Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/12/2016

Valls candidat : et alors ?

affiches-ps-1978-possible-big.jpg

La résistible campagne présidentielle de M. Valls va mettre au jour les contradictions internes du PS (contradictions qui touchent le parti dans son existence même, voire sa survie à court terme) : 


 

 

Manuel Valls annoncera sa candidature ce soir à Evry. Sa démission devrait suivre sans délai. Conséquence immédiate : François Hollande n'ayant plus guère le choix de son remplaçant, l'exécutif risque de devenir un peu plus absurde avec une arrivée à Matignon de Mme Touraine ou de Mme Vallaud-Belkacem ; à moins que M.Le Foll ne se dévoue. Ou que MM. Cazeneuve ou Le Drian acceptent (à regret) de se compromettre dans cette mission triste.

Manuel Valls, lui, commence ses manoeuvres électorales. Elles sont difficiles. Un candidat ne peut l'être qu'en "rassemblant" ; M. Valls est le contraire d'un rassembleur. Son talent est de diviser. Depuis 2014 il s'est évertué à scinder le PS : repoussant d'un côté les archaïques encore attachés au mot "socialisme" ; cultivant de l'autre les modernes, acquis à la mondialisation néolibérale... Un homme de l'Elysée dit à Libération : "Manuel doit faire attention, dans les sections, pour beaucoup, sa candidature n'est pas naturelle."  Un député PS dit au JDD : "Il y a toute une partie de la gauche qui ne se résoud pas à la solution Valls. La fin de l'ISF, la TVA sociale, le 49-3, il en a beaucoup fait. Dans les sondages il n'est pas plus haut que Hollande..." Froncer les sourcils, crisper la mâchoire et soustraire au lieu d'additionner :  ce n'était pas comme ça que M. Valls pouvait se faire des amis. Mitterrand candidat avait fait le contraire, agrégeant à son plan les courants contradictoires de la gauche et programmant en secret pour plus tard - après la présidentielle - la liquidation du Programme commun.

Hormis ses techniciens (MM.Hauzy, Colmou, Gros, Gravel...), un groupe de cadres du parti (MM. Boutih, Da Silva, Doucet, Popelin...) et des personnages coupés de l'opinion publique (M. Kouchner, Mmes Caroline Fourest ou Laurence Parisot...), on peut se demander sur quoi M. Valls va pouvoir s'appuyer. Son principal rival à la primaire de gauche, M. Montebourg, disait le 4 décembre : "François Hollande et Manuel Valls c'est la même politique, on ne sait pas lequel est la lame ou le manche du couteau qui a déchiré la gauche." On pourrait aussi se demander qui tenait le couteau.

vallsL'exercice sera d'autant plus acrobatique que M. Valls a un plus dangereux rival hors de la primaire : c'est le très libéral Emmanuel Macron, qui occupe le même créneau que M. Valls - et qui engrange déjà des ralliements élyséens : l'avocat d'affaires Jean-Pierre Mignard  [*], par exemple, s'est déclaré macronophile dès la renonciation de M. Hollande.  Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon (non pas rival mais ennemi) se réjouit de pouvoir "se payer Valls" : faute d'avoir pu traîner M. Hollande sur l'échafaud de la présidentielle, il va y traîner le numéro 2 de l'ère hollandaise.  Ainsi étrillé, dans quel état l'ex-Premier ministre sera-t-il après trois mois de campagne,  au moment d'affronter M. Fillon qui (lui aussi) est un libéral  mais encore plus décomplexé ?  Fillon, Valls et Macron : trois crocodiles dans le même marigot ; un marigot dont ils n'ont pas l'air de se demander s'il correspond vraiment au voeu des citoyens.

 

__________

[*]  Conseiller intime de M. Hollande, cet avocat "socialiste" ne se donne pas la peine d'avoir l'air socialiste. Il est capable de moquer un contradicteur pour avoir tenu "des propos d'honnête homme désargenté"... (sic : en 2011 à Lille, devant trois cents personnes).

 

Commentaires

INDIVIDUS SURCOTÉS

> Quel mauvais départ pour Valls que de démissionner pour faire campagne: rien que ce fait le déconsidère en montrant que sa vraie ambition c'est lui même et non la France.
Je suis prêt à parier que Montebourg écrasera Valls comme Fillon a écrasé Juppé
C'est le gros avantage des primaires : écarter certains individus surcotés par l'establishment.
Mais pas tous, en témoigne Hollande.
______

Écrit par : Ludovic / | 05/12/2016

TÊTES À CLAQUES

> Valls aurait une chance s’il était capable d’avoir l’air d’un « bon père de famille » et de la gestion qui va (est censée aller) avec… (dans le genre Fillon).
On le voit avec la chute de Matteo Renzi : le gendre idéal ou neveu héroïque peut très vite virer à la tête à claques. Ce qui augure de quelques difficultés pour les candidats de gauche dotés d’un tel profil, Macron en tête… Montebourg pas très loin derrière.
Pour Macron, c’est pire que ça, je vous ai dit ce que j’en pensais. Epouser la mère et tuer le père (Hollande le dernier en date), tel est son logiciel personnel ; ainsi veut-il maintenant épouser la France et tuer le Politique. Rendant hommage à Jeanne d’Arc, le 8 mai dernier à Orléans, il s’extasiait sur celle qui n’était « pas née pour vivre mais pour tenter l’impossible… ». Héroïque !
Tout pareil que lui : il a fait don de sa personne à la France – avec cette différence que sainte Jeanne venait de Dieu, guidée par ses voix, alors que simple Emmanuel vient de l’Odieux (pouvoir financier) et « attend des voix » (comme l’a dit « Libé ») plus qu’il ne les « entend » (ou alors, vite, en marchant).
« L’impossible » exige en outre selon lui le renvoi dos à dos de la gauche, la droite et leurs « dirigeants bien connus, installés depuis des décennies, ce que peu de pays partagent avec nous » (30 août 2016 sur TF1).
Nous sommes prévenus : c’est Macron qui surfe le mieux actuellement sur ce populisme d’en haut qui consiste à faire de la politique en dénonçant le politique. Combien de temps durera l’illusion ?
______

Écrit par : Denis / | 05/12/2016

GAUCHE, DROITE, K.O.

> Le fond du pb pour Valls est que sa candidature libérale patine sur sa gauche et sa droite :
- à gauche elle fait de lui la cible des anti-libéraux Montebourg-Hamon-Lienemann-Filoche dans la primaire et Mélenchon hors primaire, ils vont le mettre en pièces sur son bilan et ses intentions ;
- au centre-droit elle doublonne avec les autres candidatures libérales, Macron et Fillon, qui vont le décrédibiliser.
Une gauche, une droite : KO.
______

Écrit par : A. Ancelin / | 06/12/2016

Les commentaires sont fermés.