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19/09/2006

Benoît XVI et l'islam : après les deux débats d'hier (LCI et France 5)

medium_fouad_alaoui.2.jpgchez Valérie Expert et chez Yves Calvi...

 

Photo : Fouad Alaoui (UOIF).


 

 

 

Hier matin, sur LCI (On en parle), nous étions deux : Fouad Alaoui  – vice président de l’UOIF –et moi, pour un débat piloté par Valérie Expert. Nous sommes allés au fond des choses, autant que le permettait la durée du débat.

 

Le soir, sur France 5 (C dans l’air), nous étions quatre invités d’Yves Calvi : Amar Lasfar, président de la Ligue islamique du Nord (UOIF) et recteur de la mosquée de Lille-Sud ; Odon Vallet, chargé de cours à la Sorbonne ; Frédéric Lenoir, directeur du Monde des religions ; et moi-même.  Durant le débat, j’ai dit ce que Benoît XVI avait voulu faire en prononçant la conférence de l’université de Ratisbonne – dans le contexte de sa critique de la société occidentale. Ce disant, je heurtais  l’autre interprétation: celles de médias occidentaux qui accusent le pape d’avoir été irresponsable ou pervers.

 

Le matin sur LCI, Fouad Alaoui avait exprimé  avec une évidente sincérité la position d’un islam à la fois fondamentaliste et intellectuel, intransigeant et diplomate. Ce n’était pas simple pour lui, ni toujours exempt de tactiques. Mais l’émission (me semble-t-il) a réussi à plusieurs reprises à mettre en lumière le cœur des problèmes.

 

Le soir à France 5, le ton était plus « parisien », bien que le subtil M. Lasfar soit de Lille. Ce dernier a néanmoins laissé percevoir quelque chose de troublant, lorsqu’il a répondu, à propos de l’islamisme, que la violence était une chose regrettable mais qu’il n’y a plus rien à faire lorsqu’elle se déclenche. 

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Amar Lasfar

 

Cette phrase, venant d’un religieux, semble avoir choqué des téléspectateurs. L’un d’eux (travailleur social dans le Doubs) m’a fait part ce matin de son indignation à ce sujet.  Un religieux chrétien, me disait-il, appelle à rétablir la paix même quand la guerre s’est déclenchée: c’est ce qu’a fait Benoît XVI dès le début des bombardements du Liban, comme Jean-Paul II avait condamné la guerre américaine en Irak. Ces appels ne leur ont d’ailleurs valu aucune reconnaissance de la part des foules islamistes du Proche Orient, qui brûlaient cette semaine des effigies du pape…

 

 

 

 

Commentaires

> Le plus beau a été Frédéric Lenoir affirmant que Benoît XVI marchait avec Bush ! On a le droit de dire n'importe quoi avec assurance, mais tout de même... Qualifier de jumeau de Doubleyou le pape qui a demandé la cessation des bombardements du Liban (programmés par la Maison Blanche), c'est se montrer étrange journaliste.
Autre chose : les journalistes qui accusent le pape d'avoir été injurieux en osant comparer le concept de transcendance chez les musulmans et les chrétiens, ça ne serait pas par hasard les mêmes qui défendaient le droit des dessinateurs danois à insulter Mahomet ?

Écrit par : baz | 19/09/2006

> Ce que vous avez dit à "C dans l'air" tranchait si fort avec les propos mondains d'Odon Vallet, ceux plutôt agaçants du bobo de service (F. Lenoir) et enfin les paroles somme toute inquiétantes de M.Lasfar, que vous nous avez donné envie de venir sur votre blog aujourd'hui et je crois que nous reviendrons souvent.

Écrit par : dang | 19/09/2006

ET SI C’ETAIT BUSH ?

> L'intervention de Frédéric Lenoir témoigne qu'il y a pire que la résignation des imams dans la violence. C’est symptomatique de la prétention à toujours tout vouloir intellectualiser sans se soucier des conséquences possibles de ses interprétations mêmes les plus infondées.

Cela témoigne de la persistance de cette confusion qui mêle indistinctement le discours religieux et politique. Ce qui ne devrait plus être puisque c’est l’objet même de la loi de 1905. Soit la laïcité est une réalité - et depuis 100 ans qu’elle existe, cette erreur ne devrait plus être commise - soit la laïcité n’est qu’un prétexte pour rejeter la foi des croyants.

Mais l’intervention de Frédéric Lenoir m’a inspiré une idée que je vous soumets.

A propos de la violence dans l'Islam, cela me rappelle le livre de Patrick Meney "Même les tueurs ont une mère". Le reporter y raconte le parcours d'un terroriste au Liban. Celui-ci commence sa funeste carrière par tuer le vieil imam aveugle qui lui avait enseigné le Coran (si je m'en rappelle bien). Je ne crois pas qu'il s'agit d'un roman. Cet ouvrage mériterait une réédition.

L'Islam est violent (1) mais les islamistes ne le seraient-ils pas déjà de nature ? Le prétexte de la religion n’est-il pas seulement l'excuse absolue ou la caution parfaite ?

Un enseignant d’El Azhar au Caire m'avait expliqué que les Frères musulmans se recrutent dans les trois universités laïques du Caire et non pas dans l'université coranique, où les étudiants et les professeurs connaissent le Coran et ne sont pas dupes des interprétations tronquées dont se servent les extrémistes (2).

Ce n'est pas sur le lien éventuel entre le pape et Georges Bush que Frédéric Lenoir devrait s’interroger prioritairement.
Il lui suffit de relever les conditions économiques qui existent là où prospèrent le terrorisme et l'islamisme pour comprendre la véritable origine de la violence : la bande de Gaza, 2500 habitans au km2, 65% de chômage ; l'Irak : des milliards pour faire la guerre et tuer des civils (j'ai lu 40 milliards $ US /j) après des années de blocus économique qui en ont tué encore plus, etc.
La haine du "roumi" naît de ça, de l'amalgame qui peut être fait entre un Georges Bush, qui aime se faire photographier en prière, et de l'action de l'armée américaine, rarement thérapeutique.

Le discours du pape peut d'ailleurs très bien s'interpréter aussi contre cette exploitation détestable de la religion par la politique américaine à son profit. Ce qui fait que Benoît XVI indispose autant le gouvernement américain que les intégristes musulmans (3). La réaction des musulmans ayant été assez lentes, on peut s’interroger si ce temps de réflexion n’est pas plutôt celui qu’a mis une personne bien intentionnée à leur expliquer toute la perversité qui pouvait se cacher dans ce discours...

Qui manipule qui ? Les Américains ont des intérêts économiques dans la guerre en Irak. La guerre a déjà été considérée comme un investissement aux USA, à laquelle on trouve aussi une légitimation morale. Les Américains ne s'en cachent pas. Le discours du pape vient cependant remettre en cause le bien fondé de la politique de communication de G.W. Bush et son concept de lutte du Bien contre le Mal.

S'il est possible de manipuler des gens en déshérence dont le seul avenir est la souffrance ou le désespoir, il ne doit pas être bien plus difficile de manipuler l'excité qui démarre au quart de tour et qui manipule les foules. Il suffit juste de connaître le chiffon rouge. Une petite liasse de dollars pour l'aider à maintenir sa position de chef et ça se calme. On dirait que cela s’est calmé.

L’intuition de Frédéric Lenoir sur l’existence d’un lien éventuel – à mon avis et s’il devait y en avoir une - ne se placerait pas entre Benoît XVI et le président étatsunien, mais plutôt entre les protestations musulmanes et Georges W. Bush. " A qui profite le crime ? " En effet, le discours de Benoît XVI est sûrement tout aussi pénible aux oreilles des dirigeants occidentaux - et particulièrement des USA - qu'à celle des musulmans. On sent l’exaspération de certains d’entre eux. Ils devinent que le discours papal va finir de les mettre en défaut, face à leur propres contradictions.
Ils suspectent peut-être que le danger risque de venir du Vatican parce que le prétexte de cette "guerre" d'Irak n'a jamais été critiqué sur son point le plus faible, bien qu’il existe une alternative, qui, si elle ne peut éviter la guerre aurait sûrement pu en diminuer l’intensité dramatique et contribuer à la résolution du conflit. Une telle critique venant du Saint Siège, la communication manichéenne des "alliés" allait perdre le peu de légitimité qui lui reste.

Il y a en effet un point sur lequel la guerre en Irak n’a jamais soulevé de question.

On n’y fait "QUE" la guerre au terrorisme alors que ses causes sont évidentes et qu'on pourrait essayer de les traiter.

Les résultats de ce choix sont décevants :

tant en termes militaires : la campagne irakienne n’a pas soulevé de difficultés majeures, le gouvernement a été renversé, mais depuis les attentats se succèdent. Cette armée qui a déclenché la guerre ne l’a cependant toujours pas gagnée.

Tant en termes de relations internationales et d’image.

L’image de l’Occidental (dans son acception économique) est tombée bien bas. L'impression que produit l’actualité de l'Irak (à condition d'oublier les attentats et de se mettre en tête la disproportion des forces en présence) est que l'Occident (à commencer les USA) se paie une partie de ball-trap. Une battue au terroriste sans qu’on sache ce qui le caractérise vraiment, ce qui permettrait de l’attraper sans erreur. L’identification du terroriste semble encore aléatoire, empirique. L’actualité témoigne régulièrement de chasseurs qui tirent à peu près sur tout ce qui bouge, ou ne bouge plus. ..


Les relations internationales sont, quant à elle, ne sont pas bien plus brillantes. L’ONU soulève principalement des critiques, son action et son utilité sont remises en causes (par ceux-là même qui font la guerre à coups de milliards), l’usage de la force armée (comme en atteste le Liban) est favorisée, les grands projets internationaux (comme l’Union européenne) sont au point mort (ou presque).

Cette dérive fait que la guerre est dans une logique d’embourbement qui alimente les causes du terrorisme.
Ex. : pour attraper un terroriste, on rase tout un quartier, puis l'autre d'à côté (c’est là "qu’on" l’a vu partir), puis encore l'autre... On finira par l'attraper. Mais en attendant, on aura multiplié par cent ou mille le nombre personnes traumatisées par le déchaînement de la violence dont elles ont été victimes. Je n’oublie pas qu’il y a des attentats.
Mais pourquoi y a-t-il (toujours autant) des attentats ? Parce que l’Occident ne fait rien de concret sur les causes du terrorisme pour que cela change.
Les attentats ne sont pas mieux vécus par les uns que par les autres. C’est une erreur de le croire. Les premiers à en souffrir sont les Arabes eux-mêmes. Le problème fut le même en Allemagne avec le nazisme, comme l’a rappelé le pape (encore une fois critiqué lorsqu’il a énoncé cette évidence) : les premières victimes de Hitler furent des Allemands(4). Même les attentats – et c’est peut-être difficile à concevoir – finissent par justifier sinon le terrorisme mais au moins le rejet des Occidentaux. Parce que les populations pensent que sans Américains, il n’y aurait pas d’attentat. Certains peuvent même regretter le bon vieux temps, celui de Saddam Hüssein (5).

On continue dans la guerre. On persévère même.
Des atteintes aux droits fondamentaux sont réclamées et consenties. L’action des services secrets aboutit à des enlèvements et des séquestrations, jusque dans des prisons clandestines, un peu partout sur la planète, avec l’approbation des gouvernements des pays dits "démocratiques" qui stigmatisent ensuite les manifestations agressives dans le tiers-monde. Où est la crédibilité là dedans ?

C'est là l'origine véritable de toute violence. Les ressentiments sont entretenus par l'actualité et exploités ensuite, à chaque occasion, contre tel ou tel pays, tel ou telle personne, telle ou telle déclaration. Ce genre "d'explosion" entretient le phénomène.
Imaginons une Allemagne prospère en 1929. Le nazisme aurait-il pu prendre le pouvoir avec autant de facilité ?
La lutte contre le terrorisme, telle qu'elle est menée, ne fait qu'entretenir des facteurs de mécontentements, d’instatisfaction. Cela favorise l'intégrisme et éclipse les vertus de l’Islam. Charles de Foucauld a été séduit par sa dimension ascétique. L’Islam amoindrit les frustrations et l’expression d’un mécontentement que nos sociétés connaissent aussi (banlieues en novembre 2005, insurrection à L.A. en avril 1992, etc.).

Voice of America nous répète que la guerre en Irak serait justifiée par la lutte du bien contre le mal. Il ne doit rien y avoir de moins sincère et inconsistant que ce genre d’argument, surtout venant d’un dirigeant politique occidental s’adressant à un croyant.
Et c’est sur la foi de cette profession de foi qu’on fait une guerre. Qui peut soutenir sérieusement que c’est ainsi qu’on résoudra le terrorisme ?

C’est encore une erreur de croire que le problème se limite à l’islam ou au Proche Orient.

Des esprits immatures, victimes de la misère sont peut-être facilement manipulables. C’est toutefois une erreur de croire que le terrorisme abuse seulement d’une faiblesse passagère ou durable de l’individu. Des étudiants - dotés normalement d'un sens critique supérieur à la moyenne - se font également sauter avec une ceinture d'explosifs (6).

Il y a peut-être des prédispositions individuelles (que certains savent encourager ou motiver de façons peu loyales), des motivations politiques ou religieuses qui favorisent le terrorisme, mais il y a aussi le comportement de la " victime ".

Dans le terrorisme il y a deux victimes.
Il y a d’abord celle qui va directement souffrir de l’acte terroriste. Mais ce n’est pas elle qui est visée. C’est elle qu’on va abondamment filmer, commenter. Le terroriste ne la connaît pas. Il n’éprouve même peut-être aucun sentiment particulier de haine à son égard. Un soldat en guerre s’inquiète-t-il de l’identité de son ennemi quand il le tient en joue ? Rarement…

Si le terrorisme est aveugle pour les victimes qu’il frappe directement il ne l’est pas pour celle qu’il vise. Et celle qu’il vise c’est l’institution politique, qu’il s’agisse d’un Etat, d’une entreprise, d’un responsable. On ne sait toujours pas vraiment pourquoi il y a eu l’attentat du 11 septembre.

En droit, la faute de la victime exonère de responsabilité l’auteur du dommage.

Le principe de la légitime défense donne même un droit de tuer dans les cas extrêmes. Ces règles sont pourtant oubliées dans notre réflexion quant on considère la situation au Proche-Orient, où les peuples qui s’y trouvent peuvent se sentir envahis et contraints par des opérations militaires menées par des forces étrangères. De Gaulle n’a pas voulu que les Américains restent sur le territoire français et a limité leur présence au strict minimum.

La guerre en Irak, ce sont des attentats presque tous les jours. Mais c’est aussi le spectacle régulier des opérations de " police ", les portes défoncées à coup de bélier, les personnes réveillées par des miltaires qui hurlent dans une langue incompréhensible, éblouies par des projecteurs halogènes, le saccage des maisons avant leur destruction, permettent d’imaginer que cela crée et entretient le ressentiment. La précarité de ces personnes est encore aggravée. Qui se préoccupe de reloger ces familles ? Elles avaient une maison, des biens auxquels elles tenaient d’autant plus quelles en avaient peu. On leur a tout détruit.

C’est sans objet ? Les aléas de la guerre ?
Alors pourquoi y a-t-il eu des dommages de guerre en d’autres temps et autres lieux ? Les injustices entretiennent l’esprit de revanche, de vengeance.
Si la guerre se justifie par la lutte du bien contre le mal elle se fonde cependant sur un mensonge (l’existence d’armes de destruction massive jamais découvertes).
Elle se poursuit sans qu’on connaisse vraiment l’issue de ce conflit, ni son terme. L’atermoiement des politiques témoigne plus de l’improvisation que du plan. Cela favorise l’idée que l’objectif principal était de s’approprier les réserves de pétrole.

S’il s’agissait d’offrir la démocratie à l’Irak - et en considérations des moyens financiers, matériels et humains affectés à la guerre - on peut s’interroger si nous n’assistons pas d’une part au plus grand gaspillage de tous les temps, et si, d’autre part, il n’y avait pas mieux à faire avec tous ces moyens. Mieux pour moins cher.
Le résultat tangible de toutes ces dépenses est d’en provoquer de nouvelles pour gérer le risque grandissant d’attentat et l’angoisse qu’il génère un peu partout sur la planète. On croirait un programme de développement industriel. C’est tout un business qui se crée.

Les Américains ont un président qui leur a rendu leur fierté, mais il n’est pas bon d’être Américain partout aujourd’hui, et il n’est plus bon de voyager vers l’Amérique. Si cela continue, la politique américaine va parvenir à obliger les compagnies à faire embarquer dans les avions en peignoir et sans bagages. Le tourisme commence à en souffrir. L’Amérique en est elle-même victime (7).

La " guerre " en Irak a globalisé la confrontation (tous les musulmans de la planète s’unissent dans la contestation). Mais il n’y a pas que l’islam qui critique le mode de vie des sociétés occidentales. Là où l’effondrement du communisme a fait tomber un mur, le commerce mondial est en train d’en dresser un dans le cœur des hommes, car le motif principal de ces opérations militaires est économique.

La réflexion de Benoît XVI – et les questions qu’elle peut induire – ennuient les dirigeants occidentaux (8). D’autant plus qu’elles trouvent un écho particulier au Proche Orient.

Où place-t-on l’Homme ? Qui s’en préoccupe ?
Quelle volonté de faire réellement le bien ?
Où est la solidarité humaine si souvent vantée ?
Ces questions sont susceptibles d’en faire naître une qui n’a jamais été posée et qui souligne la divergence de comportement des sociétés occidentales quand il s’agit de régler un problème sur le sol ou celui d’un tiers.
Pourquoi ce qui est vrai pour à peu près tous les maux de la société ne le serait-il pas pour le terrorisme ?
On fait de la prévention pour à peu près tout : l'alcool, la vitesse, le cancer, le sida, la délinquance, le planning familial, la violence domestique... Mis à part le suicide (qui ne coûte rien à la collectivité) on dépense de l'argent pour prévenir tous les risques sociaux. Beaucoup d’argent, mais beaucoup moins que ce que coûte la guerre en Irak.
Pour le terrorisme ? Pas de prévention ?
Non. Rien, jamais rien alors qu'on investit (c'est le mot au regard des sommes qui font vivre l'industrie de l'armement) des milliards chaque année dans une guerre au prétexte que certains perturbent notre confort (5). Parce que c’est à cela que se résume malheureusement la guerre en Irak aujourd’hui.

On a donc toujours des idées pour des tas de causes, mais pour le terrorisme, la seule réponse est la guerre. Le président Jacques Chirac évoque même l’usage de l’arme nucléaire. Comment expliquer cette pauvreté intellectuelle ?
Qui bombardera un pays, une ville au prétexte que ce pays a accueilli et entraîné des terroristes ? Ils sont partout et leur chef devient de plus en plus un être virtuel. Les Français eux-mêmes devraient s’inquiéter. Qui nous dit qu’il n’y a pas des camps d’entraînement clandestins en France ?
Le discours officiel contre le terrorisme relève de l’obsession. Comme s’il n’y a vait pas d’autre solution a contrario de ce que ne cesse de rappeler le pape. Il faut savoir faire confiance à la raison. La guerre, telle qu’elle se déroule, témoigne de plus en plus de la désertion de l’intelligence et du cœur et d’un traitement administratif du contentieux (on parle du dossier irakien). Une approche utilitariste où l’efficacité prend le pas sur toutes les autres considérations.

Laisser penser qu’une solution existe, entretenir l’espérance, seul contre tous, c’est gênant.
Ce serait un inconnu, on dirait qu’il est fou, que c’est un imbécile et la cause serait entendue. C’est plus difficile quand il s’agit d’une personnalité qui attire à elle à Rome 4 millions de pélerins du monde entier tous les ans, et qu’un tiers de la planète s’intéresse à ce que dit ce pape.
Le risque devient sérieux s’il commence à lancer une réflexion sur l’impossibilité de légitimer l’usage de la violence.
On peut donc se demander raisonnablement si, compte tenu du temps qu’il a fallu pour que se soulève la vague " unanime " de protestations du monde musulman il n’y aurait pas eu une manipulation quelque part. Histoire de faire comprendre au pape que, tant qu’il reste dans le domaine qu’on veut bien lui laisser, il est libre de s’exprimer, mais que dès qu’il touche au business, il doit s’attendre au pire.

Benoît XVI a dû comprendre d’où est venu le coup.
Le Vatican a la réputation d’être un nid d’espions, parce que l’Eglise est la mieux informée de tout ce qui se passe su la planète. Il faut voir le nombre d’ambassades "près le Saint-Siège". Celle des USA ressemble à une prison de haute sécurité (grilles éclairées, caméras, chemin de ronde, chiens, …) Peur des attentats ? Ou peur d’être surpris ?

C’est peut-être une erreur de se focaliser sur la contestation musulmane. Elle rejoint quelque part les critiques que le pape fait régulièrement sur la dérive du monde occidental. Cela a toutes les raisons d’inquiéter les dirigeants de nos sociétés, empêtrés dans des contradictions et des considérations étrangères à la culture musulmane et à la foi catholique. Il fallait briser cette confluence qui se dessinait progressivement et dont Charles de Foucauld en est un témoin.

Si les matérialistes cherchent une solution pour se sortir de cet encerclement " théologique " dont ils pourraient se sentir menacés, pourquoi ne pensent-ils pas instituer une taxe Tobin sur l'investissement militaire ? Vu les ventes - qui se sont multipliées grâce à la guerre en Irak - les recettes seraient bonnes. On affecterait les ressources ainsi collectées à la construction d'écoles, de dispensaires, d'infrastructures (distribution d'eau, d'électricité, route, chemin de fer, ...) ? On prélève bien des taxes sur les billets d'avion pour je ne sais plus quoi. Ce serait bien plus profitable sur l'armement, et pourquoi pas sur les jeux aussi (il suffit d'aller à Las Vegas pour voir les gens jouer à coup de billes de 100$ et constater qu'il y a de la ressource) ?

Comme la guerre serait taxée, on en ferait moins. Ca marche bien pour le tabac…

Bravo pour votre participation à ces débats. Excusez-moi d’avoir été si long


(1) Je me souviens de passage très violents dans le Coran. Mais il en existe aussi dans l'Ancien testament.

(2) Je ne fais que rapporter ce que m'a dit cet enseignant, qui a d'ailleurs fini par devoir fuir l'Egypte du fait de son interprétation de l'islam, jugée trop moderne par les Frères musulmans.

(3) Ce genre de communauté d'intérêt s'est souvent vérifié. Les USA ont financé l'intégrisme musulman partout où cela l'avantageait stratégiquement ou économiquement - souvent par l'intermédiaire de l'Arabie Saoudite. Le dossier du nucléaire iranien peut, en quelque sorte relever de cette même convergence d'intérêts qui existent entre les industriels américains et les intégristes au pouvoir. Le blocus américain empêche l'Iran (un des premiers producteurs mondiaux de pétrole) de trouver un financement pour construire de nouvelles raffineries. Ce pays est donc obligé à faire raffiner son pétrole à l'étranger et donc à racheter de l'essence aux... compagnies occidentales. Cette favorise aussi le maintien au pouvoir des mollahs.

(4) Sebastian Haffner "Histoire d'un Allemand - Souvenirs 1914-1933" Actes Sud ISBN 2-7427-3603-4

(5) Cela n’a rien d’exceptionnel. En Russie, des anciens regrettent l’époque de Staline, en Yougoslavie on parle de la période de Tito comme celle d’un âge d’or, etc.

(6) Les terroristes du 11 septembre ont, par la complexité de l’opération, prouvé qu’ils avaient des compétences d’organisation et d’action et que leur détermination à agir n’étaient pas seulement dictée par le désespoir, compte tenu de la durée de préparation de cet attentat.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_11_septembre_2001

(7) Les réservations d’hôtel en Floride qui sont d’habitude de 95% sont tombées à 15% en août. De nombreuses annulations ont été faites après les incidents de Londres (information reçue d’un professionnel du tourisme aux USA)

(8) Qui ne fait que reprendre et poursuivre la pensée de Jean-Paul II lequel mettait en garde la société contre les excès d’un monde dirigé par l’économie de marché.

(9) Compte tenu des intérêts personnels de certains dirigeants américains à cette guerre en Irak, on peut parfois s'interroger s'il ne s'agit pas plus de business que d'une lutte contre le terrorisme.

Nb : Y aurait-il une tendance des universités françaises à produire des ratiocinateurs de salon, qui se pensent autorisés à proférer n'importe quelle ineptie parce qu'ils ont un diplôme ?

Écrit par : Qwyzyx | 19/09/2006

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