du candidat unique de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a donné le ton: celui d'un sacre à l'américaine sur fond de discours moral à l'américaine", déclare Gilles Savary dans un communiqué.

 

Oublions que M. Savary est le porte-parole de Mme Royal, et que Sarkozy est le candidat de la droite postchiraquienne. Ne cherchons pas non plus à savoir quel usage M. Sarkozy fait des références "morales". Ce blog n'est pas politicien.

 

Cependant une campagne électorale est un symptôme de l'état de la société. 

 

Ce que semble dire M. Savary, c'est que tout discours moral, en politique, est forcément "à l'américaine". Il veut dire : à la Bush. Sachant que Doubleyou révulse les Français (et que son bilan aux USA s'annonce négatif), le porte-parole de Mme Royal lance ainsi une grosse pierre dans le jardin Sarkozy. Mais les politiciens ont la vue basse...  M. Savary n'a pas l'air de voir qu'en assimilant tout "discours moral" au bushisme, il abonde dans le sens de l'idéologie actuelle : interdire les repères et les références morales objectives, sous couleur d'assurer le respect de tous les "choix".

 

C'est "le rejet absolu de toute distinction entre le bien et le mal", comme dit feu le P. Philippe dans son ultime livre*, paru l'an dernier.

 

Cette dérive fausse tout. Si la démocratie ne reconnaît pas l'existence de valeurs (objectives et partageables) qu'il faudrait respecter, il n'y a plus de débat. Seulement une surenchère. C'est à quoi nous pouvons nous attendre, d'ici à l'élection... et ensuite.  D'où le grand scepticisme qu'on a le droit de ressentir devant la campagne qui s'ouvre.**

 

_______

(*) A l'âge de la lumière :  avec Michel-Marie Zanotti-Sorkine. (éd. Ad Solem).

(**)  [Exemple de la confusion mentale généralisée, cette déclaration d’une militante UMP à l’agence Reuters, dimanche dernier à la Porte de Versailles :  << "En tant que femme, Ségolène aurait pu représenter une véritable évolution, mais je ne m'y retrouve pas du tout", renchérit Sophie. A ceux que Sarkozy effraie, elle répond que "ce n'est pas lui qui fait peur, mais le changement". >>   Ici on n’est plus dans le politique mais dans le simple ‘‘bougisme’’, comme dirait Taguieff. Et c’est la même chose chez les groupies de Ségolène. Prendre le pouvoir "en tant que femme", qu'est-ce que ça veut dire ? ]

 

Commentaires

MORALITUDE

> Gilles Savary préparait-t-il l'opinion à la moralitude ? Le signe de la différentitude. Gilles Savary est furieux. Sarkozy vient de chiper un des piliers de la Ségolattitude.
En revanche, entendre Nicolas Sarkozy parler de morale laisse sceptique, venant d'un personne qui manipule et instrumentalise les peurs (insécurité, immigration), les exploite pour sa communication politique, et fonde son action sur l'efficatité et la rentabilité. Tout cela ne traduit donc pas un grand souci pour la personne humaine, au delà de la sienne.
D'une part, on peut donc légitimement s'interroger sur la sincérité de son discours. Parce que cette préoccupation est nouvelle. On peut s'en réjouri, certes, mais de quelle morale parle-t-il ?
D'autre part, cela relève encore une fois du confusionnisme. L'action politique et la morale sont deux domaines distincts. Il est quand même assez incroyable qu'on ne redécouvre en France les préoccupations essentielles de le vie en société que quelques semaines avant les scrutins (la misère, la morale, la précarité, la vieillesse, le chômage, l'éducation, ...). On devrait voter tous les 15 jours.
Parler de la morale quand un pays attend des solutions ne témoigne pas d'une grande consistance politique. Cela permet tout au plus de déplacer le débat sur un terrain qui n'a rien à voir avec la politique. Parler de la morale apparait donc comme un moyen supplémentaire - nouveau - d'éviter d'aborder les vrais enjeux, les vrais sujets.
Les chrétiens ne doivent pas se laisser abuser. Le discours politique français n'a rien à faire de la morale puisque le fait religieux - creuset de la morale - y est exclu du débat public depuis plus de cent ans. Il suffit de se rappeler la réaction des élus à propos de la mise en berne du drapeau au décès de Jean Paul II.
Que Nicolas Sarkozy parle de morale révèle cependant que les politiques ont pris la mesure de la réalité du regain religieux et qu'ils sont obligés de l'intégrer dans leur stratégie électorale. L'opportunisme électoral du candidat UMP a au moins cela de positif.
La religion enseigne l'espérance. Elle n'est pas vaine. Encore un peu de patience, et nous cerrons renaître un parti chrétien démocrate qui n'aura pas peur de revendiquer son héritage chrétien, et qui, lui, sera légitimement fondé à parler de morale, d'une morale identifiable et reconnaissable.

Écrit par : Gaudium et Spes | 15/01/2007

" EN TANT QUE FEMME " ?
(à propos de la note en bas de votre post)

> C'est vrai, qu'est-ce que ça veut dire, gouverner "en tant que femme" ? Gouverner comme Margaret Thatcher ? Poppée ? Eva Peron ? l'impératrice Tseu Hi ? Angela Merkel ? Catherine de Russie ? Ranavalo ? Bloody Mary ? ou Valentina Matvienko (la "Poutine en tailleur" qui régente Saint-Pétersbourg) ? Il ya eu des femmes au pouvoir depuis l'aube des temps, et elles n'ont jamais fait preuve de douceur. Le "soft power" féminin est un mythe du marketing, qui cache une renonciation pure et simple à raisonner en termes politiques (indifférents au sexe du gouvernant). Vouloir à tout prix aujourd'hui une femme au pouvoir "en tant que femme", c'est en réalité ne plus vouloir penser en termes politiques. Ce qui est tout de même paradoxal quand il s'agit d'élire le chef de l'Etat.

Écrit par : Agrippine | 15/01/2007

" RINGARD " ?

> Il y a des mots qui agissent sur les socialistes comme la muleta sur le taureau. Morale est l'un de ceux-ci. Et pourtant, enseigner (et non faire) la morale empêcherait bien des soucis ultérieurs :
exemple : evite la gourmandise, ne te goinfre pas ceci éviterait à nombre de personnes de s'affoler devant la bascule, et de se ruiner en produits diététiques.
Autre exemple? ne couche pas avec n'importe qui, même avec une "capote". Tu n'auras pas la trouille du sida, et tu ne seras pas dans les 1% qui l'attrapent quand même après s'être "protégés".
Dernier exemple : respecte le bien et la personne d'autrui : il n'y aura pas besoin de tant de CRS dans les banlieues.
Oui mais voilà, comme cela a été dit dans le désert il y a plus de trois mille ans, c'est ringard pour un socialiste.

Écrit par : manicia | 15/01/2007

Pour Agrippine

> ..."en tant que" femme, c'est même ne plus vouloir penser du tout... ajoutons-y une touche de femellitude pour abonder dans le sens de "gaudium et spes" et on peut ouvrir une réserve préhistorique... faudrait voir "la gueule de la réserve" mon pauvre Coluche !" Où est l'honneur de l'esprit humain dans tout ça ? "Pour l'honneur de l'esprit humain" est un ouvrage des années 70 ou à peu près de Jean Dieudonné, un de nos mathématiciens bourbakistes qui trouvait que raisonner n'était pas un luxe.
Et merci pour ce blog qui nous aide à réfléchir sur l'air du temps.

Écrit par : Gérald | 15/01/2007

Les commentaires sont fermés.