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27/05/2015

Quatre résistants entrent au Panthéon

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 Commémoration nationale, à saisir sans partisaneries inutiles :


  

Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion, Jean Zay et Pierre Brossolette entrent au Panthéon. Certains commentaires sur la Toile sont déconcertants : pour parler d'un événement de cette sorte et quand on se dit « tricolore », le moins qu'on doive est de prendre un peu de hauteur. Ces commentateurs n'y arrivent pas. Les uns ne veulent voir dans la cérémonie que la petitesse personnelle de M. Hollande ; l'instant présent leur cache l'histoire. Les autres font pire : ils s'en prennent au Jean Zay de 1924 [1] comme l'ultradroite de 1938, sans voir que le Zay qu'on panthéonise est celui de 1939 (quittant le gouvernement pour l'armée [2]) et de 1944 (abattu sur l'ordre de Darnand). Pacifiste en 1924, mais combattant volontaire en 1939-1940 et tué le 20 juin 1944 en criant « vive la France » [3]...  

De Pierre Brossolette aussi, certains ont dit du mal. Ceux-là ne sont pas d'ultradroite. Par exemple Pierre Péan, écrivant dans Le Monde (31/05/2013) que cette panthéonisation serait « un affront à la mémoire de Jean Moulin », et exhumant la haine personnelle entre les deux hommes, leur vision contradictoire de la future République [4] et les conflits entre chefs résistants des deux zones...

C'est le type même de la polémique inutile ! A l'heure où l'Education nationale technoïde (réforme après réforme et sous les gouvernements successifs) fait table rase des transmissions, chaque occasion de mémoire est à saisir sans compliquer les choses. A l'heure où l'idée même de patriotisme est expulsée obliquement de la scène au profit de « nouvelles valeurs de la République », il faut saisir l'occasion de rappeler que le seul patriotisme – à Londres, autour du général de Gaulle – a permis la convergence de volontaires venus d'horizons idéologiques opposés. Il faut rappeler aussi que cette convergence patriotique était une rébellion et non un conformisme, comme le vit très bien Bernanos. Et que cette rébellion se dressait contre un mensonge d'Etat : un pouvoir au service, déjà, d'autre chose que le peuple français. 

 

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[1] Encore faut-il noter que : 1. le fameux poème de 1924 injuriant le bleu-blanc-rouge était un « pastiche à l'envers » des textes bellicistes de Gustave Hervé (directeur du journal La Victoire) ; 2. ce pastiche littéraire avait été composé par Zay à 19 ans, pour un jeu au second degré entre étudiants : détail que Daudet, Céline et Jouhandeau ont feint de ne pas connaître en 1937 – et que les énervés de 2015 ignorent évidemment.

[2] Jean Zay fut « volontaire pour les missions les plus périlleuses », témoigneront les chefs de ce sous-lieutenant de la IVe armée. Pendant ce temps, Rebatet – son ennemi féroce – mettait la plus grande distance possible entre sa personne et la ligne de feu. Fin 1940, à la radio de Vichy où travaille Rebatet, Phlippe Henriot – ministre de l'Information – réclame la peine capitale pour Zay en tant notamment qu' « anti-hitlérien » (sic).

[3] Témoignage du franc-garde Charles Develle, procès de 1953 : « ...Jean Zay s'impatientait. Ce que voyant, et craignant qu'il ne tente de s'échapper, je fis un signe à mes amis qui se levèrent. Puis j'armai ma mitraillette. Jean Zay s'est dressé brusquement. Il avait compris, et avant de tomber il a crié “vive la France”. »

[4] Une République avec les vieux partis, selon Moulin, mais sans  les vieux partis selon Brossolette, partisan d'un « rassemblement » issu de la Résistance.

 

Commentaires

HYBRIS

> L'accent mis sur les femmes nourrit l'espoir. À quand Mère Yvonne Aimée de Malestroit au Panthéon ?
Chacune de ces cérémonies rappelle tout de même l'hybris maladive qui a eu idée de récupérer un monument pareil pour y construire un très bigarré roman national. Il s'en dégage une atmosphère morbide typique de ces symboles de notre nation qui ont été contaminés par une certaine idolâtrie républicaine.
Là-dessus c'est dur pour un chrétien de passer outre (sans pour autant contaminer de ce constat les courageuses personnes panthéonisées malgré elles). Sans anti-républicanisme aucun, il est tout de même difficile d'apprécier quand un régime politique pète plus haut que son cul (chacun prend la hauteur qu'il peut).
Même malaise quand on observe les "friches administratives" du palais stalino-versaillais où le roi soleil tartuffait.
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Écrit par : perlapin / | 27/05/2015

L'EGLISE DURANT LES ANNÉES NOIRES

> Ce jeudi 28 mai 2015 à partir de 18h00 (horaire de précaution étant donné le périmètre de sécurité), à Paris au 195 rue du Temple (quasiment à la place de la République) a lieu une cérémonie qui ponctue heureusement celle du… PanAnthropon ( en voilà une, de bonne raison de faire du grec, cette juste appellation : pour rompre avec l'usuelle inexacte si sottement polythéiste ni politically-correct ni monotheist-correct, les deux ensemble, ça arrive ) : inauguration d'une plaque en mémoire du chanoine Albert Macadé qui fut curé de l'église Sainte-Elisabeth-de-Hongrie entre 1923 et 1947. Né en 1866, mort en 1951, il avait 77 ans en 1943 lorsque en 1943 il fit chanter “la Marseillaise” par des Petits chanteurs à la Croix de bois sur les marches de cette église, laquelle aujourd'hui en 2015 est un site à la fois de l'Ordre de Malte et des Chinois catholiques de Paris ; messes, catéchismes et activités en mandarin, bonjour au grand Jésuite Ricci et à ses confrères successeurs jusqu'aujourd'hui dont ceux de l'extraordinaire chef-d'œuvre, le formidable outil, qu'est le dictionnaire Ricci informatisé.
La plaque inaugurée ce 28 mai réinstalle une lumière sur la vérité de l'Eglise catholique dans les années noires, dans un geste pour ainsi dire œcuménique, catholique, juif, national et républicain, juste entre l'église Saint-Elisabeth et la statue de la République : en présence de Mgr Vingt-Trois cardinal-archevêque de Paris, du grand rabbin de France M. Haïm Korsia...
de Mme Anne Hidalgo maire de Paris, de M. Pierre Aidenbaum maire du 3ème arrondissement. Le curé Macadé était parvenu à un âge qui à l'époque encore plus qu'aujourd'hui eût pu servir d'excuse à l'inaction : décidément la vieillesse ne fut pas un naufrage pour tout le monde dans ces années-là, et le grand âge fut alors vraiment grand dans l'Eglise de France si l'on songe, et ils ne furent certes pas les seuls, à Mgr Salièges à Toulouse, ce formidable qui transcenda un corps si faible en acceptant de transmettre le souffle saint de la colère d'in-dignation, ou à Mgr Delay à Marseille en reconnaissance de qui l'authentique pape de la Résistance Pie XII reconnu comme tel par De Gaulle __ qui se prétendra meilleur expert en la matière ? __ allait ériger cette ville en archevêché après 1945. Le curé de Sainte-Elisabeth déploya une activité secrète impressionnante, transmettant ici une somme d'argent pour sa communauté à un rabbin ensuite hélas assassiné dans un camp de la mort, organisant là une filière d'évasion vers Nice pour des Juifs. Jusqu'à un stratagème ahurissant, quasi “sacrilège” en apparence mais en vertu et en faveur d'un sacré plus haut intrinsèquement chrétien, celui du sauvetage de vies humaines c'est-à-dire de toute l'humanité : il n'hésitait pas à découper et charcuter joyeusement des registres de baptêmes pour en confectionner artistement des papelards maquillés propres à contredire le port obligatoire criminel de l'étoile jaune. Nous entendons ces bruits discrets de papiers et de ciseaux dans une sacristie ou un bureau encombré de missels et d'ouvrages de théologie, oui nous voyons ces doigts d'un prêtre manipulant ces ustensiles comme des ciboires et des patènes : ce qu'il fait là est très exactement ce qu'il a toujours fait sur l'autel, et ces papiers rafistolés sont des hosties de vie. Le corps du Christ.
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Écrit par : Laurent Dispot-Faust / | 27/05/2015

CELLE QUI A DIT NON

> Je recommande le portrait de Geneviève de Gaulle Anthonioz dans « Famillle chrétienne » de cette semaine (« Celle qui a dit non », pp.34 à 36, par Luc Adrian). Refermant le journal, mon épouse se souvient d’avoir pleuré en lisant son récit de déportation, « La traversée de la nuit ». Larmes bienfaisantes.
Il est vrai qu’avec cette femme d’exception, une photo suffit à émouvoir. Ainsi celle où la future panthéonisée tient entre ses mains celle de Jean-Paul II, et le guide tendrement, en 1997, à Paris, sur le Parvis des droits de l’homme (même numéro de FC p. 34).
La sœur de tous les déshérités liée au serviteur des serviteurs, amicale et paisible, comme elle l’était avec ses frères d’ATD Quart-Monde… Un moment de grâce !
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Écrit par : Denis / | 27/05/2015

LE VIDE

> C'est curieux, cette "panthéonisation" ne m'a pas ému. Comme perlapin, je suis un peu gêné par ces simulacres d'obsèques solennelles, dans une église déconsacrée...
C'est dans ce genre de circonstance que le vide de la République, vue comme un idéologie, apparaît le plus.
Je ne suis pas certain que la cérémonie ait bouleversé les foules dans nos cités...c'est clair, le "logiciel républicain" (j'adore l'expression) tourne à vide. D'autant plus quand notre pays est pris de vertige suicidaire...de folie autodestructrice. Quitte à ne pas être Dieu, autant n'être Rien (avec un grand "R", très important, le grand "R"), non ?
On célèbre ceux qui ont dit "non", tout en livrant le pays à un véritable "génocide culturel" (pour reprendre l'expression du P. Bonnet) :
http://www.yannikbonnet.com/Education-nationale-une-nouvelle-violence-exercee-sur-les-enseignants_a315.html
Le P. Bonnet pense que les choses se débloqueront en France plus rapidement qu'on ne le pense..
http://www.yannikbonnet.com/Vers-le-chaos-et-ou-un-renouvellement-profond-de-la-France-avec-Marie-Pere-Y-Bonnet_a313.html
Je partage son point de vue...surtout que les choses risquent de se passer TRES brutalement (le "si on a de la chance, elle ne sera pas nucléaire" du tweet en question étant je pense l'équivalent du "si on a de la chance, on sera rentrés pour les moissons" d'il y a un siècle) :
http://www.slate.fr/story/102141/otan-guerre-ete-2015
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Écrit par : Feld / | 27/05/2015

LE PANTHÉON

> D'accord avec PP.
Il faut faire très attention à ne pas tomber dans cette attitude abominable à la mode, qui est de se faire le procureur des morts.
Nos contemporains ne se rendent pas compte à quel point ils se comportent en torquemadas ou en tyrans totalitaires, et que le fait qu'ils s'attaquent aux morts n'est pas une excuse mais au contraire une circonstance aggravante.
Le Panthéon, c'est comme la légion d'honneur : il est bon d'en connaître les limites, on peut même s'en moquer un peu, mais sans cesser de les respecter et de les honorer.
Une circonstance étonnante a fait que le Panthéon a été décoré en partie comme une église. Sainte Geneviève y a été longtemps la seule femme honorée, et le la figure du Christ domine toujours l'espace intérieur. Cette bizarrerie, à l'aune de la pensée laïque d'aujourd'hui, est fort sympathique. Je ne sais pas si, après la récente restauration, on a laissé la croix qui dominait le dôme.
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Écrit par : Guadet / | 28/05/2015

TOUS LES QUATRE

> Dans un très beau texte du "Salon de 1845", Baudelaire se refuse à pinailler, comme d'autres s'y acharnaient, sur les mérites respectifs de Delacroix, de Daumier et d'Ingres. Il ne joue pas l'admiration contre l'admiration. Il conclut: "Aimons-les tous les trois".
A vous lire (avec réconfort), spécialement sur la question des relations entre Jean Moulin et Pierre Brossolette, j'incline à paraphraser Baudelaire et à dire, à propos des nouveaux hôtes du Panthéon: "Aimons-les tous les quatre".
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Écrit par : J.-M. Salamito / | 28/05/2015

LA MISÉRICORDE ET LA PATRIE

> Nous sommes divisés par la politique à cause ce que nous avons fait de la politique : un ensemble d'idées détachées du réel.
Aimons le réel pour aimer la vérité, le prochain pour aimer Dieu, la patrie pour aimer le paradis.
La politique véritable est "l'art de diriger la cité pour le bien de tous". Elle est donc "le champs de la plus vaste charité" selon Pie XI.
Politique, écologie, patrie, ces mots ont été salis par la déformation qu'on en a fait. je souhaite que nous revenions à leur sens véritable, nous n'avons de toute façon pas le choix.
"donner aux Français quelque chose à aimer et leur donner d’abord à aimer la France »
Simone Weil.
Il faut aimer son pays comme l'amour du bien qu'on peut y faire avant d'être dans la patrie céleste.
Il faut aimer sa patrie dans le monde comme une partie d'un tout, comme une école des petites choses.
Dans sa patrie, on aime et sert son prochain comme on aimera et servira Dieu dans la patrie céleste : en le voyant.
Les difficultés (le mot est faible) que connaît la France, la déception qu'on ressent à ce qu'elle est devenue, sont des invitations à aimer la France d'avantage.
Si ses maux nous amènent à dénigrer la France, alors nous réagissons comme un médecin euthanasiste.
Miséricorde pour la France, c'est-à-dire pour nous, nos parents, grands-parents, ancêtres et en avant.
Ce dénigrement qui se croit juste est une dureté de lâches.
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Écrit par : E Leنa نasseur / | 28/05/2015

in memoriam

> Joël Anglès d’Auriac, né le 25 février 1922 à Toulon, scout-routier à Toulon, décapité le 6 décembre 1944 à Dresde. Motif de la condamnation: "opposé à la construction du monde nouveau".
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Écrit par : E Leنa نasseur | 28/05/2015

UTILISER LES MORTS

> De toute façon, la panthéonisation - toute panthéonisation - est en soi condamnable. Et, cerise sur le gâteau, le choix décidé unilatéralement par le président de la République est fort peu démocratique. Quelle que soit la majorité au pouvoir, il s'agit toujours de ça : utiliser les morts. Les morts ne peuvent pas se défendre.
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Écrit par : Blaise / | 28/05/2015

JEAN-PAUL II

> Merci à vous, comme d'habitude, de remettre les choses à leur juste place.
Au sujet du commentaire d'E. Levavasseur, il me semble, de mémoire, que Jean-Paul II a écrit lui aussi de belles choses sur la patrie, dans ses méditations, je crois, il faudrait que je recherche.
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Écrit par : Patrick Pique / | 28/05/2015

@ P Pique

> "mémoire et identités" peut-être ?
Oui JP II en avait fait son second cheval de bataille après avoir beaucoup travaillé sur la famille et le mariage.
c'est le 2e temps de son enseignement (ce qui est logique : "la nation est l'élargissement de la famille" dixit la DSE).
Ce qui est encourageant c'est quand je lis des méditations de la neuvaine pour la France dont certaines phrases sont des copiés-collés de notre site pèlerinage pour la France...
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Écrit par : E Levavasseur / | 29/05/2015

PATRIOTES

> Le colonel Rémy, qui s'y connaissait en matière de patriotisme paraît-il, disait des patriotes qu'ils n'étaient pas à Londres seulement.
Cf. "le glaive et le bouclier" en 1950 dans l'hebdomadaire "Carrefour",
cf. le Maréchal de Lattre de Tassigny et le général de La Porte du Theil.
Cf. les propos d'Estienne d'Orves sur les patriotes français, notés sur ses carnets de prison.
Pardon d'avoir apporté cette nuance. Dans l'attente de vous lire.

KK


[ PP à KK - Je saisis mal ce que vous voulez dire. - Parlez-vous de la Résistance intérieure ? Ses différentes cercles étaient patriotes, bien entendu : mais chacune dans sa "niche" partisane d'origine. La convergence dut être imposée - et avec quelles difficultés ! - par de Gaulle, qui l'avait réussie "in vitro" à Londres.
- Parlez-vous de la "zone grise", c'est-à-dire certains vichyssois travaillant avec les Alliés à partir de 1942 ? Oui, la tendance a existé ;j'ai très bien connu un ex-membre du réseau de Mitterrand. J'ai aussi connu autrefois plusieurs pétainistes de 1940 devenus Buckmaster en 1941, qui m'ont dit dans quelle ambiguité ils avaient vécu.
- Mais cette dissidence de "réalistes", tardive, progressive (et grandement motivée par le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord), ne diminue en rien l'orientation fondamentale de Vichy (amorcée dès Montoire) dans le sens de l'Europe hitlérienne ! La fable de "Vichy bouclier" a été réfutée par les historiens depuis plus de trente ans... ]

réponse au commentaire

Écrit par : KoeurKoeur / | 30/05/2015

@ koeur-koeur,

> Vous pouvez lire Robert Belot, 'La Résistance sans de Gaulle : politique et gaullisme de guerre'
Édition Fayard, Paris, 2006, 668pages.
C'est vrai qu'il y a eu une confiscation de la mémoire de la Résistance à partir des années 60 et que de Gaulle n'était pas un chef désintéressé, sans la moindre ambition perso.
Mais même s'il était bébête, le "tous résistants, résistants = gaullistes" valait mieux que l'actuel "tous collabos" né dans les années Mitterrand.
Si l'on parlait plus de la France, les choses seraient plus claires et les défauts, les ambitions, les orgueils des uns et des autres paraîtraient pour ce qu'ils sont : secondaires.
Attention à ne pas avoir de 1940-45 une vision influencée par les événements qui ont suivi.
Reprenons l'habitude de parler de la France, du bien et du mal et constatons en toute honnêteté qui les ont servis, comment, à quel degré, etc.
C'est tout.
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Écrit par : E Levavasseur / | 01/06/2015

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