Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/05/2006

"Da Vinci Daube" ? Retour de Cannes

Le film est un nanard. Mais des foules iront le voir. Et sa charge antichrétienne ne doit pas être sous-estimée !

 

Voir aussi : http://www.signis.net/article.php3?id_article=398


 

 

---------------------------------------------------

Tout ça pour ça ? Le blockbuster annoncé n'est qu'un nanard ? Da Vinci Code se révèle comme le "série Z" le plus cher de l'histoire du cinéma ?

 

C'est mon impression, après m'être ennuyé pendant deux heures et demie.

 

C'est d'ailleurs ce que le tout-Festival se disait hier...  (et peut-être même Claire Chazal ! Elle avait un petit air confus dans le hall du Majestic... Etait-ce à l'idée  - effectivement gênante, vue la daube - d'avoir fait la promo de DVC à la fin de son 20 heures de l'avant-veille, en exhibant le numéro de Sciences & Vie ?).

 

Du coup, l'excitation des  médias autour de DVC et des questions connexes s'est dégonflée d'un seul coup. Seul à tirer son épingle du jeu : le Nouvel Observateur, qui a eu l'intelligence de faire sa couverture non sur le film - mais sur le fantasme des sociétés secrètes en général ! Comme quoi les bons journalistes restent les bons journalistes, quelles que soient leurs sensibilités.

 

Attendons tout de même avant de parler d'échec commercial : ce ne serait pas la première fois qu'un film, lapidé à Cannes, réussirait quand même auprès du public.

 

DVC n'est pas de taille  - techniquement - à modifier l'attitude de nos contemporains envers la foi chrétienne. Mais on ne peut pas se contenter de ce constat, ni  faire semblant de trouver tout ça sympa.

 

Sans doute s'ennuie-t-on en regardant DVC (ennui partagé par Tautou, Hanks et Reno qui n'ont pas l'air d'y croire une seconde pendant deux heures et demie). Mais justement : par contraste avec cet ennui bavard, quelques scènes "fortes" se détachent tout de même dans DVC.  C'est d'elles que le spectateur se souviendra. Et ce sont les scènes anti-chrétiennes. Elles sont nombreuses et violentes : plus encore dans le film que dans le roman !

 

- Ainsi les séquences d'autoflagellation du "moine tueur de l'Opus Dei" : lourdement morbides, faites pour dire que le chrétien est un masochiste dangereux, elles arrachent des cris de dégoût au public.

 

- Ainsi la séquence où l'on voit un "inquisiteur" faire noyer des femmes (parce que les femmes sont "libre-penseuses", déclare le film !).

 

- Ainsi les incessantes agressions verbales contre l'Eglise, censée avoir fait (au cours de l'Histoire) le malheur "des peuples de couleur et des femmes".

 

- Ainsi les séquences-clés où l'on voit se réunir le "groupe secret" censé tirer clandestinement les ficelles du Vatican et de l'Opus Dei : cardinaux à l'allure de chefs mafieux, fumant le cigare et roulant en limousine noire, façon Cosa Nostra...

 

- Ainsi surtout l'Opus Dei * : le film nous le présente carrément comme une "secte", dirigée par un prélat fourbe et fou qui fait tuer (par son "moine") tous ceux qui pourraient réfuter le "grand mensonge".

 

Et le grand mensonge, nous explique le film, c'est le catholicisme en lui-même. DVC pousse le spectateur à penser - encore plus fort - ce que l'air du temps diffusait déjà partout en Occident : que l'Eglise ment depuis deux mille ans ; que Jésus était sans doute un type bien (avec un "message") - mais évidemment pas le fils de Dieu ; et, finalement, que le christianisme ne survivra qu'à condition d'abandonner son contenu et de devenir l'une des succursales du prêt-à-penser contemporain.

 

"Tu es la dernière descendante de Jésus-Christ (sic) mais ce qui compte c'est ce que toi tu crois", dit Tom Hanks à Audrey Tautou, avec une gravité ridicule, au bout de deux heures et quart de gloubiboulga ésotérique. En réalité cette phrase s'adresse à chaque spectateur. Et elle est du niveau d'une émission de télé-réalité. "Reste toi-même" :  c'est la consigne donnée à l'individu-consommateur, et ça veut dire : "N'écoute personne, ne raisonne pas, laisse-toi envahir par tes émotions" ; sans préciser que ces émotions nous sont infusées (de l'extérieur) par le martelage psychologique de la société matérialiste mercantile, qui asphyxie la vie intérieure.

 

Cette société nous fait vivre dans un horizon de fausses évidences. L'une de celles-ci est la nocivité du catholicisme romain. L'un des aspects particuliers de cette nocivité est la "monstruosité" imputée à l'Opus Dei. Si l'Opus est un monstre, alors ce monstre est nourri par l'Eglise, puisque l'Opus est une institution d'Eglise : tel est l'angle de tir de Brown & Howard. Tel est le ressort sur lequel mise Hollywood pour faire de l'argent aujourd'hui...

 

C'est pourquoi je publie ce livre :  L'Opus Dei - Enquête sur le "monstre", pour permettre au public de se faire une idée exacte du dossier. Si l'axiome de la "monstruosité" se révèle faux, alors toute l'entreprise de DVC (45 millions de lecteurs) s'en trouve délégitimée.

 

Mais pas annulée pour autant...

 

Dan Brown et Ron Howard, en effet, surfent sur la cathophobie de la société matérialiste mercantile. Même si le chiffre des entrées-salles devait décevoir les producteurs du film, le préjugé de masse envers l'Eglise et ses "dogmes" demeurera, parce qu'il est lié au climat de l'époque. C'est ce préjugé que les catholiques croyants auront à affronter ou à contourner : sans pessimisme, sans nostalgies, en se montrant bons témoins d'une foi qui n'est plus connue des foules  - mais à laquelle il faut leur rouvrir accès.

 

Dans l'immédiat, DVC (aussi mauvais film qu'il soit) semble vérifier et valider le préjugé, même aux yeux des spectateurs qui s'y ennuient. Que Howard ait fabriqué un nanard ne change rien à l'air du temps.

 

P.P.

 

 

(*)  Dans le film, le commissaire Fache  - personnage de "méchant" -  est un membre de l'Opus Dei. Dans le roman, il ne faisait pas partie de cette organisation... La charge polémique du film est donc plus violente que celle du roman.  (Fache, dans le film, porte même au revers de son veston "l'insigne de l'Opus Dei" ! Ce qui est une invention particulièrement mal venue : porter un insigne est le contraire de l'esprit opusien).

19:45 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (9)

Commentaires

> Encore une fois, je suis d'accord avec vous. Car, contrairement à d'autres, je pense que le rejet par la critique peut être un motif d'intérêt pour le public, dans le pur sentiment de la "conspiration des élites", qui veulent discréditer le film et mépriserait le "peuple" qui croit au DVC... Et se "réjouir" de la mauvaise qualité du film ne serait vraiment pas une réponse adaptée. Certains considèreraient peut-être même que, s'"ils" se réjouissent de cette mauvaise qualité, c'est parce qu'ils ne veulent pas que trop de gens le voient, puisqu'il contient la vérité... Lorsque l'on part dans le conspirationnisme, on n'en sort, je pense, que par la transparence, l'explication, et en prenant l'interlocuteur au sérieux, même si la tentation est grande de le prendre de haut.

Écrit par : koz | 20/05/2006

> Existe t-il une prise de position officielle de l'Eglise invitant les fidèles à ne pas aller voir le film "Da Vinci Code". Si oui, vous serait-il possible de publier le texte de cette prise de position ?
Je vous remercie.

Jacques


[PP à J - Non, à ma connaissance. L'Eglise ne donne jamais de consignes de ce genre, contrairement à ce que croient les ultra-laïques ! Les très rares évêques qui ont parlé de boycott n'engageaient qu'eux-mêmes, et n'ont pas eu l'approbation de leurs collègues. ]



Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Jacques | 20/05/2006

> voir le site
http://www.davinci-codex.com/actu/index.php3
un sacré travail !

Écrit par : sensiblerection | 21/05/2006

> En effet, ce film peut avoir une influence. Je ne suis pas cependant d'accord avec ceux qui prétendent à un échec de l'Eglise en France au prétexte qu'elle a failli dans son éducation religieuse parce qu'un nombre important de Français pensent que ce que le livre raconte est vrai. C'est oublier que la France est un pays laïc qui a tout fait pour extraire de l'opinion la culture religieuse. Le nombre de fidèles est en baisse constante. Les églises ferment. La perte de l'influence de l'Eglise est donc une conséquence de la politique intérieure de la France et la crédulité des Français à propos de ce livre s'explique tout à fait. Ce livre - d'ailleurs - ne fait que profiter d'une perte du sens critique assez commun aux Français, quelqu'en soit le sujet (voir le succès de BHL). Gloser sur le recul seul de la religion est aussi réducteur quand on sait que la rubrique la plus lue dans un journal est l'horoscope. Un pays où la superstition et la magie remplacent la religion n'est pas à proprement parler un pays moderne, surtout quand le président de la République lui même consulte les astrologues comme le faisait Mitterrand, j'ignore ce qu'il en est de l'actuel.
Le succès du Da Vinci Code relève donc plus de la poltique laïque que d'un éventuel échec de l'Eglise.
Vivant à Rome je ne ressens pas du tout ce tohu bohu autour de ce film malgré tout ce qui ce dit.
Je crois qu'ici, les gens s'en foutent.

Qwyzyx

Écrit par : Qwyzyx | 21/05/2006

à Qwyzyx

> "C'est oublier que la France est un pays laïc qui a tout fait pour extraire de l'opinion la culture religieuse. Le nombre de fidèles est en baisse constante. Les églises ferment. La perte de l'influence de l'Eglise est donc une conséquence de la politique intérieure de la France et la crédulité des Français " - Pourquoi ne penserias-tu pas que ce phénomène de recul est plutôt du au discour archaïque ét réac de l´église? Pourquoi penser que le peuple est si bête et tous ces braves français un peu cruche vont croire ce livre, mais ils sont assez intelligents pour ne pas croire les sornettes du Vatican et laissé l´église de coté?
Moi je parlerais plutot de crédulité pour ceux qui continue a aller à l´église et à écouter des papes infaillible....

http://pensamiento.over-blog.com/

Écrit par : Christophe Moreau | 22/05/2006

> Tant de parano de la part des croyants pour un film et un livre me surprend infiniment..... Pourquoi cette peur du recul de l´église?? si tu es bien avec ton dieu et que tu fais ce qui est correct pourquoi t´inquiéter si un autre ne le fais pas? Dieu ne nous a pas donner le libre arbitre?
Mais cette parano ne se justifie pas, il a été fait des dizaines de films sur la CIA, sur l´armée americaine, sur etc... des dizaines de film sur lesquels la CIA et l´armée américaine n´ont jamais fait de commentaire, mais au Etats Unis il existe un droit constitutionel qui s´appelle la liberté d´espression, et on sait tous que cette liberté comme beaucoup d´autre n´est pas trés bienvenue au sein de l´peglise catholique.

http://pensamiento.over-blog.com/

Écrit par : Christophe Moreau | 22/05/2006

> je n'arrive pas à trouver vos livres à la FNAC: ni Benoit XVI ni l'Opus Dei. Seriez-vous victime d'un boycott?
Pourtant la FNAC invite des auteurs à des débats dans son Forum. Elle serait bien inspirée de vous inviter.

F.

[De P.P. à F. - Deux FNAC de la région parisienne ont effectivement tardé à mettre mon "Opus Dei" en rayon... Mais elles avaient également tardé à mettre en rayon le "Marie" de Duquesne... Il faut incriminer le circuit interne de ces magasins géants, plutôt que ce songer à un boycott. D'autant que mon livre était en place dans d'autres FNAC au même moment. Quant au "Benoît XVI", il est toujours en bonne place à la FNAC Parly 2 (neuf mois après sa parution). ]

Écrit par : françois | 22/05/2006

> Je vous ai entendu dialoguer avec Isabelle Laffont, éditrice française du DVC, sur Europe I.
Pourquoi ne dit-elle pas que Dan Brown n'a cessé d'opérer des replis stratégiques sur son site, quant à la véracité qu'il affiche en première page de son livre: depuis "tout est vrai dans ce roman (oeuvres d'art, lieux, documents historiques, organisations) " il y a trois ans (28. 8. 2003) , jusqu'à "les oeuvres d'art, les lieux, les documents sont réels" à présent (30.1.2006)?

Écrit par : louis | 22/05/2006

> En tant que catholique, je me suis intéressé tardivement au livre et au film. Le clergé qui déconseille la lecture ou la vision de film est succeptible de passer pour celui qui veut cacher quelque chose. Le livre : une intrigue policière alléchante, même sympathique, sorte de livre d'été qu'on lit rapidement. Il ressemble à un scénario. Cependant, le fond est trop gargantuesque pour être avalé, pour un chrétien. Toutefois, l'anticléricalisme du livre et du film : je le trouve nul moi aussi, on s'ennuie, des acteurs pas expressifs, enfin un film grand public et de surcroit hollywoodien. Il peut etre dangereux dans le mesure où les lecteurs non croyant sont prets à croire n'importe quoi du moment que le matérialisme et leur conviction première restent prédominants.
J'ajoute que le fait de lire le livre ou voir le film nous aide à contrer les détracteurs de l'Eglise et peut nous permettre d'agir en pédagogues. Ne nous fermons pas : on essaie depuis des siècles de conspuer l'Eglise avec des caricatures, et elle est toujours là.
En ce dimanche de la Pentecôte, que l'Esprit Saint nous guide.
Bien cordialement,
Geoffrey

Écrit par : Defebvre Geoffrey | 04/06/2006

Les commentaires sont fermés.