10/11/2015
L'enfumage du "climato-scepticisme" : fomenté par l'industrie pétrolière
Exxon pris à partie (enfin) par la justice américaine :
Le 4 novembre, le procureur de New York a ouvert des poursuites contre le géant pétrolier ExxonMobil. Motif : avoir dissimulé à ses actionnaires et au public l'effet de ses activités sur le réchauffement climatique, et avoir, dans cette intention, financé des "recherches" pseudo-scientifiques. Bill McKibben, cofondateur du site écologiste 350.org, écrit dans le magazine The New Yorker : "Exxon savait tout ce qu'il y avait à savoir sur le changement climatique depuis des décennies, mais, au lieu de nous alerter, ils ont nié la science et fait obstruction à la lutte contre le changement climatique."
Les médias américains rapprochent le climato-négationnisme, enfumage financé par l'industrie pétrolière, de l'enfumage financé naguère par l'industrie du tabac pour nier son rôle cancérigène. Les enquêteurs ont même découvert, dans les officines de "chercheurs" climato-négationnistes, des personnages ayant participé hier à la désinformation sur le tabac.
Il est bon que la justice américaine s'en émeuve, mais elle a mis le temps. Newsweek du 13/08/2007 donnait la parole à la sénatrice Barbara Boxer, président de la commission de l'environnement, qui déclarait : "Un lobby conservateur financé par la compagnie ExxonMobil a offert 10 000 dollars à des 'scientifiques' pour rédiger des articles contre les rapports des climatologues... La machine à nier tourne à plein régime. Depuis la fin des années 1980, cette campagne, bien financée et bien menée par des scientifiques marginaux, des think-tanks capitalistes et certaines grandes entreprises, a fabriqué un brouillard de doute paralysant autour du changement climatique." Je citais déjà cet article dans mon livre L'écologie de la Bible à nos jours (première édition en 2008).
On sait que les pseudo-argumentaires issus des "recherches" financées par l'industrie pétrolière (et massivement diffusés depuis vingt ans en direction du reste du monde) sont notamment la cause du négationnisme climatique qui intoxique la droite française, y compris dans les milieux catholiques. D'où les hargnes de mandarins envers Laudato Si : encyclique dont le diagnostic "clair" ne laisse "aucune place aux climato-sceptiques", dit le climatologue Jean Jouzel dans l'édition française commentée de Laudato Si, publiée par le Collège des Bernardins sous la direction du P. Frédéric Louzeau et préfacée par Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris.
12:21 Publié dans Ecologie, Economie- financegestion | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : climat
Commentaires
ENFUMAGES
> Puisque les commentaires sont fermés pour votre note sur l'enfumage (mot ô combien pertinent), un mot sur un autre enfumage car un rideau de fumée peut en cacher un, deux autres voire plus.
Enfumage caché derrière le CO2, celui qui occulte les effets de la mondialisation économique. Tabou ! Ayant traîné dans quelques colloques et assises écologiques, j'y ai vu que la mondialisation économique n'est jamais abordée. Et pourtant! transports énergivore, "dumping" non seulement social mais règlementaire, etc Comment s'étonner que les industriels italiens de la confection ne tiennent tête à la concurrence des Chinois sous-payés en Chine qu'en employant des Chinois sous-payés en Italie? Le pape François s'en préoccupe mais sera-t-il suivi? le conditionnement pavlovien du sans frontièrisme tous azimuts est tellement pressant!
Il y a un autre rideau de fumée, celui portant sur les énergies de remplacement, mais ce serait un autre sujet!
Et un troisième sur la pollution (qui sera aggravée par les énergies de remplacement).
Et peut-être d'autres!
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/11/2015
LA SEULE VRAIE QUESTION
> Un éclairage dérangeant sur la question de la transition énergétique:
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/11/10/20002-20151110ARTFIG00139-climat-la-demande-mondiale-d-energie-va-augmenter-de-30-d-ici-2040.php
Or la seule vraie question est d'abord de diminuer la consommation globale, sinon pour avoir un taux élevé d'énergies dites propres il faudra D'ABORD fabriquer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques en quantité industrielle.
Exemple: Pour remplacer la centrale à fioul de Porcheville (600 Mw), il faudrait en gros plus 1000 Mw de puissance de crête éoliens soit 500 éoliennes et autant en photovoltaïque,soit 10km2 de panneaux, plus des moyens de stockage complexes compte tenu de la faible disponibilité des ces sources aléatoires.
Créer ces installations est gourmand en énergie. C'est à dire que pour atteindre des objectifs de réduction des émissions en 2030 il faudra commencer par polluer plus et même beaucoup plus, et pas seulement par du CO2.
Lire l'ouvrage collectif (dont Gaël Giraud): 'L'impossible découplage'.
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/11/2015
UNE DÉSINFORMATION DE GARELLO (SUR LE SITE DE NAUDET)
> Enfumage, le terme est intéressant. J’ai consulté sur internet, sur le site de Jean-Yves Naudet, un article de Jacques Garello. On le trouve là : http://jyves.naudet.perso.neuf.fr/Woyjtila.pdf
J’y ai trouvé, page 16, la phrase suivante : « Les régimes politiques qui suppriment la propriété privée ou la limitent, en général inspirés par le socialisme, commettent « une erreur de caractère anthropologique ».
Dans la phrase, l’expression « erreur anthropologique » apparaît entre « », car il semblerait qu’il s’agit d’une citation de 'Centesimus Annus' de saint Jean-Paul II. En effet la page en contient trois : les notes de bas des pages 45 (qui fait référence à 'Centesimus annus' § 43), 46 (qui fait référence 'Centesimus annus' § 13), et 47(qui fait référence à 'Centesimus annus' § 42 ). Ce qui est curieux, c’est que la phrase, de la main de Jacque Garello, contenant l’expression « erreur anthropologique » qui apparaît entre le report à la note de bas de page 45 et le report à la note bas de page 46, ne fait apparaître aucune référence en note de bas de page dans 'Centesimus annus'. Je suis donc allé rechercher cette expression "erreur anthropologique" dans 'Centesimus annus'. On y trouve effectivement une référence à l’ « erreur anthropologique », au § 13… qui ne fait strictement aucune mention de la propriété. Je mets ce passage ci-dessous, afin que chacun puisse s’en assurer. On peut aussi le vérifier sur le site du Vatican : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html
En revanche, en recherchant le terme « limite » dans 'Centesimus annus', je suis tombé, ô surprise, sur le §30 : « 30. Dans l'encyclique 'Rerum novarum', Léon XIII affirmait avec force, contre le socialisme de son temps, le caractère naturel du droit à la propriété privée, et il s'appuyait sur divers arguments (65). Ce droit, fondamental pour l'autonomie et le développement de la personne, a toujours été défendu par l'Eglise jusqu'à nos jours. L'Eglise enseigne de même que la propriété des biens n'est pas un droit absolu mais comporte, dans sa nature même de droit humain, ses propres limites. »
On a bien lu : «L'Eglise enseigne de même que la propriété des biens n'est pas un droit absolu mais comporte, dans sa nature même de droit humain, ses propres limites. »
D’après Jacques Garello, la propriété ne peut être limitée, par un régime politique qui commettrait ainsi "une erreur anthropologique" ; s’ensuit-il que l’Eglise qui affirme que le droit de propriété « n’est pas un droit absolu, mais comporte (…) ses propres limites » enseigne une erreur anthropologique ?
Qu’en serait-il des gouvernements qui suivant l’enseignement de l’Eglise viendraient à limiter le droit de propriété ; commettraient-ils également une erreur anthropologique, seraient-ils d'inspiration socialiste ? Ne s’agit-il pas là d’un enfumage ?
Bonne réflexion, bonnes vérifications, et bonne lecture à tous et à chacun.
'Centesmus annus' §13 :
« Approfondissant maintenant la réflexion et aussi en référence à tout ce qui a été dit dans les encycliques 'Laborem exercens' et 'Sollicitudo rei socialis', il faut ajouter que l'erreur fondamentale du “socialisme” est de caractère anthropologique. En effet, il considère l'individu comme un simple élément, une molécule de l'organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l'individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien ou le mal. L'homme est ainsi réduit à un ensemble de relations sociales, et c'est alors que disparaît le concept de personne comme sujet autonome de décision morale qui construit l'ordre social par cette décision. De cette conception erronée de la personne découlent la déformation du droit qui définit la sphère d'exercice de la liberté, ainsi que le refus de la propriété privée. En effet, l'homme dépossédé de ce qu'il pourrait dire “sien” et de la possibilité de gagner sa vie par ses initiatives en vient à dépendre de la machine sociale et de ceux qui la contrôlent ; cela lui rend beaucoup plus difficile la reconnaissance de sa propre dignité de personne et entrave la progression vers la constitution d'une authentique communauté humaine.
Au contraire, de la conception chrétienne de la personne résulte nécessairement une vision juste de la société. Selon 'Rerum novarum' et toute la doctrine sociale de l'Eglise, le caractère social de l'homme ne s'épuise pas dans l'Etat, mais il se réalise dans divers groupes intermédiaires, de la famille aux groupes économiques, sociaux, politiques et culturels qui, découlant de la même nature humaine, ont — toujours à l'intérieur du bien commun — leur autonomie propre. C'est ce que j'ai appelé la “personnalité” de la société qui, avec la personnalité de l'individu, a été éliminée par le “socialisme réel” (40).
Si on se demande ensuite d'où naît cette conception erronée de la nature de la personne humaine et de la personnalité de la société, il faut répondre que la première cause en est l'athéisme. C'est par sa réponse à l'appel de Dieu contenu dans l'être des choses que l'homme prend conscience de sa dignité transcendante. Tout homme doit donner cette réponse, car en elle il atteint le sommet de son humanité, et aucun mécanisme social ou sujet collectif ne peut se substituer à lui. La négation de Dieu prive la personne de ses racines et, en conséquence, incite à réorganiser l'ordre social sans tenir compte de la dignité et de la responsabilité de la personne.
L'athéisme dont on parle est, du reste, étroitement lié au rationalisme de la philosophie des Lumières, qui conçoit la réalité humaine et sociale d'une manière mécaniste. On nie ainsi l'intuition ultime de la vraie grandeur de l'homme, sa transcendance par rapport au monde des choses, la contradiction qu'il ressent dans son coeur entre le désir d'une plénitude de bien et son impuissance à l'obtenir et, surtout, le besoin de salut qui en dérive. »
ND
[ PP à ND - On peut ajouter à ces citations de 'Centesimus annus' le très important § 40, jamais cité par les libéraux (et pour cause) parce qu'il dit, noir sur blanc :
« L'Etat a le devoir d'assurer la défense et la protection des biens collectifs que sont le milieu naturel et le milieu humain dont la sauvegarde ne peut être obtenue par les seuls mécanismes du marché. Comme, aux temps de l'ancien capitalisme, l'Etat avait le devoir de défendre les droits fondamentaux du travail, de même, avec le nouveau capitalisme, il doit, ainsi que la société, défendre les biens collectifs (...). On retrouve ici une nouvelle limite du marché : il y a des besoins collectifs et qualitatifs qui ne peuvent être satisfaits par ses mécanismes. Il y a des nécessités humaines importantes qui échappent à sa logique. Il y a des biens qui, en raison de leur nature, ne peuvent ni ne doivent être vendus ou achetés... ( Les mécanismes du marché) comportent le risque d'une idolâtrie du marché qui ignore l'existence des biens qui, par leur nature, ne sont et ne peuvent être de simples marchandises...»
Les § 42 et 43 sont un procès en règle contre le consumérisme et le capitalisme actuel :
«Il y a un risque de voir se répandre une idéologie radicale de type capitaliste qui refuse jusqu'à (la) prise en considération (de l'aliénation humaine et de l'exploitation)... et qui, par principe, en attend la solution du libre développement du marché. »
Jamais les "économistes catholiques" français n'ont reconnu l'existence de ces pages de Jean-Paul II. Ils préfèrent répandre que la critique du libéralisme par François est une dangereuse innovation ; ce qui prouve qu'ils n'ont pas lu Léon XIII, Pie XI et Benoît XVI. Ou plutôt, qu'ils croient que personne ne les a lus. ]
réponse au commentaire
Écrit par : ND / | 11/11/2015
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