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10/05/2015

"Joie vaste et profonde", "loi de gravitation de l'Esprit"

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Autour de Jean 15, 9-17 (« je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite... ») :


 

<< Depuis vingt siècles, la source de la joie spirituelle n'a pas cessé de jaillir dans l'Eglise, et spécialement dans le coeur des saints. Dans la vie des membres de l'Eglise, leur participation à la joie du Seigneur ne peut pas être dissociée de la célébration du mystère eucharistique, où ils sont nourris et désaltérés par son Corps et son Sang. Car dans ce sacrement, soutenus comme des voyageurs sur la route de l'éternité, ils reçoivent déjà les premiers fruits de la joie de la fin des temps. Vue ainsi, la joie vaste et profonde répandue dès ici-bas dans le coeur des vrais fidèles se montre « débordante », comme la vie et l'amour dont elle est justement le signe. Elle est le résultat de la communion entre l'homme et Dieu ; elle aspire à une communion toujours plus universelle. Il n'est pas possible qu'elle incite ceux qui la goûtent à un repli sur soi. Elle donne au coeur une ouverture universelle sur le monde, et en même temps elle le blesse du désir de goûter les biens éternels. Elle fait hâter les chrétiens fervents vers une consommation des noces de l'Agneau au ciel (Apocalypse 19,7). Elle est paisiblement tendue entre les labeurs de notre temps ici-bas et la paix de notre demeure éternelle, selon la loi de la gravitation de l'Esprit... >>

                                           (Bienheureux Paul VI, Gaudete in Domino)

 

 

Nous nous heurtons tous les jours à l'image médiatique d'un christianisme ennemi des joies. Elle imprègne le cinéma et les fictions télévisées (donc aussi les esprits) : d'autant que notre société confond joie et entertainment, c'est-à-dire fuite hors de soi ; et que les chrétiens confirment parfois l'image médiatique fausse du christianisme.

Nous n'avons pas les moyens de modifier l'image médiatique. Mais nous pouvons éviter de la confirmer par notre façon d'être. Il n'est pas possible, écrit Paul VI, que la joie propre à la foi chrétienne (joie « vaste et profonde ») permette « le repli sur soi ». En Dieu tout est joie car tout est don, dit l'exégète : « la joie est ainsi le fruit et le signe de la vie divine offerte par le salut » Le chrétien sans joie est un athée pieux : « le Seigneur veut que nous recevions la joie à ce point tel que nous nous découvrions plus petit qu'elle. N'est-ce pas cela le tressaillement d'allégresse ?* »

Une joie factice n'évangélise personne. Mais elle cesse d'être factice quand elle naît réellement : et elle naît quand nous réalisons que toute la « loi de la gravitation de l'Esprit », toute la dramatique divine – le Créateur épris de ses créatures libres – repose sur la relation de la Trinité qui est une joie infinie.

De cette idée à la façon de vivre du chrétien, il y a loin ? Oui, c'est le problème : chaque fois que le chrétien donne l'impression du repli sur soi ou du repli sur un clan  (péché contre l'Esprit), il sabote l'évangélisation. 

Mais chaque fois qu'un chrétien laisse fuser à travers lui « le signe de la vie divine offerte par le salut », il répand ici-bas la « joie vaste et profonde ».

 

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* Parole et prière, mai 2015.