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10/04/2020

Vendredi Saint : “Peut-il y avoir rien d’analogue ?”

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L’acte rédempteur du Golgotha, selon Hans Urs von Balthasar :


<<  Devenir solidaire des perdus, c’est plus que mourir pour eux en les représentant d’une manière extérieure. Plus aussi que proclamer la parole de Dieu de telle sorte que cette proclamation conduise accidentellement, par l’opposition qu’elle suscite parmi les pécheurs, à une mort violente. Plus encore qu’assumer seulement leur commun et inévitable destin de mort. Plus enfin que simplement prendre sur soi de façon consciente la mort constitutivement immanente, depuis Adam, à toute vie de pécheur et faire personnellement de cette mort un acte d’obéissance et de don de soi à Dieu – quand bien même la pureté et la liberté de cet acte resteraient inaccessibles à tous les autres hommes qui sont pécheurs, et fonderaient ainsi un « nouvel existential » de la réalité du monde.

Au-delà de tout cela – qui peut avoir sa valeur relative – l’acte rédempteur consiste à assumer, d’une manière absolument unique, tout le péché du monde.

Et il est l’acte du Fils absolument unique du Père, dont la double nature, humaine et divine, est seule capable d’une telle mission. Qui, sauf lui, aurait « le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre » (Jean 10,18) ?

Peut-il y avoir rien d’analogue au « second Adam » en qui « tous revivront » (1Corinthiens 15,22), à celui qui est seul « monté au ciel », le Fils de l’homme « descendu du ciel » (Jean 3,13) ?

Existe-t-il une transition quelconque entre la vanité de tous les anciens sacrifices et la force absolue et décisive du sacrifice du Christ, lui aussi absolument unique et non réitérable (Hébreux 7,9) ?

Existe-t-il d’autre point de convergence de tous les sacrifices et de toutes les liturgies vétérotestamentaires (et si l’on veut, païennes), des lois et institutions religieuses, des prophéties et symboles, des fonctions sacrales et profanes qui, dans leur caractère disparate, restent toutes inconciliables entre elles, existe-t-il d’autre point de convergence que l’unique Golgotha, où toutes choses sont accomplies, dépassées, abolies et remplacées par l’œuvre unique que Dieu accomplit ? Dieu en tant qu’homme, certes, et Dieu seulement en tant qu’homme… Cependant non pas Dieu avec un homme quelconque, mais Dieu, l’absolument unique, dans cet homme absolument unique qui est l’unique parce qu’il est Dieu. Et qui, pour cette unique raison, peut aussi faire participer à sa croix unique les hommes ses semblables, avec lesquels il est plus profondément solidaire qu’un homme ne peut jamais l’être avec un autre – et cela dans la mort où chacun, par ailleurs, est absolument solitaire… >>

 

 

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