Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/05/2016

Le seul et unique libéralisme (le libéralisme RÉALISÉ) : Ubu et sa pompe à phynances

 3860813817.jpg

Lire L'entreprise liquidée, enquête de trois jeunes économistes :


 

 

 

Le libéralisme « conservateur » est un enfumage : rien ne peut être « conservé » dans un système qui ramène tout au profit, donc organise la commercialisation de tout (y compris le pire). Ce rien englobe évidemment les valeurs non-marchandes, vouées à disparaître par la marchandisation générale. Mais il s'étend aussi à l'économie réelle [1]... La « révolution libérale » des années 1990 ne visait réellement qu'à déréguler les flux financiers ; supprimant les contrepoids et contraintes mises en place à la suite de la catastrophe mondiale des années 1930, le libéralisme de 1990 a permis aux banques d'intervenir sur les marchés – et aux actionnaires de se désengager à tout moment : dès que le titre ne leur paraît plus « suffisamment » rentable.

Le libéralisme réalisé est l'empire de la spéculation sans limites.

Et loin d'être la « libération des entrepreneurs » (comme disent MM. Gattaz, Macron, Valls, Sarkozy, Chatel etc), le casino libéral joue contre l'entreprise en nécrosant les investissements : c'est la finance contre l'économie ; Ubu capitaliste.

« La Bourse devient un casino et l'entreprise un objet de spéculation comme un autre, pour des investisseurs qui achètent et vendent des actions sans se soucier du projet d'entreprise qu'il y a derrière... » C'est le constat de trois jeunes maîtres de conférence en économie (et chercheurs au CNRS) : Tristan Auvray, Sandra Rigot et Thomas Dallery, dans leur enquête L'entreprise liquidée - La finance contre l'investissement [2]. Ils expliquent leur propos dans un entretien [3] ainsi résumé par Vittorio de Filippis : « La finance n'est pas seulement devenue un casino spéculant sur des actifs détachés du réel, mais aussi une sorte de gigantesque parasite pompant son énergie sur le dos de l'entreprise au point de mettre en berne sa capacité d'investissement. »

http://www.liberation.fr/debats/2016/04/29/la-bourse-est-...

Extraits des réponses d'Auvray-Dallery-Rigot :

 

<< Toutes les entreprises ne sont pas cotées en Bourse, mais les exigences actionnariales rejaillissent sur l'ensemble de l'économie par plusieurs canaux, notamment les relations de sous-traitance. Prises en sandwich entre ces injonctions à la ''rentabilité'' et la concurrence accrue liée à la mondialisation, les entreprises sont contraintes de compresser les salaires, ce qui affaiblit encore davantage la formation de la demande. Au bout du compte, les quarante dernières années ont vu la croissance et l'emploi se raréfier, alors que la finance devenait toute-puissante... La politique économique se fait en fonction des desiderata de la finance, par peur de voir les capitaux s'enfuir à l'étranger ; et tout ceci affecte nos vies au quotidien... >>

 

<< [Dans l'entreprise] c'est le temps long qui compte. L'acte d'investissement productif y est souvent irréversible. Cela nécessite un engagement inconciliable avec la recherche permanente de liquidités propre aux marchés. [...] On a assisté à une mise au pas de l'entreprise par la finance grâce au pouvoir même de ces liquidités... La concurrence [des gérants externes] les pousse à faire tourner leurs portefeuilles très rapidement, accélérant la séquence achat-vente-achat-vente des actions d'entreprises pour réaliser des plus-values rapides. Voilà comment on a fait de l'entreprise un actif liquide alors qu'elle ne l'est pas... >>

 

<< Les salaires sont maintenus à un niveau aussi faible que possible. La pression sur le travailleur [vient] d'un manager qui lui-même reçoit une rémunération liée à la rentabilité financière et qui retransmet donc cette pression sur les travailleurs... Aujourd'hui, le moindre aléa conjoncturel entraîne un ajustement par l'emploi et les salaires... >>

 

Les trois jeunes auteurs prônent une « reprise en main » de la finance par les gouvernements, à travers plusieurs suggestions d'intervention publique. De quoi donner un coup de vieux aux chantres du libéralisme, qu'ils soient mandarins, macroniens mirliflores – ou conteurs de la pieuse légende du Mammon catho-compatible. Relisons plutôt Laudato Si', les paragraphes 53 à 60 d'Evangelii gaudium, et le discours de Santa-Cruz !

 

_______________

[1] Quant à cette économie, son productivisme constitue en soi un autre problème.

[2] Michalon, 320 p., 19 €.

[3] Libération, 30/04.

 

Commentaires

JUSQU'AU BOUT

> Il n'y aura pas de reprise en main de la finance par le politique - au contraire (TAFTA) ; et comme l'atteste l'attitude des Pouvoirs publics lors de la crise de 2008, lesquels se seront contentés de racketter les populations pour renflouer leur preneurs en otage, les banques, et ce sans le plus petit commencement de re-réglementation de ladite "activité" bancaire (ladite en effet, car l'examen de son histoire nous enseigne qu'il s'agit dès le premier jour d'une activité parasitaire, délibérément conçue et déployée comme telle : un tour de magie diabolique, légitimement condamné par l'Eglise).
Il n'y aura pas de reprise en main : il faut être naïf pour le croire. Le capitalisme ira jusqu'au bout de son délire, lequel, demain comme hier, s'achèvera pas une guerre totale. Guerre qui entrainera certainement la disparition de la plupart des humains (équipement oblige).
Quitte à passer pour un "complotiste" - comme disent les gardiens du sommeil -, je pense que telle est la finalité inéluctable du mondialisme et de l'Oligarchie qui le porte. Si l'eugénisme est finalement l'art d'améliorer physiquement la "race des Seigneurs", réciproquement, le malthusianisme est d'abord l'art de supprimer physiquement les gueux, autrement dit les pauvres...
Qui, dans un diner où le vin aidant on finit par tout se dire, n'a jamais entendu cette phrase épouvantable : "Nous sommes trop nombreux sur la terre..." Eh bien, dans la bouche d'un chrétien, une telle phrase n'a aucun sens (mais nous savons - cf. les récentes notes de PP - que trop de catholiques ne le sont plus que le dimanche, et que leur foi libérale compatible se paye de mots). Mais elle en revêt un implacable et lumineux dans le monde de l'économisme et de l'idole argent.
Or, si telle est l'intuition diffuse "en bas" - il est probable que telle soit la perception "en haut", mais plus étayée, plus "cohérente" et fanatique. Et je pense que, conforme à la logique de l'infrastructure aussi bien qu'à l'intuition de ses serviteurs les plus contaminés, telle est en dernière analyse la finalité du système et partant le projet de nos Maîtres.
______

Écrit par : Petit Lulu / | 02/05/2016

@ Petit Lulu

> Je pense que vous n'avez pas totalement tort... D'ailleurs, l'idée selon laquelle notre "modèle" de développement serait viable avec une population mondiale ramenée à 500 millions de personnes traîne un peu partout...
______

Écrit par : Feld / | 02/05/2016

DARWINISME SOCIAL DES LIBÉRAUX

> Le modèle anthropologique du libéralisme étant la maximisation des avantages acquis ou reçus, il s’apparente en effet à une sorte de darwinisme social qui trouve son illustration dans l’eugénisme ou le malthusianisme entre autre.
Rien d’étonnant à ce qu’il plaise tant aux bourgeois français petits ou grands lesquels, subjugués par l’aura de l’ancienne noblesse, ont toujours rêvé de reformer une caste de gens « admirables » (et admirés).
De nouveau vanité pour les choses du monde et non humilité, mode inférieur animal et non supérieur spirituel.
Ceci dit, rien de neuf sous le soleil, le libéralisme ne fait qu'introduire la notion nouvelle de marché souverain pour se donner bonne conscience, et appeler la "main invisible" pour tout équilibrer. En fait c'est une vraie idolâtrie.

@ Petit Lulu

> Oui, le raisonnement pourrait conduire à croire que tout est inéluctablement perdu. Pourtant à Dieu rien n’est impossible. Il nous aide à garder l’espérance, par exemple au travers des apparitions mariales. La Vierge Marie nous a donné une recommandation : prier, prier et prier encore.
Revenir aux sources (en ce qui me concerne les évangiles et la littérature mystique) et prier, mes deux remèdes pour ne pas sombrer dans la déprime.
______

Écrit par : JClaude / | 03/05/2016

Les commentaires sont fermés.