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18/10/2006

L'affaire Eweida : quand le big business devient christophobe

Tollé au Royaume-Uni, après la mise à pied d'une salariée chrétienne par British Airways :


Nadia Eweida, 55 ans, est une Britannique d'origine égyptienne qui vit à Twickenham, à l'est de Londres. Elle travaille depuis sept ans à l'enregistrement de British Airways à l'aéroport de Heathrow. Mme Eweida est chrétienne et porte une croix (très petite) autour du cou. En septembre, ses supérieurs de British Airways lui enjoignent "d'ôter cette croix ou de la dissimuler sous la cravate de votre uniforme". Sidérée de cet ordre (alors que les employées musulmanes ont le droit de porter le voile, les employés sikhs le turban, etc), Mme Eweida fait appel auprès de la direction générale de British Airways. Celle-ci confirme l'ordre d'ôter la croix. Mme Eweida fait savoir que sa conscience s'y oppose : "Je n'ai pas l'intention de cacher ma foi en Jésus-Christ..." Résultat : elle est mise à pied au début d'octobre, par un courrier envoyé par British Airways et signé de la responsable des "relations avec la clientèle", Caroline Girling. "Seuls les chrétiens sont empêchés d'exprimer leur foi", déclare Mme Eweida aux journaux.

Un tollé monte autour de cette affaire. Le ministre Peter Hain déclare : "Franchement, je pense que l'ordre donné par British Airways de ne pas porter une croix est une décision de cinglés. Je ne la comprend pas, je ne pense pas que quiconque la comprenne. Voilà mon avis."  Selon le député de la circonscription de Mme Eweida, Vincent Cable (libéral démocrate),  "Nadia est une chrétienne fervente qui montre sa foi, mais d'une façon discrète et nullement provocante. Il est normal que d'autres minorités religieuses bénéficient de dérogations au réglement vestimentaire de la compagnie, mais pourquoi celles-ci ne pourraient-elles bénéficier à  une chrétienne ?" Le député ajoute : "Il est absolument confondant que la compagnie portant les couleurs britanniques (*) traite ses employés d'une façon aussi minable et désobligeante".  

Réponse de la compagnie aérienne ?  Une discrimination positive en faveur des signes religieux autres que chrétiens ! "Les turbans, les hijabs (voiles islamiques) et les anneaux sont autorisés, les employé(e)s ne pouvant pas les dissimuler sous leur uniforme."  Les croix, en revanche, sont faciles à cacher...  Donc :  non aux croix,  mais  oui  aux voiles.

Puisqu'il y a une discrimination religieuse ouverte de la part de British Airways, Mme Eweida va poursuivre la compagnie en justice. L'employée est soutenue dans son action par Inayat Bunglawala (Conseil musulman de Grande-Bretagne), qui juge absurde l'attitude de la compagnie aérienne : "Une croix n'a rien d'offensant pour personne", déclare-t-il !  (Pour comprendre sa réaction, il faut savoir que le ministre Jack Straw a lancé une controverse, la semaine dernière, en réclamant que les musulmanes britanniques ne portent pas le niqab : le voile devant la figure, qui ne laisse paraître que les yeux. M. Bunglawala  pense opportun de prendre la défense d'une chrétienne, alors qu'il redoute une offensive au sujet des musulmanes).

De nombreuses associations chrétiennes, et même un ministre chrétien-démocrate bavarois, appellent à boycotter British Airways. Or une autre compagnie aérienne, British Midland, se solidarise avec la décision de British Airways (pro-voiles, pro-turbans, anti-croix).

Et voici son argument : il s'agit d'une politique commerciale, "fondée non sur la religion mais sur l'image".

Autrement dit : pour les commerciaux de ces deux grandes firmes, le voile ou le turban sont bons pour l'image de marque. Mais pas la croix. 

C'est comme ça qu'on raisonne dans le big business, aujourd'hui. Les commerciaux de ces deux compagnies ne sont pas des athéistes militants : ce sont simplement des relais de l'idéologie marchande... Par quelles étapes cette idéologie en vient-elle à des décisions comme celle-ci ? Difficile à dire. Le débat est ouvert.

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(*) Les avions de British Airways portent les trois couleurs de l'Union Jack sur l'empennage.

 

 

Commentaires

La manipulation de la religion. Après le politique (1), le marketing.

> L'inconvénient de tout cela - et son intérêt - est de souligner le grand mépris que l'on porte aux gens, à tous les gens - qu'ils soient croyants ou non - puisque seul leur argent est le motif de ces inepties.
Une égalité dans le mépris pour l'appât du gain.
Business makes stupid.

(1) Dernier exemple trouvé :
http://www.lefigaro.fr/international/20061017.FIG000000151_les_republicains_trebuchent_sur_la_religion.html

Écrit par : Qwyzyx | 18/10/2006

> Stratonice : « Celui à qui sa conscience ne fait pas de reproche n'a pas à rougir ; celui que la honte doit couvrir, c'est celui qui, quoique applaudi par ses complices, ne peut s'empêcher de s'accuser dans son cœur. »

http://www.univie.ac.at/liturgiewissenschaft/pages/archiv/lagrange/stratonice.html

Écrit par : Qwyzyx | 18/10/2006

> Ne peut-on organiser une pétition à l'adresse de British Airways?

Écrit par : peeters thierry | 18/10/2006

UNE COUPURE RADICALE

> Le pape décrivait la « culture dominante en Occident » en ces termes : « Seul ce qui peut être expérimenté et calculé est rationnellement valide alors que dans le domaine pratique la liberté individuelle s'érige comme une valeur fondamentale à laquelle tous les autres doivent se soumettre ».
« Dieu est ainsi exclu de la culture et de la vie publique et la foi devient plus difficile parce que nous vivons dans un monde qui se présente comme notre œuvre dans laquelle Dieu (…) semble superflu », précisait le pape.
Et par conséquent, « l'éthique est enfermée à l’intérieur des frontières du relativisme et de l'utilitarisme, où tout principe moral valide et inaliénable est exclu ».
Cette situation représente une « coupure radicale » avec les « traditions morales et religieuses de l'humanité » et ainsi, on ne peut plus établir de « dialogue » avec « les autres cultures, dans lesquelles la dimension religieuse est fortement présente ».

Écrit par : Qwyzyx | 19/10/2006

"COMMUNAUTARISME" ?

> Le "communautarisme" est un retour à l'état de barbarie : le regroupement de personnes sur des bases "charnelles", au sens de saint Paul : âge (guerre des générations), sexe (féminisme, homosexuels, etc.), race (tribus, etc.), et même religion, etc. Il s'oppose à l'Eglise - Ecclesia Dei, "race choisie, peuple saint, sacerdoce royal" - en laquelle : "en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ, il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus" (Lettre de saint Paul aux Galates (3, 26-38).

Parole intéresssante, car elle explicite une chose importante, essentielle : il n'y a que dans le Christ qu'existe cette "égalité" que tous recherchent. D'où la vanité du prétendu "l'humanisme athée". D'où aussi l'erreur du thomisme, qui parle du "bien commun" sans en expliciter la nature contrairement à Augustin(pauci intelligentes).

Il est vrai malheureusement, et c'était l'origine du commentaire précédent, que certains se prétendant "cathos", tournent en religion charnelle (soulignée l'expression) la Bonne nouvelle du Seigneur. Ce sont ceux-là qui attisent les révoltes et les guerres de religion, prétendument "au nom du Seigneur". Ils croient défendre le Christ, ils le trahissent, sans s'en rendre compte. Ceux-là font l'inverse du chemin que firent sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face ou le Bienheureux Charles de Foucauld (cela le momifie un peu ce "Bienheureux") dont le père spirituel disait :"il a fait de la religion un amour". (Dans cette phrase, comprendre "religion" au sens où l'entendait le milieu "catho" du XIXème siècle finissant, genre la tante du même Charles de Foucauld, dont il disait : "avec ses bonnes intentions, elle m'a fait beauoup de mal" (paix à son âme, c'est juste pour l'exemple).

En ce sens, il n'y a rien à attendre du "dialogue interreligieux". C'est un non sens. Non qu'il faille promouvoir un prétendu "conflit des religions". C'est comme l'anti-racisme. Je ne suis pas anti-raciste, c'est une idéologie et non un anti-racisme. Mais parce que suivre le Seigneur, ce n'est pas défendre un parti, une religion, une civilisation, mais l'homme, tout homme, tout l'homme, au nom de Dieu ou pas.

Bien sûr vous n'êtes pas obligé d'accepter que l'amour soit ainsi la seule base de vie humaine. Mais cela ne changera rien au fait que toute société bâtie sur autre chose périra dans les sables mouvants de la haine, des intérêts conflictuels et des idéologies fausses.
Ainsi, on trouve ici ou là aujourd'hui, tous les éléments nécessaires pour attiser les conflits religieux - soi-disant "au nom du Christ et de l'Eglise".

J.

[De P.P. à J. - Où le trouve-t-on, chez les catholiques ? Je n'ai pas le sentiment d'appartenir à une Eglise intolérante ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Joseph | 20/10/2006

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