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19/12/2006

"Révolution écologique" et art de vivre chrétien

Dans le dernier numéro de La revue parlementaire, un intéressant manifeste de Nicolas Hulot :


 

 

Ce texte mérite qu'on en pèse les mots. (On y retrouve d'ailleurs en partie les accents de Benoît XVI, dans son allocution du 12 novembre et dans son discours du 1er janvier prochain, aux paragraphes 8-9 sur l'écologie et les énergies). Les problèmes soulevés ici ne sont pas sans liens avec ceux du "nouvel art de vivre chrétien" auquel le pape nous appelle. Qui en nierait la réalité et l'urgence ?

 

Extraits du texte de Hulot :

 

<<  Pour un pacte écologique



<<  ...Le temps du débat et des controverses est révolu. Le temps est à l'action ! Comment répondrons-nous aux multiples défis du changement climatique, de la crise énergétique, de l'extinction des espèces, de l'épuisement des ressources, de la raréfaction et de la contamination de l'eau potable, des pollutions chimiques, des maladies émergentes... et de leurs conséquences en termes de modes de production, de consommation, d'emploi, d'alimentation, de santé, de solidarité, de finances publiques, de fiscalité, d'urbanisation, d'aménagement du territoire, de transport, de logement, d'éducation, de fonctionnement démocratique, de recherche scientifique, d'immigration, d'aide aux pays du Sud ? Quel contenu allons-nous donner à nos politiques pour que le développement durable devienne la base des choix économiques et sociaux, le déterminant majeur des politiques publiques, l'instrument privilégié de la régulation ?

[...]  L'impératif écologique est devenu notre devoir le plus urgent et le plus décisif. L'ère de l'abondance est terminée. Celle de la rareté des ressources naturelles s'annonce. Un pas de plus dans la mauvaise direction, et l'irréparable peut se produire. La complexité, la gravité et l'imminence des enjeux oblige à décréter un état d'urgence planétaire et, pour ce qui concerne la France, une mobilisation nationale. L'impératif écologique n'est pas une priorité, c'est la priorité !

Mobilisation ! J'emploie ce terme à dessein, dans son sens guerrier. Si, dans un monde aussi fragmenté et prompt au clanisme, le péril écologique ne fournit pas l'occasion de s'unir, rien d'autre ne le fera. Il ne s'agit pas de nier les clivages qui existent dans nos sociétés, en particulier entre la droite et la gauche. Ils font partie de notre histoire. Mais les questions doivent être placées dans le bon ordre, c'est-à-dire dans l'ordre de leur importance réciproque. Aujourd'hui, le défi écologique surdétermine tout le reste. Il se situe sur une échelle de gravité sans comparaison avec les autres dilemmes qui agitent nos sociétés.

 

UN AUTRE SYSTEME



[...]   Un autre système doit donc émerger autour du concept de développement durable. Comment, par exemple, faire bénéficier la population d'une croissance de bien-être social tout en engageant simultanément une décroissance matérielle en ce qui concerne les flux de matière et d'énergie ? Comment garantir les grands équilibres naturels et les écosystèmes dont notre avenir dépend sans ruiner l'économie sur laquelle reposent nos sociétés ? Comment concilier le développement légitime des pays du Sud avec la raréfaction des ressources ? On voit bien la complexité de telles équations. Nous n'y parviendrons, progressivement, que si toute la société partage le même objectif et si chacun prend sa part du fardeau. Chacun pressent que les choses ne seront pas faciles. Si la mutation doit s'opérer progressivement, elle n'évitera pas pour autant des réformes profondes et radicales. Des habitudes seront bousculées, toute une culture devra se métamorphoser. Il s'agit rien moins que de promouvoir d'autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se comporter, d'acheter, de se déplacer, de se nourrir, de se chauffer, de se loger.

[...]  Je propose dans le livre "Pour un pacte écologique" que j'ai conçu avec les experts du Comité de veille écologique qui travaille avec ma fondation, une dizaine de principes qui ouvrent autant de chantiers à bâtir progressivement : orientation vers une "économie circulaire", afin que chaque produit industriel soit conçu pour durer, être réparé ou recyclé ; priorité à la fonctionnalité des biens avec un système substituant à l'achat d'un bien la vente ou la location de l'usage de ce bien ; réduction massive de la consommation d'énergie fossile pour échapper à la double menace du réchauffement climatique et de la raréfaction pétrolière et gazière ; prime aux économies d'énergie et aux énergies renouvelables ; changement des méthodes de production agricole ; révision des politiques budgétaires et fiscales ; nouvelle conception de l'aménagement du territoire pour lutter contre l'étalement urbain ; coup d'arrêt à la dictature du transport routier ; mise en place d'une réelle protection du patrimoine naturel et de la biodiversité ; application rigoureuse du principe de précaution dans le domaine de la santé publique ; engagement d'initiatives internationales fortes...

 

MESURES IMMEDIATES



<<  Nous allons plus loin en proposant des mesures immédiates dont la mise en oeuvre constituerait déjà un coup de gouvernail décisif vers un changement de cap : création d'un poste de vice-Premier ministre chargé du développement durable afin d'orienter en ce sens l'ensemble des politiques gouvernementales ; instauration d'une taxe carbone sur le pétrole, le gaz et le charbon afin d'en réduire la consommation et de parvenir à une diminution par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre ; reconversion des subventions agricoles européennes vers l'agriculture de qualité, biologique ou certifiée, en lui ouvrant le marché de la restauration collective; systématisation des procédures de démocratie participative sur toutes les questions afférentes au développement durable ; promotion d'une grande politique d'éducation et de sensibilisation à l'écologie.

Personne ne souhaite aller vers une société de privation et d'abstinence, mais la mutation de notre société passera inévitablement par une nouvelle régulation. Nous n'avons pas d'autre choix que de mettre en place des normes, des réglementations, des instruments fiscaux, qui concourront à la modération des productions, des comportements et des consommations. Sur l'instant, ces mesures peuvent paraître contraignantes, mais elles ne promettent pas pour autant un avenir de larmes et de sang. Elles visent à l'éviter !

Je suis par ailleurs convaincu que cette révolution générera une fantastique créativité industrielle et qu'elle stimulera la recherche scientifique, découvrant de nouveaux gisements d'emplois et de meilleures façons de vivre. N'ayons pas peur ! La "révolution" écologique, comme les révolutions agricole et industrielle l'ont été en leurs temps, est porteuse d'une nouvelle ère économique et sociale et, au final, d'améliorations de la condition humaine. C'est une arme de construction massive !  >>

 

http://www.larevueparlementaire.fr/pages/RP893/RP893-deba...

 

 

Commentaires

UN POINT DE VUE LIBERAL

> "Nous n'avons pas d'autre choix que de mettre en place des normes, des réglementations, des instruments fiscaux, qui concourront à la modération des productions, des comportements et des consommations "dit Nicolas Hulot. Et il ajoute : "Sur l'instant, ces mesures peuvent paraître contraignantes, mais elles ne promettent pas un avenir de sang et de larmes. Elles visent à l'éviter".
Quand comprendra-t-on que les pollutions concernent principalement les pays dits en voie de développement, alors que les mouvements écologiques, tel celui de Nicolas Hulot, se développent quasi exclusivement, au contraire, dans les pays industrialisés, chez lesquels les mêmes problèmes de pollution sont bien moins prégnants ?
Comprendra-t-on que les lois et réglementations que Nicolas Hulot appelle de ses voeux sont un frein totalement insupportable au développement des pays dits en voie de développement, dont le principal objectif, on le comprend, est de sortir de la misère ?
Et notre pays, la France, a déjà tellement souffert de l'abondance des lois, décrets, arrêtés, directives, ordonnances et réglementations de toutes sortes qu'il peut paraître discutable d'en rajouter encore une nouvelle flambée. Une flambée de lois et de réglements dont l'intérêt pour la santé de la planète reste, malgré tout, assez flou...

jlh

[De PP à JLH - Nous ne sommes plus en 1950. Réciter des slogans ne protège pas contre les faits.]

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Écrit par : Sophrone | 19/12/2006

MODELE A REVOIR

> Si ces nations continuent de connaître un tel taux de croissance, la Chine et l'Inde devront dépasser le niveau de polution des USA vers 2015-2020. Le brésil devant dépasser, lui, des pays comme la France ou l'Allemagne. Ces pays émergents refusent d'ailleurs le traité de Kyoto au nom de leur droit à se développer. Ceci dit, ce modèle de développement basé sur la croissance de la consommation et de la production est à revoir. Le "toujours plus" nous mène à la catastrophe. Il est évident que les ressources ne sont pas éternelles et les problèmes d'environnement devant nous. Je ne pense pas que le moment soit propice à une énieme querelle libéraux/dirigistes. Place au bon sens sans idéologie.Maintenant, est-ce que uniquement taxer des produits sans en offrir d'autres réellement efficaces en remplacement est une solution? Le faire en plus unilatéralement dans les pays riches? Je ne crois pas. Par contre, contraindre les industriels à nous fournir des biens qui durent, soit réparables et ne subissent plus les modes qui les font disparaitre alors qu'ils fonctionnent, serait une très bonne idée de départ. Sans parler de l'éducation des enfants au "durable" qui doit remplacer la consommation effrénée de produits éphémères.

Écrit par : VF | 20/12/2006

AIR COMPRIME

> Une solution possible: la voiture à air comprimé. Et c'est français ! http://www.mdi.lu

Écrit par : VF | 20/12/2006

PAS FACILE

> Le dialogue entre écologistes et chrétiens est urgent.
Mais pas toujours facile (en l'espèce il n'y a pas vraiment eu échange...j'y suis peut-être allé un peu fort, et sans discernement):
http://www.vivrenu.com/viewtopic.php?topic=8033&forum=3

Écrit par : F. | 20/12/2006

ECOLOGIE, EVEQUES, PAPE

> A rappeler le rapport de la commission sociale des évêques de France (année 2000 ):
http://vitamivero.free.fr/spip/article.php?id_article=816
Par ailleurs le pape a régulièrement des allusions à l'Ecologie (exemple : http://vitamivero.free.fr/spip/article.php?id_article=591 )
Pour ma part l'écologie fait partie intégralement du point de vue chrétien.
Bien à vous.

Écrit par : Gégé | 22/12/2006

ECOLOGIE CHRETIENNE

> Tout à fait, l'écologie fait partie intégrante du message chrétien et plus particulièrement de la doctrine sociale de l'Eglise.
Ce que nous apporte le pacte écologique de Nicolas Hulot est davantage que de simples mesures pour réduires les gaz à effet de serre. C'est une remise en question totale de l'économie et de la société. Nous ne pouvons plus continuer de consommer les ressources naturelles comme nous le faisons, et de recracher toutes sortes de gaz et déchets dans la nature. Ce manifeste est un appel à la responsabilité et donc à prendre les mesures contraignantes et draconiennes qui vont s'imposer.
Nous y sommes contraint et nous n'avons plus le choix, il y va de l'avenir de l'homme.

CV


[ De PP à CV - Vous avez raison. Quand une idée est vraie, elle est vraie, quelle que soit son origine. C'est ça le regard catholique ! Il faut s'en souvenir en entrant dans le grand énervement électoral... (Enervement dont ce blog s'abstiendra : les catholiques ne seront pas des dupes). Une des choses intéressantes dans la démarche de Hulot, c'est qu'elle s'adresse à TOUTES les tribus de la scène publique, sans chercher à nous vendre Monsieur X ou Madame Y.]

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Écrit par : Charles Vaugirard | 23/12/2006

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