29/06/2006
"Femmes prêtres "? dialoguons...
Le sujet enflamme des passions ! Mais où sont les faits ?
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En réplique à ma première note sur l'évêchesse anglicane américaine, je reçois ce message. Il critique plusieurs éléments de la note :
<< Bonjour. Voici quelques remarques :
1. "Cette élection (...) nuit gravement au dialogue oecuménique". Dans le véritable dialogue, ne faut-il pas savoir accepter l'autre dans sa différence ? Apprendre à le connaître en le respectant.
2. "les arguments que l'on entend en faveur de "l'ordination des femmes" ne sont jamais théologiques, ni même religieux. Ils sont purement médiatiques, publicitaires et émotionnels". Une affirmation bien catégorique... Et surtout non argumentée. Donc une attaque gratuite ? Pratique peu compatible avec le commandement d'amour du Christ.
3. "les catholiques et les orthodoxes réservent la prêtrise aux hommes -et ceci, non par machisme (!), mais pour une raison théologique essentielle". Le machisme est également présent, lié à une vision "grecque" du monde : la femme est soumise à l'homme (1 Corinthien XI,3 et Ephésien V,22-24), n'a pas le droit à la parole dans l'assemblée (1 Corinthien XIV,34-35)... N'est-ce pas elle qui a chuté (1 Timothée II,14) ? Point de vue de Paul que l'on retrouve sans surprise chez Pierre (1 Pierre III).
4. "Qui sommes-nous pour décider que Jésus-Christ a eu tort, et pour rectifier ce qu'il fit ce soir-là ?" Voilà qui me rappelle la vision musulmane : a. "[Dieu] vous a légiféré en matière de religion, ce qu'Il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : Établissez la religion ; et n'en faites pas un sujet de division..." (Coran XLII,13). Les Messagers instaurent des rites ; les hommes, ensuite, dévient en sectes. b. "...Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait..." (Coran V,3) Avec le prophète de l'Islam, les rites définitifs sont "fixés par Dieu". Toute innovation (bid'a) est proscrite. En tant que chrétien, je crois au contraire en l'action de l'Esprit qui "souffle où il veut" (Jean III,8) pour faire "accéder à la vérité toute entière" (Jean XVI,13)...
PS: des femmes exercèrent le sacerdoce dans les premiers siècles du christianisme. >>
Permettez-moi, monsieur, de vous répondre.
1. Vous êtes chrétien non catholique. Donc, dialoguons. Mais comme vous le dites très bien, le véritable dialogue consiste à accepter l'autre dans sa différence. L'une des "différences" des catholiques et des orthodoxes, par rapport aux Eglises issues de la Réforme, est : (a) la foi en l'Eucharistie en tant que présence réelle de Jésus-Christ, (b) la masculinité du sacerdoce. J'ai essayé de montrer, dans la note incriminée, que ces deux éléments sont liés à cause de l'Incarnation.
2. Vous ne me répondez pas sur ce terrain, et vous m'accusez de trahir l'amour du Christ parce que je ne suis pas d'accord avec Mme Jefferts Schori et ses amis ! Or il ne s'agit pas de savoir si je suis gentil ou méchant, mais de savoir pourquoi les catholiques (les évêques, les papes et les conciles dont Vatican II) tiennent cette position constante sur le sacerdoce... Quant à la nature « politico-médiatique » (non religieuse) de l'opinion en faveur de prêtresses, elle est reconnue par un grand nombre de commentateurs, y compris les plus laïques (cf. un célèbre éditorial de Marianne à la mort de Jean-Paul II). Ils ont le droit de le penser. J’ai le droit d’être de leur avis. Vous avez le droit de me donner tort. Mais, excusez-moi, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous sont contre Jésus-Christ !
3. Je suis confus de vous dire que vous commettez une erreur historique et religieuse. La masculinité du sacerdoce n'a rien de grec. Elle vient des juifs. Seul le Temple de Jérusalem n'avait pas de prêtresses, alors qu'il y en avait en Grèce, et dans toutes les religions antiques… Jésus a donc aussi agi en juif pieux en fondant le sacerdoce chrétien sur des hommes seulement.
4. Si l'Eglise catholique se veut fidèle à Jésus-Christ, ce n'est pas par immobilisme, c’est au contraire parce que « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » - comme Il le dit lui-même. Vous avez le droit de dire que c’est de l’islamisme. On a aussi le droit de vous dire que l'idée de l'Incarnation est l’inverse de l’attitude islamique.
5. Les historiens ne sont pas d'accord avec votre thèse : selon les spécialistes de la période, le judéochristianisme antique ne montre aucune prêtresse. Et pour cause : rien n’eût été moins juif ! Ce mythe des « femmes prêtres chez les premiers chrétiens » a été lancé par les idéologues ultraféministes américaines des années 1970, qui étaient peu compétentes en histoire… et qui furent à l'origine du politically correct.
08:50 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : religion, société, femmes
Commentaires
[De : Laurent Passer]
> Bravo à PP pour ses réponses convaincantes. Il convient de cesser de répéter de "vieilles lunes" dans ce domaine. Heureusement, le jour de "l'ordination" de cette dame, plusieurs ordinations sacerdotales, pleinement valides elles, avaient lieu dans le monde et l'une dans une paroisse voisine, à laquelle j'ai participé en priant pour celles et ceux qui s'égarent.
Écrit par : Laurent Passer | 30/06/2006
[De : Ren']
> Bonjour,
Vu le temps que vous avez pris à réagir sur ma note (critique, il est vrai), je vous dois une réponse. Ne serait-ce que pour éviter les malentendus...
-Je suis catholique, ce qui ne m'empêche pas de (me) poser des questions.
-J'ai lu avec intérêt, dans votre premier article, l'explication théologique de la prêtrise masculine : mon post-scriptum était une question (désolé, faute de frappe !)
-Ce qui m'a paru "peu compatible avec le commandement d'amour" était votre façon de disqualifier d'office tout argument de la partie adverse sans les évoquer (même brièvement), et non votre point de vue en soi. Je reconnais cependant que ma formulation lapidaire n'était sans doute pas des plus heureuses. Toutes mes excuses.
-Je ne réagis pas tant sur la question de la prêtrise des femmes (pour moi question ouverte, cependant, du fait de l'existence de vocations), que sur l'aspect "rite". L'Eucharistie est un don de Dieu. Je n'en remet pas en cause l'instauration. J'interroge la liturgie (qui est née au fil des siècles).
Tout chrétien (pas seulement les catholiques...) se veut fidèle à la personne vivante de Jésus Christ, non ? Cet attachement nous différencie ainsi (par exemple) des musulmans (qui respectent Jésus comme un prophète du passé).
Les innovations -que l'orthodoxie musulmane ne peut QUE condamner- sont possibles dans le christianisme. Guidées par "le bruissement d'un souffle ténu" (1 Roi XIX,12).
D'ailleurs, quelqu'un d'extérieur au catholicisme ne pourrait-il pas l'accuser d'avoir rectifié ce que le Christ avait instauré (communion sous une seule espèce...) ?
amicalement.
[De PP à Ren' - Navré d'avoir mis un peu de temps à vous répondre. Navré également si vous avez eu l'impression que je "disqualifiais d'office" les arguments en faveur de l'ordination de femmes. Je les récuse parce que je les connais, et qu'ils éludent TOUS la question christique et eucharistique qui est CENTRALE. Et ils s'enferment dans des questions factices (le "nombre de vocations") ou totalement extérieures au sujet (le politically correct, la parité, etc). Comment voulez-vous qu'on se confronte si l'autre refuse d'entrer sur le terrain ? - Enfin, dernier point : être catholique mais en désaccord avec ce que tous les successeurs des apôtres pensent depuis toujours, sur un problème crucial, n'y a-t-il pas là une certaine contradiction ? Et en quoi serait-il "islamique" de recevoir intact le message (par exemple) de la Résurrection ? Faut-il, pour ne pas être "islamique", rompre la transmission vitale ? Etre catholique et se poser des questions, ça va ensemble (je suis un converti), mais les réponses de l'Eglise ne sont pas forcément irrecevables ! nous sommes mêmes censés les étudier... Que des innovations (par exemple les dogmes) soient possibles dans le catholicisme, c'est sûr, grâce au Saint-Esprit ; mais ce sont plutôt des "explicitations" que des "innovations" : elles font éclore des choses qui étaient implicites, contenues en germe depuis la fondation de l'Eglise. Encore faut-il que ces choses aient effectivement été là en germe. D'où ce que nous dit l'Eglise sur l'eucharistie, la Cène, les hommes, les femmes, etc.
- Amicalement,
PP.]
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Écrit par : Ren' | 30/06/2006
[de : croisedu37]
> Une femme prêtre : celà n'a pas de sens. Il existe une différenciation homme-femme et une répartition des tâches différentes dans l'Eglise. C'est comme ça. La complémentarité homme-femme vaut mieux qu'une sorte d'égalitarisme sans saveur.
[De PP à Cd37 - Je ne crois pas qu'on puisse parler de "complémentarité homme-femme" à propos du sacerdoce eucharistique : ce n'est pas parce qu'il est homme que le prêtre peut offrir le sacrifice du Christ ; mais parce que c'est le Christ qui offre le sacrifice (le seul "prêtre", c'est Lui). Il se trouve en effet que le Christ, Dieu incarné, est un homme : Jésus de Nazareth en Galilée. Le prêtre catholique ou orthodoxe étant "configuré au Christ", comme dit la théologie, le prêtre est donc nécessairement un homme. Ou alors on ne croit pas en l'Incarnation du Christ Fils de Dieu !
Ce raisonnement de l'Eglise est imparable.
Sauf, bien sûr, si l'on ne croit pas que le Christ ait réellement fondé l'eucharistie (1), et/ou si l'on dédaigne le récit évangélique en tant que récit.
Mais ce scepticisme et ce dédain ne sont que des choix personnels ; ils ne permettent pas de parler comme si l'on avait trouvé on ne sait quelles "preuves" de l'inanité de la théologie catholique.
- Ce que je viens d'écrire ici ne vous vise évidemment pas, vous, Cd37, qui n'êtes pas de ce bord-là.
(1) Il ya des femmes pasteurs dans les communautés réformées : parce que ces communautés ne partagent pas la foi des Eglises catholique et othodoxe au sacrifice réel du Christ dans l'eucharistie, actualisé dans chaque messe ! ]
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Écrit par : croisedu37 | 05/07/2006
[ de : Sandrine]
> Je suis une femme, je ne revendique rien et je m'incline complètement devant la décision de l'Eglise, tout en vous citant ce que disait un dominicain : "c'est seulement le poids de la tradition, ça pourrait changer". Mais je suis choquée par l'article du P. Francis Volle dans "tresordelafoi" (site web) qui est très grossier pour les femmes, invoquant surtout comme raison du refus de l'ordination : les règles des femmes (!) le fait qu'elles ne sauraient pas garder le secret de la confession (!) et qu'elles ne chercheraient qu'à se faire mousser (!). Ce genre d'article ne peut que faire du mal et de la part d'un prêtre c'est étonnant...
[De P.P. à S. - Je n'ai pas eu connaissance des propos du religieux dont vous parlez. Ils me surprennent. Tels que le site en question les reproduit, ils seraient théologiquement et ecclésialement absurdes, et ils iraient à l'encontre de l'enseignement pontifical ! Voyez à ce sujet l'excellent livre d'Yves Semen : "La sexualité selon Jean-Paul II" (Presses de la Renaissance).]
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Écrit par : Sandrine | 28/07/2006
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