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04/12/2006

Téléthon : Chirac s’en mêle

…pour esquiver le problème :


Les agences :

 

<<  PARIS, 4 décembre 2006  -  Chirac soutient la recherche génétique financée par le Téléthon.

Jacques Chirac a apporté lundi son soutien à la recherche génétique financée par les dons au Téléthon, en dépit des vives critiques de responsables de l'Eglise catholique.

Dans un discours à l'Elysée à l'occasion du 20ème Téléthon qui s'ouvre vendredi, le chef de l'Etat a rappelé que cette organisation agissait "dans le strict respect de la loi" de 2004 sur la recherche sur les cellules embryonnaires.

"Le législateur a autorisé les recherches sur les cellules embryonnaires. Mais il l'a fait dans un cadre extrêmement précis: cela ne concerne que des embryons qui, au terme de la loi, et faute de projet parental, auraient été détruits", a souligné M. Chirac.

"C'est dans le strict respect de cette loi, je le répète, dans le strict respect de cette loi, que le Téléthon agit, à juste titre. Je tenais à le rappeler, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté", a poursuivi M. Chirac.

Les recherches financées par les dons au Téléthon font l'objet de vives critiques depuis plusieurs semaines de responsables de l'Eglise catholique. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a estimé samedi sur Europe 1, à propos de la recherche sur l'embryon, que ce n'était "pas parce que c'est légal que c'est moral".

L'Association française contre les Myopathies (AFM) met, elle, en avant le respect de la loi sur la bioéthique et les progrès obtenus. >>

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Commentaires :

 

- Le président français suit le courant dominant de la classe politique européenne : on ne s'occupe plus de l'intérêt public, mais de la santé (et des moeurs) des personnes privées. C'est ce que Zinoviev a appelé la "postdémocratie".

 

- La postdémocratie esquive tout débat de fond et s'en tient aux procédures : "C'est dans le strict respect de la loi, je le répète...", etc. Comme si la légalité avait jamais garanti quoi que ce soit.

 

-   Chirac ne voit pas que la destruction d’embryon par abandon de " projet parental " pose elle-même un problème éthique. Est-ce par un "projet " que l‘embryon était humain ? Cesse-t-il d’être humain parce que le  "projet " a disparu ? Attention à la réponse. Elle est lourde de conséquences.

 

-  C’est justement par ce que la réponse est lourde de conséquences, que la postdémocratie refuse de répondre et se replie derrière le paravent procédural. ("C’est dans le strict respect de la loi… ", etc).

 

- "Je tenais à le rappeler, pour qu’il n’y ait aucune ambiguité ". Mot malheureux : le « rappel » de Chirac est le plus ambigu qui soit, pour les raisons que l’on vient d’évoquer et que le cardinal Barbarin résume lapidairement.

 

- Lire l'analyse de Mgr Di Falco, sur son site diocésain :

http://www.diocesedegap.com/article-4746427.html

 

P.P.

 

 

Commentaires

> Je prends bonne note : le président n'est pas capable de protéger les plus faibles...

Écrit par : Boris | 05/12/2006

> à propos de la nécessité d'un débat, la preuve nous vient des USA sur la question de l'eugénisme comme je l'ai lu dans ce post... http://basile.canalblog.com/archives/2006/12/05/3347035.html .... L'erreur de l'église serait d'avoir mal choisi le moment !

Écrit par : Gerard P | 05/12/2006

PUBLIC ET PRIVE

> "on ne s'occupe plus de l'intérêt public, mais de la santé (et des moeurs) des personnes privées."

Cela fait plusieurs fois que je lis cette idée que la politique s'immisce dans la vie privée des individus au lieu de s'occuper de l'intérêt public, et j'ai du mal à la comprendre, surtout dans ce cas précis : encadrer les conditions de la recherche, n'est-ce pas au contraire se préoccuper de l'intérêt public ?

Merci d'avance pour vos éclaircissements.

A.D.

[De PP à AD - La vocation du "politique", c'est de définir et d'impulser les grandes orientations de l'avenir des peuples, en tant que communautés dans l'histoire. En ce sens, le politique doit faire contrepoids à l'économique, au lieu de se laisser régenter par lui. Or c'est ce qui se passe depuis vingt ans : la classe politique européenne a acquiescé à la dérégulation ultralibérale, et s'est ainsi laissée déposséder de sa fonction. Elle a alors transféré son activité : se reconvertissant en agence de sécurité-santé et de réforme des moeurs, elle se considère comme une sorte de "SOS Vie Quotidienne". D'où la façon dont J. Chirac, par exemple, s'empresse d'intervenir (lui, le chef de l'Etat) lors de chaque incident concernant la vie des citoyens...
A propos de la bioéthique, on ne peut pas dire que l'Etat (la loi) "encadre" l'évolution des choses. Elle ouvre la porte, toujours plus, aux desiderata de l'industrie biotechnologique. C'est la soumission à l'économique. Mais elle le fait au nom de l'intérêt privé de chaque individu : c'est le "SOS Vie Quotidienne". Cette attitude des pouvoirs publics ne laisse pas place au débat sur la portée éthique profonde des biotechnologies. D'où le discours de Chirac, consistant à esquiver le problème en disant "c'est légal".
Ai-je répondu à votre question ? Pour le "background" spirituel et culturel de cette situation, je vous suggère de relire l'encyclique de Jean-Paul II 'Centesimus Annus', qui décrit la dérive d'un hyper-capitalisme et d'une hypo-politique. ]

Réponse adressée au commentaire

Écrit par : A. D. | 05/12/2006

> Merci de votre réponse, elle est très claire. J'ai justement téléchargé récemment "Centesimus Annus" dans le but de la lire, je vais m'y employer dès que possible.

Écrit par : A. D. | 06/12/2006

Les commentaires sont fermés.