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07/12/2006

Près d'un Français sur deux craint de devenir SDF

Un sondage révélateur. Pour les catholiques, c'est l'heure de s'engager :


Selon un sondage BVA réalisé en novembre pour l'association Emmaüs, 48 % des Français, dont 62 % des 35-49 ans (et 74 % des ouvriers), craignent de « devenir un jour SDF ».

Emmaüs demande aux candidats de 2007 d’y réfléchir, et aux pouvoirs publics de renforcer leurs dispositifs d’aide aux exclus.

Ce sondage en dit long sur l’air du temps.

Rappelez-vous les années 1995-2001 : l’hyper-optimisme était obligatoire, les commentateurs brevetés interdisaient de critiquer le système ultralibéral, Alain Minc proclamait la « mondialisation heureuse », Alain Duhamel raillait les faibles d’esprit…  (ceux qui croyaient – les niais ! - que l’économie financière jouait contre l’économie réelle).

En 2006, ces commentateurs font profil bas. On voit apparaître dans Le Monde des constats alarmistes * : ceux-là même que l’on nous reprochait d’exprimer il y a six ans. Les chroniqueurs ne peuvent plus nier les charrettes de licenciements, les destructions d’emplois pour maximiser les profits, les délocalisations, les rachats LBO, la vampirisation des entreprises par les fonds de pension, les salaires monstrueux de dirigeants et leurs golden parachutes. Ils ne peuvent pas nier le sentiment d’agonie sociale et d’impuissance qui gagne les salariés : l’impression d’être désormais « de trop », et que le tout-financier n’a plus besoin des gens.

D’où le ton de Benoît XVI, le 12 novembre, pour dénoncer le « modèle économique global ».

D’où la sévérité radicale du Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, envers le saccage de l’économie réelle par l’économie financière.

Maintenant les choses sont claires. L’Eglise nous demande de les voir comme elles sont, d’ouvrir les yeux sur les réalités du système, et de nous engager pour défendre les plus faibles. Ce n’est pas une question d’opinions ; si l’on est chrétien, on ne peut pas dire : « Que l’Eglise s’occupe de faire un joli mariage à ma fille, mais qu’elle ne s’occupe pas du système économique ».

Certains catholiques ne veulent pas écouter l’Eglise quand elle conteste le système économique. On les voit prendre subitement un air fermé quand ils entendent ce genre d’analyse...  Ce n’est pas cohérent de leur part. Si l’on est catholique, on l’est complètement  :  on ne fait pas son choix entre ce qui nous plaît et ce qui nous déplaît.  Surtout, c’est une attitude dépassée : continuer à faire comme si nous étions il y a quinze ans **, ce n’est pas défendable. Le sondage BVA-Emmaüs montre ce que la grande majorité des Français pensent réellement de l’avenir. Quinze ans de pensée unique s’effacent. L’heure vient, pour les catholiques, de parler fort et clair, appuyés sur la doctrine sociale. 

 

P.P.

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(*)  Par exemple : 

 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-836428,...

(**)  Ou comme s’il n’y avait que de petites entreprises « classiques », traditionnellement écrasées d’impôts « socialistes » par l’Etat.  Le problème nouveau n’est pas là, même si les PME sont effectivement dans une position difficile. D’ailleurs le tout-financier global devient le pire ennemi des « entreprises classiques »…

 

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Commentaires

14-18

> Bonjour,
Une nouvelle manifestation de la culture de mort, qui diffuse l'idée que la vie humaine n'a pas de valeur en soi. On dit souvent que cette culture de mort a 30 ou 40 ans. Mais, n'a-t-on pas appris aux hommes, en 1914-1918, que dix mètres de tranchées conquises valaient infiniment plus que la vie de mille soldats ?
Cordialement,

F.

Écrit par : F. | 07/12/2006

EGLISE ET ECONOMIE

> C'est vrai qu'une partie des catholiques (de droite) ne veulent pas sortir de leur habitude qui est d'enfermer la religion dans les problèmes de morale, surtout sexuelle, et de se moquer quand "les curés se mêlent d'économie". Le malheur c'est que là il ne s'agit pas de "curés" mais tout simplement de l'Evangile ! Et qu'il n'y a vraiment pas de quoi rire, sauf si on est un catholique en peau de lapin.

Écrit par : Paul Hery | 07/12/2006

UNE AUTHENTIQUE THEOLOGIE DE LA LIBERATION

> Le système capitaliste dans lequel nous vivons conduit, tout logiquement, à la mondialisation; Marx l'avait bien compris qui ne voyait l'avènement du communisme qu'après la mondialisation de l'économie.
Les deux fléaux ne notre époque, Gog et Magog, sans Dieu, ne peuvent conduire qu'à la ruine.
Le Christ ne s'est pas mêlé de l'économie, c'est l'affaire de César, Il s'est mêlé de justice, c'est l'affaire des hommes dans la cité, " Vae vobis divitibus " ( Lc 6,24 ).
La cité de Dieu, civilisation de l'Amour, ne pourra se construire, sur les ruines de Gog et Magog, que par une complète conversion des coeurs et non sur une distinction de la droite et de la gauche , vision du monde, alors totalement dépassée.
A quand la vraie théologie de la libération dont nous a parlé Plunkett, dans le plan de Dieu?

L.B.

[De PP à LB. - L'idée d'une nouvelle (et cette fois authentique) théologie de la libération, est lancée par le cardinal Ratzinger, dès 1986 : "Instruction sur la liberté chrétienne et la libération", chapitre 5 et conclusion). Elle est proclamée par Jean-Paul II en 1991 dans "Centesimus Annus", § 26, : " le moment présent incite à réaffirmer le caractère positif d'une authentique théologie de la libéraiton intégrale de l'homme." On voit que cette encyclique n'a pas le moins du monde exprimé un "ralliement au libéralisme", comme le prétendit la rive droite à l'époque.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : L. B. | 08/12/2006

EVEQUES : UN ROLE PLUS CONCRET ?

> S'engager? Absolument mais comment? Par la politique? Je ne crois pas au parti politique chrétien en général et surtout en France (cf Bayrou en ce moment!). Pouvons-nous agir sur la mondialisation ?En changeant notre comportement de consommateur? Surement, mais nous ne sommes pas très nombreux alors, serons-nous suffisament efficaces? Sinon comment? J'avoue que je ne vois pas très bien comment faire bouger les choses. Est-ce que nos évêques, qui commencent à bouger, pourraient jouer un rôle plus concret en ce domaine?

Écrit par : VF | 08/12/2006

LB à VF :

> Le probleme est, en effet , tres délicat. Peut-on et doit-on s'opposer à la mondialisation ?



[PP à LB - Réponse de Benoît XVI dans son Angelus du 12 novembre (voir ma note)...]

Écrit par : Loïc de Bénazé | 12/12/2006

LE FAIT FINANCIER

> Prendre les analyses du Monde comme une référence d'analyse économique est un peu naïf. La réalité est autrement plus complexe.
Le "fait financier" a parfois ses faiblesses, mais il a la capacité à organiser de manière efficiente les rapports économiques au bénéfice de l'homme : c'est mon point de vue et il ne me paraît pas exact de l'opposer à l'enseignement de l'Eglise.

T.


[ De PP à T. - C'est votre point de vue. Il envoie se rhabiller Jean-Paul II, Benoît XVI... et tous les économistes, prix Nobel, ex-dirigeants d'institutions financières mondiales, qui expliquent comment le tout-financier menace l'économie réelle.
Si réellement vous pensez que la planète financière "organise" quoi que ce soit (et "au bénéfice de l'homme"), vous êtes un champion de l'humour noir.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : T | 13/12/2006

MONDIALISATION

> Doit-on s'opposer à la mondialisation? cela dépend de ce que vous appelez mondialisation. Selon moi, dans le contexte actuel, oui (voir note du 16/11/2006). Le peut-on? Surement (l'Espérance est une vertu théologale) mais comment? Que le Saint-Esprit nous conseille en la matière.

Écrit par : VF | 13/12/2006

Les commentaires sont fermés.