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19/04/2017

Economistes contre Macron-Fillon et pour... Mélenchon

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Analyses économiques insolites publiées ces jours-ci :


 

 

Dimanche dernier au marché, non loin de Versailles, une dame péremptoire (JDD dans le cabas) se félicite de la présence de deux stands politiques seulement - ceux des militants de Macron et de Fillon : "les deux seuls bons en économie ! Les autres c'est la catastrophe, surtout Mélenchon." Sentence évidemment partagée chez Fillon, fort de l'appui consubstantiel du lobby des assurances. Et chez Macron, parrainé par quarante économistes libéraux officiels (Fitoussi, Betbèze, Bourguignon, Le Monde 12/04) qui voient en lui "la jeunesse, l'inovation et l'investissement"... Mais ces officiels ne font pas l'unanimité dans la corporation des experts en économie :

 

 

1. Pour les 'Economistes atterrés', le programme Macron "oublie les vraies leçons de la crise"

Leurs arguments (Le Monde 19/04) :

Le chômage de masse ne s'explique pas "uniquement par les rigidités du marché du travail", et on n'y remédiera pas avec encore plus de flexibilité (= encore moins de protection des salariés) :  "depuis 1980 la flexibilisation du travail est en marche" mais "le chômage et la précarisation de l'emploi n'ont cessé de progresser". "L'Allemagne, qui a certes diminué son taux de chômage, l'a fait par des gains de compétitivité qui ont déstructuré la zone euro, par l'extension de la pauvreté au travail et par la décrue démographique."

On ne peut prétendre que le 1,5 million de chômeurs supplémentaires depuis 2008 serait dû "à un problème de formation" : "les entreprises profitent du chômage de masse pour augmenter leurs exigences à l'embauche, alors que jadis elles acceptaient de former les salariés embauchés aux compétences requises..." C'est de création d'emplois qu'on a besoin, non de "formation" hors des entreprises.

Dès 2011, de nombreux économistes avaient alerté sur les dangers de l'austérité en période de faible activité économique. Or Macron, conseiller de Hollande puis ministre de l'Economie, "a refusé de remettre en cause les règles européennes"... "Son programme prône toujours des coupes budgétaires, poursuivant la logique austéritaire qui a fait de la zone euro le malade de l'économie mondiale. Pire, son objectif consiste à se couler dans les contraintes européennes, en lançant le programme de réformes structurelles demandées par la technocratie européenne."

"Le programme Macron repose sur la foi en une croissance portée par des innovations perpétuelles impulsées par de courageux entrepreneurs, passant par des destructions d'emplois et financés par un système bancaire et financier libéralisé. Ce schéma ne tient compte ni des contraintes écologiques, ni des besoins sociaux. Plaisants économistes qui ne veulent pas voir les impasses où nous plongerait ce programme."

  "Nous préconisons un changement de trajectoire qui tire toutes les leçons de la crise financière, économique et écologique."

 

 

2. Pour une centaine d'économistes français et étrangers (Libération 18/04), c'est Mélenchon qui représente "une politique économique sérieuse et à la hauteur des enjeux"

Extraits de leur appel : 

  "Alors que la France n’est toujours pas sortie de la stagnation économique qui fait suite à la crise de 2007-2008, Emmanuel Macron et François Fillon veulent poursuivre et intensifier les politiques de coupes dans les dépenses publiques, de démantèlement de l’Etat social et du droit du travail, menées sans relâche par les gouvernements précédents. Ces politiques ne servent que les plus riches. Elles ne conduisent qu’à plonger le pays dans le cercle vicieux du chômage et de la précarité... A l’inverse, les solutions proposées par Jean-Luc Mélenchon sont, à nos yeux, les seules capables de répondre aux cinq urgences majeures de notre temps. Elles forment un cadre cohérent et rigoureusement chiffré qui tient compte des équilibres budgétaires, non pas en se lançant dans une course à l’austérité, mais en proposant un programme économique précis et ambitieux reposant sur une plus grande justice fiscale, une politique d’investissement et une émancipation vis-à-vis des marchés financiers."

"Le plan d’investissement de 100 milliards d’euros sur cinq ans proposé par Jean-Luc Mélenchon est correctement proportionné. Il focalise à raison la dépense sur des secteurs essentiels à fort coefficient multiplicateur (transition énergétique, infrastructures scolaires, transports publics, santé, etc.) et qui ne sont pas ou peu soumis à la concurrence internationale ; ces critères garantissent son efficacité comme son financement, conformément aux préconisations d’un récent rapport sur ce thème (Xavier Ragot et Francesco Saraceno dir., 'Investissement public, capital public et croissance', 2016, OFCE)."

"Des mesures comme la revalorisation du Smic, des retraites ou des minima sociaux, ainsi qu’une véritable politique d’égalité salariale femmes-hommes, sont plus que nécessaires. Combinée à un ambitieux plan de réduction du temps de travail (sixième semaine de congés payés, application effective des 35 heures, limitation du temps partiel imposé…), la politique d’employeur en dernier ressort de l’Etat et des collectivités publiques proposera une formation et un emploi de qualité à haute valeur ajoutée sociale (construction d’infrastructures, travail avec les associations à but non lucratif, contribution à la transition écologique…) à toute personne voulant et étant capable de travailler."

"Il s’agit de combattre la financiarisation de l’économie qui a causé des dommages importants à notre tissu productif et, partant, au secteur tertiaire, souvent dépendant des industries.[...] La dotation et les missions de la Banque publique d’investissement devront être étendues. L’octroi des crédits et les prises de participation doivent sortir de la stricte logique de la rentabilité financière pour privilégier une vision à long terme. Le contrôle du système bancaire français par la Banque de France doit être renforcé et la séparation des banques d’affaires et de dépôt doit être appliquée sans tarder. Les mouvements de capitaux spéculatifs doivent être contrôlés pour que la spéculation cesse de nuire à l’investissement."

"L’entreprise doit être refondée et doit avoir comme finalité de produire des biens et des services dans l’intérêt commun de l’ensemble des parties prenantes et non des seuls actionnaires et propriétaires. Le fait de donner à l’entreprise un autre objectif que le seul profit permet de remettre en question la notion, non fondée en droit, de 'propriété de l’entreprise', et de faire en sorte que le pouvoir d’entreprendre ne provienne plus de la seule propriété des capitaux. Dans un premier temps, cela passera par l’extension des droits des salariés : droit de veto suspensif du comité d’entreprise sur les procédures de réorganisation et de restructuration ; véritable droit de préemption des salariés en cas de fermeture ou de vente de l’entreprise par les actionnaires."

  "Face à l’urgence environnementale et climatique [...], notre pays doit se donner les moyens de mener une transition écologique crédible et de grande envergure. Une telle bifurcation de notre modèle de production doit nécessairement être amorcée par l’investissement public et requiert une consommation de meilleure qualité. Elle implique de rompre avec la logique financière court-termiste des trois dernières décennies, qui détruit des emplois, brise des millions de vies et contribue à détériorer l’environnement. A cet égard, la planification écologique proposée par Jean-Luc Mélenchon, adossée à la réorientation du crédit et à la constitution d’un pôle public bancaire, est essentielle. Elle améliorera la santé de l’ensemble de la population en augmentant la qualité des biens nécessaires."

Enfin Mélenchon a raison (selon les cent signataires) de vouloir "transformer en profondeur l'absurde édifice des traités européens, qui dépossède les Etats de leurs leviers de politique macro-économique, les accule à une course au moins-disant social et écologique et à une régression sans fin".

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Ces éléments devaient simplement être portés à votre connaissance. Ouvert à toutes les formes de démarches civiques (y compris l'abstention militante), notre blog peut critiquer certains candidats, mais ne prendra jamais parti pour l'un d'entre eux.

 

 

 

 

 

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