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18/11/2015

La conférence et la méditation du cardinal Scola

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...au Collège des Bernardins hier soir :


 

CONFERENCE INTERNATIONALE  COP 21

 

Paris, 17 novembre 2015, 20h

Collège des Bernardins

 

LE CHRIST ET L’UNIVERS

+ Angelo Card. Scola

Archevêque de Milan

 

I

 

 «Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent… et votre Père céleste les nourrit» (Mt 6,26).

«Observez les lis des champs, comme ils poussent: ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux» (Mt 6, 28-29).

«Ne vous inquiétez donc pas en disant: «Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vêtir? Votre Père céleste sait bien que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît» (Mt 6, 31-33).

Sans aucun doute, pour le chrétien, la manière la plus adéquate pour parler d’écologie, dans le cadre de laquelle se pose la question climatique, c’est de faire sien le regard du Christ sur la création. Nombreux sont les textes bibliques qui le confirment.

A la citation de Matthieu, Sören Kierkegaard a consacré un de ses "discours édifiants" intitulé: Ce que nous apprennent les lis des champs et les oiseaux du ciel. Il en arrive à dire que nous devons considérer sérieusement le lis et l’oiseau comme des maîtres parce que l’Evangile n’est pas si spirituel que l’on ne puisse se servir du lis ou de l’oiseau, ni si terrestre – comme le suggère le Père Marie-Joseph Le Guillou – que l’on n’y puisse entrevoir un niveau à la fois réaliste et contemplatif. Il est impossible de réduire le regard de Jésus sur la nature à de la poésie ou à du sentimentalisme.

Ce que nous pouvons apprendre reste décisif pour nous, hommes post-modernes. Que nous enseignent donc le lis des champs et l’oiseau du ciel? Chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, comme le dit avec insistance l’Evangile de Matthieu. Une attitude qui nous conduit à découvrir derrière chaque être l’acte libre de Dieu qui crée le monde. Alors le discours que tient la création est un discours plein de sagesse.

C’est de lui que les hommes qui ont reçu le don du langage peuvent apprendre l’amour. L’amour est tissé de respect, parce qu’il "possède avec détachement". Dans le détachement respectueux de la création, le regard du Christ nous apprend à laisser de l’espace à Dieu, à son Règne, c’est-à-dire au Créateur et à son œuvre de justice à l’égard de toutes les créatures qui alors nous deviennent familières. Dans cet amour, qui ne connaît pas la crainte, se concentre aussi toute la question écologique. Pour s’exprimer comme le pape François, la "spiritualité écologique" est le respect de toute créature, de sa durée, de son propre rythme. Un respect qui laisse "l’autre" être lui-même. Même dans la Trinité, l’amour plein de respect qui circule entre les trois Personnes, garantit leur réciproque "laisser être" dans la plus radicale des différences subsistant dans l’unité absolue.

 

II

 

N’attendez pas de moi que je fasse une sorte de slalom entre les piquets étroits qui jalonnent la piste tortueuse de la question climatique. Non seulement parce que je n’en ai pas la compétence, mais aussi parce que le débat est beaucoup plus complexe que ce qu’une certaine vulgate veut nous le faire croire. Pour cela je vous renvoie à la Lettre encyclique Laudato si’ du Pape François, à l’Appel du 26 octobre dernier lancé à Rome à la COP 21 par des Cardinaux, des Patriarches et des Evêques représentants des conférences épiscopales des différents continents et à celui, tout récent, des Evêques de la COMECE.

Ce qui me tient le plus à cœur c’est donc la priorité évangélique du Royaume de Dieu et de sa justice. Ce qui m’intéresse c’est le regard de Jésus sur la création qui voit, avec un amour plein de respect, toutes les choses en transparence. Son regard nous demande une conversion radicale en vue de préserver la création, indépendamment du niveau et des causes de sa dégradation que d’ailleurs tout le monde connaît.

Nous sommes des milliards, nous les hommes, à vivre sur notre belle planète qui n’est ni la "gaïa holistique vivante", ni un puzzle de pièces réparties en un ensemble chaotique. Nous sommes tous appelés à regarder le cosmos entier comme Jésus regarde le lis des champs et l’oiseau du ciel. Il est superflu d’ajouter que c’est une tâche pour le présent comme pour le futur, pour notre génération comme pour les prochaines.

Dans cette optique, ce qu’il m’importe avant tout de dire en ce qui concerne la question climatique, c’est que le dépassement du dualisme souvent critiqué entre anthropocentrisme et géocentrisme exige l’affirmation d’un principe unifiant théorique et pratique, le seul qui, sans annuler la diversité, peut freiner les conséquences pernicieuses d’un rapport faussé entre l’homme, la famille humaine et la création.

La question de la centralité de l’homme dans la création a rencontré, surtout ces dernières décennies, un certain nombre de critiques. Il y a eu ceux qui ont imputé aux récits de la création (cosmogonie et antropogonie), contenus dans le livre de la Genèse (Gen 1-3,25), la responsabilité d’une attitude prédatrice à l’égard de la création. Au contraire, la foi biblique nous fait reconnaître «que nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée». De plus: la vision chrétienne de la création nous a permis de démythifier et de démystifier la nature en reconnaissant soit la consistance et la valeur de chaque être créé, soit la spécificité de l’être humain.

Certainement l’action destructrice de la planète, réduite à être une sorte de mine à exploiter jusqu’au bout de ses possibilités, n’a pas trouvé les chrétiens, comme les autres hommes d’ailleurs, assez vigilants et attentifs. Ils ont souvent contredit l’invitation du Créateur à sauvegarder avec soin et sagesse la Création, que ce soit dans le domaine de la culture et du cultuel. Quand ils ont agi de cette façon, ils ont trahi la signification et la valeur de l’enseignement de la Genèse.

De nombreux mouvements écologistes actuels, qui ont tant d’influence sur la mentalité dominante, opposent à l’anthropocentrisme un biocentrisme radical qui met sur le même plan tous les êtres de la biosphère, en leur accordant les mêmes droits. Telle est la thèse soutenue sous des formes diverses par des auteurs comme Paul Taylor, Arne Naess, Tom Ryan, Peter Singer. Mais annuler la diversité ne promeut pas de droits selon la justice et finit par empêcher la réalisation individuelle. Sans cette prémisse, il est impossible d’édifier un monde juste.

Le problème des changements climatiques comme les autres questions écologiques – la rupture des cycles, la destruction de la couche d’ozone, la déforestation, les pluies acides, la diminution de la biodiversité, la désertification, la contamination de l’atmosphère, de l’eau et du sol exige [donc] un principe unifiant théorique et pratique respectueux de chaque créature.

Pour le déterminer, les mystères de la foi chrétienne nous aident beaucoup. Et pas seulement la foi au Dieu Créateur, mais également et de façon plus définitive, la foi au Christ, mort et ressuscité, juge des vivants et des morts, qui récapitule toute la création. «Le but n’est pas un "autre monde", mais la transfiguration de celui-ci. Les réalités terrestres ne doivent être ni niées ni méprisées, parce qu’elles seront avec nous dans notre destin de gloire». Que nous offre une pareille certitude? Elle introduit la tension bénéfique vers ce respect qui naît de la conscience que tous les êtres ont une communauté de destin. Elle requiert une attention empressée et ordonnée à la création. En ce qui concerne la question écologique, la foi chrétienne émerge avec toute sa capacité d’intégration et d’unité entre des pôles qui, à première vue, sembleraient opposés: c’est l’homme, corps et âme mais vraiment un (corpore et anima unus, cfr. Gaudium et spes 14), dans sa nature de microcosme, qui révèle le destin de transfiguration commun à tous les êtres.

 

III

 

Dans le contexte d’extraordinaire beauté qu’offre cette matrice culturelle, illustre et universelle que représente le Collège des Bernardins, nous pouvons tenter de répondre à la question qui concerne le principe unitaire. Nous trouvons un chemin important pour cela chez saint Paul. Et, plus précisément dans ce qu’on nomme Les lettres de la captivité’ (Ephésiens, Philippiens, Colossiens et Philémon).

Depuis les Pères de l’Eglise jusqu’à l’exégèse contemporaine, on s’est beaucoup concentré sur le "Christ Cosmique", thème clé de ces lettres de saint-Paul, c’est-à-dire sur le rapport entre le Christ et l’Univers. Paul y attribue à Jésus Christ, Celui «en qui, par qui et pour qui tout a été créé» la récapitulation finale de tous les êtres. Le regard de Jésus sur la création, auquel nous avons fait référence au début, s’approfondit en une forme de possession dans le détachement, qui est eschatologique, finale et définitive et qui assure à tous les êtres, en même temps, leur consistance réelle et autonome et leur pleine relation avec les autres.

La création est en réalité une symphonie de créatures respectées dans leur diversité singulière et dans leur relation avec les autres. C’est cela la beauté.

Pour revenir au Christ cosmique, autour des années 60 de notre ère, Paul se trouvait affronté à quelque chose de semblable, dans ses causes, à notre actuelle crise écologique qui «se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants». Paul stigmatise le climat culturel et religieux qui a tenté d’utiliser toutes les médiations (les puissances angéliques, les sciences philosophiques, les visions) de manière autonome, en finissant par obscurcir la seule et vraie médiation du Christ dans laquelle seulement toutes les autres se composent harmonieusement. Il n’est pas du tout déplacé de proposer cette lecture dans le contexte culturel actuel. Aujourd’hui, la thèse qui nie la possibilité de connaître – bien sûr non sans de graves difficultés et avec des erreurs – une vérité qui soit universelle et qui donc dépasserait, en l’intégrant, toute médiation, se brise contre le pouvoir exorbitant d’une sorte d’universalisme scientifique qui, dans les faits, va au-delà du principe "inattaquable" de falsification sur lequel se fonde le chemin de la technoscience. Toute découverte merveilleuse et souvent très bénéfique de la technoscience est saluée par la pensée courante comme un progrès absolu et définitif. Cela réduit de fait la possibilité qu’une autre recherche de sens puisse aller au-delà de l’empirique. Les biotechnologies et bien plus encore bientôt les neurosciences ne présentent-elles pas un risque dans cette direction ?

Cette façon de comprendre et de pratiquer la technoscience ne finit-elle pas par rappeler, au-delà des mutations radicales de contenus et de langage, les puissances angéliques ou les sagesses philosophiques ou les visions dont parle Paul, qui voulaient se substituer au principe unifiant qu’est le Christ ou, plus généralement, à la recherche unifiante de sens (à la fois signification et direction), même envisagée avec toutes les nécessaires médiations autonomes ?

Pour revenir à Paul, la singularité divino-humaine du Christ est le facteur qui tient ensemble toute la création, elle est la destination de toute chose. En Christ se voit la nouvelle harmonie entre création et histoire. Il est à leur origine, Il les fait subsister, Il est leur fin. Lui sur qui la mort n’a plus aucun pouvoir. Il est la médiation constitutive en qui tout le cosmos est récapitulé et irréversible.

L’Eglise est le lieu "corporel" de telle unité et de telle réconciliation. Elle est le lieu où la tête (le Christ) manifeste sa seigneurie. Sa résurrection inaugure dans l’histoire un processus qui attire à lui toute les créatures. Il porte le cosmos à son achèvement.

Assumer l’attitude de Paul, c'est-à-dire se référer à la «pensée» (nous) (I Cor 2,16) et aux «sentiments» (Ph 2,5) du Christ est la condition décisive pour une écologie équilibrée. Maxime le Confesseur décrit d’une façon stupéfiante ce que signifie avoir la pensée du Christ: «Moi aussi, en effet, je dis que j’ai la pensée du Christ – la "nous Christou" – moi qui pense selon Lui et pense Lui à travers toute chose». Dans cette tâche du nouveau millénaire, les chrétiens, tout en reconnaissant leurs erreurs et sans aucune intention hégémonique, sont appelés à proposer à la liberté de tous les sujets qui composent la société plurielle des styles de vie qui témoignent de ce rapport renouvelé avec la création.

 

IV

 

Ce n’est que dans la reconnaissance d’un principe unificateur que peuvent être affrontés les défis écologiques actuels. La question du sens (à la fois signification et direction) est universelle et inéluctable. C’est pourquoi Benoît XVI parlait de la nécessité d’une écologie humaine à côté d’une écologie environnementale.

Le Pape François, dans son encyclique Laudato si’, articule cette idée en proposant une écologie intégrale à la "spiritualité" de laquelle nous devons tous nous former. Cette écologie intégrale implique une écologie environnementale, une écologie économique et sociale, une écologie culturelle pour aboutir à une écologie de la vie quotidienne. C’est un long travail qui s’offre aux hommes s’ils veulent modifier leur rapport avec la création parce qu’il demande à des milliards de personnes de changer des centaines de comportements. Pourtant, seule une telle écologie peut triompher de la dégradation humaine et sociale surtout en vue de vaincre l’injustice «pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres». Les Pères de l’Eglise disaient «donne à manger à celui qui meurt de faim car si tu ne lui as pas donné à manger, tu l’as tué». Sans une telle écologie, une solidarité globale, la seule qui soit respectueuse de la destination universelle des biens, est impossible.

 

V

 

«O beauté! ô monde ivre d’amour éternel, de vie éternelle». Ce sont les paroles ajoutées par Mahler au texte du dernier mouvement du Chant de la terre (Das Lied von der Erde, 1907-1909). Beauté, monde, ivresse (pas celle des poètes maudits – Baudelaire, Verlaine, Rimbaud… – celle qu’ils cherchaient dans l’absinthe), amour (la force qui «meut le soleil et les autres étoiles») et éternité: la création dans toutes ses manifestations révèle une soif inépuisable d’éternité. En chaque être il y a quelque chose d’éternel. Le grand musicien, marqué profondément en ces années par la mort (à cause de la mort de sa fille et de la maladie mortelle dont il souffrait lui-même) mais toujours «avide de vivre», reconnaît que «l’habitude de vivre est plus douce que jamais». Dans le «tourment (qui) dévore éternellement (son) cœur», devant les questions ultimes – "D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi souffrons-nous?", il parvient à affirmer: «Je ne serais pas surpris de me retrouver dans un corps nouveau [transfiguration]. C’est étrange, quand j’entends de la musique, même si c’est moi qui la dirige, je trouve des réponses précises à toutes mes questions et tout pour moi est parfaitement clair et évident. Ou plutôt, ce que je crois percevoir avec clarté c’est qu’il ne s’agit absolument pas de questions».

Ici, le monde de la musique se rapproche beaucoup de celui de la foi, dans la recherche du sens de la réalité, d’une écologie équilibrée. Qu’est-ce, en effet, que la musique sinon une ouverture qui invite à traverser toute la création?

 

 

 

MEDITATION

 

<< J’estime en effet que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création attend ardemment la révélation des fils de Dieu. La création, en effet, a été assujettie à la vanité – non de son propre gré, mais par l’autorité de celui qui l’y a assujettie- dans l’espérance que cette création aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. Or, voir ce qu’on espère ce n’est plus espérer ; ce qu’on voit, en effet, comment pourrait-on l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec persévérance. >>

Romains 8,18-25

 

«La création attend ardemment» (Rm 8,19). Les paroles de l’Apôtre renouvellent notre regard sur le cosmos. En effet, même lorsque nous reconnaissons que Dieu prend soin de sa création et veille sur elle, il n’est pas évident pour nous de percevoir que chaque fragment de réalité, que toute la création est traversée par une «attente ardente». Ardente en souligne l’urgence brûlante. Attente dit que la création est toute entière tendue vers son achèvement définitif.

Mais comment peut-on parler d’attente ardente pour les êtres animés? Ou pour ceux qui, quoique capables de vie, n’atteignent pas une pleine auto-conscience? L’Apôtre nous aide à pénétrer encore plus profondément cette réalité: «La création tout entière gémit… mais nous aussi nous gémissons» (Rm, 8,22-23). L’attente ardente, que nous les hommes nous partageons avec tout le cosmos, est davantage, en vérité, un gémissement de l’homme qui est âme et corps (GS 14), mais il existe une inévitable solidarité entre le corps matériel, sacrement de la personne toute entière, et le cosmos entier.

Le déjà de chaque créature et de toute la création soupire vers le pas encore de son achèvement. Cet achèvement, qui a commencé à se manifester le jour de Pâque avec la résurrection de Jésus dans son vrai corps, aurore de la nouvelle création. Cet achèvement qui comme une semence de gloire nous est donné lors du Saint Baptême. Et qui devient en même temps moteur et but de notre chemin: «c’est en espérance que nous avons été sauvés» (Rm 8,24).

Les hommes et le cosmos rachetés sont en attente de la «gloire future qui doit être révélée en nous» (Rm 8,18). Et pourtant, quand nous regardons autour de nous, ce sont les souffrances du temps présent qui semblent l’emporter. Les graves blessures infligées au cosmos comme à l’humanité elle-même à cause du manque de cette écologie intégrale – à laquelle le Saint Père nous a appelés avec force dans son encyclique Laudato si’ – sont les signes évidents de sa caducité, de son assujettissement à la corruption (Rm 8,20-21). Et il ne s’agit pas tant de la caducité inévitable de tout ce qui est contingent que de la corruption, conséquence du désordre et de la cupidité. C’est pour cela que nous avons besoin de la rédemption: nos bonnes résolutions ne suffisent pas, il est nécessaire de faire l’expérience de «la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rm 8,21).

Face à la dégradation du cosmos, notre gémissement n’est pas un gémissement de résignation à une destruction inévitable mais bien plutôt celui des douleurs de l’enfantement puisque nous sommes sûrs du salut dont nous voyons déjà les prémices (cf Rm 8,23). Surtout dans l'Eucharistie. La sauvegarde de la création à laquelle chacun de nous est appelé – soit personnellement soit comme membre de la société civile – naît de la gratitude pour l’œuvre de la Rédemption qui a rendu glorieuse l’ignominie de la Croix. Dans cette tâche constructive nous pouvons entraîner avec nous toute la réalité. Le Crucifié Ressuscité, rédempteur du cosmos et de l’histoire, présent et vivant dans son Eglise et dans l’histoire de la famille humaine, requiert en permanence de notre liberté l’engagement de prendre soin de la création et de veiller sur elle.

Demandons au Seigneur la grâce de vivre cette responsabilité avec persévérance, avec une laborieuse patience, parce que nous sommes certains du destin positif qui attend toute chose (Rm 8,25). Amen.

 

 

 

Commentaires

LA PRIÈRE DU PAPE

> J’essaie de faire mien, au quotidien, cet extrait de la prière du Pape François dans « Laudato Si » :
« Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton Affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de Toi. »
J’ai une pensée, en priant ainsi, pour Diesel, la chienne d’assaut du Raid engagée pour nous protéger et pour servir l’ordre juste que nous appelons de nos vœux, qui a été tuée par les terroristes dans l’offensive de ce matin à Saint-Denis.
Diesel (les saints patrons de l’écologie lui pardonnent son patronyme !), qui a surnaturellement sa place « dans ce destin de transfiguration commun à tous les êtres », selon la formule du cardinal Scola.
Une action de grâce aussi, en passant, pour mon saint patron, protecteur de la France, qui intercède pour nous.
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Écrit par : Denis / | 18/11/2015

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