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16/03/2016

"Médicaments hors de prix", protestent les cancérologues

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L'industrie rend prohibitif le prix des nouveaux médicaments contre le cancer. Cet abus vient de la dérégulation libérale :


 

 

« De nombreuses innovations thérapeutiques apparaissent dans le domaine du cancer... Pourtant, le coût d'abord croissant et maintenant exorbitant de ces innovations risque fort de compromettre ces espoirs », avertissent 110 cancérologues*. Ils dénoncent ce scandale et demandent un « juste prix ». Ce qui exige de mettre fin à la dérégulation libérale, qui favorise une double arnaque :

« le prix actuel de ces médicaments n'est pas justifié par leur coût en investissement recherche-développement (R&D) » ;

« les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût de leur R&D a diminué ». En effet, les nouvelles molécules (qui permettent maintenant des ciblages) sont souvent « fournies par la recherche publique »...

Conséquence, expliquent les cancérologues : « Des menaces réelles pèsent sur l'équité d'accès des patients aux traitements innovants des cancers, comme sur la pérennité de notre système de santé solidaire. » Et de citer l'exemple désastreux des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, pays-pilotes de la société de marché – mais cités en exemple à imiter par les libéraux français, qui ne se cachent pas de vouloir le démantèlement du « système de santé solidaire ».**

Les cancérologues indignés demandent que l'on change le système économique. Il faut, disent-ils :

1. « définir un juste prix pour les médicaments du cancer, basé sur les sommes investies par les industriels pour la R&D du produit », et n'y ajouter qu'un « retour sur investissement raisonnable » ;

2.  « rendre le système d'arbitrage des prix plus démocratique et transparent, en y associant des représentants des patients et des professionnels » ;

3. « ne plus accepter les extensions de durée des brevets que la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne justifie pas » ;

4. « autoriser, comme cela existe déjà pour les traitements du sida et des infections opportunistes, l'utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement. »

Ces quatre mesures contredisent la doxa libérale, selon laquelle : 1. les prix « s'autorégulent » (tyrannie des marchés) ; 2. la société humaine (les «  corps intermédiaires » bête noire de Sarkozy) ne doit pas gêner cette mécanique spéculative ; 3. la propriété intellectuelle  des groupes privés doit se substituer au bien commun ; 4. les pays en développement comptent pour peanuts en raison de leur faible pouvoir d'achat...

Le cancer tue beaucoup plus que le sida et infiniment plus que les maladies rares, qui bénéficient pourtant d'un meilleur traitement médiatique.

Sa relative (et paradoxale) discrétion permet l'abus prédateur contre lequel s'insurgent aujourd'hui les cancérologues.

Puisse cette alerte nous aider tous à discerner l'inhumanité du « système économique dominant », comme dit le pape François dans Evangelii gaudium.

 

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* dont : les professeurs Maraninchi et Vernant, les présidents des instituts Curie et Gustave-Roussy (Thierry Philip et Alexander Eggermont), le président du groupe hospitalier Unicancer (Patrice Viens)...

** Il faudra que les « conservateurs-libéraux catholiques » nous disent comment ils s'arrangent avec leur conscience. A-t-on le droit d'oublier à propos du cancer les devoirs que l'on invoque contre l'avortement ?

 

Commentaires

LE DIEU-ARGENT NE PROFITE QU'À QUELQUES-UNS

> Le dieu-argent complique la vie de chacun pour le plus grand profit de quelques-uns.
Prenons l'exemple des génériques, censés faire baisser le prix des médicaments, grâce à la concurrence.
Bilan des génériques : des malades qui ne s'y retrouvent pas, des erreurs de prise ( quand on a pris doliprane, efferalgan, pareacetamol et dafalgan à la suite... on est à dose maxi du même médicament !) pouvant conduire aux urgences, des médicaments soi-disant équivalents mais dont -pour certains- on a l'impression que c'est faux, des professionnels de santé déroutés qui ne savent pas trop quoi en penser et qui perdent du temps à expliquer aux patients cette fameuse équivalence d'effet - alors que parfois ils n'en sont pas convaincus.
Et sans oublier les caisses qui veillent, et peuvent mettre en demeure d'accepter ou de prescrire ces génériques.
Toute cette énergie, toutes ces occasions de problèmes de santé (surdosage possible comme dans l'exemple ci dessus, erreur de prise...) pouvant être grave pour le dieu argent !
Car ne nous y trompons pas : les prix des médicaments remboursés sont négociés : pourquoi cette négociation laisse t elle la place alors à ces génériques ?
Bref : aucun avantage réel et bien des risques et des inconvénients.
Mais soyons rassurés car ainsi est loué le dieu du marché et des bénéfices.
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Écrit par : Gégé / | 18/03/2016

RELIGION DU PROFIT

> Le problème des génériques, c'est que les excipients diffèrent (pour baisser le coût) et que cela change quelque chose dans le mode d'action et dans les risques d'allergie. Ajoutez à cela que certaines boîtes de génériques ne contiennent que 28 comprimés et non 30, cela dépend du laboratoire qui les fabrique. Pour un même labo, toutes les boîtes ont même apparence, seul le nom de la molécule active change. Et pourtant, l'aspect de la boîte, ça aide pour ne pas se tromper, surtout lorsque l'on est malade et donc avec un cerveau moins performant que lorsque l'on est en bonne santé. De toute façon, même pour les médicaments princeps, il me semble qu'ils s'amusent à changer la présentation, comme s'il s'agissait d'un paquet de nouilles qu'il faut rendre plus attractif.
Quant à ce scandale des anti-cancéreux, il ne m'étonne pas. Il est bien dans la ligne actuelle de la religion du profit.
Autrefois, cette parole "nul ne peut servir Dieu et l'Argent" a longtemps occupé mon esprit. J'avais crû comprendre que si on attachait trop d'importance à l'argent, on ne pouvait vraiment être à l'écoute de Dieu. C'est bien pis que cela : qui que l'on soit, quelle que soit sa religion (ou son absence de religion), on sert forcément une divinité, même sans en avoir conscience : soit Dieu, soit Mammon.
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Écrit par : Bernadette / | 18/03/2016

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