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12/06/2006

Panne de sacré ?

Sans polémique :  question amicale sur les "célébrations" telles qu'on les pratique ici ou là...


 

 

Ce blog veut aider à tourner la page des divisions entre catholiques, qui ont empoisonné la fin du siècle dernier et brouillé gravement la mise en oeuvre de Vatican II.

Ce n'est donc pas ici que l'on essaiera de rallumer des querelles à propos de préférences quant aux rites !

Mais je voudrais (une fois n'est pas coutume) faire une observation : non sur des préférences, mais sur la liturgie telle que l'Eglise catholique la prescrit... et sur celle qui est encore pratiquée ici ou là en France.Ce ne sont pas les mêmes.

Je prends l'exemple d'une honnête paroisse bretonne que je connais. Le samedi soir ou le dimanche matin, on y chante avec vigueur. Tout le monde est plein d'excellentes intentions. Le problème est que les intentions excellentes peuvent susciter de belles réunions ou d'émouvants débats, mais que l'eucharistie ne se réduit pas à ça. Le problème est, aussi, que les chants vigoureux et les propos sympathiques sont orchestrés par une animatrice, sympathique et vigoureuse, qui occupe à elle seule l'espace liturgique, comme si c'était un podium. Elle a même un siège près de l'autel : comme le célébrant.

Quand celui-ci arrive, d'ailleurs, l'assistance ne se lève pas.   Pendant la consécration, l'assistance ne marque pas de signe d'adoration. Etc.

En revanche, l'animatrice parle, chante et bouge énormémement devant l'assistance : avant, pendant, après. Tout le temps...

Il faut faire un effort, en sortant de cette église, pour se dire que ce à quoi l'on vient de participer se présentait comme l'eucharistie.

Par contre, il ne faut aucun effort - ayant assisté à cette vigoureuse séance d'animation - pour comprendre la diffusion de l'idée que "l'Eglise n'a aucune raison de ne pas avoir de femmes prêtres" : si l'eucharistie se réduit à faire chanter l'assistance et à tenir des propos pleins de chaleur humaine, alors toute la théologie de l'eucharistie exprimée par  le synode universel des évêques (octobre 2005), par le concile Vatican II, par Paul VI, par Jean-Paul II et par Benoît XVI, est une broutille. On peut l'écarter. L'animatrice de la paroisse bretonne l'écarte, d'ailleurs, d'un revers de bras sympathique et vigoureux.

Au bout du compte, on se retrouve hors de la théologie eucharistique. N'est-ce qu'un détail  ?

En toute amitié, je me permets de dire à l'animatrice et à l'assistance : réveillez-vous. Ecoutez ce que vous dit l'Eglise. Lisez ce que le concile dit de la liturgie de la messe. Ensuite, avisez...

Commentaires

[De : Qwyzyx]

> L'animatrice n'est elle pas plutôt un épiphénomène de la misère de l'Eglise de France qui manque de prêtres ?

ici à Rome, dans notre église de quartier, nous avons trois à quatre messes par jour tous les jours concélébrées par deux ou trois curés (ils sont toujours au moins deux, souvent trois).

le problème de l'ordination des femmes ne se pose pas ici.



[De P.P. à Qw. - Oui, l'Italie est mieux lotie que le reste de l'Europe occidentale sur le plan des vocations sacerdotales. Ce phénomène tient à diverses causes, dont la principale est sans doute la bonne image et l'ascendant que les prêtres italiens de l'ancienne génération (celle des années 1970) ont gardés, contrairement à ce qui se passait dans d'autres pays : on ne dira jamais assez combien le desséchement spirituel des "seventies" en France a contribué à vider les églises, et à laisser croire aux animatrices (vigoureuses et sympathiques) qu'il ne tenait qu'à elles de remplacer le curé. "Dites pas de bêtises, monsieur le recteur", disait l'une d'elles au curé d'une - autre - paroisse bretonne de ma connaissance, quand celui-ci se risquait à parler en théologien.
Le fond du (faux) problème du "sacerdoce des femmes" est théologique, ce n'est pas une question de nombre de prêtres ou de séminaristes. Ceux qui voudraient des prêtresses sont également ceux qui ne croient pas en la présence réelle du Christ dans l'eucharistie ! Il y a un lien, invisible mais essentiel, entre la conception de l'eucharistie et la notion de prêtre chez les catholiques et les orthodoxes. Croire en la présence réelle ("ceci EST mon corps") et croire en l'incarnation du Fils (un certain homme, en un certain lieu, à un certain moment de l'Histoire), c'est lié. Si le Fils a institué l'eucharistie en la confiant seulement à des hommes, il avait Ses mystérieuses raisons - d'autant qu'il était par ailleurs environné de femmes. Si nous décidons, entre nous, aujourd'hui, qu'Il faisait erreur, c'est que nous ne croyons pas réellement à Son existence historique, et que nous prétendons remodeler le christianisme selon le politiquement correct d'aujourd'hui. C'est ainsi que nous sortons de la théologie eucharistique, et du catholicisme, et même du christianisme, pour nous retrouver dans une sorte de soupe New Age...]


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Écrit par : Qwyzyx | 12/06/2006

> Tout à fait d'accord. Pour aller dans votre sens, le "progressisme" de cette génération des seventies est surtout une désacralisation du religieux. En effet, dans les sermons progressistes on trouve une véritable phobie du surnaturel. Le summum est lorsque j'ai entendu la semaine passée une importante théologienne (religieuse) progressiste faire une conférence sur la solitude. Son discours était très interessant...d'un point de vue social. Mais lorsqu'elle a abordé des exemples de l'évangile, tous le sacré s'envolait en fumée. Par exemple en parlant de la visite de Jésus à Zachée, et quand le Christ dit "le salut est entré dans ta maison" elle disait que le salut étant en fait le bonheur et la convivialité... Vision bien réductrice.
Ces gens ont peur du surnaturel. On comprend pourquoi une grande partie des églises se vident !

Écrit par : Charles Vaugirard | 13/06/2006

> Bravo pour votre article sur la "panne de sacré". Mais il faut savoir que cette panne (quasi généralisée) a été voulue: au cours de réunions de formation liturgique organisées par des responsables diocésains, on apprend aux organistes, maîtres de choeurs, animateurs (-trices) à ne pas respecter la liturgie de Vatican II. Etant moi-même organiste, je dois constamment batailler pour demander aux célébrant de respecter le missel. Ils n'en voient pas l'utilité... Et des témoignages identiques m'arrivent de presque tous les diocèses, hélas.

Écrit par : Denis Crouan | 18/06/2006

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