23/05/2015
L'action pour le climat et l'écologie intégrale
Une pleine page du Monde constate la mobilisation catholique naissante et sa dimension internationale :
Le 21 mai, à Paris, un colloque sur le climat a réuni des représentants des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des musulmans, des juifs et des bouddhistes, dans l'esprit de l'appel que leur lançait Hulot l'an dernier : « provoquer un sursaut de conscience face à la crise climatique actuelle ».
Mgr Jean-Luc Brunin, président du conseil famille-société de la conférence épiscopale, a notamment souligné : « Nous sommes dans une période favorable pour nous ressaisir et ne pas sombrer dans le catastrophisme. Un autre avenir est possible... » Le catastrophisme consisterait à se résigner à des « dégâts irréversibles » (Benoît XVI*) : ne pas sombrer dans le catastrophisme, c'est refuser de se résigner aux dégâts.
Commentant le colloque, Cécile Chambraud affirme : « Ces différentes familles spirituelles ne peuvent se prévaloir d'avoir été des précurseurs sur la question du changement climatique »**. Le groupe inter-gouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 ; tenant compte de l'alerte scientifique, le pape Jean-Paul II a mentionné ce problème dans son message très écolo du 1er janvier 1990, qui pressait les catholiques de se mobiliser. Ainsi le Magistère de l'Eglise n'a pas précédé les scientifiques (comment l'aurait-il pu ?), mais il leur a emboîté le pas ! Ce n'est pas de sa faute si les catholiques français ont traîné la jambe, pour des raisons tenant à la politique et non à la foi.
Cécile Chambraud ajoute, à propos des récits de la Création : « Certains ont estimé que les religions avaient peut-être laissé le champ libre à une interprétation qui oppose l'homme et son environnement, et qu'il y avait place pour un travail théologique. » C'est exact. Le contresens sur un verset de la Genèse (« dominez la terre ») avait laissé le post-cartésianisme des Lumières envahir les esprits chrétiens, et ouvrir la voie au saccage de la planète à partir du XIXe siècle... Mais le « travail théologique » est aujourd'hui largement fait ! Il consiste d'abord à tenir compte de l'ensemble de la Bible, dont le message en ce domaine est sans ambiguité : humilité de l'homme devant le Créateur seul propriétaire de la création ; responsabilité de l'homme envers l'environnement ; auto-limitation de l'activité humaine ; solidarité entre toutes les créatures. Et même : respect de la biodiversité ! On l'ignorait ? Oui : parce qu'on ne lisait pas la Bible... Ne pas l'avoir lue est le droit le plus strict de nos contemporains ; mais qu'ils ne viennent pas nous dire que le judéo-christianisme pousse au saccage de la planète.
Le même article du Monde informe ses lecteurs que l'encyclique du pape François doit bel et bien sortir fin juin (contrairement à ce que vaticinait Sandro Magister) ; et qu'elle est attendue « par les défenseurs de l'environnement comme un moment important dans la préparation de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre ». On sait que, dans la pensée des papes depuis saint Jean-Paul II, l'écologie humaine est inséparable de l'écologie environnementale et qu'elles forment une seule et même écologie plénière, résumée par le titre du colloque (28/04) de l'Académie pontificale des sciences : « Protéger la planète, rendre digne l'humanité ».
On sait aussi que les papes ne séparent pas l'écologie de la critique économique ; et que le modèle économique dominant est sévèrement étrillé par François dans l'exhortation apostolique La joie de l'Evangile.
La fermeté du pape argentin sur ces sujets est en train de mettre en marche la catholicité mondiale. Aux Etats-Unis (longtemps bastion de l'écolophobie), les évêques entrent en campagne pour l'écologie intégrale - quitte à « heurter la frange la plus conservatrice du pays »** par leur insistance à alerter sur les effets du changement climatique... Le pape viendra aux Etats-Unis dans quatre mois ; sa visite va faire du bruit ; pour y préparer les diocésains, la conférence des évêques américains déclare que « l'on ne peut pas croire en Dieu et détruire sa création », et que lutter contre le réchauffement est « une obligation morale » incombant à « la responsabilité de chacun ». Les évêques soulignent que « les problèmes d'environnement touchent les pauvres et les minorités de manière disproportionnée ».
De Washington, Stéphanie Le Bars écrit : « Sur le terrain, les catholiques sont invités par les évêques à interpeller leurs élus. Les universités catholiques vont multiplier les conférences sur le sujet, les prêtres promouvoir ce thème dans leurs homélies, les paroisses organiser des formations pour les fidèles désireux de diffuser la bonne parole. »
Les paroisses françaises n'ont plus qu'à imiter les paroisses américaines !
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* 2 septembre 2007, discours aux jeunes catholiques italiens.
** Le Monde, 23/05.
16:55 Publié dans Ecologie, Eglises, Idées | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écologie, christianisme
Commentaires
'LE MONDE'
> Que 'Le Monde' parle des catholiques pour autre chose que les histoires de moralisme sexuel, quelle bouffée d'air frais.
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Écrit par : Quiniou / | 24/05/2015
FRANÇAIS, MAIS...
> en commençant par acheter français près de chez soi
CAMIF qu'est ce que cela vaut ?
qq'un le sait-il ?
http://www.camif.fr/consommer-local.html#france
http://www.camif.fr/qsn-produits.html
http://www.camif.fr/rse.html
http://www.camif.fr/rse-fournisseurs.html
C'est fabriqué en France etc, avec des forêts administrées intelligemment, mais rien sur la qualité donc la longue durée d'utilisation des produits donc pas de remise en cause du consumérisme.
Fabriquer français oui mais je ne vois rien sur fabriquer français ET de qualité.
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Écrit par : E Leنaنasseur / | 28/05/2015
LE CONTRESENS
> Le problème vient du contre sens sur le terme "dominez" qui ne pas dire être supérieur, ou éventuellement pas seulement. La terre est le "jardin" effectivement pas une jungle effraynte, mais pas non plus un espace à bétonner et bitumer pour faire des cultures "hors sol" avec de super rendements mais avec si peu de valeur nutritive. Les pommes d'aujourd'hui sont plus belles, plus grosses qu'il y a 40 ans mais avec 2 à 8 fois moins de d'apports en vitamines qu'autrefois. Est-ce cela le progrès ? Plus de quantité (le visible = l'avoir) mais moins de qualité (l'invisible mais + essentiel) ?
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Écrit par : franz / | 28/05/2015
@ Eric
> La CAMIF : fils de prof du public (ma mère), j'ai connu la CAMIF de la grande époque. Coopérative des adhérents de la MAIF, créée par des profs pour des profs (anecdote : je me suis laissé dire qu'au début des années 70, le petit mot d'introduction de la première page du catalogue commençait encore par "camarades"). La quasi-totalité de nos biens d'équipement (hors voiture...) venait de chez eux ; c'était très souvent de la qualité, pour moins cher que sur le marché "extérieur". Dans les années 1990-2000, un certain nombre d'erreurs de gestion et d'expériences de diversification non concluantes ont amené au dépôt de bilan (la fin d'une époque pour le monde enseignant...), suivi d'une reprise par le groupe Matelsom.
http://fr.wikipedia.org/wiki/CAMIF
Aujourd'hui, la CAMIF fait du "Made in France" son cheval de bataille. Il y a quelques années, mon épouse et moi y avons acheté notre lit, fabriqué dans un CAT du Sud de la France. Pour un souci de montage, ma femme a pu avoir au bout du fil directement le responsable de l'atelier d'où venait le dit lit....
@ PP
"Cathos, écolos, mêmes combats" semble introuvable. Pas encore arrivé en librairie ou déjà épuisé ?
Feld
[ PP à Feld - Peuple libre est un petit éditeur lyonnais diffusant dans les librairies religieuses. Il faut commander le livre si vous passez par une librairie "laïque". ]
réponse au commentaire
Écrit par : Feld / | 28/05/2015
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