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26/04/2017

Moins bien vu chez les Whirlpool que chez les 'expats'

Ci-dessous, le Jeune Candidat Macron à Londres le 21/02 (photo) chez les expatriés français : "public offrant l'image quasi-caricaturale des élites mondialisées, jeunes, diplômées et bien payées" (Le Monde, 23/02)

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Sifflé-houspillé le 26 avril par les futurs chômeurs d'Amiens, Emmanuel Macron a dû penser avec nostalgie aux expats de la City ("Manu reviens parmi les tiens !") :


 

► C'était le 21 février au Central Hall... Emmanuel Macron "faisait un saut à Londres" pour passer quelques heures parmi les siens : traders et cadres de la finance, patron(ne)s de start-up et de fonds spéculatifs. Aux anges en l'entendant dénoncer "le système français qui empêche les gens de réussir", ces jeunes winners misaient tous sur l'élection du Jeune Candidat. Pourquoi ? Parce que le Brexit les forcera peut-être à rentrer dans l'Hexagone, shitland qu'ils avaient fui pour booster leur income. Cette perspective devenait soudain moins atroce si l'ex-banquier entrait à l'Elysée ! Le soir du 23 avril c'est chose faite  (ou presque, façon Rotonde). Explosion de joie chez les expats !

En témoigne la Lettre de la City d'Eric Albert, dans Le Monde du 26/04 :

<<  "Pour beaucoup de Français au Royaume-Uni, ça redonne enfin une bonne image de notre pays, la fierté d’être Français", témoigne Ygal El Harrar (1), le leader d’En marche ! pour le Royaume-Uni : "avant, il était hors de question de retourner en France. Désormais, ça devient une possibilité." [...]  En Angleterre, Emmanuel Macron a réalisé un raz-de-marée électoral, en récoltant 51,4 % des suffrages [...]  Beaucoup de ces Français qui vivent l’expatriation se sont retrouvés dans la vision d’En marche ! de la mondialisation assumée, qui conjugue libéralisation économique et sociétale, sorte de blairisme qui ne dit pas son nom. [...] Conscient de ce terreau fertile, M. Macron est venu à trois reprises dans la capitale britannique depuis un an... >>

 

► Selon la Lettre de la City, la majorité des membres d’En marche ! au Royaume-Uni viennent de la droite : mais M. Fillon ne leur a pas pas semblé assez ultralibéral, défaut qui se dit (en leur langage) "être trop franco-français". Une seule expat affiche un autre parcours politique : "entrepreneuse dans la stratégie en communication après avoir passé une décennie dans la salle des marchés de Goldman Sachs", elle avait toujours voté à gauche, mais elle dit avoir trouvé en M. Macron "la synthèse entre ses origines politiques et sa vie économiquement libérale"... Sa trajectoire est donc un cas d'école, parfait exemple de l'influence de l'infrastructure (économique) sur la superstructure (idéologique).

Le mot de la fin revient à "Sasan Mahdian, 32 ans, qui travaille dans un grand cabinet d'audit" : ce qui séduit ce sarkozyste chez M. Macron, c'est "le fait qu'il soit un ancien banquier"...  "Je veux des banquiers, des talents, des chercheurs, des universitaires", avait lancé le Petit Prince le 21 février (là c'était un appel,  non aux seuls Français de Londres, mais à tous les résidents censés fuir le Brexit). Pas un mot sur les ouvriers, ces "inemployables" comme on dit dans le milieu du Jeune Candidat !

 

C'est le moment de lire l'analyse d'un professeur à l'université de Genève, Bruno Amable (2), dans Libération du 26/04 :

<<  Macron était le candidat du patronat, au moins à égalité avec Fillon, et même du patronat de services et financier. [...] La base sociale de Macron est le bloc bourgeois, dont le cœur est composé des classes moyennes et supérieures à haut niveau d’éducation [...]  Macron a promis une rupture néolibérale, particulièrement dans la relation d’emploi, mais aussi, de façon plus discrète, dans la protection sociale. [...]  Le mouvement social le plus important de ces dernières années contestait la loi travail inspirée par Macron, qui veut aller plus loin dans cette direction en légiférant par ordonnances pendant les vacances d’été. Le pari de Macron à cet égard est que sa croyance dans le «Uber plutôt que chômeur» soit juste et suffise à contenter le salariat.... >>

 

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(1) courtier à Exane BNP Paribas. L'autre animateur d'En marche ! à Londres est un fondateur de fonds spéculatif, issu de Goldman Sachs.

(2)  Auteur de L’Illusion du bloc bourgeois (éd. Raisons d’agir, mars 2017).

 

►  Rappel :  nos critiques envers M. Macron n'impliquent aucun soutien à Mme Le Pen : les lecteurs de Laudato Si et Evangelii gaudium savent que le FN est aussi peu cathocompatible que les autres partis. "Alors vous vous abstiendrez le 7 mai ?" Oui. Chacun sa conscience.

 

Commentaires

SHITLAND

> Merci PP de ce morceau de bravoure, mon épouse et moi avons bien ri ! Spécialement à "l'Hexagone, shitland qu'ils avaient fui pour booster leur income"... Vive la République ! Vive la France !... En tout cas, cherchons les voies et moyens de l'enracinement véritable.
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Écrit par : Alex / | 26/04/2017

PLUMES

> Dommage qu'à Amiens il fabriquaient des lave-vaisselle. J'aurais bien Manu suspendu à une barre après avoir été plongé dans du goudron et des plumes...
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Écrit par : VF / | 26/04/2017

WHO IS TEACHING ?

> Connaissez-vous "Teach for France", la branche française du réseau"Teach for all", émanant lui-même de l'association américaine "Teach for America" ? Une association qui recrute des jeunes diplômés - à bas coût- pour les envoyer auprès des établissements des quartiers en difficulté... Beaucoup de choses pas claires dans les buts et le fonctionnement de ce machin...
http://www.teachforfrance.org
Deux analyses très éclairantes :
http://www.humanite.fr/teach-france-un-danger-pour-lecole-publique-613350
http://www.normalesup.org/~pcuvelier/wwwsecondaire/TeachForFrance-analyse-2016aout19.pdf
Quelque chose me dit qu'on risque d'en entendre parler ces prochains mois (hélas)...
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Écrit par : Feld / | 26/04/2017

LASSALLE

> Je vous rejoins Patrice dans le plus grand parti de France, l'abstention, pour ce second tour.
J'avais, pour ma part, introduit un bulletin Jean Lassalle dans l'urne au premier tour, le candidat marcheur et non en-marcheur, celui qui avait fait une grève de la faim et chantait au Palais Bourbon.
Il me semblait le candidat de la ruralité, des honnêtes gens d'en bas. Même si ce fut après une très longue hésitation, j'avais en mémoire l'opposition ferme de Lassalle à la Goutte d'Eau, époque Eric Pététin, ses propos troubles, "plus berger que pasteur" sur l'ours Claude tué en "sa" vallée d'Aspe en 1994, et bien d'autres vétilles encore, dont l'inventaire serait fastidieux.
NB: à propos de Pététin, il fait à nouveau parler de lui à l'occasion d'un énième Grand Ouvrage Ruineux Impactant et Inutile -comme vous en avez tous près de chez vous- on ne souligne pas assez à mon sens la paternité de l'Apache en ce qui concerne le mouvement éco-warrior et zadiste français:
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2017/04/25/oloron-eric-petetin-bloque-le-chantier-de-la-gabarn-gurmencon,2117958.php
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Écrit par : Aventin / | 27/04/2017

ORLÉANISTE

> Votre analyse rejoint celle de Bruno Jeudy, mardi soir sur "C dans l'air", lorsqu'il affirmait qu'au fond, Emmanuel Macron était le candidat de la droite orléaniste, selon le schéma des trois droites de René Rémond. Beaucoup de points communs peuvent être trouvés entre Macron et le VGE de 1974 :
- libéralisme économique et sociétal (ministère de la Condition féminine, légalisation de l'avortement),
- acceptation du libre-échange, de la mondialisation,
- profil jeune et dynamique, se voulant polyglotte,
- formation élitiste ayant nourri un sentiment d'appartenance à l'élite,
- omniprésence de la finance dans le parcours politique ou professionnel.
Giscard lui aussi se serait senti davantage à l'aise parmi les expatriés français de Londres (bien moins nombreux en 1974) que devant les masses ouvrières victimes de la loi du marché (les "dîners chez l'habitant" et autres concerts d'accordéon ne trompaient personne à l'époque).
Giscard et Macron partagent une même vision libérale, les plaçant de fait dans la même tradition politique orléaniste.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/04/2017

LEURS ALLOCS

> Je me souviens aussi que ces petits messieurs londoniens, si honteux d'être français, étaient discrètement rentrés en France toucher leurs allocations il y a dix ans, lorsque la crise frappant la finance leur avait valu les licenciements de masse de la City. Mais ils n'apprennent rien, n'analysent rien (pas même la Bourse, du moins pas intelligemment), ils reprennent les slogans de 2007 avec le même entrain que si l'explosion du système financier dérégulé n'avait pas eu lieu. Ces "hauts niveaux d'éducation" sont incapables d'une pensée. Les moments où, sur France Culture notamment, M. Macron a tenté d'avoir l'air intelligent étaient pathétiques : c'est un élève de seconde.
Quant à croire Mme Le Pen plus sensible au sort des ouvriers, il faut être naïf.
https://www.bastamag.net/Au-Parlement-europeen-les-votes-meprisants-du-FN-et-de-Marine-Le-Pen-a-l-egard

PS : j'espère que LCI vous conviera tout de même. Enfin dans ce débat une voix de catholique instruit de la doctrine... Je ne supporte plus les articles dévots qui nous expliquent que ne pas voter pour M. Macron fait de nous des collabos, ni les blogs pieux mais repus qui ricanent, dans un fauteuil moelleux, que la France peut bien supporter une petite once de libéralisme.

Lucas


[ PP à Lucas :
- Dévots macronistes : il y a une heure, sur Facebook, un ex-enseignant à la Catho m'accusait de pratiquer "sans même m'en rendre compte" le "langage de Mussolini fondant le fascisme". Motif : la note ci-dessus, coupable de critiquer Macron ...
- Dévots fillonnistes (en mars) : le personnage tweetant que FF était "l'homme du Christ dans cette présidentielle".
Les élections rendent fou. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Lucas / | 27/04/2017

EXPATS

> Idem à Copenhague atteinte de macronite aiguë, mais en seconde position vient Mélenchon, bien avant Fillon.
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Écrit par : Robert Culat | 27/04/2017

MACRONOLOGIE

> Uber [en bon français : esclave] plutôt que chômeur… La vision macronesque du monde, et notamment de l’économie, celle-là même que dénoncent les salariés de Whirlpool, est profondément anti-évangélique parce qu’elle heurte cette pierre d’achoppement qui constitue l’assise première du bien commun : le mépris des petits, le scandale étalé à la vue de tous et qui touche et blesse avant tout les plus petits ; lesquels, en l’occurrence, perdent leur emploi pour satisfaire l’appétit de dividendes de l’actionnariat.
Je nous renvoie à Marc 9 ou à Matthieu 18.
Marc 9 (35-37) : « S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : “Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.” Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : “Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé”. »
Matthieu 18 (2-6) : « Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : “Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. (…) Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer”. »
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Écrit par : Denis / | 27/04/2017

BIEN PLACÉ

> Une minorité d'expatriés voit clair. Exemple extrême pas unique, loin de là : un cadre de haut niveau de la Banque centrale européenne claquant le porte et devenant soutien de F. Asselineau ! Il était bien placé pour comprendre.
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Écrit par : Pierre Huet / | 27/04/2017

FILLON LE "CATHO"...

> À propos de « l'homme du Christ », cet extrait d'un article (http://www.lepoint.fr/politique/sens-commun-fillon-pour-le-meilleur-et-pour-le-pire-25-04-2017-2122409_20.php#xtor=CS2-239), que je trouve piquant :
« Le Sarthois, père de cinq enfants, qui habite à côté de l'abbaye de Solesmes, a dû leur donner des gages, c'est vrai, mais sans incidence programmatique. Il a corrigé ses propos sur l'IVG, qui ne serait plus « un droit fondamental », avortement qu'il a rejugé à l'aune de sa « foi personnelle »… De quoi faire tousser ceux qui connaissent bien ce séguiniste. À Jean-François Copé qui lui demandait, le jour où Juppé refusa d'être le plan B, de calmer le jeu sur son « côté catho », il a répondu : "Je m'en fous de tout ça, je ne vais jamais à la messe !" »

Dommage qu'il ne paraisse qu'après le premier tour...
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Écrit par : Ghislain / | 27/04/2017

UNE VISION DU MONDE

> Ce qui est en jeu assez profondément dans ce choix de second tour, c’est une vision du monde et de la place de la France dans le monde. Macron n’est pas si flou, il est même assez clair : son projet, c’est que la France soit en marche dans le vaste monde hyper-concurrentiel, qu’elle compte parmi les vainqueurs de cette mutation historique.
C’est une vision de l’histoire qu’il développe.
Si en effet le monde qui vient est un « monde unique » qui s’impose à nous et que nous n’avons pas de prise sur cette sorte d’évolution irrépressible, alors Macron a raison. Macron veut donner un souffle quasiment mystique à cette vision et à ce projet pour la France. Reconnaissons qu’il fait preuve d’une certaine magnanimité, qu’il présente un chemin et une perspective, ce qui est assez nouveau après 35 ans de débats autour de la technique économique.
Dans cette perspective, les options économiques de Macron ne sont pas d’abord d’ordre technique, ce sont les options fondamentales qui correspondent profondément à l’infrastructure économique qui est le moteur de cette mutation.
La mondialisation-globalisation postmoderne, c’est un monde en mouvement perpétuel, un monde de l’hyper-mobilité et de l’adaptabilité permanente de toute chose (y compris les mœurs) à mesure de l’extension permanente du domaine du marché.
Comment nous positionnons-nous par rapport à ce monde et donc par rapport à cette infrastructure économique ?
C’est une question cruciale que cachent peut-être un peu les excès de pression autour du « ¡No pasarán! ».
Si Macron est élu, hypothèse hautement probable, sa difficulté sera de porter concrètement cette vision dans un pays où la socio-géographie majoritaire n’adhère pas aux options fondamentales du monde nouveau. C’est, plus largement, un gros défi à relever dans les 10 ans qui viennent pour les gouvernements « mainstream » dans nombre de pays européens.
Comment vont-ils faire ? "En marche !" ou crève ?
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 27/04/2017

INJONCTIONS PARADOXALES

> Une fois de plus, nous voici placés devant des injonctions paradoxales.
Désobéissez-moi! clame le système aux rouages que nous sommes, tout en nous susurrant : "je vous aime" (au moins une fois par lustre, vive le quinquennat!...).
Oui, je vous aime, quand je vous vois rassemblés comme des moutons prêts à venir se faire tondre dans ma bergerie... Mais "en marche ou crève!" toi qui prétends penser par toi même et t'opposer, ne serait-ce qu'intellectuellement, à ce que le système a déjà conçu comme devant te contenter: qui la PMA, qui la GPA, qui le RSA, qui la culture apatride mi-Puy du Fou (faut ratisser large quand on prétend aimer tout un chacun) et mi-berlinoise (Macron a le soutien du philosophe Habermas, chantre du consensus, un sacré label...).
Et au cas où on aurait affaire à un diplodocus d'avant la pensée unique, on aura toujours moyen d'écourter la plaisanterie douteuse, grâce à la sédation profonde.
Vous avez aimé Taubira, vous allez vous régaler avec Macron! Retournez-vous et marchez droit! La "société liquide" est sous le pressoir de la globalisation, Brave New World et Big Brother sont aux commandes, dormez braves gens!
On vous dit même pour qui vous devez voter, alors hein!... Si c'est pas une marque d'amour, ça...?
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Écrit par : Arion / | 28/04/2017

à Eloi

> Je partage votre compréhensible stupeur (pour ne pas dire plus) devant cette contradiction :
mais les cas aussi personnels que celui-là n'ont pas leur place dans nos fils de discussion.
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Écrit par : PP à Eloi / | 28/04/2017

FUITE EN AVANT

> "Marche ou crève" ? je dirai plutôt que c'est la fuite en avant.
On est alors bien loin du bien commun, voire même d'un intérêt général (=sacrifice d'une minorité au profit d'une majorité), pour aller vers une oligarchie : celle de ceux qui profitent d'une économie qui n'est plus que basée sur un système d'endettement où seuls ceux qui sont près du robinet de l'argent facile peuvent en profiter.
L'ouverture de Macron, c'est celle vers un système toujours plus ouvert (libéral), où les multinationales et banquiers d'affaires tiennent les manettes.
Dire qu'il faut "se positionner dans la mondialisation", c'est accepter d'avancer toujours plus dans ce système.
(par exemple, n'oublions pas la campagne refusée par l'autorité de régulation https://leprixdelavie.medecinsdumonde.org/fr-FR/ ,
si ce n'est pas le règne de Mammon, je ne sais pas ce que c'est / je n'irai pas jusqu'à suggérer de changer 2 lettres...)
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Écrit par : franz / | 30/04/2017

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